lundi 20 février 2017

19 février 2017 - DAMPIERRE - 7ème dimanche TO - Année A

Lv 19,1-2.17-18 ; Ps 102 ; 1Co 3,16-23 ; Mt 5,38-48

Chers frères et sœurs,

Depuis trois dimanches, nous sommes avec Jésus sur la Montagne et là, Jésus nous enseigne les règles de la vie éternelle, la loi du Royaume des cieux. Et il nous fait prendre à rebours le chemin de la chute d’Adam pour nous faire revenir à la maison, au Paradis.
Après l’interdiction de tuer, illustrée par l’histoire de Caïn et Abel, l’interdiction de l’adultère, qui renvoie aux malheurs d’Adam et Eve, nous arrivons maintenant au premier commandement qui est celui de la sainteté de l’amour, qui s’oppose directement au mal.

La Loi de Moïse dit des choses importantes. D’abord, il y a la loi du Talion : « Œil pour œil, dent pour dent », qui est déjà un premier barrage au mal de la violence, en interdisant la surenchère au profit de la justice.
Ensuite, il y a l’appel à la sainteté : « Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur. Mais tu devras réprimander ton compatriote, et tu ne toléreras pas la faute qui est en lui ». La Loi de Moïse enseigne déjà qu’il y a une différence entre les actes de l’homme et l’homme lui-même : certains actes sont intolérables. Ils doivent être condamnés et réprimés sévèrement, mais l’homme qui les as commis demeure créé à l’image de Dieu, comme tout homme : il demeure mon frère, quel que soit son péché.

Jésus va plus loin : il demande non pas seulement de supporter le pécheur ou l’ennemi, mais de l’aimer, de prier pour lui, et même de le bénir : « il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons ; il fait tomber la pluie sur les justes et les injustes ». Pourquoi ?

D’abord parce que s’opposer au mal en lui renvoyant sa violence comme un miroir c’est déjà tomber dans son piège : c’est adopter la violence et le mal lui-même. C’est comme le langage : si vous répondez en employant les mots et les structures de pensée de votre adversaire, alors celui-ci a déjà gagné, parce qu’il vous a fait penser et parler comme lui. Jésus ne veut donc pas, premièrement, que le chrétien se fasse le miroir du mal.
Deuxièmement, il faut quand même vaincre le mal. La seule puissance qui peut vaincre le mal est la sainteté de Dieu : il faut se revêtir des armes et de la cuirasse de Dieu pour affronter le mal. Or quelles sont ces armes et cette cuirasse ? C’est comme David qui affronte Goliath : il n’y a ni armes ni cuirasse, il y a une petite fronde et une petite pierre. Il y a le don de sa vie et l’amour, et c’est tout. Et c’est cela la sainteté de Dieu.

Mais comment y arriver ? N’est-ce pas illusoire ? Jésus ne nous dit pas « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ; devenez saints comme Dieu est saint ». Il ne nous demande pas de nous élever à la perfection, à la sainteté de l’amour et du don de soi, par nos propres forces : c’est impossible. En revanche, comme dit saint Paul : « Vous êtes un sanctuaire de Dieu » et « L’Esprit de Dieu habite en vous ».
Ce n’est que parce que nous sommes habités par l’Esprit Saint que nous pouvons donner notre vie par amour, comme Jésus a fait pour nous. Et c’est dans ces moments de grâce, où nous sommes le Temple de Dieu, que Dieu nous aime et fait de nous des saints. Jésus dit : « Aimez vos ennemis », alors « vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». La perfection n’est pas seulement un objectif à atteindre, elle est d’abord un don qui se reçoit par l’Esprit Saint. Avant d’être un devoir, elle est une promesse.

La réponse au mal, c’est d’abord de se laisser aimer de Dieu pour recevoir de lui la force qui fait aimer ceux qui pratiquent le mal. Or le mal est toujours vaincu par l’amour de Dieu. La preuve : Jésus est ressuscité des morts. Amen. 

dimanche 12 février 2017

11-12 février 2017 - VELLEXON - GY - 6ème dimanche TO - Année A

Si 15,15-20 ; Ps 118 ; 1Co 2,6-10 ; Mt 5,17-37

Chers frères et sœurs,

C’est le troisième dimanche que nous sommes avec Jésus et avec ses disciples, sur la montagne où Jésus est assis pour enseigner. Il nous a enseigné les Béatitudes ; il nous a expliqué que nous étions le sel de la terre et que nous étions lumière pour le monde, puisque lui-même est notre vraie lumière.

