jeudi 29 décembre 2016

25 décembre 2016 - GY - Nativité du Seigneur - Messe du jour

Is 52, 7-10 ; Ps 97 ; Hb 1,1-6 ; Jn 1,1-18


Chers frères et sœurs,

Avant d’être une religion de l’amour ou de la parole, le christianisme est une religion de la lumière. Les musulmans disent de nous que nous sommes des « gens du livre », parce qu’ils croient que la Bible pour nous est comme le coran pour eux. Mais la Bible n’est que le témoignage rendu à la Lumière par des hommes, inspirés par Dieu certes, mais des hommes tout de même… de la même manière que Jean-Baptiste n’est pas la lumière, mais il est là pour rendre témoignage à la Lumière. Jésus est plus important et plus lumineux que les prophéties et les évangiles qu’on a écrits à propos de lui ou sur lui.

Jésus est la vraie lumière qui est en même temps lumière et vie. Lumière de Dieu et vie de Dieu, qui s’exprime comme parole de Dieu et comme amour de Dieu. C’est de cette lumière et de cette vie, par sa parole et par son amour, que notre monde et chacun de nous sommes venus à l’existence. Notre raison d’être est dans la lumière et la vie de Dieu ; nous avons été créés par une parole d’amour. Et toute notre vie – parce que nous en avons la mémoire consciente ou inconsciente – nous cherchons à retrouver cette lumière et cette vie de Dieu.

Car en ce monde cette vie-lumière nous est cachée. Parfois, elle se manifeste aux hommes. Ainsi en a-t-il été pour les patriarches et les prophètes d’Israël. Et voici comment : à chaque fois qu’un Ange du Seigneur se présente, il est obligé de dire : « n’aie pas peur », ou « ne crains pas », tellement l’homme ou la femme est bouleversé par la puissance de lumière et de vie qui se trouve là devant lui.
Petit à petit, par ces manifestations de l’Ange du Seigneur, l’homme s’est un peu accoutumé à la lumière de Dieu, et Dieu aussi s’est accoutumé aux réactions de l’homme.

Vint alors le jour où cette lumière-vie s’est faite homme, directement, en Jésus. Mais pour que nous ne soyons pas trop éblouis, la Lumière s’est présentée voilée dans un petit enfant, dans une chair humaine comme la nôtre. Heureusement que Jésus a voilée la puissance de sa vie et de sa lumière durant sa vie terrestre, sinon les gens, en auraient été complètement irradiés !
Mais il y a des moments où Jésus n’a pas voilé sa lumière : à l’Annonciation, à sa Naissance, lors de la Transfiguration, à sa Résurrection et lors de son Ascension. A chacun de ces événements, les évangiles rapportent qu’il y a eu des anges ou des manifestations directes de la gloire de Dieu. De même, la vie de Dieu a été perceptible lorsque Jésus a fait des miracles, qu’il a guéri des malades par exemple, ou bien qu’il a affirmé son autorité de Fils de Dieu.

Nous pourrions dire : mais alors, pourquoi Jésus ne s’est-il pas complètement dévoilé ? Pourquoi ne percevons-nous pas toujours sa lumière et sa vie, sa parole et son amour ? Ce jour est pour bientôt, comme il nous l’a promis. Mais déjà, par le baptême, Jésus nous a déjà fait entrer dans sa lumière et dans sa vie. Par son Esprit Saint, il irrigue déjà notre vie par la sienne. Si nous avions la foi grosse comme un grain de moutarde, nous verrions sa lumière et nous serions dans sa lumière, comme Pierre, Jacques et Jean à la Transfiguration. C’est ce que disait sainte Thérèse de Lisieux : « Tout est grâce », parce que son âme était illuminée par l’Esprit Saint.
Et que fait l’Esprit Saint ? Il fait la communion des saints, il fait le corps du Christ, il fait l’Eglise. Il la construit par le baptême, par la confirmation, par l’eucharistie, la réconciliation, le mariage, l’ordination, l’onction des malades. A chaque sacrement visible, c’est la vie invisible de Dieu et sa lumière qui nous sont communiqués. Par l’Eglise Jésus parle et par elle aussi il aime, il exerce la charité. Si nous avions la foi, si nous étions remplis de l’Esprit Saint, nous ne manquerions pas de prêtres, les églises seraient pleines pour la messe, il y aurait des baptêmes tous les dimanches, l’Eglise annoncerait l’Evangile avec assurance et elle ferait du bien aux pauvres et aux malades : elle serait rayonnante.

Chers frères et sœurs, vous voyez bien qu’il n’y a pas plus urgent pour nous, les chrétiens, que d’acquérir l’Esprit Saint. C’est la lumière et la vie de Dieu dont nous venons, dont nous avons besoin pour vivre, que nous recherchons du matin au soir. Jésus est venu pour nous l’apporter, nous le donner.
Je vais vous dire où se trouve l’Esprit Saint aujourd’hui : il est toujours là quand nous récitons le Notre-Père. Il est toujours là quand nous célébrons la messe et tous les sacrements. Il est toujours là où se trouve notre évêque lorsqu’il célèbre l’eucharistie, en communion avec nous tous. Toujours, à ces moments le Seigneur est présent, avec nous. Discrètement, mais certainement. Comme un petit bébé dans une crèche. Amen.

24 décembre 2016 - VELLEXON - Nativité du Seigneur - Messe de la nuit

Is 9,1-6 ; Ps 95 ; Tt 2,11-14 ; Lc 2,1-14.15-20

Chers frères et sœurs,

Le récit que nous avons entendu est-il une histoire vraie ? Si je crois que ces événements se sont réellement passés, alors d’où saint Luc tient-il ses informations ? En effet, nous savons que Luc est un compagnon de voyage de saint Paul et il est certain – à cause des petites erreurs qu’il fait sur certaines caractéristiques du pays – qu’il n’était pas palestinien et qu’il n’a jamais rencontré Jésus lors de son séjour sur la terre. Saint Luc a pu tenir ses informations de quelques disciples de Jésus et des Apôtres, bien sûr. Il connaissait certainement saint Pierre et saint Jean l’évangéliste. Mais pour savoir ce qu’il s’est passé cette nuit-là particulièrement, à Bethléem, il n’y a que deux solutions. Soit il a rencontré l’un des bergers (et encore…), soit directement la Vierge Marie.
Saint Luc a écrit ceci : « Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu ». Saint Luc a inséré une phrase sur Marie alors qu’il parlait des bergers. Il l’a fait exprès pour attirer notre attention et pour nous dévoiler discrètement la source de ses informations. Il faut donc lire cet évangile comme si c’était Marie elle-même qui nous le racontait. Et évidemment, elle était la première concernée.
Marie et Joseph sont tous les deux des descendants de David, dont Jessé, le père, habitait Bethléem. Bethléem est le village d’origine de leur famille, de leur clan. Mais, après l’exil à Babylone, et au moment où il était possible de revenir au pays, le petit reste des descendants s’est réparti en deux villages : un premier village situé à l’est de la mer de Galilée appelé Khoshaba (« étoile »), qui a disparu, et un second village que nous connaissons bien, appelé Nazareth (« petit surgeon »). C’est là que vivaient Marie et Joseph, là que Joseph sera enterré.
Mais pour le recensement, ils devaient revenir au village de leurs origines, c’est-à-dire Bethléem. On peut penser qu’ils se sont déplacés à plusieurs de Nazareth pour aller à Bethléem et c’est pourquoi il n’y avait pas beaucoup de place dans la salle commune. Or Marie avait besoin d’accoucher au calme.

