lundi 29 juin 2020

28 juin 2020 - CHAMPLITTE - 13ème dimanche TO - Année A


2R 4,8-11.14-16a ; Ps 88 ; Rm 6,3-4.8.11 ; Mt 10,37-42

Chers frères et sœurs,

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus donne un enseignement sur ce qu’est être un Apôtre et plus largement ce qu’est être chrétien.

Qu’est-ce qu’être Apôtre ? En premier lieu, c’est choisir de s’attacher à Jésus plus qu’à sa propre famille : c’est quitter les liens familiaux, les liens de la terre. C’est aussi choisir de porter sa croix avec Jésus. La traduction du texte, ici, n’est pas très claire. On devrait plutôt lire : « Celui marche à ma suite, mais qui ne prend pas sa croix, n’est pas digne de moi ». Ainsi donc s’attacher à Jésus ne suffit donc pas, il faut aussi prendre sa part de souffrance dans l’annonce de l’Évangile et du Règne de Dieu. Et c’est donc très logiquement que l’Apôtre est conduit – comme Jésus, au bout de son chemin de croix – à devoir offrir sa vie. Et s’il l’offre au nom de Jésus, il aura part avec lui, dans sa résurrection.
Un Apôtre est donc un homme qui a quitté les liens de ce monde et qui est libre de souffrir pour l’Évangile. Cela peut le conduire jusqu’au martyre. Si l’Apôtre donne sa vie comme Jésus, il entrera aussi dans sa résurrection.

Mais la vie des Apôtres n’est pas qu’un chemin de croix. Jésus parle maintenant de leur mission d’annonce du Règne de Dieu et de l’Évangile. Il est intéressant d’observer que Jésus introduit ici une gradualité.

D’abord, il parle des Apôtres eux-mêmes : « Qui vous accueille m’accueille, et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. » Leur mission est spéciale : ils annoncent le Christ, et à travers lui le Règne de Dieu. Ceux qui accueillent leur témoignage, par le fait, accueillent le Christ lui-même. Et ayant accueilli le Christ, ils se trouvent aussi, avoir accueilli le Père. Être Apôtre ce n’est pas rien : c’est annoncer le Christ et le Règne de Dieu, mais accueillir le témoignage d’un Apôtre ce n’est pas rien non plus : c’est d’abord entrer dans la communion du Christ, puis dans la gloire de Dieu. Aujourd’hui, les successeurs des Apôtres, ce sont les évêques.

Ensuite Jésus évoque les prophètes, puis les justes, puis les « petits, en leurs qualités de disciples ». C’est extrêmement intéressant, car il est possible que cette hiérarchie corresponde à ce qui est devenu par la suite les prêtres, les diacres et l’ensemble des baptisés.
Ainsi celui qui reçoit un prêtre-prophète, recevra une récompense de prophète. Le prophète est celui qui transmet les paroles de Dieu, par l’enseignement et par les actes. Ainsi, celui qui reçoit l’enseignement du prophète peut-il entrer de tout son cœur dans le mystère de Dieu et le comprendre.
De même celui qui reçoit un diacre-juste, recevra une récompense de juste. Le juste est celui qui se conduit parfaitement, avec justice. Il accomplit ses actes en vérité, selon la loi du Seigneur, c’est-à-dire la charité : il est un bon et fidèle serviteur du Seigneur. Ainsi celui qui reçoit l’homme juste est-il porté à devenir lui-aussi un homme juste. Et cela lui procure la paix et la joie.
Enfin, il suffit de donner un verre d’eau fraîche à « l’un de ces petits en sa qualité de disciple », pour recevoir une récompense. Les « petits », c’est-à-dire en hébreu les « minim », sont tous les baptisés. Qui reçoit un frère chrétien, ne serait-ce que pour lui donner un verre d’eau, recevra également une récompense. Car, nous le comprenons bien, celui qui accueille un chrétien, accueille aussi à travers lui, le Seigneur Jésus qui vient le visiter.

Chers frères et sœurs, du plus humble des baptisés jusqu’à l’évêque ou l’Apôtre le plus grand, nous sommes tous appelés, à accueillir le Christ et le Règne de Dieu, et à en témoigner, chacun selon notre vocation, par la charité, la vie selon la justice, la transmission de l’Évangile par la parole et par les actes ; puis, au moment où il le demande, à suivre le Christ en portant notre croix, jusqu’à donner notre vie comme lui, pour entrer avec joie dans sa résurrection.

lundi 22 juin 2020

20-21 juin 2020 - DAMPIERRE - GY - 12ème dimanche TO - Année A


Jr 20,10-13 ; Ps 68 ; Rm 5,12-15 ; Mt 10,26-33

Chers frères et sœurs,

En écoutant la première lecture, le psaume et l’évangile, on se rend compte qu’il y a deux procès : un sur la terre et un au ciel.

