lundi 31 décembre 2018

30 décembre 2018 - FRASNE-LE-CHATEAU - Fête de la Sainte Famille - Année C


Sa 1,20-22.24-28 ; Ps 83 ; 1Jn 3,1-2.21-24 ; Lc 2,41-52

Chers frères et sœurs,

Pour Elcana et Anne comme pour Marie et Joseph, à l’évidence, Dieu est un membre de la famille et le Sanctuaire du Seigneur, le Temple, est pour eux comme une seconde maison. Anne y a souvent prié pour avoir un enfant, Elcana s’y rend facilement au moins une fois tous les ans – avec toute sa famille – pour y accomplir les rites prescrits. De même Marie et Joseph montent à Jérusalem habituellement pour la fête de la Pâque, avec de nombreux parents et connaissances, et bien sûr avec leur fils Jésus.
Il y a des questions qui ne se posent même pas : la prière et le culte de Dieu font partie de la vie, non pas seulement d’un point de vue personnel, mais aussi d’un point de vue collectif et plus particulièrement familial. Et c’est ainsi, qu’ensemble, les membres d’une famille s’encouragent et se fortifient dans la foi et l’amour de Dieu comme dans l’affection mutuelle.
Or ce qui était vrai à ce sujet dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau, l’est toujours aujourd’hui. Bienheureuses, donc, sont les familles qui ont une place pour Dieu dans leur maison et à leur table. Il leur donnera à son tour une bonne place dans son Histoire sainte et dans son Royaume.

Cela ne signifie pas, pour autant, que la vie courante de ces familles en sera plus rose. Nous le constatons aujourd’hui même dans l’aventure que Jésus fait vivre à Marie et à Joseph en restant à leur insu à Jérusalem. Mais pourquoi donc saint Luc a-t-il voulu nous raconter cette histoire ?...  Ne trouvez-vous pas qu’elle a un « petit goût » de celle des disciples d’Emmaüs ?
En effet, dans les deux cas, nous sommes juste après Pâques. Marie et Joseph, comme les disciples, descendent de Jérusalem. Ils font une journée de marche. Ici Marie et Joseph se mettent à chercher Jésus pendant trois jours avant de le retrouver, alors que les disciples avaient attendu trois jours avant d’apprendre la résurrection de Jésus. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus discute avec les docteurs de la Loi et eux s’extasient de ses questions et de ses réponses : n’ont-ils pas le cœur tout brûlant tandis qu’il leur parlait ainsi, comme aux disciples, sur le chemin, et qu’il leur ouvrait les Écritures ? Et ces deux questions posées par Jésus aux disciples d’Emmaüs : « Quelles sont ces paroles que vous vous lancez entre vous en marchant ? », « N’est-ce pas cela que devait souffrir le Messie pour entrer dans sa gloire ? », s’accordent étrangement avec celle qu’il lance à Marie et Joseph : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? ».
A l’évidence, même si tout n’est pas comparable, il y a des résonances entre les deux textes, et les deux événements sont à comprendre l’un à la lumière de l’autre.

En premier lieu n’évacuons pas trop vite l’amour profond qu’ont Marie et Joseph pour leur fils Jésus, leur angoisse de ne pas le retrouver. Nous retrouvons le même désarroi chez les disciples d’Emmaüs, et donc aussi une affection semblable pour Jésus. Nous comprenons ainsi – un peu – combien Marie a souffert durant cette aventure de jeunesse de Jésus, comme durant sa grande Pâque, où il est mort et ressuscité.
Mais, la grande leçon de saint Luc, porte sur l’identité du père de Jésus. Quand Marie retrouve Jésus, elle lui dit : « Vois comme ton père et moi, nous avons souffert », et Jésus lui répond : « Ne saviez vous pas qu’il me faut être chez mon Père ». Bien sûr, sur le coup, ils ne comprennent pas cette réponse, car Jésus leur parle de sa résurrection et de son Père du ciel, de notre Père qui est aux cieux. Et encore, aux disciples d’Emmaüs, faudra-t-il qu’il leur réexplique tout cela, en ouvrant pour eux le sens des Écritures.
On pourrait croire que la figure de Joseph est ici gommée et oubliée. Mais sa souffrance, celle dont parle Marie, attire aussi notre attention sur la douleur de Dieu notre Père lui-même, durant la Passion de Jésus. Nous comprenons ainsi qu’il souffre terriblement quand tous ceux qui ressemblent à son Fils, et tous les innocents, sont également persécutés et attaqués injustement. Dieu le Père souffre comme Joseph a souffert.

