jeudi 26 septembre 2019

22 septembre 2019 - GRAY - 25ème dimanche TO - Année C


Am 8,4-7 ; Ps 112 ; 1Tm 2,1-8 ; Lc 16,1-13

Chers frères et sœurs,

Si nous voulons bien comprendre l’évangile d’aujourd’hui, il nous faut d’abord nous souvenir qu’il se situe juste après la parabole du fils prodigue et qu’à la fin de cette parabole, le fils aîné s’en est pris à son père de ce qu’il a fait organiser une fête pour le retour de son frère. Aujourd’hui Jésus explique que le fils aîné était plus préoccupé de la valeur des biens terrestres, qui ont une fin, que de la qualité de la communion fraternelle, qui elle, est éternelle. Ce fils aîné est un serviteur de l’argent malhonnête plutôt qu’un serviteur de Dieu.

Jésus raconte donc l’histoire d’un gérant dénoncé par des « on dit » sur le fait qu’il dilapiderait les biens de son maître. Ces accusateurs anonymes sont les démons du monde de l’argent malhonnête qui répandent la mentalité qu’il en faut gagner toujours plus. Or ce gérant, manifestement, n’en gagnait pas assez.
Logiquement, le maître de l’argent malhonnête – c’est-à-dire Satan lui-même – renvoie ce gérant pas assez rentable. On se souviendra ici qu’on est toujours perdant à servir le mal. Satan, quand il les a épuisés, jette toujours ceux qui l’ont servi.
Et justement, abandonné par son maître qui va le vouer à la misère, le gérant, pour assurer son avenir, va se convertir et se servir du moyen avec lequel il avait fait du mal pour faire du bien. Souvenons-nous de cette parole de Zachée, qui avait fait sa fortune de manière malhonnête : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. » C’est exactement ce que fait le gérant : il rétablit la justice pour assurer son avenir.

Il faut alors bien comprendre la phrase suivante : « Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête, car il avait agi avec habileté ». Malheureusement, il y a ici une ambiguïté et une faute de traduction. Le maître dont il est question n’est pas le maître du gérant, car on ne le voit pas bien faire l’éloge de celui qui vient de le trahir. Mais il s’agit de Jésus. En Araméen, il n’y a aucun doute. Et d’autre part Jésus donc, ne qualifie pas le gérant de « malhonnête » : il ne fait pas l’éloge de la malhonnêteté ! Mais la phrase dit exactement : « Le maître fit l’éloge de ce gérant de malhonnêteté » – c’est-à-dire « de ce gérant d’argent malhonnête ». Ce n’est pas le gérant qui est malhonnête, c’est l’argent. Autrement dit, nous avons la phrase suivante : « Jésus fit l’éloge de ce gérant d’argent malhonnête », car justement ce gérant s’est montré juste, comme Zachée, en s’affranchissant du maître de l’argent malhonnête et de ses conseillers, c’est-à-dire de Satan et de ses démons.

Alors on comprend mieux la suite. Jésus ne fait pas les louanges de la malhonnêteté mais de l’honnêteté : il faut savoir être digne de confiance – être honnête – dans les affaires de ce monde pour être jugé digne de confiance dans celles du ciel. Si on est malhonnête pour des petites choses, on deviendra malhonnête pour des grandes. Si on est digne de confiance pour gérer le bien des autres durant notre vie, alors le Seigneur nous jugera digne de confiance pour gérer notre bien le plus précieux, notre vie éternelle, dans l’éternité.

Alors Jésus nous place au pied du mur : il faut choisir entre le service du maître de ce monde, c’est-à-dire le maître de l’argent malhonnête, qui abuse de la faiblesse des gens, qui en veut toujours plus, qui n’est pas fiable puisque sur simple dénonciation anonyme, il est prêt à abandonner ses serviteurs  à la misère; ou bien le service de Dieu, en étant digne de confiance ici-bas, en étant honnête dans la gestion de nos biens comme de ceux des autres, qui nous sont confiés. Alors nous recevrons bien plus en gérance dans le monde à venir. Servir l’argent trompeur, c’est se faire illusion. Servir Dieu, c’est avoir un trésor au ciel. Amen.












