lundi 6 juin 2016

4-5 juin 2016 - SAINT GAND - COURCUIRE - 10ème dimanche TO - Année C

1R 17,17-24 ; Ps 29 ; Ga 1,11-19 ; Lc 7,11-17

Chers frères et sœurs,

« Dieu a visité son peuple ! » C’est ainsi que les hommes s’exclament devant le miracle dont ils sont les témoins, et c’est la bonne nouvelle qu’ils annoncent, dans tout leur entourage.

« Dieu a visité son peuple ! » Elie, « l’homme de Dieu », loge chez une femme dont le fils vient de mourir. Situation embarrassante, s’il en est : sa présence n’a pas empêché cet enfant de mourir. La présence d’un « homme de Dieu » dans une maison n’est pas une assurance-vie pour ses habitants... Toujours est-il que la femme lui en veut. Elle est révoltée : où est la protection de Dieu et de son serviteur, qu’elle avait mis tant d’entrain à servir elle-même ? Où est sa justice ?
Elie se fait alors intercesseur pour cette femme. Tous les serviteurs de Dieu – je parle de nous – doivent se faire intercesseurs pour leur prochain et appeler sur lui, sur elle, la bénédiction de Dieu. Trois fois Elie tente de ranimer l’enfant. Cela suppose au moins deux échecs, et deux actes de persévérance : Elie, dans sa prière, ne se décourage pas et ne lâche rien. Trois essais, comme trois jours et trois nuits dans le tombeau, avant que ne vienne le jour de la délivrance. Et quand l’enfant revient à la vie, la femme confesse sa foi : « Tu es un homme de Dieu » ; « dans ta bouche la parole du Seigneur est véridique ».

« Dieu a visité son peuple ! » Saint Paul pourrait en dire autant, après avoir été illuminé sur le chemin de Damas. Lui qui menait une persécution effrénée contre l’Eglise de Dieu, qu’il cherchait à détruire, voilà que Dieu a trouvé bon de révéler en lui son Fils, pour qu’il l’annonce aux nations païennes. Le mort, c’était lui. Le ressuscité, c’est lui. Non pas seulement pour vivre une vie paisible de disciple de Jésus sur la terre, mais pour devenir apôtre parmi toutes les nations, jusqu’à donner sa vie pour le nom de Jésus.
Il est évident, à entendre saint Paul, 2000 ans après, qu’on l’entend comme si c’était hier, comme si l’événement qu’il raconte – sa rencontre avec Jésus – était hier. Nul ne peut oublier sa rencontre avec Jésus car elle a changé toute sa vie. Aujourd’hui, nous-mêmes, dans nos vies, dans la vie de certains membres de nos familles ou de nos proches, dans les villages, dans la région, nous sommes certainement capables de nous souvenir d’événement semblables où notre vie, où la vie de quelqu’un, a été transformée par une intervention de Dieu, de Jésus. Cette histoire, ces histoires, il faut les raconter aux enfants, pour qu’ils les connaissent et qu’ils se souviennent que, ici aussi, « Dieu a visité son  peuple ».

L’histoire de la veuve de Naïm est bouleversante. Voilà que Jésus rencontre une veuve, qui arrive près de la porte de la ville, avec une grande foule, au moment où l’on emmène son fils mort, pour l’enterrer. Saint Luc souligne : « C’était un fils unique », et « sa mère était veuve ».
N’avez-vous pas compris ? Ce que Jésus voit en cette femme, c’est Marie sa mère et, en son fils, Jésus lui-même au jour de sa Passion, à la porte de Jérusalem, entourés par une grande foule. Comment ne pourrait-il pas être remué jusqu’aux entrailles ? Comment ne pourrait-il pas agir pour soulager la désolation de cette femme ? Car ses larmes se mêlent déjà à celles de sa mère au moment de sa plus grande douleur.
« Ne pleure pas » lui dit-il, comme il dira aux femmes de Jérusalem : « Ne pleurez pas », comme il dira, au matin de la résurrection à Marie-Madeleine : « Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? ».
Lorsque Jésus prononça cette parole « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi », c’est la Parole de Dieu qui ressuscite les morts, qui ressuscite Jésus au troisième jour, la Parole créatrice et recréatrice de Dieu, qui – déjà – se fait entendre. Aujourd’hui, dans ce village de Naïm, comme à Jérusalem : « Dieu a visité son peuple ! ».


Chers frères et sœurs, Ce qui est arrivé à la logeuse du prophète Elie, ce qui est arrivé à saint Paul, ce qui est arrivé à la veuve de Naïm,  ce qui est arrivé à Marie, la Mère de Jésus, à Marie-Madeleine qui aimait tant Jésus, cela nous est arrivé aussi. Je vous en prie, fouillez votre mémoire, fouillez la mémoire de ce pays, et vous verrez que ici aussi « Dieu a visité son peuple ». Et n’oubliez pas que l’Eucharistie que l’Eglise célèbre est aussi une mort et une résurrection : le pain devient le Corps vivant du Seigneur, le vin devient le Sang vivant du Seigneur, donné pour nous, pour que nous qui étions morts soyons vivants, pour annoncer partout à notre tour : « Dieu a visité son Peuple ! » Amen.

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