lundi 30 janvier 2017

29-30 janvier 2017 - VELLEXON - GY - 4ème dimanche TO - Année A

So 2,3 ; 3,12-13 ; 1Co 1,26-31 ; Mt 5,1-12a

Chers frères et sœurs,

L’évangile nous rappelle une chose très simple : c’est que Jésus est la lumière de notre vie.

Regardez ce qu’il se passe : Jésus est monté sur la montagne, et là – assis comme un roi – il enseigne les Béatitudes à ses disciples. Il fait exactement comme Dieu sur le mont Sinaï, qui, a donné les dix commandements à Moïse et au peuple d’Israël. Les Béatitudes sont les dix commandements de Jésus.

Mais ce ne sont pas seulement des commandements, ce sont les traits d’un visage. Si je reprends chaque trait, voici ce que cela donne : qui est celui qui est pauvre de cœur – c’est-à-dire qui a besoin d’être aimé par les autres ?, qui pleure, qui est doux, qui a faim et soif de justice, qui est miséricordieux, qui a un cœur pur, qui est artisan de paix, qui est persécuté pour la justice, qui est insulté et persécuté, mais qui est aussi dans l’allégresse ? Qui est cet homme ? Hé bien, c’est Jésus lui-même. Les dix commandements de Jésus, c’est lui-même.

Cela veut dire deux choses :

D’abord, que le secret qui était caché dans la Loi de Moïse, comme une amande dans une coquille, c’était la Loi des Béatitudes, c’était Jésus lui-même. C’est pour cela qu’on dit que Jésus accomplit la Loi de Moïse.

Ensuite, nous savons bien, nous, que nous ne sommes pas Jésus, mais quand nous avons besoin d’être aimés, quand nous pleurons, quand nous sommes doux, quand nous avons faim et soif de justice, quand nous sommes miséricordieux, quand nous avons un cœur pur, quand nous sommes des artisans de paix, quand nous sommes persécutés pour la justice, insultés et persécutés parce que nous sommes des chrétiens, mais aussi quand nous sommes dans la joie, alors nous ressemblons à Jésus. Et les promesses de Jésus, le bonheur de la vie éternelle, la lumière, la paix et la joie, déjà maintenant se réalisent grâce à l’Esprit Saint.

Tous ceux qui sont baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ont déjà commencé à recevoir ce bonheur : ils ont le royaume des cieux, ils sont consolés, ils ont la terre en héritage, ils sont rassasiés de justice, ils ont obtenu miséricorde pour leurs péchés, ils voient Dieu, ils sont fils de Dieu, ils sont avec Dieu, et à cause de tout cela, il explosent de joie, ils irradient la joie, plus fort encore que le cœur d’une centrale nucléaire.

Alors quand vous entendez les Béatitudes, pensez que c’est le portrait de Jésus. Pensez que quand vous lui ressemblez, par un trait ou plusieurs, alors vous êtes déjà avec lui dans son Royaume. Amen.

lundi 23 janvier 2017

23 janvier 2017 - SAVOYEUX - 3ème dimanche TO - Année A

Is 8,23b à 9,3 ; Ps 26 ; 1Co 1,10-13.17 ; Mt 4,12-23

Chers frères et sœurs,

Après avoir été baptisé dans le Jourdain par son cousin Jean le Baptiste, Jésus est parti 40 jours dans le désert pour y être tenté par le diable. Jésus y a fait l’expérience de la faiblesse de son humanité et en même temps celle de la puissance de sa divinité. Aux tentations du démon, il a opposé sa foi, son obéissance et son amour pour son Père. Et il sortit vainqueur de la lutte. A l’amour dont Dieu l’a assuré lors de son baptême, il lui a répondu, dans le désert, par son libre amour. Il est donc prêt. Mais il n’est pas encore l’heure.
C’est alors que survient l’arrestation de Jean-Baptiste. Pour Jésus, c’est le signal du commencement de sa mission. Il est intéressant de constater, grâce à la prophétie d’Isaïe, que Jésus est présenté lui-même comme la grande lumière qui illumine ceux qui sont assis dans les ténèbres de la mort. D’ailleurs, Capharnaüm veut dire « le village du consolateur » ou « de la consolation ». Déjà la lumière de la résurrection brille par anticipation sur ce coin de Galilée, sur ce bout du monde de la terre d’Israël où résident tant Juifs que païens, hébreux et grecs.

