dimanche 29 mai 2016

29 mai 2016 - SAVOYEUX - Dimanche du Très Saint Sacrement - Année C

Gn 14,18-20 ; Ps 109 ; 1Co 11,23-26 ; Lc 9,11b-17

Chers frères et sœurs,

Qu’est-ce que le « Saint Sacrement » ? D’abord, interrogeons-nous sur ce mot « sacrement ». Le terme latin « sacramentum », qui a donné « sacrement », provient du vocabulaire militaire romain. Il signifiait le lien de sang qui liait un soldat à son général. Le soldat offrait une obéissance totale au général, et le général devait assurer la victoire – et donc la vie sauve, le salut – à son soldat.
Les premiers chrétiens ont voulu désigner par ce mot « sacrement » le lien de sang qui unit chaque chrétien à son Chef, Jésus dans une confiance totale, la foi, pour un salut, une victoire totale sur la mort et l’accès au Royaume nouveau. Mais alors, revenons à notre question initiale : « Qu’est-ce que le Saint Sacrement ? ».

Nous le savons, depuis Adam, l’homme vivait séparé de Dieu. Tout en lui-même le poussait à chercher Dieu, puisqu’il a été créé à son image, mais comment rétablir la communion ? Par son Incarnation, sa Passion, sa mort et sa résurrection, et par son ascension, Jésus nous a dévoilé le mystère de l’amour miséricordieux de Dieu, la Sainte Trinité, et il nous en a fait le don : il a rétabli par lui-même l’union entre l’homme et Dieu. Jésus est le sacrement qui rétablit et renouvelle le lien entre l’humanité et la divinité. Et comme Jésus est appelé le « Saint de Dieu », on peut parler de « Saint Sacrement » pour parler de Jésus. Il s’agit bien d’un lien de sang, parce que Jésus a donné son Sang sur la Croix et qu’il a aussi répandu ce même Sang à la Pentecôte, en répandant le don de l’Esprit sur ses disciples.

Car Jésus ne s’est pas manifesté à tous les hommes, mais seulement à ceux qui ont été choisis et qui lui ont été donnés par le Père : ceux qui sont baptisés. Il a fait d’eux son Eglise. Saint Paul a utilisé une image : Jésus est la tête, et les baptisés forment son corps, comme Jésus serait le général et les baptisés ses soldats. Mais alors quel est le lien de sang, le sacrement entre Jésus et les baptisés ? Vous le savez bien, c’est l’Eucharistie : c’est le pain et le vin qui deviennent le Corps et le Sang de Jésus auxquels nous communions. Par le Saint Sacrement de l’autel, que nous recevons, nous pouvons dire : « Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi ». Ainsi, dans le récit de la multiplication des pains, nous avons vu Jésus donner les pains et les poissons d’abord à ses disciples. Pour qu’ils les distribuent ensuite à la foule.

Jésus est le Saint Sacrement entre Dieu et l’humanité, l’Eucharistie est le Saint Sacrement entre Jésus est certains hommes baptisés qui forment l’Eglise, son Corps. Il reste à faire un lien entre Jésus et tous les hommes. Mais comment ? Et quel est ce lien, ce troisième Saint Sacrement ? C’est l’Eglise elle-même, l’assemblée des baptisés qui vivent de l’Eucharistie. Ce lien de sang entre Jésus et tous les hommes se réalise par le sang du martyre ou celui de la charité, celui du témoignage évangélique. L’Eglise est elle-même un sacrement saint. Le lien qui unit Jésus et tous les hommes, c’est l’Eglise : le Corps de Jésus alimenté et vivifié par l’Eucharistie.

La solennité du Saint Sacrement que nous fêtons aujourd’hui est donc une triple fête : celle de Jésus qui par son sang lie éternellement l’humanité à la divinité ; celle de l’Eucharistie, Corps et Sang de Jésus, qui lie Jésus aux baptisés qui forment son Corps ; et enfin celle de l’Eglise qui par son témoignage – parfois jusqu’au sang – lie chaque homme à Jésus et par lui à Dieu.