Chers frères et sœurs, avez-vous vu comment, d’un événement tiré de la vie ordinaire il est possible d’entrer dans les mystères extraordinaires de la vie du Bon Dieu et de la nôtre ? : l’histoire d’un gamin qui échappe à l’attention de ses parents pour s’intéresser à un truc qui lui plaît, et qui prend vraisemblablement une savonnée à la fin, est devenu, par le regard de la foi, un événement qui résonne avec la Passion et la Résurrection de Jésus, un événement extraordinaire.
Si donc le Seigneur était un membre totalement intégré de nos familles, je suis sûr qu’il y aurait aussi beaucoup de Marie pour garder tous ces événements dans leur cœur. Et elles se réjouiraient de voir que, vraiment, le Seigneur Dieu habite parmi nous, et que décidément, notamment en ce temps de Noël, son Royaume est tout proche.

samedi 29 décembre 2018

25 décembre 2018 - CHARCENNE - Nativité du Seigneur - Messe du jour


Is 52,7-10 ; Ps 97 ; Hb 1,1-6 ; Jn 1,1-18

Chers frères et sœurs,

Il y a, à la chapelle de Leffond, un double vitrail. La partie de gauche illustre l’Annonciation de l’ange Gabriel à Marie, où, par l’Esprit Saint le Fils de Dieu est conçu dans ses entrailles. Ici le Verbe de Dieu se fait chair. Inversement, la partie droite du vitrail représente l’Assomption de Marie au ciel, entourée de deux anges qui sont à ses pieds. Et là, le corps de la Vierge Marie, celui-là même qui a porté le Seigneur Jésus, est glorifié comme lui, et est élevé au-dessus des anges.
Il faut comprendre que les deux vitraux se renvoient l’un à l’autre comme en miroir.

Hé bien les lectures que nous avons entendues fonctionnent exactement de la même manière.

Dans la première, le prophète Isaïe nous parle d’un messager qui revient vers Jérusalem en ruine, et qui lui annonce le retour de son Seigneur victorieux. Il s’agit du retour du Seigneur Jésus ressuscité, à la fin des temps. Dans la Lettre aux Hébreux, on nous explique qu’après avoir accompli la purification des péchés, par sa mort sur la croix, le Seigneur Jésus s’est assis à la droite de Dieu. Il s’agit là aussi évidemment d’événements qui concernent le temps de la résurrection.
Et c’est ainsi que la fête de Noël, où Dieu est enfanté dans le monde, est comme la partie gauche du vitrail, tandis que les textes que nous avons lus, où le monde est sauvé par son Seigneur victorieux, en forment la partie droite.
Comprenons que si le Verbe de Dieu, Jésus, est né dans le monde, c’est pour que le monde soit sauvé et renaisse dans le royaume de Dieu. Telle est la mission de Jésus : venir dans notre monde, pour nous sauver, et que nous soyons glorifiés, exactement comme il est venu dans la Vierge Marie et qu’à la fin, il l’a élevée et couronnée au ciel.

Ce jeu du double vitrail est aussi un des secrets de l’Évangile de Jean. L’évangéliste nous enseigne ceci : « Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître ».
Saint Jean explique que Dieu est d’abord un être mystérieux : « personne ne l’a jamais vu ». Il parle et agit dans le monde, mais il reste invisible. « Nul ne peut voir Dieu sans mourir » disaient les patriarches et les prophètes. Et c’est la raison pour laquelle ils se prosternaient devant les anges. Il faudra attendre Jésus pour apprendre que celui qui parle et agit en Dieu, c’est le Verbe de Dieu, c’est Jésus lui-même avant qu’il ne se fasse homme. Jésus est donc caché en Dieu. Invisible. Mais il est là.
Or voilà, dit saint Jean, que ce Verbe de Dieu s’est fait homme. Il se rend visible : les Évangiles racontent ses actes et ses paroles. On peut le voir, on peut l’entendre, on peut le toucher. C’est Jésus. C’est lui. Et il nous fait savoir qu’il est le Fils de Dieu, qu’il reçoit sa vie et sa mission de son Père, et qu’il est animé par son Esprit Saint. C’est la partie gauche du vitrail : la descente de Dieu parmi les hommes.
Et du coup, comme dit saint Jean, ce qui était invisible en Dieu, Jésus nous l’a fait « connaître ». C’est-à-dire non pas seulement « voir ou comprendre Dieu », mais « participer », « entrer en communion » avec Lui, en Lui. Celui qui était invisible et incompréhensible, s’est rendu visible et compréhensible en Jésus pour que nous qui étions à l’extérieur de Dieu, nous entrions en communion avec lui. Et c’est la partie droite du vitrail qui correspond à l’élévation de l’homme en Dieu.
Tel était le mystère de Dieu tenu caché jusqu’à ce qu’il soit révélé par Jésus.