Jésus est donc tout habité par l’Esprit Saint venu reposer sur lui comme une colombe. Il est le Fils bien-aimé du Père. Sa lumière est plus forte que les tentations et que les ténèbres et, aujourd’hui, débute l’avènement du Royaume des cieux.
C’est la raison pour laquelle Jésus commence par appeler les gens à se convertir, car le temps du dévoilement de sa lumière est venu. Cependant, Jésus sait bien que seuls les yeux des personnes travaillées intérieurement par l’Esprit Saint pourront l’entendre et changer de vie pour le voir vraiment.
Mais Jésus continue son œuvre d’illumination du monde : il appelle ses premiers disciples : Simon et André, Jacques et Jean. Il va en faire ses Apôtres. Eux qui sont pêcheurs de poissons, par la lumière de Jésus et par la force de son Esprit Saint, vont devenir des apôtres, des pêcheurs d’homme pour le Royaume des cieux. Déjà la lumière du Royaume s’étend dans ce petit embryon d’Eglise, qui ne sait pas encore qu’elle existe, mais que nous voyons apparaître dans ces quatre hommes qui se mettent à suivre Jésus.
Et Jésus fait un pas de plus avec son germe d’Eglise : il parcourt la Galilée, enseignant dans les synagogues, guérissant toutes maladies et infirmités dans le peuple. Voilà que la lumière du Royaume des cieux s’étend encore, et nous savons que les Apôtres seront bientôt eux-aussi chargés d’annoncer Jésus et de guérir, de réconcilier, de réconforter les malheureux en son nom, jusqu’à ce qu’il vienne.

Il est incroyable que Jésus ait osé prendre une chair, faible et périssable, pour illuminer le monde. Il est incroyable qu’il ait choisi des hommes simples et faillibles pour leur confier la lumière de son Evangile à annoncer jusqu’au bout du monde. Il est incroyable qu’il nous ait choisis nous, pour être sa lumière aujourd’hui dans notre monde. Et pourtant c’est ce qu’il a vraiment voulu faire et c’est ce qu’il a fait. Il a pris ce qui était méprisé en ce monde pour l’illuminer. C’est l’eau changée en vin !

Aujourd’hui, nous prions pour l’unité des chrétiens comme Jésus a prié au désert pour que le Diable ne brise pas son unité avec le Père et l’Esprit Saint.
Aujourd’hui, nous nous souvenons que les Apôtres ont été choisis à douze  pour constituer les fondations de l’Eglise, très différents les uns des autres, pas toujours très courageux ni très intelligents, mais douze qui – mis à part Judas - ont gardé l’unité d’une seule foi en Jésus qui est né, qui a annoncé sa lumière, qui est mort, qui est ressuscité et qui est revenu auprès de son Père pour nous obtenir de lui l’Esprit de vie. Il nous revient aujourd’hui de vouloir garder et de faire grandir l’unité de cette Eglise, cette communion dans l’espace et dans le temps, en ne confessant qu’une seule foi : la foi qui nous vient de ces mêmes Apôtres choisis les premiers par Jésus.
Aujourd’hui, nous savons que le Seigneur nous donne à chaque seconde son Esprit Saint afin que nous n’ayons pas peur de prendre la route avec lui, en annonçant sa lumière avec assurance, en guérissant les malades, en réconciliant les pécheurs, et en réconfortant les malheureux.