Chers frères et sœurs, le pain et les poissons peuvent se multiplier à l’infini parce qu’ils sont vivants. Ce sont les baptisés eux-mêmes que Jésus donne en nourriture aux gens affamés, aux affamés de la vie de Dieu. C’est pourquoi Jésus dit à ses disciples : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Arrêtons-nous quelques instants pour essayer de réaliser ce que nous sommes, nous chrétiens, dans le plan de Dieu, et réjouissons-nous d’avoir été choisis pour une telle vocation. Amen.

dimanche 22 mai 2016

21-22 mai 2016 - FRETIGNEY - BOURGUIGNON-lès-LA CHARITE - Dimanche de la Sainte Trinité - Année C

Pr 8,22-31 ; Ps 8 ; Rm 5,1-5 ; Jn 16,12-15

Chers frères et sœurs,

Imaginez-vous que vous vous trouvez face à un homme qui se prend pour Dieu. Vous pensez qu’il est fou, à moins qu’il ne soit vraiment Dieu… ce qui serait vraiment étonnant. Si cet homme termine lamentablement sa vie comme un condamné pour crime de lèse-majesté, et si vous lui avez apporté malgré tout un peu de crédit, vous êtes profondément déçus. C’est ce qui est arrivé aux Apôtres, aux premiers disciples de Jésus. Et pourtant cet homme leur est apparu ressuscité, vivant.
Alors si, comme eux, vous êtes mis devant le fait, vous êtes obligés de croire que cet homme était donc vraiment Dieu. Et même qu’il l’est toujours, puisqu’il est vivant. Jésus est Dieu et il est vivant.

Or que nous a appris et montré Jésus ? C’est dans les Evangiles. Il nous a appris qu’il était le Fils du Père, qui est dans les cieux, et que, après sa mort et sa résurrection, il nous enverrait l’Esprit Saint. C’est extrêmement perturbant pour nous qui avons toujours appris qu’il n’y avait qu’un seul Dieu.
Oui, mais nous, nous ne voyons les choses que de l’extérieur. L’intérieur nous reste caché. Or si quelqu’un vient de l’intérieur pour nous raconter ce qu’il en est, alors, par notre foi en lui, nous savons quelque chose de cet intérieur.
Par notre foi en Jésus, nous savons quel est l’intérieur de Dieu. Cet intérieur est que Dieu est trois personnes : le Père, le Fils (Jésus), et le Saint Esprit, dans une seule nature divine.

En réalité, Dieu a toujours été ainsi, avant même la création du monde. Le Père a tout créé par son Fils – le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu, qui est Jésus – et lui a donné vie par l’Esprit Saint. A chaque fois que Dieu a agi dans l’histoire des hommes, c’est toujours à trois, en quelque sorte, et même du temps de l’Ancien Testament. Mais Jésus n’était pas encore venu et les hommes n’avaient pas encore reçu l’Esprit Saint pour reconnaître la marque des trois personnes divines dans les œuvres de Dieu.
Cela est presque arrivé, pourtant, par moments. Car Dieu, par moments, par l’Esprit Saint, permet à certains hommes de voir son intérieur. C’est arrivé par exemple à Moïse, au mont Sinaï, à Elie, à Ezéchiel, à Pierre, Jacques et Jean sur la montagne de la Transfiguration : eux, ils ont vu que Dieu était Père, Fils et Saint-Esprit, parce que l’Esprit leur a fait goûter par avance l’intérieur de Dieu. Mais eux, avant la Pentecôte, ils ne pouvaient pas comprendre.
D’autres hommes n’ont pas vu, mais l’Esprit Saint, par moments, leur a fait goûter par la foi – par une certaine forme d’intuition guidée par la foi – son mystère caché. C’est ainsi qu’a été écrit le livre de la Sagesse, où la Sagesse ici est la Parole de Dieu, le Verbe de Dieu, Jésus : « Quand les abîmes n’existaient pas encore, je fus enfanté ». « Quand il établissait les cieux, j’étais là ». Jésus est le Fils du Père avant que le monde soit, et c’est par lui que le monde a été créé. « Je faisais ses délices jour après jour » : c’est l’amour qui lie le Père et le Fils, et l’expression de cet amour, c’est l’Esprit Saint. Depuis toujours et pour toujours, l’intérieur de Dieu est amour et c’est un amour créateur.

