mardi 10 avril 2018

8 avril 2018 - GY - 2ème dimanche de Pâques - Année B


Ac 4,32-35 ; Ps 117 ; 1Jn 5,1-6 ; Jn 20,19-31

Chers frères et sœurs,

Ce qui est merveilleux, dans l’Evangile de saint Jean, c’est que tout est très concret. Et souvent, les différents personnages qui discutent avec Jésus, lui posent les questions que, nous-mêmes, nous nous posons.
Depuis dimanche dernier, nous fêtons Pâques, la résurrection de Jésus d’entre les morts, et nous relisons les textes qui racontent la venue des femmes au tombeau, la rencontre de Jésus avec les pèlerins d’Emmaüs, et aujourd’hui la rencontre avec saint Thomas.
Mais justement, reconnaissons-le, beaucoup ont du mal ou n’arrivent pas à croire que Jésus est réellement ressuscité ; qu’il était mort et que maintenant il est vivant.  Ils ont du mal à croire à tous ces témoignages des disciples : c’est trop gros, c’est trop incroyable, c’est impossible.

Or saint Thomas était justement dans cet état d’esprit : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! », avait-il dit. Saint Thomas veut du concret pour croire à la résurrection de Jésus. Et c’est là qu’il va avoir deux problèmes. Le premier est que Jésus lui apparait alors que c’était impossible : les portes étaient verrouillées. Et en plus, deuxièmement, Jésus rappelle à Thomas les paroles que celui-ci avait dites huit jours plus tôt. Jésus avait donc entendu, même si à ce moment apparemment, il n’avait pas été là. Saint Thomas est mis devant le fait. Il est au pied du mur. Immédiatement il s’incline et il confesse: « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».

Comme il sait que nous sommes tous des petits ou des grands saint Thomas et que nous voulons voir pour croire, Jésus profite de la leçon qu’il vient de donner à son disciple pour s’adresser ensuite à nous : « Parce que tu m’as vu, tu crois ? Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! ».
C’est nous, les chrétiens d’aujourd’hui, qui croyons sans avoir vu. Nous autres nous croyons le témoignage de l’évangile, nous croyons parce que nous avons confiance dans le témoignage de l’Eglise et particulièrement celui des saints et des saintes. Si les martyrs sont morts pour le nom du Christ, c’est bien sûr qu’ils croyaient profondément à la résurrection de Jésus. Et si nous, aujourd’hui, nous sommes ici dans cette église pour entendre cet évangile et ce commentaire que j’en fais, c’est que depuis les Apôtres jusqu’à maintenant, il y a eu des dizaines et des dizaines d’hommes et de femmes qui se sont relayés – parfois jusqu’au péril ou jusqu’au don de leur vie – pour nous transmettre ce témoignage : « Jésus est réellement ressuscité. Jésus est vivant ». Serons-nous donc un maillon faible ou un maillon fort dans la chaine de la transmission de la foi, depuis le temps des Apôtres ?

Si comme saint Thomas, sans forcément comprendre comment Jésus est ressuscité, mais en reconnaissant qu’il est réellement apparu à ses disciples, comme ils l’ont racontés, alors nous pouvons nous réjouir abondamment. Car si Jésus est réellement ressuscité d’entre les mort, nous qui sommes unis à lui par le baptême, la confirmation et l’eucharistie et tous les autres sacrements, alors nous vivrons éternellement avec lui dans sa vie nouvelle. C’est pourquoi Jésus n’hésite pas à nous qualifier d’« heureux », ou de « Bienheureux », car en vérité nous le sommes. En effet, si déjà nous croyons en la résurrection Jésus, alors c’est que nous avons déjà un pied dans le ciel. Et pour le deuxième pied, c’est juste une question de temps.