Chers frères et sœurs, nous avons été appelés par Jésus qui passait au bord des eaux de notre baptême. Et par l’Esprit Saint, nous sommes ici parce que nous le suivons. Jésus a fait de nous ses disciples pour aujourd’hui. Nous ne sommes pas des êtres infaillibles ni des supers hommes. Mais nous avons été choisis par Jésus pour porter la lumière de son Evangile, pour être ses ambassadeurs ou ses anges, dans le monde de maintenant. Il faut que nous soyons persuadés, et que le monde sache, que la lumière du Royaume est déjà là, et que Jésus est tout proche.

mardi 17 janvier 2017

15 janvier 2017 - GY - 2ème dimanche TO - Année A

Is 49,3.5-6 ; Ps 39 ; 1Co 1,1-3 ; Jn 1,29-34

Chers frères et sœurs,

Les lectures qui nous sont proposées ce dimanche font référence au baptême de Jésus. Cependant, le 15 janvier est aussi la fête de l’évêque saint Rémi, celui qui baptisa Clovis à Reims. Et enfin, ce dimanche est aussi celui qui a été retenu comme 103ème Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié.
Pour commencer, étant donné que la question des migrants est pour nous sensible, je vais vous lire ce qu’a dit le Pape François lors de ses vœux aux ambassadeurs accrédités au Vatican il y a une semaine. Après cela, nous verrons, avec les textes d’aujourd’hui, ce que la question des migrants doit évoquer pour Israël et pour les chrétiens.

Voici donc ce qu’a dit le Pape François :
« Un engagement commun en faveur des migrants, des personnes déplacées et des réfugiés, qui permette de leur donner un accueil digne, est nécessaire. Ceci implique de savoir conjuguer le droit « de tout homme […] de se rendre à l’étranger et de s’y fixer », et en même temps, de garantir la possibilité d’intégrer les migrants dans les tissus sociaux où ils s’insèrent, sans que ceux-ci sentent leur sécurité, leur identité culturelle et leurs équilibres sociopolitiques menacés. D’autre part, les migrants eux-mêmes ne doivent pas oublier qu’ils ont le devoir de respecter les lois, la culture et les traditions des pays dans lesquels ils sont accueillis.
Une démarche prudente de la part des autorités publiques ne comprend pas la mise en œuvre de politiques de fermeture envers les migrants, mais implique d’évaluer avec sagesse et prévoyance jusqu’à quel point leur pays est en mesure d’offrir une vie décente aux migrants, spécialement à ceux qui ont effectivement besoin de protection, sans porter atteinte au bien commun des citoyens »

Le livre d’Isaïe nous amène à Babylone, où les rescapés du peuple d’Israël se trouvent exilés après la destruction de Jérusalem. D’un point de vue humain, il n’y a aucun avenir pour ces exilés, notamment aucun avenir en tant que peuple libre. Or justement, le Seigneur s’adresse à Isaïe, son serviteur. Il lui annonce deux choses : la première, que c’est lui qui relèvera le peuple d’Israël, le rassemblera et le ramènera à Jérusalem. La seconde est encore plus incroyable : Isaïe deviendra la lumière des nations. C’est-à-dire que son action, ses paroles, seront non seulement une espérance et une libération pour le peuple d’Israël, mais aussi pour tous les peuples, jusqu’au bout du monde. Car, en définitive, la promesse que Dieu a faite à son peuple Israël est indélébile : elle est pour toujours. Et non seulement, alors qu’Israël est aujourd’hui un peuple esclave et en danger de mort, il sera comme ressuscité, mais en plus, il sera le premier et le modèle de tous les peuples de la terre à aimer et à servir Dieu. Autrement dit, l’annonce du Seigneur à Isaïe représente une formidable espérance !