Aujourd’hui, Jésus veut nous apprendre encore deux choses.

La première concerne la Loi de Moïse. Jésus est venu confirmer cette Loi : il dit qu’aucun trait n’en disparaîtra, parce qu’il faut qu’elle se réalise. La Loi de Moïse n’est pas seulement une Loi qui défend et qui oblige, elle est aussi une prophétie qui doit se réaliser. Et la Loi sera entièrement réalisée quand le plan de Dieu sera entièrement accompli, c’est-à-dire quand nous serons tous, avec Jésus, par lui et en lui, en communion avec Dieu notre Père et entre nous, grâce à l’Esprit Saint.
Mais Jésus dit plus que cela : il dit qu’il est venu accomplir la Loi, et même il faut que la justice des disciples surpasse celle des scribes et des pharisiens. Qu’est-ce que cela veut dire ? Il faut imaginer la Loi comme un verre, que l’on remplit d’amour, jusqu’à ras bord, et même que l’amour déborde du verre. Voilà comment Jésus conçoit la Loi : il faut vivre selon la vérité, mais cette vérité doit être remplie, et même plus, de charité.

C’est pour cela que Jésus, dans la suite de son enseignement, va à chaque fois aller plus loin que la Loi de Moïse, dans le sens de la charité.
Par exemple, la Loi dit : « Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement ». Or Jésus déborde la Loi en expliquant que, dès qu’on se met en colère contre son frère, on devra passer en jugement… parce que Jésus demande plus d’amour, et que dans l’amour parfait, on ne tue pas son frère bien sûr, mais même, on ne se met pas en colère contre lui.

Jésus veut nous faire déborder la justice de la terre pour nous faire vivre déjà maintenant la justice du ciel. C’est pour cela que la suite est assez extraordinaire et c’est la deuxième chose que Jésus veut nous expliquer.

Jésus nous dit de ne pas tuer, de ne pas entrer en conflit avec son frère, de ne pas se laisser entraîner à la convoitise d’autres femmes que la sienne, et de vivre dans la liberté de la parole donnée. A travers ces commandements, Jésus nous fait faire le chemin inverse de celui de la chute d’Adam et Eve du Paradis.

Qui est le premier homme qui a tué son frère ? C’est Caïn, qui a tué Abel. Parce que Caïn était jaloux d’Abel. Jésus nous explique qu’il n’est pas seulement interdit de tuer mais que la dispute, souvent causée par la jalousie, l’est aussi. Quel est le premier couple qui a rencontré des problèmes parce que l’un de ses membres a succombé à la convoitise ? C’est celui d’Adam et Eve, qui ont été charmés par les paroles du serpent. Et tout cela, parce que le Seigneur avait dit qu’il ne fallait pas toucher à l’arbre de la connaissance du bien et du mal, et que Eve, puis Adam, ont désobéi à la parole de Dieu.
Et de ce jour, ayant désobéi, ils ont succombé à la convoitise, ils ont vu qu’ils étaient nus, ils sont devenus chair, la femme soumise à son mari et le mari soumis au travail de la terre. Parmi leurs enfants l’ainé a jalousé son frère, et finalement l’a tué.
D’où vient le mal, nous demandons-nous souvent ? Il vient notamment de ce que nous n’aimons pas assez Dieu pour obéir à sa Loi.

C’est ce que Jésus nous dit : que votre justice déborde celle des pharisiens. C’est-à-dire : vivez selon la Loi de Dieu dans l’amour de Dieu. S’il vous manque l’amour de Dieu, sa Loi deviendra une Loi de fer, vous ne pourrez pas vivre avec elle. Si au contraire vous vivez dans l’amour de Dieu d’abord, alors vous verrez que la Loi est bonne pour vivre heureux.

Chers frères et sœurs, l’enseignement de Jésus n’est pas simplement fait pour que nous soyons meilleurs, au risque de ne jamais y arriver par nos propres forces. L’enseignement de Jésus nous est donné pour que nous comprenions que celui qui vit déjà aujourd’hui dans l’amour de Dieu vit déjà dans la vie du Royaume des cieux. Et qu’est-ce que c’est l’amour de Dieu ? C’est cela : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ».

dimanche 5 février 2017

5 février 2017 - DAMPIERRE - 5ème dimanche TO - Année A

Is 58,7-10 ; Ps 111 ; 1Co 2,1-5 ; Mt 5,13-16

Chers frères et sœurs,

Dimanche dernier, Jésus nous avait invités à monter sur la Montagne pour écouter sa parole. Il nous avait enseigné la Loi nouvelle des Béatitudes, qui est en même temps une description de son visage.
Aujourd’hui, nous sommes toujours avec lui sur la Montagne et Jésus continue de nous enseigner les belles vérités du Royaume des cieux. Et cette fois-ci, il parle de nous.