Le procès qui se déroule sur la terre, c’est le procès de Dieu, de ses envoyés ou de ses enfants. Ainsi Jérémie est-il dénoncé par la foule, comme Jésus sera condamné par les grands prêtres, par la foule et finalement par Pilate. Il en sera de même après pour saint Etienne, pour saint Pierre et saint Paul, pour saint Ferréol et saint Ferjeux : les enfants de Dieu sont eux aussi – et encore aujourd’hui – dénoncés au tribunal des hommes.
Mais ne nous trompons pas, celui qui est réellement mis en accusation, à travers ses prophètes ou ses enfants, c’est Dieu lui-même. Car Dieu n’est pas aimé dans le monde : il dérange trop. Il est trop innocent, trop lumineux, trop beau, trop vrai. Et cela est insupportable aux hommes pécheurs. Alors, ils mettent Dieu et ses serviteurs à l’épreuve, jusqu’à les condamner à mort si il le faut, comme ils l’ont fait pour Jésus.

Mais il y a un second procès, qui lui, se déroule au ciel. Et là, c’est l’homme qui se trouve devant le tribunal de Dieu. Les choses sont inversées. Sur terre, il y avait la foule, au ciel il y a les saints et les anges. Sur terre il y avait des témoins malhonnêtes, au ciel il y a le Satan, l’accusateur. Sur terre l’Esprit Saint est donné aux justes comme défenseur, au ciel, c’est Jésus lui-même leur défenseur.
Et là, évidemment, la situation n’est plus du tout la même : car il est absolument impossible de mentir devant le Seigneur qui est Dieu. Jérémie l’annonçait déjà : le Seigneur est celui qui « scrute l’homme juste », « qui voit les reins et les cœurs » ; et Jésus l’a dit très clairement : « Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché, qui ne sera connu. » Le procès du ciel, c’est l’épreuve de la vérité. Sur terre, on peut mentir, fausser les témoignages, faire pression indûment. Au ciel, c’est strictement impossible.

Il est remarquable que le prophète ou l’enfant de Dieu ne sont jamais abandonnés, que ce soit au tribunal des hommes comme au tribunal de Dieu.
Jérémie lui-même le disait déjà : « Le Seigneur est avec moi, tel un guerrier redoutable : mes persécuteurs trébucheront, ils ne réussiront pas. Leur défaite les couvrira de honte, d’une confusion éternelle, inoubliable. » Jérémie sait que le Seigneur est déjà auprès de lui au moment même de son épreuve, sur terre, mais aussi à la fin de l’histoire, c’est-à-dire au ciel.
Le psalmiste aussi sait que le Seigneur est là pour l’assister : « Le Seigneur écoute les humbles, il n’oublie pas les siens emprisonnés. » Et Jésus l’affirme : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme », car de même que le Seigneur sait ce qui arrive aux moineaux, de même il sait ce qui arrive aussi aux innocents. Et il leur dit : « Même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux ». Et, par-dessus cette promesse que le Seigneur exercera sa justice, Jésus affirme qu’il sera lui-même le défenseur des justes au tribunal du ciel.

Alors, finalement, quelle leçon pouvons-nous tirer de cet enseignement ?
D’abord qu’il ne faut pas trop porter aux nues la justice des hommes. Elle est fragile. Et nous ne devons pas nous étonner si, parfois, elle condamne ce qui vient du Seigneur. Car, en Jésus, Dieu lui-même a été jugé coupable et condamné.
Mais les juges de la terre seront eux-mêmes jugés au tribunal du ciel. C’est l’espérance de Jérémie et du psalmiste. C’est même leur foi : le Seigneur fera justice. Pour nous qui sommes chrétiens, nous savons en plus qu’à ce tribunal du ciel, c’est Jésus qui sera notre défenseur. Plus que jamais, depuis que l’Esprit Saint a été répandu dans le monde, depuis la Pentecôte, nous pouvons nous attacher à lui et l’aimer comme il nous aime.
Finalement, il me reste à faire un choix : suis-je de la terre ou du ciel ? Devant les hommes, vais-je me déclarer pour Jésus ou contre lui ? Seigneur notre Père, n’oublie pas que je suis faible : par ton Esprit Saint, viens au secours de mon manque de foi : rends-moi fort et joyeux d’être compté, avec Jésus, au nombre de tes enfants. Amen.



dimanche 14 juin 2020

14 juin 2020 - GRAY - Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang de Jésus - Année A


Dt 8,2-3.14b-16a ; Ps 147 ; 1Co 10,16-17 ; Jn 6,51-58

Chers frères et sœurs,

Pendant plusieurs semaines, durant le confinement, vous avez été privés du Corps et du Sang du Seigneur, c’est-à-dire – dit Jésus – de la vie éternelle. Certains se sont trouvés heureux, se nourrissant de la lecture et de la méditation des Écritures, d’autres se sont trouvés malheureux, attendant avec inquiétude le moment où ils pourraient de nouveau recevoir le Corps du Christ. On pourrait dire qu’il y a là comme deux extrêmes nécessaires, car il nous est bon, par les Écritures, de connaître celui qu’on désire, et par la communion de le rencontrer réellement.