En effet, bientôt, sur ordre du Roi Cyrus, le petit reste d’Israël exilé à Babylone, sera autorisé à rentrer à Jérusalem et à reconstruire le Temple pour adorer Dieu. Il redeviendra libre. Et c’est dans ce peuple que vient Jésus. Justement, comprenons bien ce qu’il se passe. La promesse de Dieu faite à Isaïe, avec Jésus, prend une dimension universelle. Qui sont les exilés ? Ce sont tous les hommes qui sont exilés du paradis et qui vivent sur la terre comme s’ils étaient à Babylone. Et tous, ils pleurent le temps où ils étaient saints, dans le paradis de Dieu. Or voilà que Jésus, en se faisant homme, est venu les chercher. En réalité, le véritable Isaïe qui va relever le peuple, le rassembler et le ramener à la maison, c’est lui, Jésus. C’est lui le vrai libérateur et la vraie lumière pour tous les peuples jusqu’au bout du monde et pour tous les temps.

Et comment Jésus s’y prend-il ? Par le baptême. Jésus se fait baptiser au Jourdain pour nous montrer le chemin à suivre. Sommes-nous exilés, regrettons-nous Jérusalem ? Revenons avec Jésus au Paradis par le baptême dans l’eau et dans l’Esprit Saint. Ce chemin n’est pas un chemin pour après la mort : c’est un chemin pour maintenant. Un chemin pour les vivants, pour les gens et les peuples d’aujourd’hui, sachant qu’en chaque sacrement, c’est le ciel qui est déjà maintenant sur la terre.
C’est ce qu’en son temps Clovis a compris. Le peuple des francs était un peuple païen et barbare, exilé en Gaule, conquérant, alors que les gaulois étaient majoritairement chrétiens. Grâce à sainte Clothilde, par l’intercession de Saint Martin, Clovis a fait entrer son peuple dans la lumière en lui faisant passer la porte du baptême. C’est ainsi que l’unité spirituelle entre tous les peuples de la Gaule s’est faite, et que la France est née.


Aujourd’hui, la parole du Seigneur est la même : la porte de l’unité de tous les peuples de la terre, de la joie, de la paix et de la lumière, la porte du ciel, est toujours ouverte : elle s’appelle le baptême.

mardi 10 janvier 2017

08 Janvier 2017 - NEUVELLE lès LA CHARITE - Epiphanie du Seigneur - Année A

Is 60,1-6 ; Ps 71 ; Ep 3,2-3a.5-6 ; Mt 2,1-12

Chers frères et sœurs,

Il y a un an, nous étions ici même pour fêter l’Epiphanie du Seigneur. Et je vous avais raconté comment l’étoile suivie par les Mages d’Orient était, en cette année -7, l’alignement de Jupiter et de Saturne dans la constellation des Poissons, par trois fois : en août, en octobre et en décembre. Ces astrologues savants, qu’étaient les Mages, s’étaient renseignés auprès d’Hérode et de sa cour pour en connaître la signification : l’étoile annonce la naissance d’un chef qui sera le berger d’Israël, le peuple de Dieu.

Isaïe n’emploie pas le terme Israël, il parle de Jérusalem, mais c’est la même chose. Jérusalem est le cœur d’Israël. Extraordinaire prophétie d’Isaïe lorsqu’on a devant les yeux l’arrivée des Mages à Bethléem : « Elle est venue ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Voici que les ténèbres couvrent la terre, et la nuée obscure couvre les peuples. Mais sur toi se lève le Seigneur, sur toi sa gloire apparaît. Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. Lève les yeux alentour, et regarde : tous ils se rassemblent, ils viennent vers toi ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur la hanche ». Pour Marie, qui auprès de Jésus méditait toutes ces choses en son cœur, la prophétie d’Isaïe devait être source d’une joie indescriptible, à en pleurer.