Rejoignons les bergers. En les voyant, nous pouvons penser au jeune David, qui, avant d’être roi, gardait les brebis du troupeau de son père, dans les collines de Bethléem. Lui aussi était berger. Souvent il a dû regarder les étoiles, la nuit, comme les bergers de l’évangile ses très lointains successeurs. Mais voilà que l’Ange du Seigneur leur apparait et les voilà enveloppés dans la lumière.
La lumière… la même lumière que vit Moïse au buisson ardent, la même lumière qui enveloppa Pierre, Jacques et Jean à la Transfiguration, la même lumière que la résurrection. La religion chrétienne, s’il fallait la qualifier ne serait certainement pas la religion du livre, mais la religion de la lumière. Ce sont les musulmans qui disent de nous que nous sommes des gens du livre, mais les chinois appelaient le christianisme la religion de la lumière et ils avaient raison.
Alors voilà les bergers enveloppés dans la lumière de l’Ange : « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ». La version syriaque dit : « enveloppé dans les langes et posé dans une mangeoire ».
Chers frères et sœurs, ici il faut s’arrêter. Saint Luc, avec cette histoire de langes, est en train d’attirer de nouveau notre attention. La dernière fois que Jésus sera emmailloté et couché, ce sera lors de sa mise au tombeau. Et là, les anges préviendront qu’il n’est plus là parce qu’il est ressuscité. Les bergers vont venir voir Jésus à la grotte de Bethléem comme les Apôtres sont venus chercher Jésus au tombeau de Jérusalem. L’événement de la naissance de Jésus annonce déjà celui de sa résurrection. La naissance de Dieu en petit homme sur la terre annonce déjà la nouvelle naissance de tous les hommes, dans la lumière de Dieu, au ciel. Naissance contre nouvelle naissance, en quelque sorte, c’est le même passage et c’est pourquoi, aussi bien à la naissance de Jésus qu’à sa résurrection, il y a les langes et les anges de Dieu.

Après avoir vu le Fils de la promesse, celui qu’annonçait Isaïe et tous les prophètes, Jésus le Messie, le Sauveur, Emmanuel, Dieu-avec-nous, les bergers s’en vont en glorifiant et en louant Dieu, exactement comme les Apôtres, après la résurrection, s’en s’ont allés jusqu’au bout du monde pour annoncer l’Evangile et glorifier Dieu. En quelque sorte, les Apôtres, ce sont des bergers. Et d’ailleurs, leurs successeurs, les évêques portent une étole sur les épaules comme un bon berger porte sa brebis fatiguée et ils ont en main une crosse qui est un bâton de berger. Et nous, baptisés, nous sommes… les brebis du troupeau !

Chers frères et sœurs, à chaque messe nous entrons à notre tour dans cette histoire de Noël. Soyez attentifs et regardez bien : sur l’autel je vais ouvrir un linge et dessus sera posée l’hostie, le corps du Christ. L’autel, cette nuit comme à chaque messe, sera la crèche : les bougies représentent les anges et la lumière de Dieu, et nous, nous sommes les bergers ou les mages. Et nous venons adorer Jésus qui est toujours, toujours, à chaque messe, Emmanuel, Dieu avec nous.

mardi 20 décembre 2016

18 décembre 2016 - NEUVELLE-lès-LA CHARITE - 4ème dimanche de l'Avent - Année A

Is 7,10-16 ; Ps 23 ; Rm 1,1-7 ; Mt 1,18-24

Chers frères et sœurs,

A votre avis, dans quel état d’esprit était Joseph au moment d’accueillir Marie chez lui ? Si vous pensez que, Joseph le juste s’est sacrifié en obéissant à la parole de l’Ange, et donc qu’il a accueilli sa femme dans un esprit d’abnégation, de soumission, vous vous trompez lourdement. Tel n’était pas l’esprit de saint Joseph. Pour comprendre, il faut relire attentivement ce que nous dit saint Matthieu.

D’abord considérons qui est saint Joseph. Joseph appartient au clan des Nazoréens, c’est-à-dire des descendants du roi David. Exilés à Babylone, une partie d’entre eux était revenue, il y avait déjà une bonne centaine d’années, pour fonder le village de Nazareth.
Les Nazoréens étaient des paysans, des artisans, sans grande fortune personnelle. Mais ils avaient conscience de leur identité royale et des prophéties messianiques qui les concernaient. C’est pourquoi juste avant le passage de l’Evangile que nous avons entendu, saint Matthieu a déroulé toute la généalogie de Joseph : quatorze générations d’Abraham à David, quatorze de David à l’exil à Babylone, et quatorze de l’exil à Babylone jusqu’à Jésus.
C’est ainsi que – pour protéger absolument cette filiation royale – Joseph le Nazoréen ne pouvait épouser qu’une femme descendante, elle aussi, de David, ce qui était le cas de Marie.

Justement le mariage avait été bien arrangé et Joseph attendait la venue de sa fiancée. Mais voilà qu’il apprend – dit saint Matthieu – qu’elle est enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Il faut bien considérer cette affirmation : Joseph est mis au courant de ce qui s’est passé à l’Annonciation ; il le comprend et il le croit.
C’est la raison pour laquelle, d’une part, il s’interdit de prendre Marie pour épouse puisqu’elle est devenue sacrée en quelque sorte – c’est pourquoi Matthieu précise qu’il était juste ; et, d’autre part, Joseph ne veut pas répudier Marie publiquement, parce que ce serait prendre le risque de faire porter sur elle des soupçons de violence ou d’adultère, qui entraîneraient dans ce dernier cas, la mort de Marie par lapidation. C’est ce qu’il fallait à tout prix éviter étant donnée la dignité de l’enfant qu’elle portait déjà en elle.
Joseph est donc coincé entre deux impossibilités : il ne peut pas prendre Marie chez lui, puisqu’elle est devenue comme l’épouse du Saint Esprit ; et il ne peut pas non plus la répudier publiquement puisque cela salirait son honneur et lui ferait prendre un risque pour sa vie et pour celle de l’enfant. Joseph trouve alors une solution humaine tout aussi raisonnable qu’alambiquée : répudier Marie en secret, laissant ainsi la Mère de Dieu devant le mystère de sa destinée, dans les seules mains de Dieu.

C’est alors que l’ange du Seigneur intervient auprès de Joseph. Ce titre d’ « Ange du Seigneur » est une manière de dire que c’est le Seigneur lui-même qui s’adresse à lui. La formule est particulière : « il lui apparut en songe », pour montrer que cette intervention n’est pas de l’ordre physique habituel ni non plus d’un rêve. Le songe est une torpeur particulière, un effet de l’Esprit Saint, qui permet à Dieu de se faire connaître et de parler directement à un homme.
Et voilà que d’emblée l’ange tranche dans le dilemme de Joseph : « Ne craint pas de prendre chez toi Marie, ton épouse ». La réponse est directe et sans aucune ambiguïté. Pour Joseph, c’est une libération et une joie immense : il n’osait pas, il s’interdisait, de recueillir chez lui la Mère de Dieu, et voilà que Dieu lui-même lui en donnait l’ordre.
Comme un bonheur n’arrive jamais seul, l’Ange lui dévoile le nom de l’enfant, et l’accomplissement de la prophétie d’Isaïe : Marie est bien cette Vierge attendue depuis des siècles par les Nazoréens et tout Israël, Vierge bienheureuse qui concevra et enfantera un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel – en Hébreu – qui signifie : « Dieu-avec-nous ».

C’est donc dans une immense joie et avec une gravité profonde, en raison de la responsabilité que le Seigneur lui confie, que Joseph va accueillir Marie dans sa maison.
Réjouissons-nous avec Marie et Joseph, chers frères et sœurs, car la grâce de Dieu ce jour-là, a fait au moins deux heureux, comme il le fait en tous temps pour ceux qui l’aiment et ont foi en lui. Amen.





lundi 12 décembre 2016

10-11 décembre 2016 - GY - MEMBREY - 3ème dimanche de l'Avent - Année A

Is  35,1-6a.10 ; Ps 145 ; Jc 5,7-10 ; Mt 11,2-11

Chers frères et sœurs, chers enfants,

Qui est Jean-Baptiste et que fait-il en prison ? Jean est le fils d’Elisabeth et de Zacharie. Elisabeth est la cousine de la Vierge Marie, la maman de Jésus. Jean-Baptiste est né six mois avant Jésus : il est son grand cousin. Jean, dès sa naissance est consacré à Dieu : il part vivre dans le désert, s’habille de peaux de bêtes. Il se nourrit de sauterelles et de miel sauvage. Jour et nuit, il prie Dieu, et il annonce la venue de son Royaume. C’est pourquoi il appelle les gens à changer de vie, à se purifier de leurs péchés dans l’eau du Jourdain. Jean dit toujours la vérité, même quand elle dérange. C’est ainsi qu’un jour, il a dit ses quatre vérités au roi Hérode. Et comme cela ne lui a pas plus, celui-ci l’a fait mettre en prison. C’est pour avoir dit la vérité que Jean est en prison. Et c’est en prison qu’il mourra bientôt assassiné, à la demande de la femme d’Hérode.