Mais, vous le savez bien, pour qu’un objet soit stable, il ne suffit pas de deux pieds, il en faut un troisième. Il ne suffit pas des Écritures et du Sacrement pour connaître et être en communion avec Jésus, il nous faut aussi la célébration liturgique elle-même, c’est-à-dire le sacrifice d’action de grâce.

Lorsque Jésus a enseigné ses disciples, il ne leur a pas dit seulement d’ouvrir les Écritures pour apprendre tout ce qui était dit de lui et du Règne de Dieu, ni seulement de manger sa Chair et boire son Sang, comme nous l’entendons aujourd’hui dans l’Évangile, il a dit aussi : « Vous ferez cela en mémoire de moi ». Et « Cela », c’est le sacrifice d’action de grâce, c’est-à-dire la messe. Tout simplement.

Il nous est vital, à nous chrétiens, d’avoir accès à Jésus par les Écritures, par la célébration liturgique de la messe et enfin par la communion sacramentelle. C’est cette manne que le Seigneur donne à son peuple, pour qu’il avance sans dépérir et sans se décourager dans le désert de ce monde, jusqu’à ce que son Heure arrive.

Chers frères et sœurs, ce que je viens de dire, n’est pas seulement important pour les chrétiens, cela l’est également pour tout le monde. Les chrétiens sont la lumière du monde, même si ils sont faibles, parfois pécheurs, et généralement incompris. Pourquoi ?
Parce que par la communion sacramentelle, ils portent en eux la présence de Dieu dans leurs lieux de vie et pour leur entourage. Ils sont des Temples de Dieu, ils sont des phares dans la nuit, même si cette réalité est invisible.
Les chrétiens sont lumière du monde aussi parce que, par la célébration du sacrifice d’action de grâce, la messe, célébrée publiquement, ils rendent justement la présence de Dieu visible. Ils continuent ainsi l’œuvre d’Incarnation et de rédemption de Jésus dans le monde, c’est-à-dire qu’ils perpétuent son offre de salut pour toute l’humanité, et la bonne manière de lui en rendre grâce.
Et enfin, par leur témoignage chrétien personnel et collectif, témoignage quotidien, les chrétiens continuent la rédaction des Écritures. Ils font entrer leur temps et tous les hommes de leur temps dans la grande histoire du Salut, qui va de la Genèse à l’Apocalypse, et ils écrivent de nouvelles pages qui font suite à celles des Actes des Apôtres.

Chers frères et sœurs, les chrétiens sont des prêtres : ils communient aux dons sacrés, ils célèbrent le sacrifice d’action de grâce, et ils sont un pont entre Dieu et les hommes. Voilà pourquoi il n’était pas possible que la célébration de la messe reste interdite plus longtemps : c’est comme si on coupait aux hommes, à tous les hommes, leur oxygène pour vivre.

Nous célébrons aujourd’hui la solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang de Jésus. Il s’agit d’abord de la communion sacramentelle elle-même, bien sûr, mais aussi de la célébration qui nous permet d’y accéder, et aussi de nous-mêmes : car, par l’Esprit Saint, nous sommes le Corps et le Sang de Jésus, aujourd’hui vivant dans le monde.

Rendons grâce au Seigneur de pouvoir de nouveau vivre, respirer et nous nourrir en célébrant librement l’eucharistie.

mardi 9 juin 2020

06-07 juin 2020 - VELLEXON - GY - Solennité de la Sainte Trinité - Année A


Ex 34,4b-6.8-9 ; Dn 3 ; 2Co 13,11-13 ; Jn 3,16-18

Chers frères et sœurs,

Il est heureux qu’au moment où nous nous retrouvons, après une longue séparation, la liturgie de l’Église nous invite à nous nourrir à la racine de notre foi. La religion chrétienne est très différente de toutes les autres religions, la religion juive exceptée, bien sûr.