Chers frères et sœurs. Toute notre vie de chrétien et tout notre bonheur dépendent de la réponse que nous faisons à la question : « Est-ce que tu crois que Jésus est ressuscité ? Est-ce que tu crois qu’il est réellement vivant maintenant ? ». Si la réponse est oui, alors la vie que nous menons ne peut plus être une vie normale.
Saint Jean nous dit que celui qui aime Dieu accomplit ses commandements : parce qu’il en a la force intérieure et même la joie. Si nous croyons que Jésus est vivant, alors nous pouvons déjà, sur la terre, commencer à vivre de la vie du ciel.
Dans la vie du ciel, nous serons tous en communion les uns avec les autres : unis dans un seul grand amour éternel, et c’est pourquoi sans attendre d’y être entièrement, les premiers chrétiens mettaient tous leurs biens en commun, et surtout partageaient ensemble le corps et le sang de Jésus, un seul pain pour tous, pour vivre déjà sur la terre la vie éternelle. Hé bien c’est exactement ce que nous allons faire maintenant, à notre tour, et avec joie, comme Jésus nous a dit de le faire. Amen.











1er avril 2018 - VEZET - Saint jour de Pâques - Année B


Ac 10,34a.37-43 ; Ps 117 ; Col 3,1-4 ; Jn 20,1-9

Chers frères et sœurs,

Ce qui est bien, avec saint Jean, c’est qu’il donne tellement de détails dans son évangile qu’on a l’impression d’y être. Et de fait, tous les historiens qui ont étudié son témoignage n’ont pu que constater qu’à chaque fois qu’ils ont pu vérifier telle ou telle information, celles-ci se sont avérées exactes.
Ainsi donc, voici que ce dimanche matin, premier jour de la semaine, au lever du jour, Sainte Marie-Madeleine, saint Jean – le disciple bien-aimé – et saint Pierre constatent que le tombeau de Jésus est vide.

On voudrait parfois nous faire croire aujourd’hui que l’absence du corps de Jésus dans le tombeau renverrait à une sorte de présence particulière, ressentie par les Apôtres dans une expérience spirituelle spéciale. Ceux-ci auraient alors conclu que Jésus est ressuscité.
Tout cela est bien gentil, mais ni Marie-Madeleine, ni Pierre, ni même Jean n’ont cru en la résurrection de Jésus uniquement parce qu’ils ont trouvé le tombeau vide... Ils ont simplement constaté qu’il est vide. Un point c’est tout. Et ils sont restés perplexes, sans comprendre. Sauf saint Jean, qui a cru presque tout de suite, pour une raison très concrète qu’on va voir.

Pour Marie-Madeleine et Pierre, en effet, il sera nécessaire que Jésus leur fasse, dans un second temps, la grâce d’une apparition.
L’apparition de Jésus à Marie-Madeleine est bien connue : elle nous est également relatée en détail par saint Jean dans la suite de l’évangile d’aujourd’hui.
L’apparition de Jésus à Pierre est signalée par saint Luc, lorsque les disciples d’Emmaüs reviennent à Jérusalem et que les Apôtres leur confirment : « C’est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon ! ».
Pour Marie-Madeleine et Pierre, la foi en la résurrection se fonde donc sur une apparition personnelle et réelle de Jésus. On comprend leur surprise ! Souvenons-nous de saint Thomas qui ne voulait pas croire : il a fallu, à lui aussi, que Jésus lui apparaisse. Alors, il était bien obligé de se rendre à l’évidence.