D’abord, il nous compare à du sel : « Vous êtes le sel de la terre ». Tel que le texte se donne à entendre, nous comprenons que les chrétiens donnent du goût à la vie du monde, et que si jamais nous cessions de vivre en chrétiens, d’être chrétiens, nous serions méprisés.
Cela signifie que les gens – surtout ceux qui ne sont pas chrétiens – attendent de nous que nous soyons dignes de notre baptême. Nous représentons une telle espérance pour les gens, que toute trahison de notre part, devient pour eux une terrible désillusion, et ils nous rejettent avec d’autant plus de violence.

Mais ce n’est pas exactement ce que dit Saint Mathieu. Si je traduis mot à mot sa pensée, cela donne ceci : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fou, avec quoi le saler ? Il n’est plus assez fort pour rien, sinon à être jeté dehors et piétiné par les hommes ».
Qu’est-ce que ce sel qui « devient fou » ? Saint Mathieu prend l’image du sel pour parler de la sagesse. Ainsi, il faut comprendre : « Vous êtes la sagesse de la terre. Mais si la sagesse devient folle, comment la rendre sage ? Elle n’est plus assez forte pour guider, sinon à être rejetée et méprisée par les hommes ». Autrement dit, si nous ne sommes pas forts dans la foi, fermement orientés vers le visage de Jésus, mais au contraire flottants, indécis, ou peureux, alors, la foi ne peut plus nous guider ; les hommes, surtout les non-croyants, ne peuvent plus s’appuyer sur nous, et ayant perdu notre caractère de pierre de fondation de la société, nous sommes rejetés par elle comme inutiles.
Ainsi donc, « Vous êtes le sel de la terre » signifie que, par notre foi, non seulement nous donnons un goût à la vie dans notre monde, mais surtout que nous en sommes la pierre de fondation. Et si nous nous montrons faibles, alors nous sommes évidemment rejetés ; les gens, comme les oiseaux, chercheront d’autres branches sur lesquelles ils pourront venir se reposer.

La suite de l’évangile va dans ce sens. Jésus parle d’une lampe qu’il faut mettre sur le lampadaire pour qu’elle illumine tous ceux qui sont dans la maison. Comme nous sommes des catholiques occidentaux du XXIème siècle, nous ne comprenons pas... Mais un Juif, lui, il comprend tout de suite !
La lampe, en hébreu, a la même racine que le mot qui signifie « soleil levant ». Le lampadaire qui illumine dans la maison, c’est le chandelier à sept branches qui illumine le Temple de Jérusalem. Ainsi, Jésus parle de la lumière du soleil levant qui est celle du chandelier qui illumine le Temple.
Or la lumière du soleil levant est celle de sa résurrection : c’est la lumière sainte de la vie de Dieu qui illumine le Royaume des cieux. C’est pour cela qu’on ne peut pas la mettre sous le boisseau, c’est-à-dire qu’on ne peut pas la mesurer : c’est une lumière éclatante, qui est plus forte que les ténèbres de la mort : elle déchire l’univers et le recrée éternellement. C’est la lumière de la création.
« On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison ». C’est-à-dire, pour un chrétien « La lumière divine de la création et de la vie n’est pas mesurable ; Dieu la dévoile en Jésus ressuscité, le Soleil levant, pour tous ceux qui sont dans le royaume des cieux, dans l’Eglise, pour tous ceux qui croient en lui ».
Ce à quoi Jésus ajoute : « De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux ».
C’est-à-dire : que cette même lumière de Dieu qui nous habite depuis notre baptême, brille devant les hommes par notre foi, notre sagesse et notre bonté. Alors, les hommes, voyant le bien qui rayonne de nous, seront comme fascinés, et rendront gloire à Dieu.

A nous de choisir : soit d’être comme du sel fou, sans détermination et sans saveur, pierre inutile sur laquelle personne ne peut bâtir sa maison, et donc destinée à être rejetée ; ou bien d’être comme le lampadaire, portant la lumière de la résurrection de Jésus, rayonnant déjà dans ce monde la vie de Dieu et son amour, celui que tous les hommes espèrent et attendent.

Seigneur, nous croyons, mais augmente en nous la foi !

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