lundi 20 juin 2016

18-19 juin 2016 - FLEUREY - VELLEXON - 12ème dimanche TO - Année C

Za 12, 10-11a et 13,1 ; Ps 62 ; Ga 3, 26-29 ; Lc 9, 18-24

Chers frères et sœurs,

Sans le Saint-Esprit, que Jésus nous obtient par sa prière, nous ne pouvons rien comprendre ni rien faire de solide.

Regardez ce qu’il se passe dans l’Evangile. Jésus demande à ses disciples : « Pour les gens, qui suis-je ? ». Ils répondent « Jean-Baptiste », « Elie », « Un prophète d’autrefois qui est ressuscité ». Bref, y-a de l’idée, mais… c’est quand même à côté de la plaque.
En réalité, nous sommes tous comme ces gens. Lorsque nous essayons de dire qui est Jésus pour nous, nous ne sommes pas très loin, mais le plus souvent nous tombons à côté. Et même, le Jésus qu’on se représente, en fait, nous ressemble nous, comme si nous nous regardions dans un miroir… Mais nous ne sommes pas Jésus !

Alors Jésus insiste : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, mes disciples, qui suis-je ? ». Là, les disciples ne répondent pas, c’est Pierre qui prend la parole : « Tu es le Christ, le Messie de Dieu ». Dans l’évangile de Matthieu, Jésus lui répond : « Heureux es-tu, Simon fils de Jonas, car ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux ».
Qu’est-ce que cela veut dire ? Pierre a donné la bonne réponse. Mais il n’a pu le faire que parce que le Père lui a donné à ce moment-là l’Esprit Saint pour pouvoir le comprendre et le dire. Il a illuminé son intelligence. C’est pour cela que Jésus priait au début de l’Evangile. Il priait le Père d’envoyer son Esprit pour que ses disciples puissent comprendre et dire qui il est vraiment.
Pour nous aujourd’hui, c’est pareil. Il faut d’abord que nous demandions au Père l’Esprit Saint pour pouvoir comprendre qui est Jésus vraiment et pour savoir comment être vraiment ses disciples.

Il est quand même curieux, alors que Pierre vient de dire que Jésus est le Messie de Dieu,  que celui-ci annonce tout d’un coup sa passion, sa mort et sa résurrection. En effet, c’est comme si saint Pierre n’avait pas encore tout dit. Car Jésus est certes le Messie, mais il est un Messie qui souffre, qui meurt et qui ressuscite. Ça, c’est inimaginable pour les disciples ! Parce que pour eux, le Messie de Dieu est un sauveur, ici sur la terre, dans le monde, pour régler tous les problèmes. Pas quelqu’un qui souffre et qui meurt… Quand à ressusciter, ils ne savent même pas ce que cela veut dire.
Mais Jésus est le Messie de Dieu qui dévoile à ses disciples que, premièrement, il y a plus grand que la vie de la terre : il y a la vie du Royaume des Cieux ; deuxièmement, que pour passer de l’un à l’autre il faut passer avec lui par sa croix et ressusciter avec lui ; et troisièmement que la vie du Royaume c’est sa vie à lui, la vie de Dieu. En définitive, Jésus veut nous faire comprendre que, lui, Jésus, il est Dieu lui-même qui vient dans notre monde et qui se fait sauveur pour nous. Or pour comprendre vraiment tout cela, il nous faut l’Esprit Saint.
Souvenez-vous des disciples d’Emmaüs, ils avaient Jésus ressuscité avec eux, mais ils ne le voyaient pas, ils ne comprenaient pas. Il fallait d’abord que Jésus réchauffe leur cœur pour que leurs yeux s’ouvrent et qu’ils voient, et qu’en voyant ils comprennent et qu’en comprenant, ils croient.

C’est ainsi que, lorsqu’on demande à un chrétien « qui est Jésus ? », ce chrétien doit demander d’abord à l’Esprit Saint d’éclairer sa propre intelligence, puis ensuite il explique que Jésus est le fils de Dieu. Il est Dieu lui-même qui se fait sauveur, qui est né dans le monde, qui a souffert, qui est mort mais qui est ressuscité et qui est vivant maintenant. Grâce à l’Esprit Saint que Jésus donne à ceux qui ont foi en lui, ceux-ci vivent en communion avec Dieu et entre eux pour l’éternité.
Et en même temps, ce chrétien prie le Père d’envoyer ce même Esprit Saint dans le cœur des gens qui l’écoutent pour que, leur cœur étant réchauffé, ils reconnaissent Jésus vivant et ils rendent gloire à Dieu à cause de lui.

