samedi 28 décembre 2019

25 décembre 2019 - LAVONCOURT - Nativité du Seigneur - Messe du Jour - Année A


Is 52,7-10 ; Ps 97 ; Hb 1,1-6 ; Jn 1,1-18

Chers frères et sœurs,

Le Verbe – ou la Parole de Dieu – et Jésus, c’est la même personne. C’est par son Verbe, par sa Parole, que Dieu le Père a tout créé, et la perfection de la création, c’est l’homme : l’homme fait à l’image et à la ressemblance de Dieu.
Aussi bien, lorsque nous sommes devenus pécheurs par un mauvais usage de notre liberté, nous avons perdu la ressemblance avec notre créateur. Mais nous demeurons toujours et pour toujours à son image. En quelque sorte, nous sommes comme la carrosserie d’une voiture, qui a été emboutie. Elle demeure toujours une carrosserie, mais elle est abîmée.
Aujourd’hui, à Noël, la Parole de Dieu par qui le Père nous a créé, Jésus, s’est fait homme. Pourquoi ? Pour rétablir notre ressemblance avec Dieu. C’est comme si on remettait la carrosserie abîmée dans la presse qui l’avait formée au départ, pour lui redonner sa forme première. Tel est le rôle de Jésus : en se faisant homme, il redonne à l’homme la possibilité de retrouver la ressemblance de Dieu, la possibilité de retrouver sa beauté première.

La difficulté, aujourd’hui comme hier, et demain, c’est que le monde qui nous entoure nous propose mille autres formes de carrosseries à adopter. Et nous nous prenons à rêver : et si nous faisions de nous des hommes-dieu ? Et si nous nous transformions en créatures mi-hommes mi-machines, « l’homme augmenté » ? Et si être véritablement homme, c’était profiter de la vie, faire ce que nous voulons de notre vie, de notre corps, selon les idées à la mode, selon nos sentiments du moment, voire même selon nos pulsions généralement égoïstes ? Mais aucune de ces formes n’est semblable à celle qui nous a marqué à l’origine, la seule qui nous corresponde vraiment et qui peut nous rendre véritablement heureux. Cette unique forme, c’est le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu, c’est Jésus lui-même parce que nous avons été créés par lui. Comment, au milieu des milliers d’autres formes et contrefaçons toutes plus attirantes les unes que les autres, pouvons-nous donc reconnaître celle de Jésus avec certitude ? De faux prophètes avant lui et après lui, il y en a eu des centaines et il y en aura d’autres. Comment donc le reconnaître avec certitude, lui, le Verbe de Dieu, Jésus, par qui nous avons été créés et qui a le pouvoir de nous restaurer dans notre intégrité première ?

C’est là le rôle de Jean-Baptiste, l’envoyé de Dieu venu rendre témoignage à Jésus, pour le désigner avec assurance : « Voici l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde ». Jean-Baptiste est celui qui, dans le monde, est le seul véritable témoin fidèle. Comment cela ?
Jean-Baptiste était l’aboutissement et le sommet des prophètes de l’Ancien Testament ; il les récapitulait tous. Comme eux, et plus qu’eux, il était préparé par l’Esprit Saint à voir en Jésus le Verbe de Dieu fait chair.
Étonnante chose que d’observer, d’un côté Jean-Baptiste qui voyait la divinité qui était invisible dans l’humanité de Jésus ; et de l’autre, les scribes et grands prêtres – normalement les plus habilités à le faire – mais qui pourtant ne voyaient pas et ne comprenaient pas. Parce qu’ils n’avaient pas l’Esprit Saint en eux. Sans l’Esprit Saint rien n’est possible. Avec lui, tout est possible.