Chers frères et sœurs, quand nous voulons comprendre les mystères de Noël, il faut aller voir ce qui leur correspond à Pâques, et quand nous voulons comprendre les mystères de Pâques, il faut se reporter à ceux de Noël.
Vous verrez, si vous utilisez souvent cette méthode, vos yeux s’ouvriront, votre cœur se réjouira, votre foi se dilatera, votre espérance sera forte, votre bouche chantera les louanges de Dieu et vous deviendrez lumière pour tous les hommes.
Et si vous avez peur d’oublier cet enseignement, venez voir le double vitrail à la chapelle : c’est un bon endroit !








24 décembre 2018 - SOING - Nativité du Seigneur - Messe de la nuit


Is 9,1-6 ; Ps 95 ; Ti 2,11-14 ; Lc 2,1-14

Chers frères et sœurs,

Il y a trois manières de lire ou d’entendre les textes que nous avons entendus.

La première est la plus simple, la plus immédiate, la plus naturelle : nous écoutons cette histoire de la naissance d’un enfant prophétisée par Isaïe, réalisée en Jésus né à Bethléem, puis annoncée par Saint Paul à Tite son disciple, et nous la prenons, cette histoire, au pied de la lettre pour ce qu’elle dit de la réalité. En effet, Jésus, le Fils de Dieu, annoncé par les prophètes, est venu dans notre monde, pour notre salut, et c’est ainsi que cela s’est passé. Il est bon d’être un enfant pour entrer dans le Royaume des cieux, et, dans cet esprit, la foi est quelque chose de tout simple et de très solide.

La seconde manière de lire les textes est marquée par le doute. Avec un peu de science, on se dit que cette histoire est belle, qu’elle porte en elle des valeurs d’amour de la vie, de la famille, des enfants, qu’elle est animée par une espérance qui dépasse les générations, depuis des centaines d’années avant Jésus et jusqu’à aujourd’hui. En somme, l’histoire de la naissance de Jésus est comme un beau conte de Noël, une fable de la Fontaine un peu pieuse, et puis voilà. Parce que bien sûr, avec la science, on se porte à douter de l’apparition des anges, qu’une jeune fille vierge puisse réellement mettre au monde un enfant, de ces problèmes d’hôtellerie et de grotte à Bethléem, de l’histoire de l’étoile et des mages, etc, etc. Des experts et des spécialistes nous expliquent que toutes ces choses sont des histoires reconstruites après-coup pour nous faire passer un message théologique tout aussi inaccessible qu’obscur. Mais, voilà, ce faisant, l’Évangile devient incompréhensible aux enfants ; il se complique ; il perd sa saveur. Sa lumière s’éteint. Et finalement, avec cette science, c’est un peu de la foi qui meurt. Et les Églises se vident.