mercredi 18 septembre 2019

14-15 septembre 2019 - VEREUX - FRESNE SAINT-MAMES - 24ème dimanche TO - Année C


Ex 32,7-11.13-14 ; Ps 50 ; 1Tm 1,12-17 ; Lc 15,1-32

Chers frères et sœurs,

Jésus est confronté aux récriminations des scribes et des pharisiens qui ne comprennent pas sa proximité avec les pécheurs. Pour leur expliquer sa position, il raconte trois paraboles. Celle de la brebis perdue, celle de la pièce d’argent et celle du fils prodigue.
Bien sûr, dans les trois paraboles, il est question de la miséricorde de Dieu. C’est-à-dire qu’aux yeux de Dieu personne n’est jamais totalement perdu : d’une part lui-même met tout en œuvre pour aller chercher celui qui s’est éloigné de lui, quitte à retourner toute une maison, et à prendre le temps d’attendre son retour. D’autre part, il a foi que la personne qui s’est perdue entendra sa parole, qu’elle se convertira et qu’elle reviendra à la maison. Dieu a foi en l’homme.
La miséricorde de Dieu n’est donc pas seulement un pas de Dieu en direction de l’homme, c’est aussi l’espérance de Dieu que l’homme fera un pas vers lui, en retour.

Nous avons aussi entendu le livre de l’Exode où les Hébreux ont péché contre Dieu en se fabriquant une idole, ce qui a déclenché la colère de Dieu et la prière d’intercession de Moïse. Et finalement Dieu a pardonné, en se souvenant de ses promesses.
Que retenir de cet épisode ? D’abord que Dieu n’est pas une mécanique insensible. Dieu aime son peuple. Il aime les hommes qu’il a créés. Il peut pardonner, revenir sur sa colère, c’est-à-dire sur le péché des hommes. Il aime aussi particulièrement Moïse, et sa prière compte énormément à ses yeux. Il l’entend et cela fait évoluer son jugement.

Certains diront : c’est de l’anthropomorphisme ! C’est-à-dire que l’on se fait une idée de Dieu à l’image de l’homme. Mais un Juif et un chrétien répondront : ce n’est pas Dieu qui est à l’image de l’homme ; c’est l’homme qui est à l’image de Dieu. Dieu nous a créé à son image et à sa ressemblance. Dieu est une personne et par conséquent nous sommes nous aussi des personnes. Si Dieu entend une prière, est capable de faire évoluer son jugement pour en venir à pardonner, alors nous aussi, si nous entendons une prière, nous pouvons faire évoluer notre jugement et en venir à pardonner.
Cette démarche n’est pas naturelle, elle vient de Dieu. Dans la nature, il n’y a pas de pardon. La nature ne pardonne pas. Dieu si. Et il nous apprend à être comme lui, c’est-à-dire à être humain.

Il est donc un risque que les gens qui ne croient pas en Dieu, perdent l’espérance et l’humanité. D’une part qu’ils en arrivent à croire faussement qu’ils ne pourraient jamais être pardonnés de leurs péchés ou de leurs fautes, ni par Dieu ni par les hommes. Et d’autre part qu’eux-mêmes, en suivant leur penchant naturel, perdent leur humanité en perdant leur capacité à écouter, faire évoluer leur jugement et finalement à pardonner. Un monde où il n’y a pas Dieu, est un monde qui tend à devenir désespéré et inhumain.

En conclusion, retenons pour nous-mêmes, qui sommes chrétiens, les points suivants:

D’abord Dieu qui nous a créé à son image et à sa ressemblance, a fait de nous des humains. Il nous a rendu capable d’écouter, de réfléchir, et de pardonner, comme lui. C’est pourquoi il nous aime à en mourir : Jésus est mort sur la croix pour le pardon de nos péchés. Il est venu nous chercher, jusqu’au plus profond des enfers, et, ayant foi en notre capacité de conversion, il attend sans cesse notre retour.
Ce retour est un motif de fête : pardon des péchés, rétablissement de notre dignité de fils de Dieu, entrée dans la communion des saints. C’est ce que nous recevons par notre baptême, par la confirmation et par la communion eucharistique. Tels sont les dons que Dieu fait à ceux qui humblement, et malgré toutes leurs casseroles, ont foi en lui et veulent vivre avec lui. Parce qu’il nous aime.
Et enfin, le point le plus important peut-être, pour nous qui sommes baptisés – revêtus comme le christ de la dignité de prêtre, de prophète et de roi – c’est la puissance de la prière. Si Dieu parle avec Moïse de sa colère et de ses intentions, quand il est meurtri par les péchés des hommes, c’est qu’il attend, qu’il a besoin, de sa prière pour être consolé. Entendre qu’il y a dans le monde un homme ou une femme qui l’aime. Alors Dieu entend, se rassure et pardonne.