Chers frères et sœurs, nous avons toujours besoin aujourd’hui de Jean-Baptiste pour savoir reconnaître Jésus, le Verbe de Dieu agissant dans nos vies, pour le laisser nous restaurer dans notre sainteté originelle. Jean-Baptiste pour nous, c’est l’Église pauvre, qui prie et qui témoigne, fidèle à la foi des Apôtres, par la proclamation de l’Évangile, par sa liturgie et ses sacrements, son enseignement et ses institutions, ses saintes et ses saints, et toutes ses œuvres de charité.
Celui qui s’en écarte, s’écarte de Jésus, et prend le risque de se perdre. Au contraire, celui qui se trouve au cœur de l’Église, avec la grâce de l’Esprit Saint, ressemble de plus en plus à Jésus et se rapproche immanquablement du cœur de Dieu, de sa joie, de sa lumière et de sa paix.
Si nous avons compris cela, alors nous pouvons aussi comprendre que tout chrétien, restauré par la Parole de Dieu, par Jésus, dans sa forme première, devient aussi un Jean-Baptiste pour les autres. Tel est le mystère de notre vocation de baptisés : ressembler de plus en plus à Jésus pour être en communion avec Dieu, et ressembler de plus en plus à Jean-Baptiste pour permettre à notre prochain de retrouver à son tour la source d’amour et de toute joie.

24 décembre 2019 - GY - Nativité du Seigneur - Messe de la Nuit - Année A


Is 9,1-6 ; Ps 95 ; Tt 2,11-14 ; Lc 2,1-14.15-20

Chers frères et sœurs,

Nous fêtons Noël parce qu’en ce jour, il y a plus de 2000 ans, Dieu s’est fait homme pour que, nous les hommes, nous puissions entrer dans la communion de Dieu.

Il n’est pas besoin d’être un grand savant pour comprendre que nous sommes comme des violons désaccordés. Nous sommes de beaux instruments, mais nous jouons une musique fausse : disputes, mensonges, colères, violences, orgueil, paresse, addictions de toutes sortes… tout cela perturbe la belle musique que nous devrions faire entendre par tous les aspects de notre vie.
Et c’est pourquoi nous avons besoin d’être réaccordés, pour pouvoir jouer tous ensemble une musique sainte et harmonieuse, la musique de Dieu. C’est pour cela que Jésus est venu. En nous réaccordant à lui, grâce à la puissance de l’Esprit Saint, il nous permet de suivre de manière juste la musique que dirige Dieu son Père. Alors seulement, de toute notre âme, de tout notre esprit et de tout notre cœur, nous pouvons jouer dans l’harmonie de Dieu, accompagnée par le chant des anges.

Ce que je viens de dire n’est pas un conte de Noël. C’est la réalité de Jésus, né il y a plus de 2000 ans à Bethléem pour nous réconcilier avec Dieu et nous faire participer à sa gloire. C’est la raison pour laquelle saint Luc a écrit son Évangile : pour que nous aussi, qui vivons à des milliers de kilomètres et qui sommes séparés de ces événements par des siècles d’histoire, nous puissions y être aussi présents à notre mesure. En ce jour de Noël, tous les chrétiens du monde, et les chrétiens de tous les temps à travers les siècles, tous sont réunis autour de la crèche de Bethléem, dans la prière et dans la joie. On n’est jamais seul à Noël : on est avec Jésus, Marie et Joseph, avec les anges et les bergers, et même avec l’âne, le bœuf et les moutons. Noël, c’est la communion.

Maintenant soyez attentifs. Tout à l’heure, nous allons apporter les offrandes. Sur l’ordre de Jésus, je vais imposer les mains sur le pain et le vin, qui deviendront par la puissance de l’Esprit Saint, son corps et son sang. Il va se passer ce qu’il s’est passé à l’Annonciation avec Marie, quand l’Esprit Saint l’a prise sous son ombre, et que Jésus a pris chair en elle. Là aussi Jésus va se rendre présent.
Ensuite, lorsque Jésus est né, il a été emmailloté dans des langes et couché dans une mangeoire. Il en va de même à la messe : le corps et le sang du Christ reposent sur un grand linge blanc qu’on appelle le corporal, et l’autel est comme la mangeoire. Et nous tous, comme les bergers, nous sommes venus à la voix des anges pour venir voir Jésus et l’adorer. Comme les anges qui chantaient dans la nuit de Bethléem, nous avons chanté : « gloire à Dieu au plus haut des cieux » et avec eux aussi nous chantons « saint, saint, saint le Seigneur, Dieu de l’univers ».
Mais en fait, c’est comme cela à toutes les messes. A toutes les messes, c’est Noël. Jésus vient chez nous, il se rend présent pour nous, ici et maintenant, et il vient même jusqu’à l’intérieur de nous lorsque nous communion à lui. Noël, c’est la communion, et la communion c’est Noël : Dieu vient faire sa demeure en nous, pour que nous soyons en communion avec lui.