Or, voyez-vous, en travaillant ces dernières années, non seulement sur la Bible, mais aussi dans d’autres domaines, pour mes recherches, j’ai observé une chose qui ne cesse de me surprendre. Un peu de science ça tue la foi, mais plus de science, ça la ranime. Depuis quelques dizaines d’années, pas plus, depuis l’informatique et Internet, avec les connaissances de la nouvelle physique, les chercheurs disposent aujourd’hui d’outils d’analyses toujours plus puissants, qui leur permettent de voir et de comprendre des choses que, même à la fin du XXe siècle, on ne voyait pas.
Justement, concernant la naissance de Jésus, nous savons aujourd’hui bien plus de choses qu’autrefois. Par exemple, on vous a certainement expliqué que la date de Noël, de la naissance de Jésus, le 25 décembre, avait été choisie par les chrétiens pour recouvrir la date du solstice d’hiver, originellement fêtée par les païens. On explique partout que ce choix est purement symbolique et qu’il est une usurpation historique. Oui, sauf que c’est faux. C’est l’inverse. Récemment, des historiens ont montré que c’étaient les païens de l’Antiquité qui, étant en perte de vitesse, avaient cherché à recouvrir la grande fête des chrétiens en diffusant partout une fête païenne très locale, célébrée à Homs en Syrie, à la gloire du dieu Sol invictus. On pourrait dire qu’ils ont réussi ! Aujourd’hui, la méthode n’a pas changé, sauf que c’est par des fêtes commerciales qu’on essaye de recouvrir maintenant les fêtes chrétiennes : Halloween pour la Toussaint, la grande fête gastronomique du réveillon pour Noël. Et pendant ce temps-là, surtout, il faut cacher les crèches.
Le monde n’a pas changé. Il n’y avait pas de place pour Jésus à l’époque à Bethléem, il n’en a pas eu davantage durant l’antiquité, et il n’y en n’a pas non plus aujourd’hui. Heureusement, nous les chrétiens, nous savons pourquoi nous fêtons Noël à cette date depuis toujours, et « nous ne lâchons rien », comme on dit.
Il y aurait bien des choses à dire encore sur les origines de la famille de Jésus à Nazareth, de Jean-Baptiste son cousin, du recensement à Bethléem, sur l’étoile des Mages. Je n’ai pas assez de temps ici, mais réjouissons-nous de savoir que des chercheurs (cf. Bruno Bioul, Les Évangiles à l’épreuve de l’histoire, Artège, 2018) nous apprennent de plus en plus de choses qui éclairent les Écritures.

Voyez-vous, chers frères et sœurs, quand on lit la Bible avec un peu plus de science, on dépasse le niveau de lecture intermédiaire où l’on doute, et il est possible de retrouver la lecture du départ, celle des petits enfants. Les Évangélistes n’ont pas écrit des contes de Noël, ils n’ont pas non plus cherché des choses compliquées : ils ont simplement écrit ce qui est arrivé, ce qu’on leur a raconté, ce qu’ils ont vu et pour certains touché. Ils ont cherché à dire cela avec leurs mots à eux, en montrant que tout ce qui est arrivé avait déjà été annoncé dans l’Ancien Testament. Ils en ont tenu compte. Il n’y a donc aujourd’hui aucune raison de rougir de notre foi, mais bien plutôt, il y a toutes les raisons pour ouvrir sa Bible et redécouvrir, avec une foi affermie, le vrai visage de Jésus, notre sauveur et notre Dieu, dont nous fêtons aujourd’hui l’anniversaire de sa naissance. Amen.

24 décembre 2018 - SOING - Veillée de la nuit de Noël


Chers frères et sœurs,

Quand Dieu a créé l’homme dans l’univers, comme un diamant dans son écrin, Il avait un but : que cette créature, créée libre à son image, lui ressemble, et partage avec lui sa gloire divine.
Mais, dure est l’école de la liberté : elle ressemble souvent à l’école du péché. Les hommes, nés pour devenir divins, perdent leur bonheur en s’égarant, en se divisant, et en se haïssant.
Mais parce qu’il est fidèle et qu’il entend les cris de souffrance, Dieu envoie aujourd’hui le Sauveur : Jésus, fils de Marie et Fils de Dieu.

1.     Venez divin Messie, nous rendre espoir et nous sauver

Lorsque nous chantons ce chant, nous associons notre voix à celle de nos ancêtres, et surtout celles des hommes et des femmes de l’Ancien Testament.
Les Hébreux avaient une particularité parmi tous les peuples de la terre : les cris de souffrance et les larmes n’ont jamais totalement étouffé leur foi. Au milieu de ce peuple, parfois durement persécuté, il y a toujours eu une petite lumière d’espérance : la foi, la foi en Dieu, scintillante comme une étoile dans la nuit.
Cette foi a été proclamée par les patriarches, Abraham, Isaac et Jacob, par les prophètes, Moïse, Elie, Ézéchiel, Samuel et bien d’autres, et par de nombreux justes, hommes et femmes : des rois, des simples, des riches, des pauvres, des bonnes gens et des pécheurs, et même des prostituées.
Tous avaient une foi si grande en Dieu, qu’avant même la venue du Sauveur, ils se réjouissaient déjà de sa naissance.