Il reste une question : mais où est l’Esprit Saint ? L’Esprit Saint est toujours là quand les chrétiens se réunissent pour célébrer l’eucharistie et les autres sacrements. Il est aussi toujours là quand chacun d’entre nous, tout seul ou à plusieurs, nous récitons le Notre-Père. Il est toujours là dans les cœurs habités par l’amour qui vient de Dieu, dans les âmes de ceux qui ont le cœur pur. Et enfin, il est toujours là avec ceux qui, jusque dans l’adversité, n’ont pas peur de rendre témoignage à Jésus.


Sans cesse, sans nous décourager, demandons au Seigneur l’essentiel pour nos vies : le don de l’Esprit Saint. Le reste, le Seigneur le donnera pour notre bien, à son heure. Amen.

vendredi 17 juin 2016

12 juin 2016 - MEMBREY - 11ème dimanche TO - Année C

2S 12,7-10.13 ; Ps 31 ; Ga 2,16.19-21 ; Lc 7,36 à 8,3

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui trois lectures, trois scandales… et pas des petits : des gros ! Mais Dieu veut nous faire comprendre ce que c’est que d’avoir foi en lui.

Premier scandale : le Roi David, consacré par le prophète Samuel pour régner sur Israël au nom du Seigneur, transgresse d’un seul coup presque la moitié des commandements de la Loi de Moïse donnée par Dieu au Mont Sinaï : Il convoite la femme de son prochain, il tue son prochain et il prend la femme de son prochain… Le scandale et le péché contre le peuple et contre Dieu sont énormes. Ce qui fait dire au prophète Nathan : « Pourquoi donc as-tu méprisé le Seigneur en faisant ce qui est mal à ses yeux ? ». C’est clair : la carrière politique du Roi David est terminée et son salut personnel est engagé.
Mais il se passe quelque chose d’étonnant. Dieu a-t-il puni David en le transformant immédiatement en feu et en souffre ? Non. Dieu a entendu la confession de David : « J’ai péché contre le Seigneur ». David a reconnu la gravité de sa faute. Alors le prophète Nathan a répondu : « Le Seigneur a passé sur ton péché, tu ne mourras pas ». Seulement, puisque David a tué par l’épée, désormais la violence de la guerre sera sa pénitence quotidienne. Si le péché est remis, David en garde malgré tout les stigmates.
Pourquoi Dieu a-t-il fait miséricorde à David ? D’une part parce que si Dieu vomit le péché, il conserve son amour et sa fidélité à l’homme pécheur. A une condition : que l’homme le reconnaisse. Et d’autre part : parce que Dieu a foi en l’homme. Le premier à avoir la foi dans l’autre, ce n’est pas l’homme envers Dieu, c’est Dieu envers l’homme. Dieu a foi en chacun de nous. Cela veut dire qu’il est notre Dieu pour toujours, qu’il est prêt à passer sur nos péchés, même les plus noirs, parce que Dieu nous aime et qu’il est prêt à donner sa vie pour nous. Ce qu’il a déjà fait en Jésus.
Voilà la leçon du premier scandale : la foi est d’abord la foi de Dieu en nous. Et nous, notre foi est, en retour, une reconnaissance de notre état de créature, de petit ou de grand pécheur, et surtout une reconnaissance de la miséricorde de Dieu, toujours offerte. Toujours.

Le second scandale est celui de la lettre de saint Paul aux Galates : « Ce n’est pas en pratiquant la loi de Moïse que l’homme devient juste devant Dieu, mais seulement par la foi en Jésus-Christ ». Saint Etienne s’est fait lapider pour des propos semblables. Et Paul a d’ailleurs été persécuté pour avoir dit cela. Ce que saint Paul dit, en clair, c’est que la relation que nous entretenons avec Dieu n’est pas d’abord une affaire de contrat – donnant-donnant – mais une affaire d’amour, de gratuité, de fidélité et de pardon. Ceux qui, comme les pharisiens, vivent avec la Loi au-dessus de l’Esprit de Dieu, vivent une relation de marchandage avec Dieu : « J’accomplis tes préceptes, alors tu dois me donner ta bénédiction ». « J’obéis à tes ordres, donc je suis juste ». Mais Dieu n’est pas un marchand de tapis, Dieu est amour. On l’a vu avec David : Dieu est capable de passer outre même sa propre Loi, par amour, par gratuité, par fidélité, par pardon. Ce que Dieu nous demande c’est d’être avec lui et avec les autres comme il est avec nous : avoir avec lui et avec les autres des relations de foi. Et c’est Jésus qui nous a dévoilé ce secret de Dieu et nous a appris à le vivre.
Choisissez la vie que vous voulez mener : le donnant-donnant avec Dieu, avec votre conjoint, votre famille, vos relations… vous serez en permanence en train de compter les coups, voire les procès, et vous serez malheureux. Au contraire, ceux qui vivent par la foi, se font peut-être rouler parfois, mais ils sont heureux. Et cela n’a pas de prix.