Les bergers, après avoir contemplé Jésus et s’être réjouis de sa venue, ne sont pas repartis uniquement pour faire la fête. Ils ont raconté ce qu’ils ont vu : « et tous ceux qui les entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers » ; et « ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé ». En fait, les bergers sont comme les apôtres après la résurrection de Jésus : ils rendent gloire à Dieu et ils annoncent l’Évangile.
Ce soir, les bergers, c’est nous. Certains pensaient sans doute qu’ils étaient venus assister à la messe, comme ça, juste pour faire plaisir à la famille ? Mais, ils ne se sont pas rendu compte qu’en venant ici, ils ont été transformés en santons pour faire partie de la crèche. Ce soir, nous sommes tous des santons et nous sommes tous dans l’Évangile. Ce soir, la vraie crèche vivante à Gy, c’est nous. Et Jésus va être là, au milieu de nous.

21-22 décembre 2019 - CUGNEY - SAVOYEUX - 4ème dimanche de l'Avent - Année A


Is 7,10-16 ; Ps 23 ; Rm 1,1-7 ; Mt 1,18-24

Chers frères et sœurs,

Savez-vous qui est saint Joseph ? Il est important de le savoir pour mieux comprendre l’évangile d’aujourd’hui.

Lorsque les hébreux furent exilés à Babylone, il y avait parmi eux les descendants du roi David. Ceux-ci conservaient avec beaucoup de respect leur noblesse puisqu’ils savaient que, dans leur descendance, serait donné le Messie libérateur, promis par le Seigneur.
Or une partie de ces descendants, dès qu’ils ont pu quitter Babylone et revenir en Israël, se sont installés à Nazareth. Et ils furent appelés les « Nazoréens ». C’étaient des gens simples, paysans et artisans, sans grande fortune, mais qui avaient conscience d’être fils de David et dépositaires de la Promesse de Dieu. Et c’est pour cela que Joseph ne pouvait pas épouser n’importe qui, mais seulement une princesse de sang royal comme lui. Marie était également une lointaine descendante de David.
Or voilà que la princesse promise en mariage est enceinte ! Joseph est plus qu’embarrassé.

S’il dénonce Marie comme adultère, d’une part, celle-ci sera lapidée et l’enfant qu’elle porte en elle mourra également. C’est la loi. Mais Joseph sait très bien que Marie n’est pas adultère, puisqu’il sait que c’est par l’Esprit Saint qu’elle porte en elle un enfant. Et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de l’enfant de la Promesse. Ce serait donc un mensonge de sa part de dénoncer Marie, et ce serait aussi porter atteinte au Messie de Dieu qu’elle porte en elle.
Mais de l’autre côté, Joseph, qui est donc un homme juste, ne se sentait pas digne d’accueillir dans sa maison la Mère de Dieu. N’est-ce pas que le Saint-Esprit l’avait prise comme pour épouse ? Mais qui était-il devant le Saint-Esprit ? Jean-Baptiste ne se disait pas digne de défaire la sandale de Jésus, mais Joseph ne s’autorisait pas davantage à accueillir chez lui Marie et Jésus.
Il avait donc décidé de répudier Marie en secret. Voilà bien une résolution d’homme… mi-chèvre, mi-chou, complètement irréaliste. Combien de temps le secret aurait-il tenu ? Et comment Marie aurait-elle vécue ? Et comment l’enfant divin aurait-il été éduqué ?
Bref, saint Joseph ne savait vraiment plus quoi faire.