Jean-Baptiste annonçait la venue du Royaume de Dieu, la venue de Jésus. Mais, dans sa prison, il doute : est-ce que son petit cousin Jésus est vraiment le Messie de Dieu ? Alors Jésus veut le rassurer : « Regarde : les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent » ! Jésus est curieux, car il fait de plus en plus fort : les aveugles, les boiteux, les lépreux, les sourds, les morts… et il termine par « les pauvres reçoivent la bonne nouvelle », comme si annoncer l’Evangile c’était encore plus fort que de ressusciter des morts ! Oui, c’est plus fort, parce que annoncer l’Evangile, c’est annoncer la résurrection de Jésus : si Jésus est vivant, alors nous aussi, qui sommes pauvres et mortels sur la terre, nous vivrons avec lui dans son Royaume.

Après avoir entendu cela, Jean-Baptiste est rassuré. Mais Jésus se retourne vers les gens qui sont avec lui et qui l’écoutent. Il leur parle de son grand cousin Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? », c’est-à-dire, « pour vous, qui est Jean-Baptiste ? ». Un fou ? Un personnage important ? Non, Jean Baptiste est un prophète : un homme de Dieu, un serviteur de Dieu. Et Jésus dit de lui qu’il est même plus qu’un prophète : il est plus qu’Isaïe, plus qu’Elie, plus que Moïse : il est le plus grand parmi les enfants des hommes. Pourquoi Jésus dit-il cela ?
Parce que Jean Baptiste est celui qui, grâce à l’Esprit Saint, est le seul sur la terre, à l’époque de Jésus, à pouvoir dire en montrant Jésus : « Voici l’agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde ». Par la foi, Jean-Baptiste a reçu la grâce de pouvoir désigner le Messie de Dieu. Il est le sommet des prophètes. Après Jean Baptiste, il n’y a plus de prophètes, ou bien ce sont des menteurs.

Juste après Jean-Baptiste, le sommet des prophètes, il y a Jésus. Jean-Baptiste est comme un panneau indicateur : toujours il indique Jésus. Mais si Jean-Baptiste est le plus grand parmi les hommes, Jésus est plus grand que lui parce qu’il est Dieu. C’est ce que Jésus explique quand il dit : « le plus petit (il faut comprendre : sur la terre) - dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui ». Le « plus petit sur la terre », c’est Jésus. Oui, il est le plus petit, parce qu’il est né dans une mangeoire, comme un pauvre parmi les pauvres et il est plus petit que Jean-Baptiste, parce qu’il est né après lui – c’est son petit cousin – et c’est Jean-Baptiste qui l’a baptisé dans le Jourdain. C’est Jésus le « plus petit » sur la terre. Mais Jésus est plus grand que Jean-Baptiste dans le Royaume des cieux, parce que Jésus est Dieu.

Chers frères et Sœur, l’Esprit Saint cherche aujourd’hui des hommes comme Jean-Baptiste, consacrés à Dieu, qui le prient jour et nuit, qui ne vivent que pour lui, et ne disent que la vérité. Il cherche des hommes qui appellent les autres hommes à changer de vie, à se faire baptiser, à se réconcilier avec Dieu, pour se préparer à recevoir Jésus. Dieu cherche des hommes comme Jean-Baptiste pour annoncer l’Evangile aux pauvres, pour qu’ils soient heureux, infiniment heureux avec Dieu. Heureux sont-ils ceux qui aiment Jean-Baptiste, ils sont tout près de Jésus ; ils sont dans son cœur. Amen.

mercredi 7 décembre 2016

4 décembre 2016 - FRASNE-LE-CHATEAU - 2ème dimanche de l'Avent - Année A

Is 11,1-10 ; Ps 71 ; Rm 15,4-9 ; Mt 3,1-2

Chers frères et sœurs,

Le Règne de Dieu est un univers de paix, où la violence est remplacée par la communion. On le voit dans la prophétie d’Isaïe : « La vache et l’ourse auront la même pâture ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main ». Le Règne de Dieu, c’est le retour au Paradis perdu.
Ce Règne de Dieu se communique, se répand, par l’Esprit de Dieu, dont parle aussi Isaïe. C’est un Esprit qui pénètre jusqu’au fond de l’âme et du cœur, et qui juge avec justice. L’Esprit de Dieu est une eau rafraîchissante pour les justes et un feu pour les méchants.
C’est pour cela que les hommes qui sont un peu perdus dans leur vie recherchent l’Esprit de Dieu, l’eau vive qui irrigue le Règne de Dieu. Parce qu’ils recherchent sa justice et sa paix.

Or voilà que Jean-Baptiste, leur propose de se préparer à recevoir cet Esprit de Dieu. Le baptême dans le Jourdain est comme une répétition générale avant la vraie rencontre. Le message est simple : « le Règne de Dieu est totalement incompatible avec une vie de péché. Plutôt que d’être brûlés par l’Esprit de Dieu, venez vous faire baptiser dans l’eau : retrouvez un cœur pur et soyez prêts pour la rencontre avec Dieu, qui vient bientôt inaugurer son Règne ».
Jean-Baptiste ouvre une profonde espérance, difficile certes pour des pécheurs, mais quand même : l’espérance pour tous de pouvoir accéder au Règne de Dieu. C’est pourquoi les gens de Jérusalem, de la région de Judée et de la région du Jourdain affluent vers lui. Matthieu signale notamment ceux « de la région du Jourdain », parce que ce sont les gens de Jéricho, symboliquement ceux de la ville du démon. Eux aussi viennent à Jean pour être baptisés.
Mais Jean-Baptiste s’emporte contre les pharisiens et les sadducéens, parce qu’ils viennent se faire baptiser « pour le fun », parce que c’est à la mode. Au fond d’eux-mêmes ils ne recherchent pas le Règne de Dieu : pour les Pharisiens parce qu’ils pensent que, de toute façons ils sont déjà sauvés, puisqu’ils ont Abraham pour père ; et pour les Sadducéens, parce que tout simplement ils n’y croient pas à ce Règne de Dieu. Ils ne croient pas à la résurrection. Donc, ils viennent pour le paraître.
Tels ne sont pas les autres qui viennent à Jean-Baptiste. Il vient même des païens ou des grands pécheurs : « Des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham ». C’est un jeu de mot : Pierre en araméen se dit « Ha-Banim », ce qui veut dire : « pas-d’enfants ». Ainsi, des « pas-d’enfants », Dieu peut faire des enfants. Ou bien : des morts, Dieu peut faire des vivants. Ou bien encore : des pécheurs, Dieu peut faire des saints.

Le baptême de Jean était une répétition générale avant le vrai baptême qu'est la plongée dans la mort et la résurrection de Jésus, le vrai baptême qui fait vraiment entrer dans le Règne de Dieu, par l’Esprit de Dieu. C’est ce baptême que Jésus a demandé à ses disciples d’annoncer et de pratiquer jusqu’au bout du monde. Nous les chrétiens, nous sommes porteurs d’un témoignage immense : nous sommes le panneau indicateur et la porte qui permettent d’accéder au Règne de Dieu et d’en vivre, dès maintenant. Des « super-Jean-Baptiste », en quelque sorte. Là où il y a l’Evangile et le Baptême, là il est possible aux gens d’aujourd’hui, de recevoir un peu de cette eau vive de justice dont ils ont soif, eau qui vient de la seule vraie source de joie, de paix, et de lumière qu’est le Règne de Dieu.

Chers frères et sœurs. Nous devons rendre grâce à Dieu d’avoir reçu l’Evangile et le baptême, qui nous ont déjà fait entrer dans son Règne, dans sa communion. Nous nous souvenons de nos anciens, de ceux qui ont souffert pour transmettre l’Evangile dans un monde hostile, à travers diverses persécutions. Et nous demandons à Dieu l’Esprit Saint pour être forts à notre tour aujourd’hui.
Nous avons été baptisés, c’est-à-dire que nous sommes entrés dans l’armée du Seigneur, avec les anges et tous les saints. Que le Seigneur ne permette pas qu’au jour du combat, nous soyons pris par la peur ou le découragement. Mais qu’au contraire, nous gardions fièrement la foi, et portions haut le drapeau de la victoire du Règne de Dieu : la Croix du Christ ressuscité. Amen.

4 décembre 2016 - FRASNE-LE-CHATEAU - Messe - Accueil Anciens combattants AFN

Frasne-le-Château, le 4 décembre 2016
Messe des Anciens combattants AFN.

Chers frères et sœurs,

Nous recevons aujourd’hui les anciens combattants et les drapeaux français, dont nous savons qu’ils portent les couleurs de saint Martin, de la sainte Vierge ou de saint Michel, et de saint Denis.