Nous les chrétiens, par la foi en Jésus, nous connaissons l’intérieur mystérieux de Dieu. Tous ceux qui n’ont pas cette foi ne voient pas, ne comprennent pas : ils en restent à l’extérieur et ils ne comprennent pas que la vie de Dieu est amour créateur et sauveur.

Plus encore, si nous avons foi en Jésus, nous savons que notre vocation c’est d’entrer dans ce mystère de Dieu, c’est d’entrer dans l’intérieur de Dieu. La sainte Trinité, l’amour de Dieu, c’est notre paradis. Par la foi, nous y avons déjà accès. Par l’eucharistie, nous y communions.

dimanche 15 mai 2016

14-15 mai 2016 - VELLEXON - GY - Dimanche de la Pentecôte - Année C

Ac 2,1-11 ; Ps 103 ; Rm 8,8-17 ; Jn 14,15-16.23b-26

Chers frères et sœurs,

L’Esprit Saint était là au commencement du monde. C’est lui le souffle qui planait sur les eaux. C’est lui qui est venu animer la chair d’Adam et Eve. C’est lui qui assurait leur bonheur, dans le jardin de Dieu.

L’Esprit Saint était là, dans le Buisson Ardent : flamme qui ne brûle pas. C’était lui la colonne de nuée ou la colonne embrasée de lumière qui guidait le peuple d’Israël à travers la mer Rouge et dans le désert. C’était lui qui habitait l’esprit des prophètes pour leur faire dire les paroles de Dieu, et leur faire faire les actes voulus par Dieu, annonçant déjà le Christ.

Car l’Esprit Saint est l’Esprit du Christ. L’Esprit Saint ne sait pas faire autre chose que d’animer le Corps du Christ, selon la volonté de son Père. C’est par l’Esprit Saint que Jésus a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme. C’est encore par lui qu’il est ressuscité des morts et qu’il est vivant aujourd’hui.
Ceux qui ignorent l’Esprit Saint ne comprennent pas qui est le Christ, ni qui est son Père. Ils ne comprennent pas que Dieu est amour de trois personnes en communion parfaite, et qu’il est devenu possible à des hommes de communier à cet amour.

Justement, c’est cet Esprit Saint que Jésus prie son Père de nous donner. C’est lui, l’Esprit Saint, qui est répandu sur les Apôtres, sous la forme de langues de feu lors de la Pentecôte. C’est lui qui rend l’Eglise – le Corps du Christ – visible sur la terre et qui le construit par les sacrements. C’est lui qui fait que le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang du Christ. C’est lui qui constitue chaque baptisé fils de Dieu et apôtre de l’Evangile.

Mais arrêtons-nous sur quelques particularités de l’Esprit Saint.

L’Esprit Saint est comme une pièce : il est à double-face. Pile, il est un détergent, qui purifie du péché. Face, il est un baume, qui guérit les blessures. C’est avec le cœur qu’on ressent sa présence, notamment lorsqu’on est habité par une grande paix. Le corps peut le sentir aussi, quand il est pris dans une douce chaleur. Et parfois, L’Esprit Saint guérit toute maladie.

L’Esprit Saint est comme une eau : nul ne peut le saisir pour le conserver. Il s’enrichit quand il se donne. Il est le talent à faire fructifier. Il donne alors une joie inexprimable, qui provient de l’amour de Dieu et du prochain, amour vécu en vérité et en acte. L’Esprit Saint est comme une eau vive, rafraîchissante.