Heureusement, l’Ange du Seigneur, est intervenu : « Ne crains pas de prendre chez toi, Marie, ton épouse ». Il y a trois informations dans cette parole : la première est que Marie est bien son épouse. C’est le Seigneur lui-même qui le confirme. La seconde, qu’il peut – et même il doit – accueillir Marie chez lui. Et la troisième qu’il ne doit pas en avoir peur, quand bien même elle est comblée de grâce et devenue la Mère de Dieu. Il ne se croyait pas digne de cela, saint Joseph, et pourtant, Dieu, par la bouche de son Ange, l’a confirmé dans cette vocation : il est digne.
Et l’ange lui rappelle la prophétie antique : « Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit « Dieu avec nous » ». En prenant Marie chez lui, Joseph permet à la prophétie qui est en train de s’accomplir, de se réaliser complètement. Ainsi, il n’y aura nul doute que Jésus est bien de la descendance de David. Joseph en est non seulement le protecteur, mais aussi le garant.

Chers frères et sœurs, il fallait que Marie et Joseph soient des saints pour pouvoir porter dans leur vie avec humilité cette vocation immense qui leur tombait dessus : recevoir Jésus, Dieu fait homme, venu pour sauver son peuple, pardonner ses péchés, faire de l’homme l’ami et le fils de Dieu, et le faire revenir au paradis, pour vivre heureux, éternellement, dans la communion et dans l’amour.
Nous pouvons rendre grâce à Dieu, non seulement parce que tout cela a eu lieu, que Marie et Joseph aient répondu « oui » aux paroles de l’ange, mais aussi parce que, par le témoignage des évangélistes, nous savons tout cela aujourd’hui, que nous y assistons presque, et que cela nous remplit de joie.

dimanche 8 décembre 2019

07-08 décembre 2019 - 2ème dimanche de l'Avent - Année A


Is 11,1-10 ; Ps 71 ; Rm 15,4-9 ; Mt 3,1-12

Chers frères et sœurs,

Il est quand même terrible, saint Jean-Baptiste ! Je voudrais dire quatre choses à son propos.

Premièrement saint Jean-Baptiste commence à prêcher – non pas dans le désert de Judée – comme cela est traduit ici, mais dans des ruines qui se trouvent à quelques centaines de mètres de Bethsaïde, le village où travaillent André et Simon-Pierre, Jacques et Jean son frère, les fils de Zébédée. Jean-Baptiste annonce la venue du Messie Sauveur à partir de ruines. Ruines du temps présent, ruines de la foi, ruines de l’espérance peut-être même. Mais c’est à partir de là que tout va redémarrer. Comme un rosier coupé, qui semble s’être éteint, finit par rejaillir quand même.

Deuxièmement, saint Jean-Baptiste ne se considère pas suffisamment digne de retirer les sandales de Jésus. Il y a sans doute erreur à comprendre cette affirmation comme si Jean-Baptiste se disait être inférieur même à un serviteur, voire à un esclave. Saint Jean-Baptiste était fils du prêtre Zacharie, qui officiait dans le Temple de Jérusalem. Il était donc lui-même prêtre. Or celui à qui, dans la liturgie du Temple, on retire ses sandales, c’est le Grand Prêtre qui une fois par an pour la célébration du Grand Pardon, entre dans le Saint des Saints. Ici donc, Jean-Baptiste ne dit pas seulement qu’il est un serviteur ou un prêtre indigne, il dit aussi que Jésus est le véritable Grand Prêtre qui va accomplir la célébration du Grand Pardon pour toute l’humanité, en entrant, par sa mort et sa résurrection, dans le ciel.

Troisièmement, saint Jean-Baptiste, appelle les gens à se faire baptiser dans l’eau, pour signifier leur conversion au Règne de Dieu qui vient. Et il annonce que Jésus, lui, va baptiser dans l’Esprit Saint et le feu, qui sera en même temps comme un jugement et fera la part du blé qui est en nous, qui sera conservé au ciel, et de la paille qui sera détruite par le feu. Il y a un baptême d’eau, qui est un geste humain de conversion. Et il y a le baptême de feu, qui est un acte divin de consécration. Lorsque, dans l’Église, nous baptisons dans l’eau, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et que nous donnons l’onction avec le Saint-Chrême, qui signifie le don de l’Esprit-Saint, nous accomplissons en même temps le baptême de Jean et celui de Jésus. Oui, nous nous convertissons en renonçant au mal et en confessant notre foi et nous nous présentons à l’eau du baptême, mais oui aussi nous sommes baptisés dans l’Esprit Saint pour être lavés et purifiés de notre paille et pour nous présenter comme du bon blé, appelé à entrer dans le grenier de Dieu. Dans le baptême chrétien, il y a une part qui vient de l’homme et il y a aussi une part qui vient de Dieu. C’est un sacrement.