2.     Aujourd’hui s’est levée la lumière, c’est la lumière du Seigneur

Et puis, un jour, à l’improviste, sans préavis, dans une douce nuit d’hiver, le Sauveur est né.
Avant même de pouvoir parler, sa simple présence était déjà une révolution.
Car si Dieu avait envoyé son Fils sur la terre, comme un Dieu fait homme, cela voulait dire que, malgré tous nos péchés, nos divisions, et nos manques d’amour, Dieu lui nous aime toujours, éternellement. Et alors que nous étions tentés de haïr notre univers et même notre corps, Dieu a poussé son amour pour nous, ses créatures, à se faire chair de notre chair. Nous sommes aimés de Dieu et notre corps humain est saint. Et si Dieu a fait le chemin qui va du ciel à la terre, alors, c’est que le chemin qui va de la terre au ciel est ouvert. C’est Noël.

On amène l’enfant Jésus dans la crèche.

3.     Douce nuit ! Sainte nuit ! Dans les cieux l’astre luit.

Un tel événement, que le Fils de Dieu se soit fait homme, pour que tout homme réconcilié avec Dieu puisse retrouver le chemin du ciel, un tel événement, ne pouvait pas rester le secret de Marie et Joseph. Il concernait tous les hommes de la terre et toutes les générations jusqu’à la fin des temps.
C’est pourquoi, puisqu’il n’y avait pas encore d’apôtre pour annoncer la bonne nouvelle aux hommes, les Anges s’en chargent. Et ils chantent la gloire de Dieu. C’est étonnant : il y a une parenté entre les baptisés et les anges : tous chantent la gloire de Dieu et annoncent sa bonne nouvelle. Nous sommes des « anges humains ».

4.     Les anges dans nos campagnes, ont entonné l’hymne des cieux

Nous le savons bien, les bergers qui sont dans les champs sont les descendant des Hébreux. Ils travaillent : ils gardent les moutons, de jour et de nuit, ne comptant pas leur peine. Mais aussi, ils regardent les étoiles : ils veillent et ils espèrent. Ils sont comme nous, en somme.
L’annonce des anges va les mettre en route et tous se retrouvent dans cette grotte à peine éclairée, dans l’intimité d’une famille, contemplant l’enfant divin qui vient de naître. Il n’y a presque rien à voir, mais pourtant, avec les yeux de la foi, on voit dans cet enfant « l’agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde » : Dieu fait homme. Ce soir, nous qui sommes ici, nous sommes les bergers et nous sentons que, dans cette atmosphère de Noël, nous sommes environnés de mille anges divins qui veillent sur cet enfant, qui est notre espérance et notre Dieu.

5.     Entre le bœuf et l’âne gris

Nous qui sommes chrétiens, nous le savons : l’histoire de Jésus ne s’arrête pas à la crèche : elle ne fait qu’y commencer. Jésus est comme une graine plantée en terre. Il va grandir. Il va se mettre à annoncer le Royaume des Cieux. Il va guérir les malades, pardonner aux pécheurs, et même redonner vie à des morts. Cependant, le Fils de Dieu n’est pas le bienvenu dans le territoire des puissants de ce monde : ils vont le juger et le mettre à mort par crucifixion. Jésus va mourir.
Mais de la même manière qu’il avait tracé le chemin qui va du ciel à la terre, Jésus va ouvrir la voie qui mène de la mort à la vie. Entraînant avec lui dans son ascension tous les défunts, à commencer par Adam et Ève qui dormaient dans les profondeurs de la terre, il va les conduire, comme couronnement de leur espérance et de leur foi, jusqu’à la gloire du ciel. Et nous aussi, vivants ou morts, nous attendons ce jour de délivrance et de grand bonheur. C’est pourquoi, Noël est déjà l’annonce de la joie de Pâques. C’est fête en cette nuit !