Sans toujours le savoir, les soldats portent en eux-mêmes la puissance de l’Evangile. Et heureux sont-ils quand ils s’en rendent compte et en vivent.

Car la force d’une armée au combat est constituée par le lien de sang qui unit les soldats à leur chef, et par l’obéissance totale qu’ils lui accordent jusqu’à la victoire, parfois au prix de leur vie. Dans l’armée romaine, ce lien de sang se disait en latin « sacramentum », qui a donné en français « sacrement » ; et la vertu d’obéissance se disait la « fides », c’est-à-dire : la « foi ».

Voilà pourquoi le centurion romain et Jésus se sont tout de suite compris. Un soldat romain sait immédiatement ce que c’est que le baptême, et la foi en Jésus, jusqu’à la victoire sur la mort, parfois au prix du martyre.

C’est ainsi que l’Evangile s’est propagé particulièrement dans l’armée romaine, qui a donné beaucoup de saints : saint Corneille, saints Serge et Bacchus, saint Hippolyte, saint Marcel, saint Maurice et tous ses soldats, saint Martin…
Il est d’ailleurs très probable que l’Evangile soit arrivé en Franche-Comté beaucoup plus par les légions romaines que par les marchands ou les voyageurs.

Je vous explique cela pour que nous soyons reconnaissants à nos soldats, qu’ils soient déjà avec le Seigneur ou encore avec nous, non seulement parce qu’ils se sont battus et se battent encore aujourd’hui pour que notre pays soit libre et en paix, mais pour qu’ils continuent de nous donner avec courage, l’exemple de la fidélité jusqu’à la victoire.

Au début de cette eucharistie, reconnaissons que nous sommes pécheurs, que nous avons besoin de l’Esprit de Dieu pour honorer notre sacrement de baptême et augmenter notre foi, et pour nous préparer à la joie de la communion des saints.

lundi 28 novembre 2016

26-27 novembre 2016 - LAVONCOURT - BOURGUIGNON-lès-LA-CHARITE - 1er dimanche de l'Avent - Année A

Is 2,1-5 ; Ps 121 ; Rm 13,11-14a ; Mt 24,37-44

Chers frères et sœurs,

Si nous voulons comprendre de manière juste ce que nous dit Jésus, il faut lire l’Evangile avec attention, presque en détail, le méditer suffisamment longtemps en le plaçant sous la lumière de la mort et de la résurrection de Jésus, et contempler ce que l’Esprit Saint nous donne à voir.

En premier lieu, il faut resituer la scène dans le déroulement de la vie de Jésus. Comme dimanche dernier, lorsque qu’il prononce ces propos, Jésus se trouve à Jérusalem après y être entré sous les acclamations, après avoir chassé les marchands du Temple, et avant de vivre sa Passion. Jésus annonce sa mort et sa résurrection, qui sera le jour du jugement, qu’il compare ici au jour où Noé est entré dans l’Arche. Jésus nous avertit qu’il y a le jour d’avant, où l’on mangeait, où l’on buvait, où l’on se mariait, parce qu’on était dans le monde ancien ; et il y a le jour d’après où l’on découvre, où l’on connait, la vie nouvelle de la résurrection qui apparait après le cataclysme, après le déluge.

La traduction liturgique ne nous aide pas à bien comprendre le fait que, pour Jésus, le déluge est quelque chose de positif.
Nous lisons : « Deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé ». Spontanément nous comprenons que la mort viendra frapper le premier et épargnera le second ; que le premier sera jugé et que le second aura la vie sauve. Et donc qu’il vaut mieux être le second que le premier… Mais c’est un contresens, c’est une erreur d’interprétation !
En réalité, voici ce que dit Jésus : « Deux hommes seront aux champs : l’un sera emmené, l’autre laissé ». Le premier sera emmené par Jésus, comme une brebis est emmenée par son berger, jusqu’à la bergerie. C’est le « Viens et suis-moi » de Jésus, l’appel auquel ses disciples répondent « oui » immédiatement, et « Ils quittèrent tout et le suivirent ».
Ainsi donc, le jour où Noé entra dans l’Arche en bois est le jour où Jésus fut attaché à la croix en bois. Sa mort et sa résurrection accomplissent la fin du monde ancien pour faire naître le monde nouveau, où ceux qui seront appelés seront emmenés pour vivre une vie nouvelle, et les autres laissés dans le monde ancien destiné à disparaître.

Jésus continue. Il s’adresse à ses disciples : « Veillez donc, vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient ». Souvenez-vous que, quelques jours plus tard, à Gethsémani, Jésus va reprocher à ses disciples de dormir : « Vous n’êtes mêmes pas capables de veiller une heure ! ». Car l’heure de la Passion vient.
Et Jésus prend cette image du voleur qui, par surprise, entre dans la maison : « C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ». Or c’est bien toutes portes fermées, au Cénacle, que Jésus est apparu à ses disciples, ressuscité. Et cela, non, ils n’y pensaient pas, non, ils n’y croyaient pas.

Alors quelle leçon tirer pour nous ? Depuis que Jésus est mort et ressuscité, en quelque sorte la fin du monde a déjà eu lieu, et dès lors, Jésus, quand il veut, comme il veut, peut entrer dans nos vies comme un voleur et nous emmener avec lui dans sa vie nouvelle. Il nous demande simplement de nous y préparer.
Saint Paul nous rappelle qu’il y a une époque où nous sommes devenus croyants, c’est-à-dire un moment où nous avons été baptisés. Depuis ce jour, nous avons déjà un pied dans cette vie nouvelle. Nous sommes déjà en train de naître à cette vie nouvelle. Aussi saint Paul nous invite-t-il à abandonner les habitudes du monde ancien, pour vivre déjà maintenant dans celles de la vie nouvelle, en nous revêtant du Seigneur Jésus-Christ, en communiant à lui.

Chers frères et sœurs, nous savons que Jésus est ressuscité et qu’il est venu chercher ses disciples pour en faire des grands prêtres et des Apôtres. Il est aussi venu chercher chacun de nous, le jour de notre baptême, pour faire de nous des veilleurs et des missionnaires de l’Evangile. Aujourd’hui, et demain, il va venir de nouveau, par surprise, pour faire de nous des saints et des bienheureux, en communion avec lui dans sa vie nouvelle. Veillons donc et préparons-nous, en attendant avec tous les anges et tous les saints, que tout notre univers, un jour, soit enfin illuminé, et passe lui aussi par la grande renaissance. Amen.







mardi 22 novembre 2016

20 novembre 2016 - DAMPIERRE - Solennité du Christ Roi - Année C

2S 5,1-3 ; Ps 121 ; Col 1,12-20 ; Lc 23,35-43

Chers frères et sœurs,

Dieu ne voulait pas de roi dans le peuple d’Israël. En effet, il n’y en avait pas besoin, puisque d’une part le roi, c’était Dieu lui-même, qui guidait son peuple, et d’autre part, parce qu’avec l’Esprit Saint, Dieu y choisissait des prophètes comme Moïse, ou des Juges comme Samson, et même des femmes Juges comme Deborah, qui rendait la justice sous un palmier.

C’est le roi qui est la source de la loi ; c’est lui qui fait justice, qui désigne et récompense le bien et qui dénonce et punit le mal. La fonction du prophète ou du Juge, revêtu de l’autorité de Dieu-roi, était donc de rendre justice en son nom.

Mais le peuple d’Israël a voulu avoir un roi, pour faire comme les peuples d’à côté. Dieu a fini par accepter, mais à une condition : que ce roi soit d’abord un serviteur de Dieu, un serviteur fidèle de sa Loi transmise par Moïse, pour pouvoir rendre justice de manière juste. Sans quoi la royauté lui serait retirée. C’est malheureusement, ce qui s’est passé pour Saül, pour Achab et d’autres, qui firent ce qui est mal aux yeux du Seigneur, et qui entraînèrent ainsi le peuple de Dieu dans la destruction.
Au contraire, David est le modèle du roi en Israël, parce qu’avant d’être investi par des hommes, il est d’abord consacré par Dieu : enfant, il a reçu l’onction du prophète Samuel. David est un roi prophète, ou plus exactement un prophète roi. Et c’est ainsi qu’il annonce qui sera le vrai roi : Jésus.