Quatrièmement, en référence au livre d’Isaïe que nous avons entendu, et en pensant que Jean-Baptiste est comme le dernier prophète de l’Ancien Testament, je vous interroge : savez-vous ce qu’est un « symbole » ? Spontanément, vous allez me dire que c’est quelque chose qui indique une autre de manière symbolique, comme par exemple une alliance au doigt indique qu’on est quelqu’un de marié. L’alliance est un symbole du mariage. Mais cette définition n’est pas complète.
Un symbole, c’est à l’origine, un objet cassé en deux, qui permet à deux personnes qui ne se connaissent pas, dont chacune possède un bout de l’objet, de se faire confiance en rapprochant les deux bouts, qui s’emboîtent parfaitement l’un dans l’autre. Ainsi, par exemple, le Credo, que l’on appelle aussi parfois justement le « Symbole des Apôtres », est un texte de reconnaissance entre tous les chrétiens. Si il manque une phrase, ou si on en ajoute une autre, ou si on en modifie une troisième, alors le Credo n’est plus le même, et donc on n’est plus reconnaissable comme un chrétien catholique. Parce que le symbole ne fonctionne pas.
Il en va de même entre l’Ancien testament et Jésus : ils sont comme les deux morceaux d’un symbole : l’Ancien Testament annonce Jésus, et Jésus accomplit ce qui est annoncé dans l’Ancien Testament. L’un ne va pas sans l’autre. C’est pourquoi, quand les premiers chrétiens ont relu l’Ancien Testament et – entre-autres – le Livre d’Isaïe, ils se sont réjouis très profondément d’y retrouver tout ce qui concernait Jésus et le Royaume de Dieu. Et nous aussi, nous pouvons faire de même.

Finalement, saint Jean-Baptiste, qui est comme l’aboutissement de l’Ancien Testament, apparaît comme le meilleur symbole de Jésus et le plus sûr : « Voici l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde » a-t-il annoncé avec assurance ; et c’est pourquoi Jésus a dit de lui en retour qu’il était « bien plus qu’un prophète » et que « parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand » que lui. Demandons au Seigneur de faire de nous des Saint Jean-Baptiste pour notre temps, qui a besoin de redécouvrir qui est Jésus.

dimanche 1 décembre 2019

01 décembre 2019 - VALAY - 1er dimanche de l'Avent - Année A


Is 2,1-5 ; Ps 121 ; Rm 13,11-14a ; Mt 24,37-44

Chers frères et sœurs,

C’est alors qu’il était à Jérusalem, quelque temps avant sa Passion, que Jésus a donné cet enseignement. Il s’agissait pour lui d’indiquer à ses disciples quelle attitude tenir après sa mort et sa résurrection. En effet, conformément aux annonces du prophète Daniel, le Fils de l’homme – c’est-à-dire Jésus lui-même – viendra s’asseoir à la droite de son Père qui est au cieux, et c’est alors qu’il inaugurera son règne. Ce sera le signal de la transformation du monde, de sa mort et de sa résurrection, comme cela s’est passé pour Jésus, pour devenir le monde nouveau du Royaume de Dieu. Cette transformation sera opérée par l’Esprit Saint.
Ainsi, Jésus lit l’histoire de Noé comme une prophétie : là où Noé est entré dans l’Arche, le Fils de l’homme est entré dans le ciel, pour s’asseoir à la droite du Père, et c’est alors que le déluge a commencé, comme l’Esprit Saint a été envoyé pour transformer le monde.
Et les gens ne se sont doutés de rien. En effet, qui a changé sa vie après la résurrection de Jésus ? Personne. Ce n’est que lorsque l’Esprit Saint a été envoyé à la Pentecôte, que deux mondes ont commencé à apparaître : le monde nouveau, celui qui constitue l’Église, et le monde ancien, celui qui est destiné à mourir. Ainsi, en effet, comme Jésus l’avait annoncé, dans une même famille l’Évangile de la résurrection divisera les gens. L’un deviendra croyant, et l’autre pas.