Dernier scandale, celui de la femme qui vient parfumer les pieds de Jésus. C’est la honte… Une femme, à l’époque de Jésus, cheveux découverts et dénoués, et qui en plus essuie avec… les pieds d’un homme ! C’est totalement indécent ! Et cette femme est une prostituée…. Et en plus Jésus est à table… Et en plus cela se passe chez un pharisien… le scandale est complet !  Mais il y a deux leçons à tirer de cet épisode.
La première c’est qu’on reproche à Jésus de n’avoir pas deviné que cette femme était une pécheresse, et donc qu’il n’est pas un vrai prophète. Or Jésus se retourne vers le pharisien, qui pensait cela dans sa tête, et il lui raconte la parabole des deux débiteurs. En faisant cela, Jésus prouve au pharisien qu’il sait ce qu’il avait pensé dans sa tête, et donc qu’il sait parfaitement qui est cette femme et quel est son péché. Jésus cache son jeu, mais il connait les cœurs et les pensées de chacun. Jésus sait aussi bien et même mieux que nous nos soucis, nos désirs, nos amertumes et nos regrets, nos souffrances et nos joies. Nous n’avons pas de meilleur ami que Jésus. Il a foi en nous, nous pouvons avoir foi en lui.
La seconde leçon est presque plus importante. Dans quel ordre à votre avis les choses se sont-elles passées : la femme a fait repentance et donc Jésus lui a pardonné ses péchés – ce serait du marchandage – ou bien ses péchés lui ont été pardonnés et, en remerciement, la femme a parfumé les pieds de Jésus ? C’est la deuxième réponse, bien sûr. En effet, Jésus a expliqué à Simon le pharisien que c’est celui à qui on a le plus pardonné qui montre ensuite le plus d’amour. Or cette femme a montré beaucoup d’amour à Jésus, ce qui lui fait dire qu’elle avait beaucoup de péchés qui lui ont déjà été pardonnés. Et quand il dit à la femme « Tes péchés sont pardonnés », il ne fait que constater et confirmer ce que Dieu a déjà réalisé pour elle. Les gens ne comprennent rien : ils se demandent pourquoi Jésus a dit cela. Et Jésus ajoute : «  Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! » parce que la femme, pour remercier Dieu, est venue honorer Jésus et embrasser ses pieds : elle a ainsi confessé que Jésus était Dieu qui pardonne. C’est pourquoi elle a une grande foi.


Conclusion : notre foi en Dieu, Père, Fils, et Saint Esprit est d’abord une foi de Dieu en nous, puis un amour, une gratuité, une fidélité et un pardon partagés, comme entre des vrais amis, et finalement, elle est un profond merci à l’amour que Dieu nous a donné et nous offre sans cesse. Voilà ce qu’est la profession de foi : c’est un immense merci à notre Dieu. Amen.

lundi 6 juin 2016

4-5 juin 2016 - SAINT GAND - COURCUIRE - 10ème dimanche TO - Année C

1R 17,17-24 ; Ps 29 ; Ga 1,11-19 ; Lc 7,11-17

Chers frères et sœurs,

« Dieu a visité son peuple ! » C’est ainsi que les hommes s’exclament devant le miracle dont ils sont les témoins, et c’est la bonne nouvelle qu’ils annoncent, dans tout leur entourage.