L’Esprit Saint est comme l’électricité : invisible, il a la capacité d’illuminer ceux qui sont habités par lui, chacun selon ses particularités. L’Esprit Saint n’étouffe pas la personnalité de chacun, au contraire il l’exalte. Nul n’est plus lui-même que lorsqu’il est habité par l’Esprit de Dieu.
La malédiction de Babel est tout son contraire, cette fausse unité du monde qui veut tout uniformiser, qui vient de l’orgueil des hommes sans Dieu, et qui se termine par un désastre mortel. L’Esprit Saint est l’anti-Babel : il bâtit Jérusalem, le Corps du Christ, où chaque membre a sa place au service de tous, chacun selon les dons reçus. L’Esprit Saint vivifie chaque personne et chaque peuple selon son identité propre et il assure leur communion dans l’amour.

Voulez-vous vivre, être en paix et être heureux ? Voulez-vous être libres, épanouis et rayonnants dans la joie de votre entourage ? Voulez-vous être forts et en même temps doux ? Voulez-vous connaître les mystères de Dieu et du monde ? Priez le Père pour qu’il vous donne l’Esprit Saint en abondance. Avec lui, vous avez tout. Il n’y a rien de plus urgent ni de plus important pour un chrétien que d’acquérir l’Esprit Saint. Amen.

mercredi 11 mai 2016

7-8 mai 2016 - BEAUJEU - CHOYE - 7ème dimanche de Pâques - Année C

Ac 7,55-60 ; Ps 96 ; Ap 22,12-14.16-17.20 ; Jn 17,20-26

Chers frères et sœurs,

Il y a deux messages très importants dans les textes que nous venons d’entendre.

Le premier est que l’accès à la vie éternelle, l’accès au jardin du Paradis dont Adam avait été chassé, l’accès au Royaume de Dieu, est ouvert. C’est l’œuvre de Jésus qui, mort et ressuscité, est monté aux cieux, et, ce faisant, a ouvert à tous ceux qui sont baptisés la porte du ciel qui était fermée. C’est ce que Jésus dit à saint Jean dans sa vision : « Heureux ceux qui lavent leurs vêtements : ils auront droit d’accès à l’arbre de la vie et, par les portes, ils entreront dans la ville ». C’est aussi ce que dit saint Etienne : « Voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu ».

Le second message est que, si la porte du ciel est ouverte aux baptisés, c’est pour entrer dans la gloire de Dieu. Et cette gloire de Dieu c’est la communion. « Et moi – dit Jésus – je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux, et toi en moi ». Cette gloire, cette communion, c’est l’amour de Dieu : « Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux ». Vous savez bien que le verbe « connaître » chez saint Jean signifie « aimer » même au sens charnel, comme quand Marie dit à l’Ange : « Je ne connais pas d’homme ». Ainsi, la porte du ciel est ouverte pour que nous « connaissions » Dieu, que nous soyons aimé par lui et que nous l’aimions, dans une parfaite communion d’amour, qui concerne aussi notre corps.

Vous allez me dire : « Tout cela c’est très bien, mais cette communion d’amour, cette vie éternelle, nous n’y entrerons qu’à l’heure de notre mort, et en attendant, même si nous sommes déjà baptisés, nous sommes encore sur la terre » !
Oui, mais la lumière qui illumine l’intérieur de la maison passe par la porte ouverte, et elle éclaire ce qui est à l’extérieur. La musique, qui est à l’intérieur, s’entend parfaitement à l’extérieur quand la fenêtre est ouverte. Depuis que Jésus a ouvert la porte du ciel, nous qui sommes sur la terre, nous pouvons voir la gloire de Dieu. Nous pouvons être illuminés par elle, si nous nous plaçons devant la porte. Et nous pouvons entendre la musique des anges.

