dimanche 27 septembre 2020

27 septembre 2020 - CHAMPLITTE - 26ème dimanche TO - Année A

Ez 18,25-28 ; Ps 24 ; Ph 2,1-11 ; Mt 21,28-32
 
Chers frères et sœurs,
 
Dans sa parabole Jésus nous enseigne qu’il ne faut pas se fier aux apparences, mais chercher la réalité des choses. Ainsi, le premier fils, qui avait refusé d’obéir à son père, finalement va travailler. Tandis que le second fils, qui avait fait une réponse parfaite « Oui, Seigneur ! », en réalité n’y va pas.
Jésus montre donc que ce ne sont pas forcément les beaux parleurs qui sont les meilleurs. Et en l’espèce, il attaque les prêtres du Temple de Jérusalem, qui prient de bouche, mais pas de cœur, et se comportent comme des hypocrites. Forcément, cela ne leur plaît pas.
 
Il y a un deuxième enseignement dans la parabole de Jésus. Il se trouve que le premier fils répond d’abord : « Je ne veux pas ! » C’est terrible, parce que publiquement, il décide de mener une vie opposée à la volonté de son père. Il désobéit publiquement. Et c’est bien le cas des prostituées et des publicains, qui ne se comportent pas selon la Loi du Seigneur. À bon droit, les autres les appellent des pécheurs.
Mais voilà, à un moment, les pécheurs regrettent leur attitude, et ils décident de changer de vie. Dans le cas du premier fils, on peut dire que c’est parce qu’il a écouté sa conscience. Dans le cas des prostituées et des publicains, c’est parce qu’ils ont entendu la prédication de Jean-Baptiste. Jean-Baptiste a été comme la voix de la conscience pour le peuple d’Israël. Les publicains et les prostituées ont entendu et ils se sont convertis. En racontant cette parabole, en réalité Jésus regrette que les grands prêtres et les anciens n’aient pas encore fait de même. Et il espère qu’ils vont le faire. Cela veut dire qu’avec le Seigneur, il y a toujours, et pour tout le monde, la possibilité de changer de vie.
 
Ainsi donc, dans sa parabole, Jésus nous enseigne de mettre en correspondance la réalité de notre vie avec nos belles paroles. Et si ce n’est pas le cas, la porte est toujours ouverte pour revenir à une vie meilleure. Le Seigneur n’attend que cela.
 
On peut ajouter un autre enseignement à la parabole de Jésus. Pour voir cela, il faut remonter quelques pages en arrière dans l’évangile de Saint Matthieu. Jésus était à Jéricho. Il a guéri l’aveugle qui était là au bord du chemin. Puis il est monté à Jérusalem, sur un petit ânon, comme les rois d’Israël et il a chassé les marchands du Temple. Dans le Temple il a enseigné et guéri des malades. Alors les grands prêtres l’interpellent : « Qui t’a donné cette autorité ? ». « Pourquoi te comportes-tu non seulement comme Roi mais comme Dieu lui-même, qui pardonne, qui guérit et qui enseigne dans le Temple ? » La réponse, bien sûr, est que si Jésus se comporte ainsi, c’est qu’il est homme – c’est évident à voir – mais il est aussi Dieu. Il est chez lui dans le Temple, et les grands prêtres ne sont pas ses juges, mais ses fils, ou ses serviteurs.
 
Pour les premiers chrétiens, ce mouvement ascendant qui va de Jéricho au Temple de Jérusalem se comprend aussi de la manière suivante. Jéricho est la ville des ténèbres, du péché et de la mort. Or Jésus vient y délivrer les pécheurs : c’est la résurrection à l’œuvre. Ensuite, comme un roi, Jésus monte jusqu’au Temple, c’est-à-dire jusqu’à la droite du Père. C’est l’Ascension. Et là les puissances angéliques et démoniaques réagissent : les premières, les anges, acclament Jésus qui monte, tandis que les démons, les marchands du Temple, sont mis en fuite. Et Jésus aboutit devant les grands prêtres, c’est-à-dire le Satan, l’hypocrite-en-chef, qui au lieu de servir Dieu, se sert lui-même et asservit les autres, tout en faisant croire par de belles paroles qu’il sert Dieu. Le combat de Jésus contre les grands prêtres, est une image du combat de Jésus dans le ciel pour en rejeter toutes les puissances maléfiques, pour chasser les démons et leur chef, qui se font passer pour des anges, et qui nous entrainent vers le mal.
Le temps de ce combat, c’est dix jours : les dix jours du Cénacle où les Apôtres attendent avec anxiété le don de l’Esprit que Jésus leur a promis. Et quand le jour de la Pentecôte arrive enfin, c’est que justement, Jésus a complètement nettoyé le ciel du Diable et de ses démons : le Temple est de nouveau saint, le Paradis est grand ouvert, il n’y a plus d’obstacle, et il nous attend.
 