Quand on lit le récit de l’intronisation de David et qu’on le compare à celui de la crucifixion de Jésus, on est un peu déboussolés. Car l’un est le miroir de l’autre.
Voilà David, entouré des anciens, qui l’acclament et le bénissent, quand Jésus est entouré des chefs des prêtres et de la foule, qui lui font violence et le maudissent. David est oint avec de l’huile parfumée ; à Jésus on offre de la boisson vinaigrée. David est assis sur un trône et Jésus, cloué sur la croix.
Or Jésus, sur la croix comme un roi sur son trône, va rendre justice. Il est là pour rendre un jugement entre le mauvais et le bon larron.

Le premier prend Jésus à partie : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! ». Voilà la revendication des hommes qui s’adressent à Dieu pour exiger de lui ce qui est bon à leurs yeux. Le mauvais larron ne croit pas à un monde nouveau en-dehors de ce monde, c’est pourquoi il a peur de la mort et il veut être sauvé. Il n’a pas foi en Dieu. Il veut décider lui-même ce qui est bien et il somme Dieu de confirmer par un acte de puissance qu’il a raison. Cet homme parle au nom de tous ceux qui se révoltent contre Dieu et qui veulent être rois à sa place pour créer leur propre justice.

Mais l’autre malfaiteur intervient « Tu ne crains donc pas Dieu !  (Il a vu juste !) Tu es pourtant un condamné toi aussi ! Pour nous, c’est juste, après ce que nous avons fait. Mais lui il n’a rien fait de mal ». Ce malfaiteur reconnaît qui il est en vérité, en se plaçant humblement en face de Dieu. Il ne juge pas Dieu, dont il dit qu’il est innocent. Il ne veut pas prendre sa place. C’est pourquoi il ajoute : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume ». Le bon larron croit qu’il y a un monde nouveau au-delà de ce monde, et il a foi que Jésus peut l’aider à y entrer. Même si la situation présente est humainement désespérée, même s’il sait qu’il est le dernier des pécheurs, il croit que Jésus peut faire quelque chose pour lui.

Alors, Jésus, qui est au bout du bout : condamné, sur une croix, insulté, maudit, va se comporter en roi. Il va rendre son jugement, le jugement entre le mal et le bien, entre celui qui veut être roi à la place du roi, et celui croit et qui espère. Jésus, sur le trône de la croix, va rendre le jugement du roi de l’univers : « Amen, je te le dis – dit-il à l’humble qui croit et qui espère – aujourd’hui, avec moi, tu seras en paradis ».

Voilà le jugement : ceux qui aiment Dieu et leur prochain, ceux qui ont foi en lui et qui l’espèrent, même s’ils sont pécheurs, mêmes s’ils sont les derniers sur la terre, seront les premiers dans les cieux. Amen.

dimanche 13 novembre 2016

13 novembre 2016 - GY - 33ème dimanche TO - Année C

Ma 3,19-20a ; Ps 97 ; 2Th 3,7-12 ; Lc 21,5-19

Chers frères et sœurs,

Jésus a prononcé ces paroles après être monté à Jérusalem assis sur un ânon, acclamé par les gens des rameaux à la main, après avoir chassé les marchands du Temple et renversé leurs comptoirs. Il a prononcé ces paroles, peu avant son dernier repas avec ses disciples, juste avant sa Passion. Jésus sait déjà qu’il va être arrêté, jugé, et condamné à mort.

C’est la raison pour laquelle ses propos sont terrifiants. Car vous vous souvenez qu’il a établi un parallèle entre le Temple et son propre corps. Oui, bientôt, celui-ci sera détruit. Et lorsque Jésus dresse la liste de ce qui arrivera à ses disciples, en réalité il prophétise ce qu’il lui arrivera à lui : vous serez détestés, vous serez trahis par vos frères, vous comparaîtrez devant des rois et des gouverneurs, vous serez mis en prison, on portera la main sur vous et on vous persécutera. Tout cela est arrivé à Jésus durant sa Passion.

En réalité, la persécution et la fin du monde qu’annonce Jésus a déjà eu lieu dans son propre corps lors de sa Passion et de sa mort. Il nous enseigne que ce qui lui est arrivé à lui, arrivera un jour à ses disciples et au monde, parce que ses disciples sont son corps et parce que, depuis qu’il a pris chair de la Vierge Marie, tout l’univers entier est aussi lié à son devenir. Il y a un lien spirituel et physique entre Jésus et ses disciples, entre Jésus et tout l’univers. Ce qui arrive à l’un arrive aux autres, ce qui concerne les hommes et le monde concerne aussi Jésus, en permanence.

Cependant un chrétien ne peut oublier la parole de Jésus : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai ». Oui le Temple du corps de Jésus a été détruit, mais il est ressuscité et il est vivant aujourd’hui. De même, les persécutions conduisent à la mort du corps, mais elles ouvrent aussi, avec la grâce de Dieu, à une vie totalement nouvelle. Aussi bien, la fin du monde annoncé par Jésus n’est-elle pas une impasse, mais une création nouvelle qui fait naître un univers nouveau, un corps nouveau de ressuscité, dans lequel se trouvent tous les vivants.

Le prophète Malachie nous annonce ce jour de renaissance comme une fournaise pour les arrogants et les impies, et comme une guérison pour ceux qui craignent le Nom du Seigneur. Les rayons du soleil levant sont brûlants pour les orgueilleux, mais réconfortants pour les humbles qui aiment Dieu et qui lui demeurent fidèles jusqu’au bout. Nous voyons bien que ce soleil qui brûle, ou qui réchauffe le cœur, est l’amour du Seigneur lui-même : son Esprit Saint. Les méchants le craignent, les croyants l’attendent avec impatience. Cet amour a déjà été donné à la Pentecôte, et il habite le cœur de ceux qui aiment Dieu.

Chers frères et sœurs, la Passion, la Croix et la Résurrection de Jésus sont déjà le commencement de la fin du monde et la naissance du monde nouveau. Par notre baptême, par le sacrement de la confirmation, avec Jésus, nous sommes nous-mêmes morts au monde ancien et déjà nés dans le monde nouveau : nous avons reçus l’Esprit du Seigneur. Nous lui appartenons. Aussi n’avons-nous rien à craindre des prophètes de malheur. Il nous appartient d’annoncer cette bonne nouvelle et d’attendre, comme des veilleurs fidèles, qu’au bout de la nuit se lève le soleil, et qu’enfin réunis dans la gloire de Dieu, avec la Bienheureuse Vierge Marie et tous les saints, nous chantions éternellement notre bonheur d’être des vivants pour l’éternité.

vendredi 11 novembre 2016

11 novembre 2016 - VELLEXON - Fête de Saint Martin

Is 61,1-3a ; Ps 88 ; Mt 25,31-40

Chers frères et sœurs, chers amis,

Le village de Vellexon peut se réjouir d’avoir pour patron saint Martin. Tous ont en mémoire le geste fameux, où, se trouvant devant un pauvre homme grelottant de froid, le saint découpa son manteau militaire en deux pour lui en donner la moitié. Ceux qui le connaissent mieux pour avoir lu sa vie, savent qu’évêque, il avait refusé un trône comme siège épiscopal, pour lui préférer un modeste tabouret. Il est clair que son rayonnement a été celui de la charité envers tous, dans la plus grande humilité.
Pour autant, il ne faut pas confondre les effets avec leur cause. Pourquoi une telle vertu, une telle charité ? Au point que tous les peuples de la gaule romaine, ainsi que les peuples barbares, burgondes, wisigoths et francs qui l’avaient envahie, l’ont adopté d’un seul cœur comme saint Patron, Patron de leur nouveau pays, unifié par Clovis, c’est-à-dire la France nouvellement baptisée ? Pourquoi un tel rayonnement de saint Martin ?

« L’amour du Seigneur, sans fin je le chante » dit le Psaume. La vie de saint Martin a été comme un éclatant chant de louange, de remerciement à Dieu, pour la grâce immense que Dieu lui avait faite en le faisant chrétien. Cet amour de Dieu reçu en son cœur, consacré par le baptême, a été un talent que le jeune Martin jusqu’à ses vieux jours n’a cessé de faire fructifier, nous faisant tous profiter de sa richesse, jusqu’à aujourd’hui.