À ceux qui sont devenus croyants, Jésus fait encore une mise en garde. Ce n’est pas parce qu’on est passé à travers les eaux du baptême comme à travers celles du déluge, et qu’on est entré dans l’arche de la maison de Dieu, que l’on doit se croire dispensé d’être vigilant. D’ailleurs, saint Paul – quand il s’adresse aux Romains pour les avertir de sortir de leur sommeil – s’adresse bien à des chrétiens. Il y a un risque à être un chrétien endormi.
Jésus prévient donc ses disciples, qu’ils doivent veiller. En fait, le texte araméen est plus précis, il dit la même chose que Paul : il ne s’agit pas de « veiller », mais de se « réveiller », de sortir de son sommeil. Il faut un changement d’attitude : pas une veille passive, mais une veille active. C’est toute la différence qu’il y a entre un veilleur de nuit, qui regarde de temps en temps sur ses écrans pour voir si tout va bien, et un sapeur-pompier de garde, qui est tout habillé et prêt à sauter dans son camion au moment de l’alerte. Il faut en effet se « tenir prêt » dit Jésus, exactement comme les hébreux se sont tenus prêts, tout habillés, la ceinture autour des reins, dans la nuit de Pâque, pour partir d’Égypte et marcher vers la terre promise.

Il faut alors préciser ce que signifie « se tenir prêt » pour un chrétien. Jésus nous a déjà prévenu que cela demandait une attitude un peu plus dynamique que celle de mener une vie tranquille.
Saint Paul nous dit : « rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière » et aussi « revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ ». Saint Paul nous renvoie à la renonciation à Satan de notre baptême, à la confession de foi que nous y avons exprimée, et aux dons que nous y avons reçu. Avec la lumière de la vie éternelle et le vêtement blanc du monde nouveau nous avons notamment reçu l’onction qui nous a consacrés au Christ comme prêtres, prophètes et rois. Se « tenir prêt », c’est agir comme Jésus, en son nom, comme prêtres du Seigneur, comme prophètes de l’Évangile du Royaume des cieux et comme rois de justice et de paix. Voyez qu’il y a de quoi faire, si l’on veut bien faire attention à ce que tout cela signifie. Or telle est la vocation de tous les baptisés.
Enfin, le prophète Isaïe a annoncé que, lorsque le Fils de l’homme prendrait possession de son règne, toutes les nations afflueraient vers la montagne du Seigneur, vers la maison du Dieu de Jacob. Notre horizon, le but de notre vie, se trouve là. C’est aussi ce que dit le Psaume : « Quelle joie quand on m’a dit : nous irons à la maison du Seigneur » ; « C’est là que montent toutes les tribus, les tribus du Seigneur », etc. Je voudrais attirer votre attention sur le fait qu’il s’agit ici d’une marche qui ne se fait pas tout seul, individuellement, mais en tribus, peuples et nations. On n’accède pas au Royaume des cieux tout seul, mais dans l’Église, dans le peuple de Dieu, la communauté que nous formons. Il doit y avoir une solidarité : s’il y en a un qui traîne la patte, les autres doivent être là pour l’aider, à commencer par la prière. Aussi le jugement qui a lieu à la fin des temps n’est pas seulement un jugement individuel, il est aussi tenu compte des solidarités communautaires. On ne se sauve pas tout seul, mais ensemble.

Chers frères et sœurs, nous sommes dans un monde qui s’endort dans la nuit. Plus que jamais l’appel de Jésus doit nous réveiller : « Tenez-vous prêts ». Et se tenir prêts, c’est vivre en prêtres, en prophètes et en rois, le regard fixé sur le ciel, et en aidant nos frères et sœurs qui peinent en chemin. C’est ainsi qu’on vécu tous les saints.

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