mercredi 31 juillet 2019

28 juillet 2019 - SORNAY - 17ème dimanche TO - Année C


Gn 18, 20-32 ; Ps 137 ; Col 2,12-14 ; Lc 11,1-13

Chers frères et sœurs,

Nous sommes toujours inquiets de savoir si nous prions comme il faut et si notre prière est efficace. N’est-ce pas le même souci qui habite le disciple qui interroge Jésus : « Seigneur, apprends-nous à prier » ?
Jésus répond très simplement à cette demande. Il n’y a pas de secret dans la prière, c’est quelque chose de très naturel et très direct : il suffit de s’adresser à notre Père qui est aux cieux, et de lui faire part de nos demandes vitales.
La plus vitale de nos demandes est qu’il réalise la promesse qu’il nous a fait connaître, par le prophète Ézéchiel : « Je montrerai ma grandeur, je manifesterai ma sainteté, je me ferai connaître aux yeux de nombreuses nations. Alors elles sauront que Je suis le Seigneur ». Cette promesse est essentielle car elle annonce que le Règne de Dieu arrivera quand l’Esprit Saint aura été répandu dans le cœur des hommes de toutes les nations, qu’ils connaîtront le cœur de Dieu, qu’ils verront sa gloire et seront illuminés par elle, qu’ils seront revêtus de sa sainteté, qu’ils vivront heureux dans son amour, et que toute la création sera renouvelée. Autrement dit, si nous avons l’Esprit Saint, nous avons tout.
Or, la prière qui consiste à s’adresser à Dieu pour lui demander de réaliser cette promesse est très ancienne. Elle s’appelle en hébreu le « Kaddish ». Tous les rabbins la récitent après avoir commenté les Écritures, ainsi que leurs disciples, et c’est encore vrai aujourd’hui. Voici la prière du Kaddish :

« Que soit magnifié et sanctifié le grand Nom dans le monde qu’il a créé selon sa volonté ; et qu’il établisse son règne de votre vivant, et de vos jours et du vivant de toute la maison d’Israël, bientôt et dans un temps proche. Que son grand Nom soit béni à jamais et d’éternité en éternité !
Que soit béni et célébré, glorifié et exalté, élevé et honoré, magnifié et loué, le Nom du Saint, béni soit-il ! Lui qui est au-dessus de toute bénédiction et de tout cantique, de toute louange et de toute consolation qui sont proférées dans le monde.
Que les prières et supplications de tout Israël soient accueillies par leur Père qui est aux cieux.
Que la plénitude de la paix nous vienne des cieux, ainsi que la vie, pour nous et pour tout Israël.
Que Celui qui établit la paix dans les hauteurs l’établisse sur nous et sur tout Israël. Amen ».

Nous voyons bien qu’il y a des différences avec le Notre-Père, mais nous voyons aussi qu’il y a une grande parenté avec lui. Ainsi, quand Jésus enseigne le Notre-Père à ses disciples, il leur enseigne son « Kaddish » pour prier son Père de réaliser sa promesse : celle de l’envoi de l’Esprit Saint pour renouveler le monde et nous-mêmes, afin que son Nom soit glorifié.

Jésus nous indique donc ce qu’il faut demander à Dieu et comment le faire. La question de savoir si cela est efficace demeure. Jésus répond à cette interrogation par une parabole : l’homme qui vient la nuit pour demander du pain à son ami, c’est nous tous qui venons déranger notre Père et toute sa maisonnée – les saints et les anges – quand nous sommes dans les ténèbres et que nous avons besoin de quelque chose de vital. Il est très remarquable que Jésus situe cette histoire dans la nuit. Il est en effet une particularité des chrétiens de prier la nuit, en veillant, en attendant que la lumière de la Résurrection vienne sur nous. Et Jésus nous dit que cette prière persévérante est toujours entendue.

Il est aussi un autre aspect de la prière, illustré par l’histoire d’Abraham. Celui-ci intercède pour les habitants de Sodome, qui sont de grands pécheurs. Nous observons qu’Abraham tout seul parvient à négocier le salut de la ville pourvu que le Seigneur y trouve beaucoup, puis un certain nombre, et finalement quelques justes. Cela veut dire d’une part que la prière est puissante : un seul priant peut obtenir beaucoup d’attention de la part de Dieu. D’autre part, il suffit d’être quelques justes pour compenser l’effet d’une multitude de pécheurs. Être juste et priant, c’est être un paratonnerre pour beaucoup de monde. Non pas que Dieu serait un Dieu vengeur, mais c’est que pour exercer sa justice avec miséricorde, Dieu a besoin de notre prière. Sinon, pourquoi aurait-il accepté de négocier avec Abraham, pourquoi lui aurait-il fait part de son dessein ? 
Dieu nous fait l’honneur de participer, par notre prière, à sa justice et à sa miséricorde dans le monde. Il nous prie aussi de lui demander l’essentiel pour le salut du monde, à savoir l’envoi de l’Esprit Saint.