Voilà chers frères et sœurs, l’enseignement de Jésus. Quand notre vie réelle est conforme à nos paroles et que nous faisons la volonté du Seigneur, alors nous sommes du côté des anges. Même si pour cela il a peut-être fallu ou il faudrait changer de vie. C’est toujours possible. Mais si nous jouons à cache-cache de manière hypocrite avec le Seigneur, alors nous sommes du côté des démons. Et ce n’est pas une bonne idée. Écoutons la voix de Jean-Baptiste, écoutons la voix de notre conscience, et courons à la vigne, courons vers Jésus, pour y trouver notre vrai bonheur !


lundi 21 septembre 2020

19-20 septembre 2020 - CUBRY-lès-SOING - DAMPIERRE - 25ème dimanche TO - Année A

Is 55,6-9 ; Ps 144 ; Ph 1,20c-24.27a ; Mt 20,1-16

Chers frères et sœurs,
 
Pour comprendre un évangile, il faut d’abord le replacer dans son contexte. Ici, Jésus vient juste d’être interpellé par le jeune homme riche. Vous connaissez l’histoire : alors que Jésus l’appelle à le suivre, celui-ci renonce, parce qu’il a beaucoup de biens, et il s’en va. Aussitôt Pierre interpelle Jésus : « Nous, nous avons tout laissé et nous t’avons suivi, alors qu’y aura-t-il pour nous ? » Jésus lui répond en deux temps. D’abord en lui expliquant que les Apôtres auront chacun un trône pour juger les tribus d’Israël, qu’ils recevront au centuple ce qu’ils ont laissé, et qu’ils hériteront de la vie éternelle. Puis il raconte la parabole que nous avons entendue. Il s’agit d’expliquer pourquoi et comment ceux qui sont appelés par Dieu au service de son peuple seront récompensés.
La première chose à saisir dans cette Parabole est qu’à tous ceux qu’il appelle, le Maître – même s’il ne le dit pas – a déjà dans l’idée de donner le même salaire, c’est-à-dire la vie éternelle. Le problème survient, comme d’habitude, sur la durée du temps de travail et sur l’âge de la retraite.
 
Dans le texte que nous avons lu, nous avons donc les premiers appelés, avec lesquels il a été établi un contrat « apostolat contre vie éternelle ». Ensuite, le Maître appelle régulièrement d’autres ouvriers, avec lesquels il n’y a pas de contrat mais une promesse : « Je vous donnerai ce qui est juste ». Et à la fin, le Maître appelle les derniers en leur disant d’aller vite travailler eux-aussi, sans même leur parler de récompense.
Ainsi, plus on avance vers la dernière heure, plus la foi de l’ouvrier dans son Maître doit être grande. On pourrait dire, à la fin, que ce n’est pas la durée du temps de travail qui sert de mesure au Maitre, mais la foi de l’ouvrier en lui. Et de fait, les derniers ont une plus grande foi que les premiers, puisqu’ils ne sont pas protégés par un contrat de travail.
On peut aussi observer que les ouvriers de la troisième, la sixième et la neuvième heure « étaient là, sur la place, sans rien faire », et que les ouvriers de la onzième heure répondent au Maître – qui leur demande pourquoi ils sont là eux aussi sans rien faire – : « Parce que personne ne nous a embauchés. » Il y a chez ces derniers un sentiment d’humiliation. Ils sont le fond du pot de confiture : personne n’a voulu d’eux. Et pourtant, c’est eux que le Maître va finalement récompenser. Comme le bon larron au Golgotha : ils sont les derniers, sauvés à la dernière heure.
Par conséquent, les critères de récompense du Maître – c’est-à-dire de notre Père – sont la foi en sa parole et l’innocence ou l’humilité de ses serviteurs. Pour Pierre et les Apôtres, c’est donc une mise en garde. Ils ne seront pas les seuls à être récompensés : il y aura aussi et d’abord les humbles de cœur.
 