6.     Il est né le divin enfant, jour de fête aujourd’hui sur terre

22-23 décembre 2018 - BEAUJEU - CHOYE - 4ème dimanche de l'Avent - Année C


Mi 5,1-4a ; Ps 79 ; Hb 10,5-10 ; Lc 1,39-45

Chers frères et sœurs,

Dimanche dernier et dimanche précédent, l’Église attirait notre attention sur la figure de Jean-Baptiste, celui qui écoutait et proclamait la Parole de Dieu dans les ruines, et qui appelait les hommes à se préparer pour la venue du Seigneur.
Aujourd’hui, nous nous tournons vers la Vierge Marie et sa cousine Elisabeth. Nous revenons à l’histoire de la famille charnelle de Jésus et au plan de Dieu pour sauver l’humanité.

Nous savons depuis les temps anciens, que l’homme est un être tiraillé entre son aspiration au vrai, au beau et au bien, sa nostalgie de l’amour de Dieu et de sa gloire, d’un côté, et de l’autre sa faiblesse devant les multiples tentations et sa capacité à faire du mal, à se laisser entraîner par le mal. Cet état de nostalgie de Dieu et de faiblesse, d’espérance et de déchéance, c’est celui du peuple d’Israël, c’est le nôtre : nous sommes charnels.
Mais, par ses prophètes, Dieu annonce la venue d’un sauveur : il y aura un jour, à Bethléem, où une jeune femme enfantera un bon berger, qui sera la paix pour le monde. C’est-à-dire qu’il y aura une fin au désordre et à la souffrance.
En même temps, Dieu demande à Israël de lui offrir des sacrifices d’animaux, au Temple, pour lui demander le pardon de ses péchés. Il est important de souligner que Dieu nous enseigne ainsi que le pardon est possible et qu’il passe par l’offrande d’une vie.
Précisons tout de suite que jamais le Seigneur n’a demandé de lui sacrifier une vie humaine. Souvenez-vous : par son ange, il a arrêté le bras d’Abraham qui pensait devoir lui sacrifier son fils Isaac. Au contraire, ce sont des hommes possédés par des démons qui se perdent à pratiquer des sacrifices humains.
Dieu a donc enseigné à Israël que le pardon était possible et qu’il passait par l’offrande d’une vie, mais sans sacrifice humain. Il voulait nous apprendre par là que le bon berger de paix serait aussi celui qui donne sa vie pour ses brebis : par la Vierge Marie, Dieu a fait à son Fils un corps, afin que par l’offrande de ce corps – par amour – ce Fils obtienne à tous les hommes le pardon et la vie de Dieu.

C’est la raison pour laquelle, dans le plan de Dieu, il fallait que son Fils naisse dans un corps, à un endroit précis sur la terre – Bethléem – et à un moment précis dans le temps – le jour « où enfantera celle qui doit enfanter », la Vierge Marie. Il fallait que cette naissance soit concrète, réelle, charnelle, pour que nous qui sommes charnels puissions être guéris et sauvés par lui.

Accomplissant parfaitement tous les sacrifices du Temple, Jésus a offert son corps à son Père, par amour pour lui et pour nous, sur la croix. Et de ce corps charnel, le Père en a fait un corps de résurrection, un corps d’amour infini, un corps de vie éternelle. On comprend le tressaillement de Jean-Baptiste et l’exclamation d’Elisabeth devant la Vierge Marie enceinte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ». En effet, par l’Esprit Saint, ce n’est pas seulement le corps humain de Jésus qu’Elisabeth et Jean-Baptiste pressentent en Marie, mais déjà son corps de résurrection, qui est la vraie libération des souffrances et du péché, et qui est la vraie vie des hommes, à laquelle nous aspirons tous depuis toujours.

Chers frères et sœurs, n’oublions pas que nous sommes charnels : c’est notre corps que nous baptisons pour faire partie de l’Église, le corps du Christ ; c’est le corps de Jésus que nous mangeons avec notre corps lorsque nous communions à lui pour vivre de sa vie. Demain, dans la fête de la naissance de Jésus, nous fêterons en même temps la noblesse de notre corps humain, digne d’être habité par Dieu, sa grandeur, puisque c’est par lui que le Seigneur nous a réconcilié et nous a ouvert à nouveau le chemin du ciel, et sa beauté, puisque grâce à l’Esprit Saint, notre corps deviendra un corps glorieux, comme celui de Jésus ressuscité.
Comprenons bien que Jésus est né sur la terre pour que grâce à lui, nous puissions renaître au ciel. Amen.

samedi 15 décembre 2018

08-09 décembre 2018 - VELLEXON - AUTET - Solennité de l'Immaculée Conception / 2ème dimanche de l'Avent - Année C


Ba 5,1-9 ; Ps 125 ; Ph 1,4-6.8-11 ; Lc 3,1-6

Chers frères et sœurs,

Je voudrais simplement retenir deux choses de l’Évangile d’aujourd’hui.

