Jr 20,10-13 ; Ps
68 ; Rm 5,12-15 ; Mt 10,26-33
Chers
frères et sœurs,
En
écoutant la première lecture, le psaume et l’évangile, on se rend compte qu’il
y a deux procès : un sur la terre et un au ciel.
Le
procès qui se déroule sur la terre, c’est le procès de Dieu, de ses envoyés ou
de ses enfants. Ainsi Jérémie est-il dénoncé par la foule, comme Jésus sera
condamné par les grands prêtres, par la foule et finalement par Pilate. Il en sera
de même après pour saint Etienne, pour saint Pierre et saint Paul, pour saint
Ferréol et saint Ferjeux : les enfants de Dieu sont eux aussi – et encore
aujourd’hui – dénoncés au tribunal des hommes.
Mais
ne nous trompons pas, celui qui est réellement mis en accusation, à travers ses
prophètes ou ses enfants, c’est Dieu lui-même. Car Dieu n’est pas aimé dans le
monde : il dérange trop. Il est trop innocent, trop lumineux, trop beau,
trop vrai. Et cela est insupportable aux hommes pécheurs. Alors, ils mettent
Dieu et ses serviteurs à l’épreuve, jusqu’à les condamner à mort si il le faut,
comme ils l’ont fait pour Jésus.
Mais
il y a un second procès, qui lui, se déroule au ciel. Et là, c’est l’homme qui
se trouve devant le tribunal de Dieu. Les choses sont inversées. Sur terre, il
y avait la foule, au ciel il y a les saints et les anges. Sur terre il y avait
des témoins malhonnêtes, au ciel il y a le Satan, l’accusateur. Sur terre l’Esprit
Saint est donné aux justes comme défenseur, au ciel, c’est Jésus lui-même leur
défenseur.
Et
là, évidemment, la situation n’est plus du tout la même : car il est
absolument impossible de mentir devant le Seigneur qui est Dieu. Jérémie
l’annonçait déjà : le Seigneur est celui qui « scrute l’homme
juste », « qui voit les reins et les cœurs » ;
et Jésus l’a dit très clairement : « Rien n’est voilé qui ne sera
dévoilé, rien n’est caché, qui ne sera connu. » Le procès du ciel,
c’est l’épreuve de la vérité. Sur terre, on peut mentir, fausser les
témoignages, faire pression indûment. Au ciel, c’est strictement impossible.
Il
est remarquable que le prophète ou l’enfant de Dieu ne sont jamais abandonnés,
que ce soit au tribunal des hommes comme au tribunal de Dieu.
Jérémie
lui-même le disait déjà : « Le Seigneur est avec moi, tel un
guerrier redoutable : mes persécuteurs trébucheront, ils ne réussiront
pas. Leur défaite les couvrira de honte, d’une confusion éternelle, inoubliable. »
Jérémie sait que le Seigneur est déjà auprès de lui au moment même de son
épreuve, sur terre, mais aussi à la fin de l’histoire, c’est-à-dire au ciel.
Le
psalmiste aussi sait que le Seigneur est là pour l’assister : « Le
Seigneur écoute les humbles, il n’oublie pas les siens emprisonnés. »
Et Jésus l’affirme : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps
sans pouvoir tuer l’âme », car de même que le Seigneur sait ce qui
arrive aux moineaux, de même il sait ce qui arrive aussi aux innocents. Et il
leur dit : « Même les cheveux de votre tête sont tous comptés.
Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de
moineaux ». Et, par-dessus cette promesse que le Seigneur exercera sa
justice, Jésus affirme qu’il sera lui-même le défenseur des justes au tribunal
du ciel.
Alors,
finalement, quelle leçon pouvons-nous tirer de cet enseignement ?
D’abord
qu’il ne faut pas trop porter aux nues la justice des hommes. Elle est fragile.
Et nous ne devons pas nous étonner si, parfois, elle condamne ce qui vient du
Seigneur. Car, en Jésus, Dieu lui-même a été jugé coupable et condamné.
Mais
les juges de la terre seront eux-mêmes jugés au tribunal du ciel. C’est l’espérance
de Jérémie et du psalmiste. C’est même leur foi : le Seigneur fera
justice. Pour nous qui sommes chrétiens, nous savons en plus qu’à ce tribunal
du ciel, c’est Jésus qui sera notre défenseur. Plus que jamais, depuis que
l’Esprit Saint a été répandu dans le monde, depuis la Pentecôte, nous pouvons
nous attacher à lui et l’aimer comme il nous aime.
Finalement,
il me reste à faire un choix : suis-je de la terre ou du ciel ? Devant
les hommes, vais-je me déclarer pour Jésus ou contre lui ? Seigneur notre
Père, n’oublie pas que je suis faible : par ton Esprit Saint, viens au
secours de mon manque de foi : rends-moi fort et joyeux d’être compté,
avec Jésus, au nombre de tes enfants. Amen.