Cependant, pour être plus fidèle à l’enseignement de Jésus, je vais expliquer aussi ce que l’on peut lire dans la version de l’évangile dont on disposait à Lyon au temps de Saint Irénée. Dans cette version nous lisons, alors que Jésus parle aux ouvriers de la troisième heure : « Allez, vous aussi dans la vigne, et ce qui sera juste, je vous le donnerai ». Mais, ils s’en allèrent. Mais, sortant de nouveau vers la sixième heure, et la neuvième, il fit de même. » Etc. Et à la fin de la parabole Jésus dit : « Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers les derniers, car nombreux sont les appelés, mais peu nombreux les élus. »
Dans cette version, les premiers ouvriers passent un contrat, les suivants refusent d’aller travailler à la vigne bien que le Maître leur ait promis ce qui est juste, et les derniers acceptent d’y aller sans promesse de rétribution. À la fin, au moment de la paye, on retrouve donc seulement les premiers et les derniers. Les autres n’y sont pas puisqu’ils ont refusé d’aller travailler. C’est pourquoi Jésus peut dire, à la fin, qu’il y a de nombreux appelés, mais peu d’élus.
Cette ancienne version de la parabole est probablement la version d’origine, car elle fait écho à l’échange entre le jeune homme riche et Jésus, et à sa discussion avec Pierre à propos de la récompense de ceux qui ont tout quitté pour le suivre. Les premiers ouvriers sont donc les Apôtres. Ceux qui sont partis, les plus nombreux, sont comme le jeune homme riche. Et à la fin, comme on a vu, on trouve les petits derniers, les humbles, qui reçoivent la même vie éternelle que les Apôtres.
On pourrait souligner – même si c’est dur – que, tout en leur donnant ce qui est promis, Jésus dit aux premiers ouvriers « va-t-en ! », en reprenant l’expression terrible qu’il avait employée pour chasser Satan au désert. Et nous savons que Pierre en a déjà fait les frais. Certes les Apôtres seront récompensés parce que les dons de Dieu sont sans repentance, mais les plus belles places à la gauche et à la droite de Jésus, au ciel, sont réservées aux plus petits que le Père a choisis.
 
Finalement, nous pouvons retenir que Jésus appelle largement à marcher à sa suite, pour la vie éternelle. Chacun est libre et dispose de la possibilité d’accepter ou de refuser, car la liberté est la condition de la foi. Il est plus difficile de répondre "oui" quand on est davantage préoccupé par les biens de ce monde. Mais qu’on soit bon ou mauvais élève, il y a toujours un oral de rattrapage, jusqu’au dernier moment.
Ceux qui suivent Jésus, et à qui il a promis la vie éternelle, elle ne leur sera pas retirée ; mais ceux qui auront fait preuve d’une grande foi et d’une grande humilité trouveront auprès de lui une plus belle place : « Heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des cieux est à eux. »


lundi 14 septembre 2020

13 septembre 2020 - VALAY - Baptême de Madeline et Premières communions

 
Valay - Baptême et premières communions – 13 septembre 2020
 
Chers frères et sœurs,
 
Aujourd’hui, c’est dimanche. Comme chaque semaine, à la messe, nous fêtons la résurrection de Jésus et nous venons prendre des forces. Nous venons remercier Dieu pour la vie qu’il nous donne, pour le pardon de nos péchés, que Jésus nous a obtenu par l’offrande de sa vie sur la croix, et pour communier à son Corps, c’est-à-dire participer à sa communion d’amour, avec tous les saints. Comment un chrétien peut-il se passer du dimanche ? Le dimanche, c’est un rayon de soleil ; un rayon de la grâce de Dieu ; un rayon d’amour pour vivre heureux.

Mais aujourd’hui, c’est aussi le baptême de Madeline et la première communion de douze enfants. Douze, comme les douze apôtres. Ah, les enfants, si vous pouviez aller jusqu’au bout du monde comme les apôtres, pour annoncer la résurrection de Jésus ! Comme nous serions heureux ! Ce serait comme une nouvelle Pentecôte !

Mais, au fait, cet appel n’est pas réservé aux enfants : il est notre vocation à tous. Le baptême nous a tous faits prêtres pour rendre grâce à Dieu, prophètes pour annoncer l’Évangile, et rois pour faire le bien autour de nous. Le baptême nous a fait entrer dans la famille des enfants de Dieu, dans la famille de tous les saints, là où notre cœur peut déborder de bonheur. Nous devrions être sans repos tant que tous ceux que nous aimons ne sont pas encore entrés dans cette famille de Dieu, dans l’éternelle communion de son amour.
 