En effet, l’homme a toujours été sensible à la beauté de la nature et, parfois très impressionné par elle : il lui confère très facilement un caractère sacré. Par exemple en Franche-Comté, nous aimons beaucoup les forêts et les sources. Et dans nos vieilles légendes se trouve la figure de la Vouivre, la déesse de la source. C’est de là, d’ailleurs, que vient le nom de la Vaivre de Seveux, par exemple. L’homme confère un caractère sacré, non pas seulement à la nature, mais aussi au sexe – suscitant alors les multiples déesses de la fécondité – et au pouvoir, quand le roi est considéré religieusement comme un dieu. Toutes ces formes de sacré génèrent chez l’homme des comportements religieux païens, par lesquels il adore des idoles. Ce sont en effet des phantasmes de sa part. Ces idoles n’ont aucune réalité.
Ceci n’empêche pas que la beauté, la vitalité et la puissance de la création ne puissent pas nous émerveiller et nous impressionner. Mais Dieu n’est pas la création elle-même, il en est le créateur. Il ne faut pas confondre les deux et éviter d’adorer l’objet d’art à la place de l’artiste qui l’a fait.

Très différent des idoles est en effet le Dieu d’Israël. Il ne s’agit pas de nature, de sexe ou de pouvoir. Le Dieu d’Israël est un Dieu personnel : il est Le Seigneur – c’est son Nom – le Dieu de Moïse, le Dieu d’Isaac, le Dieu d’Abraham. Le Seigneur se fait connaître par révélation, dans une rencontre spirituelle et physique. On ne peut pas provoquer cette rencontre par nous-même, mais c’est Le Seigneur qui vient se manifester à nous. Ainsi Moïse monte sur la montagne, où il est pris dans la nuée, avant que Dieu manifeste sa présence en proclamant son Nom. Aussitôt Moïse, qui est illuminé par Dieu, se sent tout petit et se prosterne ; et il se sent en communion avec Dieu et avec tout le peuple, pour lequel il intercède.

Pour nous qui sommes chrétiens, notre Dieu est le même que celui d’Abraham, d’Isaac et de Moïse. Spirituellement, nous sommes des juifs. Mais il y a quand même une grande différence : c’est que, grâce à Jésus, nous savons que Dieu, Le Seigneur, est un seul Dieu en trois personnes : Dieu le Père, Dieu le Fils – Jésus – et Dieu le Saint-Esprit. Comment cela peut-il se faire ? Hé bien c’est tout simple : c’est une question de position.
Quand on rencontre Dieu pour la première fois : il nous fait l’effet d’être un étranger. On le perçoit comme un personnage unique : il est Dieu, et on le craint. Il faut qu’on s’acclimate un peu l’un à l’autre. Mais quand Dieu veut se révéler davantage à nous, qu’il veut se faire « connaître » comme dit Saint Jean, alors il nous fait entrer dans sa communion d’amour. Comment ? Le Saint-Esprit fait de nous non plus des étrangers mais des fils – comme Jésus, en communion avec lui – et avec lui nous percevons la présence de son Père, de notre Père. Alors nous sommes illuminés, nous comprenons que nous sommes en communion avec tous les saints du ciel, et nous sommes remplis de paix. C’est quand on est dans la communion que le Dieu unique se révèle être Père, Fils et Saint-Esprit.
Et en même temps nous comprenons qui nous sommes vraiment et à quelle vocation nous sommes appelés. Le Dieu Trinité révèle en profondeur qui est l’homme et quel est le sens de sa vie. Sans Le Seigneur pour le tirer vers le haut, l’homme retourne rapidement à ses phantasmes et au paganisme.

La preuve que ce Dieu est le même que celui de Moïse, est que Moïse est d’abord enveloppé par la nuée – c’est-à-dire l’Esprit Saint qui le prépare à la rencontre ; qu’il entend ensuite la proclamation du Nom de Dieu – or cette proclamation, cette Parole, c’est déjà Jésus, qui est la Parole de Dieu ; afin de pouvoir percevoir la présence de Dieu le Père. Moïse ne le savait pas, mais il était déjà chrétien, et c’est normal, car d’une part le Dieu d’Israël et le Dieu de Jésus-Christ, c’est strictement le même, mais d’autre part Jésus n’était pas encore venu sur Terre pour dévoiler ce mystère par sa vie. Moïse a vécu la Trinité sans la comprendre vraiment. Et beaucoup aujourd’hui sont encore dans ce cas.

Je termine par un mot sur la communion. Car la Trinité se révèle à chaque messe. Lorsque l’on communie, on porte Jésus en soi, mais comme justement on est en communion avec lui, il nous porte aussi en lui. Si l’Esprit Saint illumine suffisamment notre esprit pour comprendre cette communion vraiment et avec cœur, alors nous sentons que c’est un grand mystère et que nous sommes tout petits et en même temps grandis : alors c’est que nous avons été mis en présence du Père.

Articles les plus consultés