Chers frères et sœurs, remettons-nous dans le contexte de l’époque. Marie et Joseph étaient les humbles descendants du clan de David. Ils ne représentaient plus rien en termes de pouvoir ou de fortune. Leur seule richesse était l’héritage de leurs pères : les promesses faites par Dieu à David, les Ecritures de la Loi et des prophètes, qui en conservaient la mémoire. Leur seule richesse était le Seigneur, et ils n’en n’avaient pas d’autre. Et voilà qu’en ces jours, où dominaient Hérode et sa clique, Dieu a réalisé sa promesse. L’arrivée des Mages a confirmé la prophétie d’Isaïe. La lumière s’est levée.

C’est une leçon pour nous aujourd’hui, Eglise du Seigneur. Comme Marie et Joseph étaient descendants de David, nous sommes les descendants des Apôtres. Nous ne représentons plus rien en termes de pouvoir ou de fortune. Notre seule richesse est l’héritage de nos pères dans la foi : les promesses faites par Jésus à ses disciples, la tradition écrite et non écrite de l’Eglise, les Ecritures et la liturgie, la mémoire des saints. Notre seule richesse est la présence et l’amour du Seigneur, et nous n’en avons pas d’autre. Et nous voyons, qu’en ces jours où dominent l’invisible prince des ténèbres et sa clique, formée des puissances politiques et économiques de ce monde, promoteurs de la culture de mort et fauteurs de guerres, dans ces ténèbres, nous est donnée aujourd’hui même, dans la petite étable de notre église de Neuvelle, la naissance de Jésus sur les linges de cet autel. A lui, nous offrons la beauté de l’or de nos calices, le parfum d’encens de nos prières et la douce myrrhe de notre cœur.

Chers frères et sœurs, nous sommes proches de la crèche. Et la lumière du Seigneur de l’univers nous est donnée. Avec lui plus de ténèbres. Avec lui plus de peur ni de honte. Avec lui plus de tristesse. Nous sommes les chrétiens, qui portons un trésor inestimable dans des vases d’argiles. Nous sommes les lampes fragiles qui portent la lumière du monde. Nous devrions sourire de nous-mêmes et rendre grâce à Dieu. Oui, parce que nous sommes petits mais fidèles, nous sommes beaux. Nous devrions méditer cela dans nos cœurs. Que cette lumière de l’Epiphanie nous réconforte et soit pour nous source d’une profonde joie !


lundi 2 janvier 2017

1er janvier 2017 - Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu - Année A

Nb 6,22-27 ; Ps 66 ; Ga 4,4-7 ; Lc 2,16-21

Chers frères et sœurs,

Nous savons que saint Luc, par petites touches, nous invite à comparer la grotte de Bethléem avec le tombeau de Jérusalem. Les bergers, comme les apôtres, viennent voir l’événement incroyable qui leur a été annoncé. Après cela, ils vont partout proclamer ce qu’ils ont entendu et vu : ils glorifient Dieu pour lui-même et lui adressent des louanges pour toutes ses œuvres. Glorifier Dieu et le louer pour ses œuvres, proclamer partout dans le monde la bonne nouvelle de ce qui a été prophétisé et de ce qui s’est passé, c’est là la vocation de l’Eglise, notre vocation à tous.
On peut remarquer la grande discrétion de Marie, que souligne saint Luc : elle « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ». C’est-à-dire qu’elle les gravait dans sa mémoire et les méditait sans cesse. C’est ce que Marie a fait à Bethléem, c’est aussi certainement ce qu’elle a fait à Jérusalem, au moment de la résurrection de Jésus. Là encore, avec l’image des bergers ou des apôtres, saint Luc nous donne une image de l’Eglise et de sa vocation : l’Eglise qui se souvient et médite sans cesse les événements de la vie de Jésus. C’est ce que nous faisons chaque dimanche, mais que nous pourrions ou devrions faire aussi en célébrant chaque jour la prière de l’Eglise : les laudes, la messe, les vêpres, les vigiles…
En réalité, en trois-quatre lignes, avec l’image des bergers et de sainte Marie, saint Luc nous dresse un portrait merveilleux de l’Eglise et de sa vocation dans le monde. Et en même temps de notre vocation de baptisés.