Mais alors, où est-elle cette porte, que nous puissions nous mettre dès maintenant en pleine lumière ? La porte, c’est l’Eglise. L’Eglise est comme un vitrail. Quand ses membres sont saints, la lumière passe. Comme nous avons tous des vocations différentes, la lumière passe en prenant toutes sortes de couleurs ; et quand nous sommes pécheurs, la lumière est ternie : elle est empêchée de passer. Et les montants du vitrail, ce sont les sacrements qui font l’Eglise et par lesquels Jésus se donne : le baptême, la confirmation, l’eucharistie, le mariage, l’ordre, la réconciliation, l’onction. A travers tous ces sacrements, à travers l’Eglise, la lumière de l’amour de Dieu se donne pour que les hommes et Dieu se connaissent et s’aiment, déjà dans ce monde.

Je voudrais terminer par cette parole de Jésus : « Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi ». « Ceux qui sont là », ce sont les Apôtres. Et « ceux qui croiront en lui grâce à leur parole », c’est nous. Jésus a prié pour chacun d’entre nous, pour que, nous tous qui sommes baptisés, nous puissions communier dans son amour. Remercions Jésus d’avoir pensé à nous et faisons totalement confiance à la puissance de sa prière. Maintenant, grâce à l’eucharistie qu’il nous a donnée, nous allons nous placer dans sa lumière et, déjà sur la terre, nous pourrons communier à son amour, dans un avant-goût du ciel. Amen.

vendredi 6 mai 2016

5 mai 2016 - GY - Ascension du Seigneur - Année C

Ac 1,1-11 ; Ps 46 ; He 9,24-28 et 10,19-23 ; Lc 24,46-53

Chers frères et sœurs,

L’événement de l’Ascension est le miroir de celui de l’Annonciation. Ce qui s’est passé autrefois à Nazareth nous aide à comprendre ce qui se passe aujourd’hui à Béthanie.

Souvenez-vous : l’Ange Gabriel s’était présenté à Marie, et il avait prié celle-ci d’accepter de devenir la mère de Jésus. Cela paraissait impossible. Comment Dieu pouvait-il aussi se faire homme ? Mais Marie a dit « oui », et Jésus, deuxième personne de la Trinité, tout en restant Dieu a épousé notre nature humaine. Et il est né dans notre monde comme un vrai fils d’homme.
A l’Ascension, c’est Jésus qui se présente devant son Père et il le prie de devenir aussi, comme il l’a promis à Abraham et à sa descendance, le Père de tous les hommes. Cela parait impossible. Comment un homme pourrait-il devenir aussi fils de Dieu ? Mais Dieu a dit « oui », et chacun d’entre nous, tout en restant homme, peut désormais être revêtu de la nature divine. Et dès lors que nous appartenons à Jésus, et que nous recevons l’Esprit Saint, par le baptême et la confirmation, nous sommes renés dans le Royaume des cieux comme de vrais fils de Dieu.
Le « oui » divin du Père à la prière de Jésus correspond au « oui » humain de la Vierge Marie à la prière de l’Ange. Ce « oui » n’était pas gagné ; il n’était pas dû : il est, en même temps que l’accomplissement de sa promesse, un don gratuit de Dieu, une marque essentielle de son Amour.

Je voudrais maintenant que vous compreniez que cet événement de l’Ascension, cette prière de Jésus à son Père, nous la vivons à chaque messe.

Nous savons que, durant la prière eucharistique, le pain et le vin que nous apportons deviennent le Corps et le Sang de Jésus. Le pain et le vin sont les « fruits de la terre et du travail des hommes » : ils représentent l’humanité. Par l’Esprit Saint, ils reçoivent la divinité : ils deviennent le Corps et le Sang de Jésus. Jésus est en même temps homme et en même temps Dieu.
Or, la messe n’est pas seulement que le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang de Jésus, ce serait s’arrêter à l’Annonciation et à la naissance de Jésus. Il faut aller jusqu’à sa mort et sa résurrection et ensuite par son Ascension jusqu’à la Pentecôte.

C’est ce qu’il se passe lorsque nous redisons les paroles de Jésus : « Ceci est mon corps, livré pour vous » ; « Ceci est mon sang versé pour vous ». Là Jésus est mort sur la croix. C’est pourquoi le prêtre se met à genoux en silence. Mais aussitôt nous proclamons sa résurrection : « Il est grand le mystère de la foi ! ».
Il faut maintenant aller plus loin : il faut vivre l’ascension de Jésus. Que se passe-t-il ?