Les enfants, savez-vous la différence qu’il y a entre un homme et un smartphone ? Hé bien, il n’y en a pas. 

Un smartphone, ça sert à quoi ? A être en contact avec les membres de sa famille, ses amis, ses collègues. On peut être avec des millions de gens sur Facebook ou sur WhatsApp. On peut naviguer sur des tas de sites dans le monde, découvrir des pays entiers, et apprendre des connaissances nouvelles. En fait, un smartphone, ça sert à être en communion avec des tas de gens. Et justement c’est exactement pareil pour un homme : le but de son existence, ce pourquoi il a été créé par Dieu, c’est d’être en communion d’amour avec tous les hommes de partout et de tous les temps. C’est son vrai bonheur. Donc, un homme, c’est comme un smartphone. Mais pour que ça marche, il y a trois conditions.
 
D’abord, il faut une connexion. Si je n’ai pas un abonnement au réseau, mon smartphone ne sert pas à grand-chose. Pour un homme, la connexion à la communion d’amour, c’est le baptême. C’est par le baptême qu’on est connecté à la famille de Dieu. Le baptême, c’est la liberté d’être en communion avec tous les saints du ciel et de la terre. C’est la connexion au réseau.
 
Ensuite, pour entrer effectivement en contact avec mes amis, pour faire marcher les applications, pour surfer sur Internet, mon smartphone a besoin d’un logiciel qu’on appelle le « système d’exploitation ». Il me faut Android ou l’iOS d’Apple. Sans ce système, impossible d’aller sur Internet et d’entrer en relation avec les autres. Pour un homme qui veut vraiment entrer dans la communion d’amour, le système d’exploitation, c’est la messe, l’eucharistie. Si vous n’êtes pas à l’eucharistie, comment pourrez-vous communier à l’amour, en vivre, et y trouver le bonheur ?
Vous voyez bien pourquoi le baptême et l’eucharistie sont deux sacrements importants pour être en communion d’amour. Sans eux, on serait comme un smartphone qui ne marche pas et qui, en fait, ne sert pas à grand-chose. On raterait notre vocation d’homme.
 
Mais il reste une troisième condition pour que mon smartphone fonctionne vraiment bien, pour que nous soyons vraiment en communion d’amour. Vous savez bien que sur Internet, on entre en relation avec des gens sympathiques, on visite des sites intéressants. Mais il y a aussi des mauvaises choses et des mauvaises gens, qui cherchent à nous pirater. Malheureusement. C’est pour cela que mon smartphone a besoin d’un logiciel anti-virus, pour se protéger. C’est pareil pour nous : nous avons besoin d’une protection spéciale pour lutter contre tout ce qui est mauvais autour de nous, et en nous, parfois. Cette protection, c’est celle de l’Esprit Saint, que l’on reçoit à la confirmation.
Il y a beaucoup de gens qui ne sont pas confirmés et qui s’étonnent de se trouver un peu faibles devant les difficultés de la vie. Mais, c’est comme si ils allaient sur Internet sans antivirus ! Si vous n’êtes pas confirmés, précipitez-vous chez votre curé pour lui demander de faire l’installation. Vous verrez, déjà après une analyse système complète, votre cœur s’en trouvera mieux !
 
Voilà, les enfants. Aujourd’hui par son baptême Madeline s’est connectée à l’amour de Dieu, et vous tous, en faisant votre première communion vous avez installé le système qui vous permet d’entrer dans l’amour de Dieu et d’en vivre tous les jours. Si vous ajoutez dès que possible la confirmation, l’antivirus, alors vous avez tout pour devenir de plus en plus ce pourquoi Dieu vous a créé au commencement : des hommes et des femmes accomplis, vivants, comblés de bonheur dans l’amour de Dieu, avec tous les saints, et pour l’éternité.


12 septembre 2020 - LA GRANDE RESIE - 24ème dimanche TO - Année A

 
Si 27,30-28,7 ; Ps 102 ; Rm 14,7-9 ; Mt 18,21-35
 
Chers frères et sœurs,
 
En écoutant l’enseignement de Jésus, nous comprenons assez facilement l’essentiel. C’est-à-dire que le Seigneur est généreux en pardon à notre égard si nous-mêmes sommes généreux en pardon à l’égard de notre prochain. Inversement, comment espérer le pardon de nos péchés si nous-mêmes nous refusons de pardonner ses fautes à notre prochain ? Le Bon Dieu se servira demain pour nous de la mesure que nous utilisons pour les autres aujourd’hui.
Cela dit, nous pouvons peut-être faire quelques pas de plus dans la compréhension de l’enseignement de Jésus. Reprenons notre évangile.
 