Mais voilà que saint Luc évoque maintenant le huitième jour. Voilà qui est bien étonnant. Pourquoi donc l’évangéliste a-t-il voulu s’arrêter sur la circoncision de Jésus et sur l’attribution de son Nom ?... Alors que d’une part, il n’y avait là rien d’extraordinaire – car c’est le cas pour tous les enfants juifs, selon la Loi de Moïse – et d’autre part, il ne se passe, là non plus, manifestement, rien d’extraordinaire. Lors de la circoncision de Jean-Baptiste, il y avait eu le problème du nom de « Jean » qui n’était pas dans la famille, et à cette occasion Zacharie avait retrouvé la parole. Mais là, pour Jésus, il n’y a aucun problème. Pourquoi donc saint Luc a-t-il voulu parler du huitième jour ?

A première vue, pour montrer que, si Jésus est Fils de Dieu, c’est-à-dire Dieu fait homme, il est aussi réellement homme et tout ce qui s’applique aux hommes s’applique aussi à lui. Ainsi, Marie et Joseph suivaient intégralement la Loi de Moïse pour eux-mêmes et pour l’enfant Jésus, sans aucun passe-droit. Jésus est réellement Dieu et réellement homme. Il est vraiment Emmanuel « Dieu avec nous ».

Mais comme saint Luc a voulu souligner le parallèle qu’il y a entre la grotte de Bethléem et le tombeau de Jérusalem, le huitième jour prend un sens plus profond encore. Il n’y a que saint Jean qui évoque ce qui s’est passé au huitième jour. Souvenez-vous, saint Thomas n’était pas avec les autres apôtres au moment de la première apparition de Jésus au cénacle. Et il avait refusé de croire, jusqu’au huitième jour, où Jésus, apparaissant de nouveau, lui avait montré ses blessures. Alors saint Thomas, confondu, avait proclamé son nom : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».
Il y a un rapport entre Jésus circoncis et Jésus blessé ; entre le nom de « Jésus » donné à l’enfant et les titres « Mon Seigneur et mon Dieu » adressés au ressuscité ; entre Marie, la mère de l’enfant, qui en ce jour selon la Loi de Moïse est purifiée de son enfantement, et l’Eglise qui en ce huitième jour retrouve l’unité de la foi avec la confession de saint Thomas, et la fécondité spirituelle.

Chers frères et sœurs, que cela signifie-t-il pour nous ? Dans les premiers temps de l’Eglise, on procédait au baptême des petits enfants le huitième jour après leur naissance : comme saint Thomas, on proclamait la foi, on recevait la circoncision du cœur, c’est à dire le pardon des péchés, et on recevait un nom nouveau. Et la sainte Mère Eglise s’enrichissait d’un nouvel enfant. En elle, comme Jésus, par lui et en lui, nous devenions des frères d’un même Père, comme dit saint Paul. Plus encore, le huitième jour signifie que l’on est une création nouvelle.
Aujourd’hui, nous ne baptisons plus les enfants huit jours après leur naissance, mais à chaque fois que nous procédons à un baptême, à quelqu’âge que ce soit, nous revenons toujours au mystère du huitième jour. Au huitième jour, par la circoncision et l’application de son nom, Jésus a été reconnu humain et Marie fut bénie ; par le baptême, où nos péchés sont pardonnés et où nous recevons un nom nouveau, nous sommes reconnus divins et l’Eglise proclamée bienheureuse.

Il ne nous reste plus qu’à vivre selon notre vocation : glorifier Dieu et le louer dans ses œuvres, faire mémoire de Jésus et méditer toute sa vie, pour proclamer dans la joie la bonne nouvelle jusqu’au bout du monde et lui porter la paix.

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