Avec Jésus, nous demandons au Père quelque chose d’humainement impossible : que nous soyons remplis de l’Esprit Saint, que nous ne fassions qu’un seul corps et un seul esprit devant lui en appartenant à Jésus ressuscité, que nous obtenions la vie du Royaume des cieux avec tous les saints, dont tous nos défunts, que nous vivions éternellement heureux et en paix et, déjà ici-bas, que notre foi soit renforcée et notre charité affermie. En fait, ce que nous demandons au Père, c’est que, de la même manière que Dieu est venu habiter chez nous, nous les hommes nous puissions maintenant habiter chez lui, comme il l’avait promis à Abraham.

Et pour cela nous lui offrons le Corps et le Sang de Jésus, c’est-à-dire non seulement notre humanité, tout ce que nous avons, toute notre histoire, tout ce que nous sommes, mais en même temps le plus beau cadeau que Dieu nous a fait : Jésus lui-même : « Par lui, avec lui et en lui, à toi Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles ». C’est l’Ascension.
Immédiatement, nous enchaînons avec le Notre-Père pour que, par la brèche ouverte par Jésus dans le ciel, passent toutes nos demandes : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite. Donne-nous notre pain de ce jour ». Et nous sentons combien nous sommes indignes pour faire de telles demandes : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi », et au bout du bout : « Père, délivre-nous du mal ! » Et le prêtre reprend : « Libère-nous Seigneur ! ». Nous demandons aussi à Jésus d’intercéder auprès du Père : « Donne-nous toujours ta paix ».

Là, il y a comme un temps d’arrêt, un temps de silence. Que va répondre le Père ? Va-t-il nous répondre « oui » ? Nous sommes dans ce temps entre l’Ascension et la Pentecôte, où Jésus a comme disparu.
Dans cette attente, nous sentons qu’il nous faut faire la paix entre nous avant que le Père prenne la parole. L’Eglise de Jérusalem avait élu Mathias entre l’Ascension et la Pentecôte. Il faut se préparer à la réponse du Père. « Agneau de Dieu, prends pitié de nous. Agneau de Dieu, donne-nous la paix »…

Et enfin, voici la réponse du Père : « Heureux les invités aux repas du Seigneur ! » Notre Père a dit « oui » ! Voilà que notre prière, portée par Jésus, est acceptée : sa réponse est la communion à son Corps et à son Sang. Dans la communion, nous recevons plus que ce que nous demandions : nous recevons tout l’Amour du Père, nous sommes reçus comme des fils au repas des noces, nous héritons du Royaume des cieux, et nous sommes remplis de l’Esprit Saint. La communion, c’est justement notre participation à la Pentecôte.

Voilà pourquoi, chers frères et sœurs, la messe est si importante. Elle nous fait passer avec Jésus de ce monde à son Père et elle nous donne la communion à son Amour. La messe, c’est le don de Dieu aujourd’hui sur la terre. Amen.

dimanche 1 mai 2016

1er mai 2016 - MEMBREY - 6ème dimanche de Pâques - Année C

Ac 15,1-2.22-29 ; Ps 66 ; Ap 21,10-14.22-23 ; Jn 14,23-29

Chers frères et sœurs,

Comme dimanche dernier, nous poursuivons l’histoire de la première évangélisation avec la lecture du livre des Actes des Apôtres ; nous partageons la vision de saint Jean, vision de l’Eglise céleste dont nous sommes la partie visible sur la terre ; et l’enseignement de Jésus sur son mystère d’amour, auquel il veut nous faire communier.

Je voudrais m’arrêter aujourd’hui à la figure de saint Barnabé, dont il est question dans la première lecture. Qui est-il ?

Les Ecritures nous apprennent qu’il est un lévite originaire de Chypre. Un lévite, c’est-à-dire qu’il peut accomplir un service au Temple de Jérusalem, mais il n’est pas « Cohen », il n’est pas prêtre : il ne peut pas entrer dans le Temple lui-même, comme Zacharie, le père de Jean-Baptiste, par exemple.