Ici, c’est saint Pierre qui pose une question et c’est à lui que Jésus répond, c’est-à-dire au premier des Apôtres, et non pas à un inconnu de passage. Pierre interroge Jésus sur le pardon qu’il doit accorder à ses frères, c’est-à-dire aux autres Apôtres ou aux autres chrétiens. La réponse de Jésus est très claire : « soixante-dix fois sept fois », c’est-à-dire « à l’infini ». Le pardon entre chrétiens doit être sans limite, à l’image de l’amour que nous devons avoir les uns pour les autres, c’est-à-dire sans limite. Parce que c’est un amour qui vient de Dieu.
 
Jésus explique pourquoi et il prend l’image du roi qui veut régler ses comptes avec ses serviteurs. Pensons ici à la parabole des talents. C’est la même chose. Le Roi, c’est le Seigneur, et les serviteurs, ce sont les Apôtres, ou plus généralement chaque chrétien.
 
Un de ses serviteurs lui doit dix mille talents, c’est-à-dire concrètement 200 tonnes d’argent. C’est évidemment inimaginable. Cela veut dire que le Seigneur a donné à son serviteur, à son Apôtre, ou à chaque chrétien, quelque chose qui représente une valeur inestimable.
Que nous a donc donné le Seigneur, que nous serions incapables de lui rendre ? La vie terrestre déjà, avec notre personnalité, mais aussi, par le baptême, la vie éternelle ; par la confirmation, le don de l’Esprit Saint ; et par l’eucharistie, la communion d’amour en Dieu, avec tous les saints. Tout cela, nous l’avons reçu gratuitement. Tels sont les talents. Comment pourrions-nous donc pouvoir rembourser à Dieu ces dons inestimables ?
Mais la question est plutôt de savoir ce que nous en avons fait, sur cette terre, en attendant le retour du maître. Car évidemment, dans la parabole, le serviteur ne peut pas rembourser le maître. D’ailleurs, même s’il commence par vouloir punir le serviteur, au fond, le maître n’attend pas d’être remboursé : il sait que c’est impossible. En réalité, comme le père du fils prodigue, il veut faire un don encore plus grand : il veut pardonner. « Le maitre de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette ».
 
Arrêtons-nous ici une seconde en nous souvenant que Jésus s’adresse à Pierre. Jésus lui a tout donné, et même plus qu’aux autres Apôtres : il l’a appelé à marcher à sa suite, il a fait de lui la pierre de fondation de son Église, il lui a donné la primauté sur ses frères, et les clés du ciel… Et, pourtant, Pierre a abandonné Jésus au moment de la Passion. C’est comme si il avait dilapidé d’un coup tous ses talents. Mais, Pierre ayant beaucoup pleuré, Jésus lui a pardonné : « le maitre de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette ».
 
La leçon pour Pierre, qui posait la question « combien de fois dois-je pardonner à mon frère ? » arrive ensuite. Voilà que le serviteur pardonné – pensons qu’il s’agit de Pierre, ou de tout autre chrétien – se retourne contre son frère. Celui-ci lui doit cent pièces d’argent, c’est-à-dire rien par rapport aux dix mille talents.
Jésus met donc en garde Pierre – et nous-mêmes à travers lui – d’être intransigeants avec nos frères et de nous diviser sur des histoires qui, en regard de la vie éternelle, du don de l’Esprit Saint et de l’amour de Dieu, n’ont pas beaucoup d’importance. Bien sûr, d’un point de vue terrestre, cent pièces d’argent c’est très important. Mais ce n’est rien en regard de la valeur des dons de Dieu.
Nous chrétiens, nous devons d’abord mesurer et nous réjouir, de l’immensité des dons que nous avons reçus de Dieu. Nous avons les pieds sur la terre, mais notre cœur doit être au ciel.
 
