lundi 14 septembre 2020

12 septembre 2020 - LA GRANDE RESIE - 24ème dimanche TO - Année A

 
Si 27,30-28,7 ; Ps 102 ; Rm 14,7-9 ; Mt 18,21-35
 
Chers frères et sœurs,
 
En écoutant l’enseignement de Jésus, nous comprenons assez facilement l’essentiel. C’est-à-dire que le Seigneur est généreux en pardon à notre égard si nous-mêmes sommes généreux en pardon à l’égard de notre prochain. Inversement, comment espérer le pardon de nos péchés si nous-mêmes nous refusons de pardonner ses fautes à notre prochain ? Le Bon Dieu se servira demain pour nous de la mesure que nous utilisons pour les autres aujourd’hui.
Cela dit, nous pouvons peut-être faire quelques pas de plus dans la compréhension de l’enseignement de Jésus. Reprenons notre évangile.
 
Ici, c’est saint Pierre qui pose une question et c’est à lui que Jésus répond, c’est-à-dire au premier des Apôtres, et non pas à un inconnu de passage. Pierre interroge Jésus sur le pardon qu’il doit accorder à ses frères, c’est-à-dire aux autres Apôtres ou aux autres chrétiens. La réponse de Jésus est très claire : « soixante-dix fois sept fois », c’est-à-dire « à l’infini ». Le pardon entre chrétiens doit être sans limite, à l’image de l’amour que nous devons avoir les uns pour les autres, c’est-à-dire sans limite. Parce que c’est un amour qui vient de Dieu.
 
Jésus explique pourquoi et il prend l’image du roi qui veut régler ses comptes avec ses serviteurs. Pensons ici à la parabole des talents. C’est la même chose. Le Roi, c’est le Seigneur, et les serviteurs, ce sont les Apôtres, ou plus généralement chaque chrétien.
 
Un de ses serviteurs lui doit dix mille talents, c’est-à-dire concrètement 200 tonnes d’argent. C’est évidemment inimaginable. Cela veut dire que le Seigneur a donné à son serviteur, à son Apôtre, ou à chaque chrétien, quelque chose qui représente une valeur inestimable.
Que nous a donc donné le Seigneur, que nous serions incapables de lui rendre ? La vie terrestre déjà, avec notre personnalité, mais aussi, par le baptême, la vie éternelle ; par la confirmation, le don de l’Esprit Saint ; et par l’eucharistie, la communion d’amour en Dieu, avec tous les saints. Tout cela, nous l’avons reçu gratuitement. Tels sont les talents. Comment pourrions-nous donc pouvoir rembourser à Dieu ces dons inestimables ?
Mais la question est plutôt de savoir ce que nous en avons fait, sur cette terre, en attendant le retour du maître. Car évidemment, dans la parabole, le serviteur ne peut pas rembourser le maître. D’ailleurs, même s’il commence par vouloir punir le serviteur, au fond, le maître n’attend pas d’être remboursé : il sait que c’est impossible. En réalité, comme le père du fils prodigue, il veut faire un don encore plus grand : il veut pardonner. « Le maitre de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette ».
 
Arrêtons-nous ici une seconde en nous souvenant que Jésus s’adresse à Pierre. Jésus lui a tout donné, et même plus qu’aux autres Apôtres : il l’a appelé à marcher à sa suite, il a fait de lui la pierre de fondation de son Église, il lui a donné la primauté sur ses frères, et les clés du ciel… Et, pourtant, Pierre a abandonné Jésus au moment de la Passion. C’est comme si il avait dilapidé d’un coup tous ses talents. Mais, Pierre ayant beaucoup pleuré, Jésus lui a pardonné : « le maitre de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette ».
 
La leçon pour Pierre, qui posait la question « combien de fois dois-je pardonner à mon frère ? » arrive ensuite. Voilà que le serviteur pardonné – pensons qu’il s’agit de Pierre, ou de tout autre chrétien – se retourne contre son frère. Celui-ci lui doit cent pièces d’argent, c’est-à-dire rien par rapport aux dix mille talents.
Jésus met donc en garde Pierre – et nous-mêmes à travers lui – d’être intransigeants avec nos frères et de nous diviser sur des histoires qui, en regard de la vie éternelle, du don de l’Esprit Saint et de l’amour de Dieu, n’ont pas beaucoup d’importance. Bien sûr, d’un point de vue terrestre, cent pièces d’argent c’est très important. Mais ce n’est rien en regard de la valeur des dons de Dieu.
Nous chrétiens, nous devons d’abord mesurer et nous réjouir, de l’immensité des dons que nous avons reçus de Dieu. Nous avons les pieds sur la terre, mais notre cœur doit être au ciel.
 
Finalement, Jésus nous enseigne aujourd’hui le secret du pardon. Nous pouvons pardonner, si nous considérons d’une part la valeur supérieure des dons que Dieu nous a fait, et d’autre part le pardon inestimable qu’il nous offre toujours, en raison de notre incapacité à honorer ces dons.
Ayant lui-même donné l’exemple, Dieu nous appelle à donner et à pardonner à notre tour : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples. »

Articles les plus consultés