Barnabé a cependant des liens avec Jérusalem.
Le premier est sa famille. Il est cousin de Jean surnommé Marc, c’est-à-dire saint Marc l’évangéliste. Sa tante, la mère de saint Marc, s’appelle Marie. Elle est manifestement quelqu’un d’important puisque c’est chez elle que se réunit l’Eglise à Jérusalem. D’ailleurs, Barnabé est vraisemblablement aussi quelqu’un d’aisé puisqu’il fait don aux Apôtres du produit de la vente de son champ, pour se consacrer totalement au Christ Jésus.
Le second lien entre Barnabé et Jérusalem, c’est manifestement Paul. En effet, après que Paul se soit converti et ait passé quelques années en Arabie et à Damas, c’est Barnabé qui va lui permettre de rencontrer les Apôtres. D’où connaissait-il Paul, avec lequel il est vraiment lié d’amitié ? Peut-être ont-ils été disciples du grand rabbin Gamaliel ensemble durant leur jeunesse ? C’est une supposition.

Ce qui est sûr, c’est qu’après la persécution d’Etienne, trois ans après la résurrection de Jésus, beaucoup de disciples fuyant Jérusalem vont se réfugier à Antioche. Et là, en l’espace de deux ou trois ans, l’Evangile se répand comme une trainée de poudre. Il faut appeler Barnabé de Jérusalem pour aller voir ce qu’il se passe. Et Barnabé fait immédiatement venir Paul, alors chez lui à Tarse. Ensemble, ils enseignent. L’Eglise se développe considérablement, au point que les disciples de Jésus deviennent visibles : on les appelle pour la première fois des « chrétiens ». C’est de là, et de ce moment, qu’on nous a appelés comme cela : des « chrétiens ».

Cette Eglise d’Antioche, est la seconde des grandes Eglises après Jérusalem. D’elle sont partis des missionnaires jusqu’en Inde et jusqu’en Chine, en suivant la route de la soie. Les chrétiens d’Orient persécutés aujourd’hui au nord de la Syrie et de l’Irak, qui sont aussi au Kurdistan, en Turquie et en Iran, sont des fils de cette Eglise, l’Eglise syriaque. Aujourd’hui, ils sont en train de disparaître. Que le Seigneur les protège et les bénisse. N’oublions pas nos frères et sœurs.
Et c’est aussi cette Eglise d’Antioche qui envoie Paul et Barnabé en mission, à Chypre, au sud de l’Asie-Mineure c’est-à-dire de la Turquie d’aujourd’hui. On est alors environs une dizaine d’année après la résurrection de Jésus. Paul et Barnabé vont faire longtemps route commune, avant de séparer, Paul et Silas d’un côté, Barnabé et Marc de l’autre. C’est alors qu’on perd la trace de Barnabé. On sait qu’il est repassé par Chypre. Y sera-t-il resté ? On ne sait pas.
Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui il appartient à la communion des saints du ciel, dans l’amour de Jésus et de notre Père des cieux !

Ainsi, je vous ai comme « transportés » dans les dix ou quinze années qui sont suivi la résurrection de Jésus.
Et vous avez vu les liens familiaux et d’amitié, la générosité des uns et des autres pour l’annonce de l’Evangile. Il y a beaucoup d’amour fraternel et de joie, même s’il y a aussi des disputes bien humaines. Mais l’Esprit de Jésus se sert de tout, y compris de nos faiblesses, y compris des persécutions comme celle d’Etienne, pour que son Evangile se répande dans le monde.

Car, ce que veut le Père, c’est que le Nom de Jésus soit connu de partout et aimé des hommes. Alors, par l’Esprit Saint, Dieu vient habiter le cœur de chacun et lui donne sa paix. Et c’est ainsi que, sur terre, laborieusement, mais certainement, se construit déjà l’Eglise du Ciel. Amen.

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