Frères et sœurs, ne cessons jamais de prier pour nous-mêmes et pour tous les hommes. C’est notre vocation.

lundi 9 septembre 2019

08 septembre 2019 - LA GRANDE RESIE - 23ème dimanche TO - Année C


Sg 9,13-18 ; Ps 89 ; Ph 9b-10.12-17 ; Lc 14,25-33

Chers frères et sœurs,

Comment comprendre l’avertissement un peu décourageant de Jésus ?

D’abord, il faut bien comprendre à qui il s’adresse. Il parle aux foules nombreuses qui le suivent. Ce sont des gens qui sont généreux, certainement, mais qui viennent chercher, qui une guérison, qui une parole de réconfort, qui à manger. Parce que Jésus donne tout cela généreusement.

Mais il veut leur faire comprendre qu’être disciple ne signifie pas disposer gratuitement d’une assurance-vie ni d’un bonheur terrestre assuré. Il y a bien des gens qui pensent que, parce qu’ils sont chrétiens, le Bon Dieu leur doit tout. Non, au contraire, être chrétien, c’est suivre Jésus, être avec lui, être comme lui.
Et vous connaissez la vie de Jésus : il a été chassé de Nazareth, son propre village. Il a porté sa croix, sous les injures, jusqu’au Golgotha. Il a tout donné, jusqu’à sa propre vie, à son Père.  Suivre Jésus, être avec lui, être comme lui, ce n’est pas choisir une vie humainement facile. Parfois c’est choisir la croix, parfois jusqu’au martyre, comme aujourd’hui les chrétiens d’Irak, de Syrie, du Pakistan, d’Éthiopie, du Nigéria, de Chine ou de Corée du Nord…

Et c’est pourquoi Jésus invite les foules à réfléchir : « Avant de me suivre, réfléchissez bien ! Car dès que le chemin va être plus difficile, vous allez caler. Dès que vous allez rencontrer de l’opposition, vous allez renoncer ». Et d’ailleurs, n’est-ce pas ce qui est arrivé aux Apôtres eux-mêmes durant la Passion de Jésus ?

Mais alors qui peut suivre Jésus ? Qui peut être son disciple ?

Il y a deux genres de personnes qui suivent Jésus. Ceux qui le suivent de leur propre volonté et ceux qui répondent à son appel. Les premiers risquent de se décourager s’ils croient avancer en ne comptant que sur leurs propres forces. Les seconds savent que si Jésus les a appelés, alors il leur donnera la force d’aller – malgré les chutes toujours possibles – jusqu’au bout.  Comme saint Pierre.

La question est donc : est-ce que Jésus m’a appelé ?

Un grand moine d’Égypte le Père Matta el-Maskîne, c’est-à-dire Matthieu le Pauvre, qui est mort il y a quelques années, posait le même genre de questions aux jeunes qui se présentaient à son monastère : « Est-ce que tu aimes Jésus ? » Le jeune répondait évidemment « oui ». C’est le premier genre de personnes. Et il posait une deuxième question : « Est-ce que Jésus t’aime ? » Et là, le jeune ne savait pas toujours répondre. S’il répondait « oui » et comment il savait que Jésus l’aimait, alors Matta el-Maskîne l’acceptait pour rentrer au monastère.

« Est-ce que Jésus m’a appelé ? », « Est-ce que Jésus m’aime ? ». C’est la même question. Chacun peut y réfléchir pour lui-même.

Une chose est certaine, si vous avez un doute : tous ceux qui sont baptisés sont appelés et aimés par Jésus. Car le baptême a fait d’eux ses frères d’adoption. Par le baptême, l’Esprit saint a fait d’eux des prêtres, des prophètes et des rois. Et c’est une tentation du démon de douter de cette réalité.

Alors chers frères et sœurs, puisque nous sommes baptisés au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, suivons maintenant Jésus dans la paix et dans la joie. Rendons-lui grâce en célébrant l’Eucharistie, par laquelle il est toujours avec nous.


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