La prière a-t-elle un effet ? Lorsque l’Esprit Saint fut répandu sur les Apôtres à la Pentecôte et que l’Église a commencé son action dans le monde, au service de Dieu et du prochain, alors la promesse du Seigneur a commencé à se réaliser. Nous en sommes nous-mêmes la preuve physique, par notre communion aujourd’hui, ici-même, au Corps et au Sang de Jésus.

lundi 22 juillet 2019

20-21 juillet 2019 - LE PONT DE PLANCHE - GRANDECOURT - 16ème dimanche TO - Année C


Gn 18,1-10a ; Ps 14 ; Col 1,24-28 ; Lc 10,38-42

Chers frères et sœurs,

Connaissez-vous l’expérience de la limaille de fer et de l’aimant ? On faisait cette expérience au collège pour découvrir les effets du champ magnétique. Le professeur saupoudrait sur la table de la limaille de fer, qui était donc éparpillée, désordonnée. Puis il approchait un aimant, et la limaille se regroupait, s’ordonnait selon les lignes du champ magnétique, pour s’harmoniser en une belle figure géométrique. Nous faisons spirituellement la même expérience avec l’histoire de Marthe et Marie, et celle d’Abraham.

En effet, saint Luc nous dit que Marthe est accaparée par les multiples occupations du service. Elle interpelle Jésus : « Seigneur, cela ne te fait rien… ! ». Cette parole, en grec, est la même que celle dite par les Apôtres quand ils étaient dans la barque prise par tempête sur le lac de Tibériade, quand ils craignaient de couler et de se noyer. On se souvient que, sur le lac, le Seigneur qui dormait, s’était alors réveillé et, après avoir menacé le vent, avait ordonné à la mer de se taire. Et il s’était fait un grand calme.
Pour reprendre notre expérience de physique, c’est comme si les Apôtres étaient la limaille, désordonnée, éparpillée, dans la tempête, mais quand ils se retrouvent en présence de Jésus et de sa parole, alors il se fait un grand calme : la limaille est organisée, ordonnée. Et ils sont sauvés.

Il en va de même pour Marthe. Elle est toute désordonnée par le service : il y a tant de choses à faire ! Jésus lui reproche de « s’agiter pour bien des choses », comme le lac de Tibériade était agité par le vent. Plus encore, il prend parti pour Marie, qui est assise à ses pieds pour écouter sa parole : elle « a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée », dit-il. Contrairement à Marthe, Marie est calme et attentive à Jésus : elle est ordonnée comme la limaille par l’aimant. Et elle est ainsi rendu harmonieuse et belle. Tandis que Marthe est dispersée dans ses activités et se laisse emporter par son irritation.
Évidemment, dans cette histoire, Jésus a certainement perdu au moins dix points de popularité auprès des femmes. Nous savons très bien que ce sont elles qui, généralement, assurent le service à la maison. Et si Jésus veut manger, ne faut-il donc pas que quelqu’un fasse la cuisine, mette le couvert, et serve les plats à table ! Sans compter la vaisselle… N’est-ce pas ? Comment donc pouvons-nous comprendre la réponse de Jésus ?

La rencontre entre Abraham et le Seigneur au chêne de Mambré nous apporte une réponse. Là nous voyons Abraham recevoir le Seigneur et lui préparer activement à manger : pendant qu’il demande à Sara de faire des galettes, il court au troupeau pour préparer le veau gras, puis le fromage blanc, le lait… et « il se tenait debout près d’eux, sous l’arbre pendant qu’ils mangeaient ». Abraham est dans la posture du serviteur, qui n’est pas assis avec ses hôtes mais qui se tient debout près d’eux, prêt à rendre service. Abraham s’est beaucoup démené pour préparer le repas du Seigneur, mais jamais nous ne l’avons senti dispersé intérieurement. Car il sait qu’il est en présence du Seigneur. Il est comme en prière continuelle. Et c’est justement ce qui manquait à Marthe : elle s’inquiétait plus pour son rôti que de la qualité de sa relation avec Jésus. Et Marie avait fait l’inverse : elle écoutait d’abord la parole du Seigneur.
Ainsi donc, le fait d’avoir peu ou beaucoup d’activités n’est pas ce qui est important, mais plutôt l’esprit dans lequel nous les accomplissons. Et cet esprit, c’est celui de l’adoration de Dieu. Si nous avons Jésus au cœur, alors nous avons l’aimant qui ordonne notre désordre et qui rend harmonieuses et belles nos activités, même si celles-ci sont très nombreuses. C’est l’effet de l’Esprit Saint en nous.

C’est pourquoi, une femme comme Marie-Madeleine, par exemple, qui vient de grand matin au tombeau avec ses aromates pour embaumer le corps de Jésus, est la première à le voir ressuscité. Car en elle, il y a un cœur aimant qui la prédispose à écouter sa parole et à recevoir de lui la paix et la joie. Alors toutes ses activités sont illuminées par cette lumière de la présence de Jésus, et elle est prête à courir pour annoncer la résurrection aux Apôtres.

Pour finir, il me reste à préciser cette chose importante que la leçon donnée à Marthe – dont on soulignera qu’elle ne l’a pas empêché de devenir sainte – n’est pas une leçon seulement valable pour les femmes, mais aussi pour les hommes, comme cela a été le cas pour les Apôtres sur le lac de Tibériade. 

Prions donc le Seigneur de tous nous aider, à tourner notre cœur vers lui, à nous laisser aimer par lui en laissant son Esprit Saint ordonner notre vie, pour que celle-ci soit rendue harmonieuse et sainte, toute entière au service du Seigneur et de notre prochain. Amen.

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