Chers frères et sœurs, quel était donc le secret de saint Martin, pour avoir à ce point déployé ce don que Dieu lui avait fait dans sa jeunesse ? Tout simplement, il était soldat ; soldat de l’armée romaine. Mon affirmation ne devrait pas vous étonner, surtout ceux qui parmi nous sont, ou ont été, militaires.
En effet, le devoir d’obéissance à son chef, jusqu’au don de sa vie, fait la puissance d’une armée, en démultipliant sa capacité tactique, entraînant par là, souvent, la différence au combat. Chez les romains, ce devoir d’obéissance était une vertu, vertu qui faisait que le soldat confiait sa vie à son général et qu’en retour le général assurait à ses hommes que son commandement les mènerait tous à la victoire. Or cette vertu a un nom : on l’appelait en latin la « fides ». En français : la foi.
Jésus ne s’y est pas trompé lorsqu’il a rencontré le centurion romain : après que le militaire l’ait prié de donner un ordre pour guérir son esclave malade, en étant assuré que les éléments lui obéiraient à l’image des soldats obéissant à leur chef, Jésus lui répondit : « Je n’ai jamais vu une telle foi en Israël ».
Voilà le secret de saint Martin : la foi en Jésus. Soldat du Christ, il obéissait entièrement, jusqu’au don de tout lui-même, de toute sa vie, à son général, le Seigneur son Dieu. Et de même qu’en 22 ans de carrière militaire jamais il n’avait été pris en défaut d’un quelconque manquement, jamais depuis le commencement de son humble vie d’ermite jusqu’à sa mort dans celle d’évêque, il n’a été pris en défaut d’une quelconque désobéissance à la volonté de Dieu. Et Dieu a fait, par lui, des merveilles, tout en le conduisant à la victoire des bienheureux.


Que cela nous fasse réfléchir. L’unité de tout un royaume, composé de peuples différents, s’est faite durant les siècles, à partir de la figure d’un homme dont l’unique objet dans sa vie a été de vouloir obéir, toujours et partout, aux commandements du Seigneur : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de toute ton âme, de tout ton cœur et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même ». Voilà ce qui constitue donc le cœur et la vitalité d’une des plus puissantes racines chrétienne de la France. Elle fait de nous tous des frères et sœurs d’un même Père, égaux dans la charité, et libres dans la paix. Amen. 

lundi 7 novembre 2016

05-06 novembre 2016 - ROCHE-ET-RAUCOURT - RAY-SUR-SAONE - 32ème dimanche TO - Année C

2M 7,1-2.9-14 ; Ps 16 ; 2Th 2, 16 à 3,5 ; Lc 20,27-38

Chers frères et sœurs,

Les Sadducéens sont les descendants de la famille du grand prêtre Sadoc. Ce sont des gens qui vivent du commerce du Temple, et n’ont pour Bible que les 5 livres de la Loi et le livre de Josué. Ils ne reconnaissent pas les livres prophétiques qui annoncent la résurrection, comme le livre d’Ezéchiel par exemple. C’est la raison pour laquelle, pour leur répondre sur cette question, Jésus ne peut s’appuyer que sur les livres de la Loi. Mais il ne va pas se démonter.

Jésus explique d’abord que la prolongation de la vie, évidemment nécessaire dans notre monde, doit se faire par une descendance qui est elle-même la raison d’être du mariage entre un homme et une femme. La prolongation de la vie, dans une filiation reconnue socialement, est la justification du mariage.
Mais au ciel, étant donné que la vie est éternelle, il n’est plus besoin de se marier pour générer une descendance. C’est ainsi, dit Jésus, que tous ceux qui ressuscitent et qui sont jugés dignes d’avoir part au monde à venir, ne prennent pas femme ou mari. La femme et ses sept maris, se retrouveront donc comme frères et sœurs. Jésus dit qu’ils sont semblables aux anges, c’est-à-dire en communion totale avec Dieu, dans sa gloire, dans la communion des saints.

Evidemment cette réponse de Jésus ne peut satisfaire les Sadducéens que si Jésus leur prouve que la résurrection est réelle. Il ne peut le faire qu’en s’appuyant sur les 5 premiers livres de la Bible, les livres de la Loi. Il choisit, dans le livre de l’Exode, l’épisode de la rencontre entre Dieu et Moïse au buisson ardent, où Moïse désigne Dieu comme Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac et Dieu de Jacob. Bien sûr, si Moïse parle ainsi, c’est que cela suppose qu’Abraham, Isaac et Jacob sont vivants, et donc qu’ils sont ressuscités.
Pourquoi Moïse peut-il affirmer cela ? D’abord, parce que c’est Dieu lui-même qui se nomme ainsi : « Je suis le Dieu de tes Pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob », mais surtout qu’à l’instant même Moïse est en train de vivre ce qu’ont vécu Pierre, Jacques et Jean lors de la Transfiguration : lorsque Dieu se manifeste, ceux qui vivent cette manifestation avec lui entrent dans sa gloire et donc dans la communion des saints : il connaissent les vivants qui sont au ciel. Voilà pourquoi Moïse peut affirmer qu’Abraham, Isaac et Jacob sont vivants et que la démonstration de Jésus est solide.

Ce qui est très frappant dans la loi du lévirat, c’est qu’elle est accomplie par Jésus lui-même. Je vous la relis dans le résumé de saint Luc : « Si un homme a un frère qui meurt en laissant une épouse mais pas d’enfant, il doit épouser la veuve pour susciter une descendance à son frère ». Ce à quoi Luc aurait dû ajouter : « ainsi le nom de son frère ne sera pas effacé d’Israël » et préciser d’autre part que la descendance dont il s’agit est un « fils premier-né ».
L’épouse, c’est le peuple d’Israël. Elle est veuve parce que son mari meurt. Son mari c’est l’Esprit Saint. Il meurt parce qu’Israël s’est détourné de lui, et elle n’a donc pas d’enfant de lui. Alors, selon la loi du lévirat, le frère vient épouser la femme. Le frère, c’est Dieu le Père, lui-même, qui vient épouser son peuple pour lui susciter un fils – un premier-né – qui relèvera le nom du défunt. En Marie, c’est Israël qui est épousée par Dieu, pour susciter Jésus, premier-né, qui redonnera vie, en quelque sorte, à l’Esprit Saint dans le monde.
Voyez comme Jésus n’abolit jamais la Loi, mais au contraire vient-il l’accomplir.

Il faut que vous sachiez que la Loi de Moïse envisage aussi, dans une deuxième partie, le cas où le frère du défunt refuse d’épouser la femme. Celle-ci doit alors convoquer le conseil des anciens et, si ce frère refuse toujours de l’épouser, alors la femme l’humiliera, lui crachera au visage (c'est dans le texte), et le maudira, ainsi que sa maison. Ici c’est la famille des Sadducéens qui est la femme et c’est Jésus qui est le frère. Or Jésus refuse de les « épouser ». Ils convoqueront donc le grand conseil, et selon la loi, ils l’humilieront et le maudiront comme vous le savez, sur la Croix.
Ainsi, Jésus accomplira-t-il en même temps et la première partie et la seconde partie de la Loi de Moïse.

Chers frères et sœurs, Jésus est venu accomplir, réaliser et confirmer les Ecritures de l’Ancien Testament. Parce qu’elles sont la prophétie de l’Evangile. C’est ce que Jésus a expliqué lui-même aux pèlerins d’Emmaüs qui en avaient le cœur tout brûlant. Demandons au Seigneur son Esprit Saint pour  qu’il nous fasse entrer toujours davantage dans son mystère d’amour et dans sa joie. Amen.

jeudi 3 novembre 2016

02 novembre 2016 - SOING - Commémoration des fidèles défunts - Année C

Da 12,1-3 ; Ps 26 ; Jn 14,1-6

Chers frères et sœurs,

La résurrection des morts n’est pas seulement une espérance, comme cela pouvait être le cas au temps du prophète Daniel : depuis que Jésus est ressuscité, elle est une réalité.

A l’époque du prophète Daniel, aucun homme n’était ressuscité des morts. Et si les hébreux l’espéraient, l’attendaient, parce qu’ils avaient foi dans l’alliance que Dieu avait conclue avec eux, ils n’avaient encore jamais vu un homme ressuscité.
Mais tout a changé avec Jésus. Après que Jésus soit mort sur la croix, il a été enterré. Et voilà qu’après plusieurs heures passées au tombeau, il est apparu vivant, dans son corps, à Marie-Madeleine, à ses Apôtres, à beaucoup de disciples et même bien plus tard à saint Paul, sur le chemin de Damas. Souvenez-vous, saint Thomas n’y croyait pas. Il ne voulait pas y croire. Et pourtant, parce que Jésus était là devant lui, il avait fallu qu’il se rende à l’évidence : Jésus est vivant, éternellement vivant.
Pour nous, cela change tout. Cela veut dire que l’espérance d’Israël est couronnée et que les prophéties de la résurrection sont vraies. Elles ont commencé à se réaliser avec Jésus. Parce que Jésus est vivant, nous aussi, nous allons revivre après notre mort, et tous ceux qui nous ont déjà quittés revivront aussi.