La première est liée à l’utilisation du mot « désert ». Ce mot est cité deux fois. La première fois, quand saint Luc explique que « la Parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie », et la seconde fois quand il cite la prophétie d’Isaïe : « Voix de celui qui crie dans le désert : préparez les chemins du Seigneur, rendez droits ses sentiers ».
Ce que nous comprenons quand nous employons le mot « désert », se dit en grec « eremo » – terme qui a donné « ermite » en français – et en araméen « madbra ». Mais dans la version araméenne de l’Évangile, ce n’est pas ce mot qui est employé mais « hourba » – qui a donné « Horeb », comme le Mont Horeb – et qui veux dire « ruine », « zone dévastée », « inhabitée », « chaotique ».
C’est donc, alors que Jean-Baptiste s’est retiré comme un ermite, non pas dans un désert comme le Sahara, mais plutôt au milieu d’une ruine, quand il s’est installé dans un lieu dévasté, abandonné ; c’est là que le Seigneur lui a adressé la Parole. La Parole de Dieu surgit comme une lumière dans la nuit, comme quelque chose de solide au milieu d’un chaos. Et c’est à partir de cette Parole et de la voix qui va la proclamer, que le Seigneur va pouvoir tracer des chemins, des sentiers droits pour que son peuple aille de l’avant et vive.

Mais qu’annonce-t-elle cette voix ? (C’est mon deuxième point). Que « tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées » : « ainsi la terre sera aplanie… » disait déjà le prophète Baruc, « …afin qu’Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu ».
Chers frères et sœurs, la Parole de Dieu qui est annoncée par Jean-Baptiste, cet ermite qui vivait au milieu des ruines, au milieu d’un monde dévasté, est la Parole qui aplanit le chemin, qui trace le chemin pour aller jusqu’à la Gloire de Dieu. Cette Parole, a un nom et un visage : c’est Jésus. Jésus lui-même.
Lorsqu’on se trouve au bout de la nuit et qu’on ne sait plus ce qu’il faut faire, c’est une grâce qui vient de l’Esprit Saint que de pouvoir se souvenir de Jésus et de se dire qu’il va nous sortir de là et nous conduire à la lumière, à la paix, et aussi à la joie.

N’est-ce pas chers frères et sœurs que nous avons besoin d’entendre cette Parole-là aujourd’hui ? La Sainte Vierge Marie est celle qui, la première, l’a entendue de tout son cœur. Elle a répondu à l’Archange Gabriel : « Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ». Puis, comme femme, elle a eu la grâce de pouvoir la mettre au monde, dans un désert : dans une grotte et dans la nuit. Et la lumière s’est levée, et elle a illuminé notre monde. Jésus est la Parole de Dieu qui est la vie et qui fait fleurir tous nos déserts. Amen.

mardi 4 décembre 2018

01-02 décembre 2018 - VAUCONCOURT - FRASNE-LE-CHATEAU - 1er dimanche de l'Avent - Année C


Jr 33, 14-16 ; Ps 24 ; 1Th 3,12-4,2 ; Lc 21,25-28.34-36

Chers frères et sœurs,

Elles sont terribles les paroles de Jésus. Mais si nous voulons bien les comprendre il faut les replacer dans leur contexte et dans le plan de Dieu pour nous.