Finalement, Jésus nous enseigne aujourd’hui le secret du pardon. Nous pouvons pardonner, si nous considérons d’une part la valeur supérieure des dons que Dieu nous a fait, et d’autre part le pardon inestimable qu’il nous offre toujours, en raison de notre incapacité à honorer ces dons.
Ayant lui-même donné l’exemple, Dieu nous appelle à donner et à pardonner à notre tour : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples. »

lundi 7 septembre 2020

05-06 septembre 2020 - MONTOT - ANGIREY - 23ème dimanche TO - Année A

 
Ez 33,7-9 ; Ps 94 ; Rm 13,8-10 ; Mt 18,15-20
 
Chers frères et sœurs,
 
Il y a deux manières de comprendre l’évangile d’aujourd’hui.
 
La première est la plus évidente. Il s’agit de régler les problèmes entre nous – entre chrétiens. D’abord essayer de résoudre le problème directement seul à seul. Puis, si cela ne marche pas, en prenant deux ou trois personnes de confiance, pour arbitrer le litige. Et si cela ne marche pas non plus, alors Jésus recommande de s’adresser à la communauté, c’est-à-dire concrètement à son président, l’évêque, et que tout le monde puisse en juger.
On s’aperçoit alors que si l’affaire avait commencé dans la discrétion, entre deux personnes, elle finit par devenir publique. Si elle pouvait au départ se régler par un arrangement, finalement elle se termine par un jugement, avec une malheureuse exclusion, le cas échéant.
Cette manière de voir les choses est en réalité très humaine, car c’est le fonctionnement d’une justice classique. Mais on peut comprendre l’enseignement de Jésus aussi d’une autre manière.
 
Pour mieux comprendre la seconde manière de lire l’évangile, il faut se représenter que la dispute a lieu entre Dieu et l’homme, qui a péché contre Dieu. Dieu commence par s’adresser à l’homme – dans sa conscience – pour s’arranger avec lui. Mais l’homme n’écoute pas. Ensuite Dieu fait appel à deux ou trois témoins. Ce sont les prophètes. Mais l’homme pécheur n’écoute pas non plus les prophètes : il les renvoie ou il les tue. Finalement, Dieu fait convoquer l’homme devant toute la communauté, c’est-à-dire l’assemblée de tous les saints et tous les anges. Et si là encore l’homme n’entend pas, alors il est jeté dehors, dans les ténèbres.
On voit ici que la manière dont Jésus envisage les choses rejoint parfaitement ce que disait le prophète Ézéchiel : « Si tu avertis le méchant d’abandonner sa conduite, et qu’il ne s’en détourne pas, lui mourra de son péché, mais toi, tu auras sauvé ta vie. » Ce qui est en jeu, en réalité, c’est notre vie éternelle, pour le prophète comme pour le pécheur.
 
Nous pouvons tirer trois conclusions rapides de ces deux manières de lire l’évangile.
 
La première est que, que ce soit entre nous ou avec le Bon Dieu, on n’a pas intérêt à laisser traîner trop longtemps ses affaires. Et que, quand on voit arriver des témoins ou des prophètes qui nous énervent, c’est que ça commence à sentir le roussi.
 
La seconde conclusion est moins évidente, et pourtant elle est bien réelle. C’est que le temps du Royaume des Cieux a déjà commencé sur la terre : toutes nos affaires terrestres comptent pour notre vie éternelle. Ainsi, tout ce qui sera résolu sur la terre le sera aussi au ciel, et tout ce que nous ne voulons pas résoudre sur la terre, risque bien de l’être, mais à nos dépends, au ciel. Ce qui est véritablement en jeu, déjà maintenant, c’est notre vie éternelle.
 
Le Bon Dieu a fixé la règle du jeu, qui est aussi la règle du jugement. C’est la Loi, que nous a rappelé saint Paul : « Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas de vol, tu ne convoiteras pas. » Jésus en a donné l’âme, l’âme de la Loi : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ; car « l’amour ne fait pas de mal au prochain ».
Notre premier prochain, avant même notre voisin, c’est Dieu. Aimer Dieu, aimer son conjoint, ses parents, ses enfants, ses amis, ses camarades, ses voisins, ses collègues, ses compatriotes, et tout le monde, et même ses ennemis, voilà la règle d’Or à ne pas blesser.
 
Et c’est ainsi que, aimant Dieu et notre prochain, dès ici-bas on est bienheureux, et on vit déjà de la vie éternelle. Quant à ceux qui ne veulent pas aimer, nous devons prier pour eux : que le Seigneur convertisse leur cœur pour qu’ils soient libérés de leur fardeau et qu’ils vivent.
 
 

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