Tous ressusciteront. Absolument tous. Mais le prophète Daniel nous parle d’un jugement : « les uns s’éveilleront pour la vie éternelle, les autres pour la honte et la déchéance éternelle ». Quel est le critère du jugement ? L’amour de Jésus : « Moi je suis le Chemin, la Vérité et la Vie : personne ne va vers le Père sans passer par moi ».

La question est de savoir si nous aimons Dieu, si nous aimons Jésus. Il est assez probable que cet amour ne soit pas vraiment à la hauteur de ce qu’il serait souhaitable : nous sommes tous pécheurs. Mais si Jésus se réjouit de l’amour, même minime, que nous pouvons lui accorder, il se contente déjà de ce que nous sommes capables d’accepter de son amour à lui.
La seule véritable barrière à notre salut est le péché contre l’Esprit Saint, c’est-à-dire le refus total de l’amour que Dieu a pour chacun de nous. Peut-on dire si un homme, même révolté contre Dieu ou complètement athée, dès lors qu’il se retrouverait devant Dieu, refuserait absolument la main que Dieu lui tendrait ? Sans doute que non. Alors il serait sauvé.

Une autre chose est certaine. Depuis que nous sommes baptisés, nous appartenons à Jésus : nous sommes son corps. Quand un membre souffre, c’est tout le corps de Jésus qui souffre. Quand un membre se réjouit, tous son corps est rempli de joie.
Ainsi, s’il y avait un homme en froid avec Dieu ou avec d’autres hommes, si nous, nous sommes remplis de la chaleur de l’Esprit Saint, si nous aimons cet homme et si nous aimons Jésus, alors la chaleur de notre amour réchauffera celui qui est en froid.
Cette capacité à faire bénéficier du bien, de nos prières, de la prière des saints, à tous ceux que nous aimons s’appelle, justement, la « communion des saints ». Elle est rendue possible parce que nous appartenons à Jésus, que nous sommes son corps, que nous sommes en communion avec lui. Ainsi nos prières, les prières de toute l’Eglise, du ciel et de la terre, ne sont jamais vaines : elles peuvent réchauffer ceux qui sont en froid avec Dieu et avec leur prochain.

Chers frères et sœurs, je voudrais terminer par un vœu. Vous savez qu’il est de plus en plus à la mode de faire brûler son corps après sa mort. Je vous en prie, ne faites pas cela. Pour deux raisons.
La première est que Jésus s’est fait homme pour venir nous sauver. Lui qui était Dieu n’a pas eu honte de prendre un corps humain. Aujourd’hui, Jésus est vivant dans son corps, glorieux, transfiguré, lumineux, qui est marqué par les souffrances de la croix, mais qui est beau, très beau. Ayons nous aussi le respect de notre corps, en vue de la résurrection glorieuse.
La seconde raison est que, parfois, nos familles perdent la foi, la foi en Jésus. Faire reposer notre corps dans la terre est une bonne manière d’affirmer notre confiance totale en Jésus. Ne perdez pas cette occasion de témoigner aujourd’hui que Jésus est ressuscité et que nous ressusciterons avec lui pour une vie éternelle. Amen.

mercredi 2 novembre 2016

01 novembre 2016 - GY - Solennité de Tous les saints - Année C

Ap 7,2-4.9-14 ; Ps 23 ; 1Jn 3,1-3 ; Mt 5,1-12a

Chers frères et sœurs,

Grâce au témoignage des Apôtres, qui s’est transmis à travers les siècles jusqu’à nous, nous savons que Jésus, qui est Dieu fait homme, est ressuscité : il est vivant, maintenant. La résurrection de Jésus n’est pas une croyance imaginaire, c’est un fait, historique, dont les Apôtres sont les témoins directs. Ce témoignage, ils l’ont transmis par les Evangiles et par l’Eglise, parfois jusqu’au sang.
Parce que Jésus, qui était mort, est vivant maintenant, nous savons aussi que tous ceux qui sont morts dans son amour sont aussi vivants avec lui, maintenant. Ainsi, nous pouvons nous adresser à eux. Eux, ils peuvent prier le Seigneur pour nous. Ils peuvent nous aider, nous protéger. Nous pouvons aussi les prendre pour modèle, apprendre d’eux, de la manière dont ils ont vécu, comment ils ont aimé Dieu, pour entrer à notre tour dans l’amour de Dieu et vivre, vivre heureux, avec eux et avec Dieu, dès maintenant et pour toujours.

En fait, vivre avec Jésus et avec tous les saints, c’est vivre dans une grande famille. La foi chrétienne est une foi familiale. Un chrétien est toujours entouré par une grande foule, cette grande foule immense dont parle saint Jean, de toutes tribus, peuples et langues, de tous les saints, entourée par tous les anges et tous les archanges. Et ce n’est pas une foule anonyme : c’est Pierre, c’est Jean, c’est David, Lucie, Jeanne, Martin, Marc, Madeleine, Antoine, Eloi… c’est Marie, Michel… C’est cela la gloire de Dieu : la grande assemblée, la grande famille des vivants.

C’est à la messe que nous ressentons le plus fortement la présence des saints. D’abord parce qu’on voit leur représentation, en image ou en statue, dans l’église. Nous entendons aussi leurs noms, dans les lectures ou dans les prières, quand c’est le jour de leur fête, ou mieux encore, lorsqu’on chante la grande litanie des saints lors de la nuit de Pâques, lors de l’ordination d’un évêque, d’un prêtre ou d’un diacre, ou lorsque l’on célèbre un baptême.
Nous ressentons leur présence à la messe, aussi parce que, depuis notre baptême, nous-mêmes nous sommes des saints, et, lorsque nous nous réunissons pour célébrer l’Eucharistie, nous-mêmes nous sommes la grande assemblée qui vient de tous les bourgs, villages et hameaux, se réunir autour de l’autel, qui est ici-bas le trône de l’Agneau. La messe c’est le ciel sur la terre.
Et enfin nous ressentons la présence des saints lorsque nous communions à Jésus, parce que par lui, avec lui, en lui, nous sommes réellement en communion, à ce moment, avec tous les saints du ciel et de la terre.

Comment devenir des saints ? Comment vivre en communion avec eux ? Saint Jean nous l’a dit : c’est vivre dans l’amour de Dieu.
C’est d’abord comprendre que Dieu nous aime. Il nous aime chacun plus que tout au monde. C’est lui qui fait que nous existons. Il nous donne la vie.
Ensuite, ayant bien observé que, par notre liberté, nous nous éloignons parfois ou souvent de lui, pour notre malheur, il n’a pas voulu nous laisser dans la tristesse. C’est la déclaration d’amour des béatitudes : Dieu voit les pauvres de cœurs, ceux qui pleurent, ceux qui sont doux, ceux qui ont faim et soif de justice, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix, ceux qui sont persécutés pour la justice, ceux qui sont insultés, persécutés, ou salis parce qu’ils aiment Jésus. Dieu les voit tous, et il leur annonce le bonheur.
C’est pour cette raison que lui-même, Dieu, s’est fait homme, pour que nous, les hommes, nous puissions retrouver la voie de l’amour de Dieu qui est notre bonheur. Voilà une deuxième preuve de son amour : Dieu a donné sa vie pour nous, pour que nous ayons la vie éternelle, dans son amour.