« Dieu a visité son peuple ! » Elie, « l’homme de Dieu », loge chez une femme dont le fils vient de mourir. Situation embarrassante, s’il en est : sa présence n’a pas empêché cet enfant de mourir. La présence d’un « homme de Dieu » dans une maison n’est pas une assurance-vie pour ses habitants... Toujours est-il que la femme lui en veut. Elle est révoltée : où est la protection de Dieu et de son serviteur, qu’elle avait mis tant d’entrain à servir elle-même ? Où est sa justice ?
Elie se fait alors intercesseur pour cette femme. Tous les serviteurs de Dieu – je parle de nous – doivent se faire intercesseurs pour leur prochain et appeler sur lui, sur elle, la bénédiction de Dieu. Trois fois Elie tente de ranimer l’enfant. Cela suppose au moins deux échecs, et deux actes de persévérance : Elie, dans sa prière, ne se décourage pas et ne lâche rien. Trois essais, comme trois jours et trois nuits dans le tombeau, avant que ne vienne le jour de la délivrance. Et quand l’enfant revient à la vie, la femme confesse sa foi : « Tu es un homme de Dieu » ; « dans ta bouche la parole du Seigneur est véridique ».

« Dieu a visité son peuple ! » Saint Paul pourrait en dire autant, après avoir été illuminé sur le chemin de Damas. Lui qui menait une persécution effrénée contre l’Eglise de Dieu, qu’il cherchait à détruire, voilà que Dieu a trouvé bon de révéler en lui son Fils, pour qu’il l’annonce aux nations païennes. Le mort, c’était lui. Le ressuscité, c’est lui. Non pas seulement pour vivre une vie paisible de disciple de Jésus sur la terre, mais pour devenir apôtre parmi toutes les nations, jusqu’à donner sa vie pour le nom de Jésus.
Il est évident, à entendre saint Paul, 2000 ans après, qu’on l’entend comme si c’était hier, comme si l’événement qu’il raconte – sa rencontre avec Jésus – était hier. Nul ne peut oublier sa rencontre avec Jésus car elle a changé toute sa vie. Aujourd’hui, nous-mêmes, dans nos vies, dans la vie de certains membres de nos familles ou de nos proches, dans les villages, dans la région, nous sommes certainement capables de nous souvenir d’événement semblables où notre vie, où la vie de quelqu’un, a été transformée par une intervention de Dieu, de Jésus. Cette histoire, ces histoires, il faut les raconter aux enfants, pour qu’ils les connaissent et qu’ils se souviennent que, ici aussi, « Dieu a visité son  peuple ».

L’histoire de la veuve de Naïm est bouleversante. Voilà que Jésus rencontre une veuve, qui arrive près de la porte de la ville, avec une grande foule, au moment où l’on emmène son fils mort, pour l’enterrer. Saint Luc souligne : « C’était un fils unique », et « sa mère était veuve ».
N’avez-vous pas compris ? Ce que Jésus voit en cette femme, c’est Marie sa mère et, en son fils, Jésus lui-même au jour de sa Passion, à la porte de Jérusalem, entourés par une grande foule. Comment ne pourrait-il pas être remué jusqu’aux entrailles ? Comment ne pourrait-il pas agir pour soulager la désolation de cette femme ? Car ses larmes se mêlent déjà à celles de sa mère au moment de sa plus grande douleur.
« Ne pleure pas » lui dit-il, comme il dira aux femmes de Jérusalem : « Ne pleurez pas », comme il dira, au matin de la résurrection à Marie-Madeleine : « Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? ».
Lorsque Jésus prononça cette parole « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi », c’est la Parole de Dieu qui ressuscite les morts, qui ressuscite Jésus au troisième jour, la Parole créatrice et recréatrice de Dieu, qui – déjà – se fait entendre. Aujourd’hui, dans ce village de Naïm, comme à Jérusalem : « Dieu a visité son peuple ! ».


Chers frères et sœurs, Ce qui est arrivé à la logeuse du prophète Elie, ce qui est arrivé à saint Paul, ce qui est arrivé à la veuve de Naïm,  ce qui est arrivé à Marie, la Mère de Jésus, à Marie-Madeleine qui aimait tant Jésus, cela nous est arrivé aussi. Je vous en prie, fouillez votre mémoire, fouillez la mémoire de ce pays, et vous verrez que ici aussi « Dieu a visité son peuple ». Et n’oubliez pas que l’Eucharistie que l’Eglise célèbre est aussi une mort et une résurrection : le pain devient le Corps vivant du Seigneur, le vin devient le Sang vivant du Seigneur, donné pour nous, pour que nous qui étions morts soyons vivants, pour annoncer partout à notre tour : « Dieu a visité son Peuple ! » Amen.

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