Le contexte, d’abord : Jésus était arrivé à Jérusalem, assis sur un ânon, acclamé par les gens qui l’accueillaient avec des branches de palmier, et il était entré dans le Temple où, après en avoir chassé les marchands, il s’était mis à enseigner avec autorité. Et c’est là qu’il a prononcé les paroles que nous avons entendues. Plus tard, Jésus s’est retiré pour manger la Pâque avec ses disciples, avant de rejoindre le Mont des Oliviers où a débuté sa Passion. Les paroles de Jésus que nous avons entendues ont donc été prononcées entre les Rameaux et le Jeudi Saint.
Si nous avions lu le début de l’Évangile – qui ne nous est pas donné ici – nous saurions que Jésus ne parle pas de la fin du monde, mais, de manière imagée, de la destruction de Jérusalem. Mais surtout, il parle de Jérusalem comme de lui-même, comme de son propre corps, qui va être détruit. En réalité, il parle de sa propre mise à mort : sa Passion, sa crucifixion, sa mort, mais aussi sa résurrection. Alors que les puissances de mort vont se déchaîner contre lui, il appelle ses disciples à ne pas avoir peur mais à redresser la tête, à ne pas se laisser aller au découragement mais à veiller et à prier sans cesse. Il les appelle à la dignité, pour recevoir de son Père la force d’échapper à la persécution qui vient, et se préparer l’accueillir, lui Jésus, au jour de sa résurrection.
Souvenez-vous des disciples qui s’endorment au jardin des Oliviers et qui n’ont pas la force de veiller : ils vont bientôt s’enfuir lâchement devant la garde des Grands Prêtres ; mais souvenez-vous aussi de la Vierge Marie, qui reste debout au pied de la croix, avec saint Jean et les saintes femmes. Ce sont eux qui, les premiers, bénéficieront des apparitions et de la foi en Jésus ressuscité.

Ainsi donc, face à la persécution dont Jésus fait l’objet, pour tenir dignement, debout au pied de la croix, pour être trouvé fidèle, il faut choisir la veille et la prière, et non pas s’abandonner à des addictions de toutes sortes, qui font dormir et se comporter faiblement.
Car, croyez-vous que – puisque la Passion de Jésus a déjà eu lieu – ces paroles ne sont plus d’actualité ? Pas du tout ! Car le corps de Jésus, c’est son Église : ce sont les chrétiens d’aujourd’hui, de maintenant. Ainsi donc, face aux persécutions dont nous pouvons faire l’objet directement ou indirectement, publiquement ou insidieusement, nous sommes appelés à être dignes, à veiller et à prier, dans l’attente de la paix, de la joie et de la lumière de Jésus.

Cependant, il faut aussi comprendre les paroles de Jésus dans le plan de Dieu.

Nous sommes le corps de Jésus : depuis notre baptême, nous sommes unis à lui : nous avons le même Esprit-Saint qui coule dans nos veines, dans notre cœur. Ainsi, ce qui est arrivé à Jésus, arrive aussi à son Église. Nous ne sommes pas plus grands que notre maître. « Pouvez-vous boire le calice que je vais boire ? » avait dit Jésus à Jacques et Jean, dont la maman voulait qu’ils siègent « l’un à sa droite et l’autre à sa gauche, dans sa gloire » ? Nous sommes les frères et les sœurs de Jésus : nous sommes de sa famille. Et nous serons persécutés pour cela, si nous lui sommes fidèles en toutes choses.
Mais – et c’est là que les paroles de Jésus sont importantes – il ne faut jamais perdre de vue l’objectif : Dieu notre Père a la ferme volonté que, à la fin, nous nous trouvions « debout devant le Fils de l’Homme ». Rendez-vous compte de ce que cela veut dire ! Lorsque Jésus ressuscité se présentera devant nous dans sa Gloire, nous nous tiendrons debout face à lui. Non pas prosternés comme des esclaves devant sa divinité, mais en égale dignité avec lui. Parce que nous serons revêtus de la divinité de Jésus, de son Esprit saint, comme d’un manteau de roi. Nous ne serons pas des esclaves, mais des enfants du même Père, frères et sœurs de Jésus. Et déjà nous le sommes : cela ne nous viendrait même pas à l’idée de réciter le Notre-Père à genoux, n’est-ce pas ? Nous le disons toujours debout. Parce qu’un baptisé, c’est déjà un frère ou une sœur de Jésus, maintenant.

Alors chers frères et sœurs, à l’heure où les moqueries et les violences tombent sur les chrétiens, ne faiblissons pas : veillons et prions. Menons le bon combat comme de bons soldats. Gardons le regard fixé sur le don qui nous a été fait à notre baptême et dont la réalisation nous est promise : la Gloire de Dieu, son amour, sa lumière et sa paix, aujourd’hui et pour l’éternité. Amen.



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