Chers frères et sœurs, par le témoignage des Evangiles et de l’Eglise, nous savons que Jésus est vivant, entouré de tous les anges et de tous les saints. La porte d’entrée dans cette communion d’amour, c’est reconnaître d’abord l’amour immense que Dieu a pour nous et, avec l’aide de sa grâce, lui donner en retour tout l’amour dont nous sommes capables, par le don de nous-mêmes, dans la prière d’action de grâce et dans le service de notre prochain. Voilà le chemin des chrétiens, voilà le chemin des saints. Amen.

lundi 31 octobre 2016

30 octobre 2016 - VEZET - 31ème dimanche TO - Année C

Sg 11,22 à 12,2 ; Ps 144 ; 2Th 1,11 à 2,2 ; Lc 14,12-14

Chers frères et sœurs,

La conversion de Zachée est un événement étonnant et merveilleux, étonnant parce que rien ne prédisposait Zachée à se convertir, et merveilleux parce que personne ne s’y attendait. Il en était de même avec la conversion de saint Paul, sur le chemin de Damas : voilà que le persécuteur d’hier, désormais était devenu apôtre.
Si bien sûr nous pouvons nous réjouir de voir la puissance d’amour et de pardon de Jésus à l’œuvre, nous devons aussi comprendre l’enjeu profond de cet événement. Et pour cela tous les mots comptent. En effet, Jéricho n’est pas n’importe quelle ville et, dès qu’on entend parler de Jéricho dans un texte biblique, il faut redoubler d’attention.

Jéricho est la ville-forteresse qui garde l’entrée de Canaan. C’est elle que Josué, après avoir traversé le Jourdain, doit prendre et détruire, pour pouvoir ensuite monter à Jérusalem et conquérir la totalité de la Terre Promise.
Or l’histoire de Jéricho conquise par Josué est une prophétie de l’empire du mal conquis et vaincu par Jésus. Ce n’est qu’après la victoire de Jésus sur tous ses ennemis, que nous devient librement accessible le règne de Dieu, le paradis nouveau. Ce n’est pas pour rien que Jésus et Josué portent le même prénom.

C’est ainsi que la rencontre entre Jésus et Zachée n’est pas fortuite. Jésus va à Jéricho parce qu’il va vaincre le mal à sa racine, dans sa propre forteresse. Zachée, dont le nom signifie « victorieux », se trouve être le chef des collecteurs d’impôts. Nous savons que Jésus nous a dit qu’il fallait choisir entre Dieu et l’argent. Voici donc le chef de ceux qui règnent par l’argent, et même, il s’appelle le « victorieux », car il se donne l’apparence du pouvoir sur le monde.
Cependant Zachée, chef des collecteurs d’impôts, est un colosse aux pieds d’argile : il veut voir Jésus, il est de petite taille et il monte sur un sycomore. Un sycomore… c’est-à-dire, en hébreu, un « figuier fade », un figuier qui n’a pas de goût. Zachée, le roi de l’argent a une vie fade, grise, qui n’a pas de goût. C’est pourquoi il est attiré par Jésus, son exact opposé, parce qu’en Jésus est la lumière et la vie. Il y a en Jésus quelque chose que l’argent ne peut pas donner et qui fascine Zachée.
Mais voilà que Jésus s’adresse directement à lui, et il s’invite chez lui. Tout le monde est choqué : « Il est allé loger chez un homme pécheur » ! Les gens disent vrai : Jésus va directement au cœur de l’empire de l’argent. Il va loger chez son ennemi !
Et voilà que l’ennemi se lève. Quand un homme se lève, dans le Nouveau Testament, c’est qu’il est ressuscité. Zachée qui avait une vie de sycomore, tout à coup se met à revivre et à donner du fruit. Il veut donner la moitié de ses biens et réparer ses torts. Voilà que le roi de l’argent est retourné. Avec lui, c’est tout l’empire du mal qui se trouve inversé : il devient l’instrument du bien.

Chers frères et sœurs, la leçon de cette histoire, est que Jésus est victorieux du mal et qu’il a la faculté de convertir même le diable. La signature du Malin, c’est l’empire de l’argent et son rayonnement c’est l’ennui. Mais le Seigneur, s’il déteste le péché, aime le pécheur, et il peut le retourner comme une chaussette, le convertir : il vient « chercher et sauver ce qui était perdu ». Alors celui qui était mauvais devient bon, ses forces deviennent des instruments de charité dont le rayonnement est la vie. Seul Jésus peut arriver à provoquer une pareille inversion, qu’il obtient uniquement par l’amour de son ennemi et parce qu’en définitive, il en est le créateur.
Pour nous, n’ayons donc pas peur des Zachée qui ont l’apparence du pouvoir mais qui sont vides intérieurement et qui mènent une vie fade. N’oublions pas qu’ils sont fascinés par ceux qui ont en eux l’Esprit de Vie, l’Esprit de Jésus qui est leur véritable vainqueur.
Au fait, je ne vous ai pas dit ce que signifiait Jéricho. Jéricho, en hébreu, veut dire « lune ». Amen.

dimanche 23 octobre 2016

22-23 octobre 2016 - VELLEXON - THEULEY - 30ème dimanche TO - Année C

Si 35,15b-17.20-22a ; Ps 33 ; Tm 4,6-8.16-18 ; Lc 18,9-14

Chers frères et sœurs,

La parabole du pharisien et du publicain est très instructive pour nous.
D’un côté, nous voyons le pharisien, a priori très bien sous tous rapports. Il semble être un homme moralement irréprochable, très pieux, et en plus il paie son denier du culte ! Il a coché toutes les cases du formulaire du saint homme.
De l’autre côté, nous voyons le publicain, le collecteur d’impôts, métier dans lequel on faisait souvent fortune en détournant une part des sommes collectées pour la tutelle romaine. C’était le cas de saint Mathieu. Mais, face à Dieu, ce publicain, contrairement au pharisien, adopte une attitude d’humilité en confessant son péché.
L’enseignement de Jésus est très simple. Nous comprenons qu’il nous faut abandonner la voie de l’orgueil et emprunter plutôt celle de l’humilité. Nous comprenons aussi que Jésus n’est pas venu pour les justes mais pour les pécheurs.

Mais cela va plus loin. Le Pharisien – nom qui signifie « séparé », est l’homme qui se veut pur. Il est séparé des impurs, de ceux qui ne suivent pas les prescriptions juridiques de la Loi de Moïse. Et il se félicite d’être pur.
Or, nous dit Jésus, la relation que nous avons avec Dieu n’est pas une relation de pureté mais une relation d’amour. En réalité, le Pharisien entretient avec Dieu une relation païenne fondée sur le pur et l’impur, fondée sur un contrat donnant/donnant : parce que je suis pur, alors je suis juste. Alors, en définitive, je n’ai pas besoin de Dieu.
Tandis que Jésus nous dit : le cœur de la Loi, c’est l’amour. Jésus voit le publicain pécheur comme un blessé au bord du chemin, comme un lépreux, mais, contre toutes les règles humaines de pureté, lui qui est le Dieu Saint, il s’approche, le guérit et le relève : « Je vous le déclare, c’est lui qui est devenu un homme juste ». Car il y a entre lui et cet homme une relation d’amour. Le publicain, bien que pécheur, a foi en ce Dieu qui peut lui pardonner, il espère son pardon, et au fond, il l’aime, ce Dieu qui peut le sauver. Et Dieu aime ce publicain. Dieu est blindé contre toutes les formes de corruption, sauf une, celle de l’amour gratuit. Une prière qui est portée par l’amour atteint toujours son but : le cœur de Dieu. Et Dieu fait justice.

Voilà pourquoi saint Paul est si confiant : « Le Seigneur est le juste juge – dit-il – Il me remettra la couronne de justice, non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront désiré avec amour sa manifestation glorieuse ». L’expression importante est « désiré avec amour ». Nous savons, nous qui sommes chrétiens, que nous sommes appelés à avoir des relations, avec Dieu et entre nous, fondées sur l’amour. Nous sommes non pas esclaves mais fils et filles bien-aimés de Dieu, et nous sommes frères et sœurs. C’est l’amour et le pardon qui doivent primer entre nous tous. Et même, alors que saint Paul regrette que tous l’aient abandonné tandis qu’il était attaqué, il ne leur en tient pas rigueur : « Que cela ne soit pas retenu contre eux ». Que vaut-il mieux : être pur sans Dieu et séparé des autres ? Ou bien être un peu ébréché mais avec Dieu et en paix avec les autres ? C’est la différence entre l’enfer et le paradis !


Conclusion, chers frères et sœurs. Qu’est-ce qu’être un saint ? Un saint, c’est un homme qui peut être parfait, pieux, soucieux de son Eglise, mais qui peut aussi être un pécheur repentant. Un saint, c’est un homme qui a foi en son Dieu sauveur, qui espère sa miséricorde infinie, et qui l’aime du plus profond de son cœur. Son Dieu est son trésor. Et comme l’humble publicain, il ne lui vient même pas à l’idée de juger son prochain. En réalité, comme dit Jésus, cet homme-là est déjà au ciel. Amen.

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