En ce qui concerne saint Jean, il faut être précis. Il écrit : « Il vit et il crut ». Il vit quoi ? Relisons : « Simon-Pierre entre dans le tombeau : il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut ».
L’important n’est pas le suaire, qui est rangé, comme dit saint Jean, à sa place. Ce suaire, qui recouvrait la tête de Jésus était un linge destiné à éponger son sang, après sa descente de croix. Selon la loi juive, le suaire devait être mis au tombeau avec le corps du défunt, pour ne pas disperser son sang.
L’important, ce sont les autres linges « posés à plat ». Saint Jean insiste lourdement : il le précise deux fois : « posés à plat », c’est-à-dire que ces linges ne sont pas pliés ou rangés : ils se sont effondrés sur eux-mêmes, le Corps de Jésus s’étant comme évanouit à travers eux. C’est justement cela que voit saint Jean et qui lui fait conclure qu’il s’est passé quelque chose d’absolument extraordinaire : Jésus – pourrait-on dire – est entré dans la « 4ème dimension », et les linges se sont affaissés, reposant sur la pierre du tombeau.

Chers frères et sœurs, la foi en la résurrection n’est pas fondée sur une expérience spirituelle plus ou moins fumeuse. Sainte Marie-Madeleine et saint Pierre, comme saint Thomas, croiront devant la réalité physique de Jésus vivant apparu devant eux. Pour saint Jean, c’est aussi une réalité physique qui le pousse à croire : il constate que les linges se sont affaissés sur eux-mêmes et il en conclut logiquement que Jésus est ressuscité, comme il l’avait dit, et qu’il est donc maintenant vivant.
Pour eux tous, Jésus est donc réellement ressuscité. Nous savons que par la suite les Apôtres ont tous voué leur vie à la proclamation de cette nouvelle surprenante. Et ce jusque dans une mort violente pour la plupart d’entre eux, au cours de persécutions.

Chers frères et sœurs, en ce qui nous concerne, nous ne sommes pas des témoins directs de la résurrection. Mais nous le sommes indirectement. Notre foi est basée sur celle de Pierre et des autres Apôtres.
Si ils se sont trompés, nous sommes vraiment à plaindre. Mais si leur témoignage est véridique alors, par le baptême, nous appartenons à Jésus pour la vie éternelle.
Quelqu’un vous demande-t-il une preuve physique de la résurrection de Jésus ? Vous lui montrez l’Eglise en train de célébrer un sacrement, et particulièrement celui de l’eucharistie, comme aujourd’hui. Ce n’est pas nous qui avons inventé la messe. Mais nous l’avons reçu de nos parents, et de nos grands-parents, qui eux-mêmes l’avaient reçue de leurs ancêtres, et ainsi de suite jusqu’aux premiers chrétiens et aux apôtres. La preuve physique de la résurrection pour aujourd’hui, c’est nous. Amen.


31 mars 2018 - VELLEXON - Samedi Saint - Veillée Pascale - Résurrection du Seigneur - Année B


Vigile Pascale 2018

Chers frères et sœurs,

Jésus de Nazareth, que nous avons suivi pas à pas depuis une semaine lors de sa montée à Jérusalem, lors des Rameaux, et surtout depuis deux jours – avant-hier lors de son dernier repas, où il a lavé les pieds de ses disciples et institué la première messe, puis hier lors de son arrestation, de son jugement et de sa crucifixion ; ce Jésus, qui était mort, enseveli dans un tombeau dont la pierre a été roulée, est aujourd’hui vivant.

Les femmes qui viennent au tombeau ne sont pas des inconnues. Il y a Marie Madeleine, que Jésus avait délivré de sept démons et qui est depuis toute dévouée à lui. Il y a Marie, Mère de Jacques. D’après d’autres passages des évangiles, cette Marie est la sœur de la Vierge Marie et la femme de Clopas, qui est lui-même le frère de Joseph. Marie et Clopas ont eu quatre garçons : Jacques, José (ou Joseph), Simon et Jude, ceux-là qui sont appelés les « frères » de Jésus, et qui sont donc évidemment ses cousins. Jacques deviendra le premier évêque de Jérusalem. L’Eglise l’appelle « Jacques le juste ». Il fut lapidé en 61 ou 62 par ordre du Grand Prêtre Hanne, le beau-frère de Caïphe. Son petit frère Simon lui succèdera. Il sera lui-même crucifié en l’an 108. La dernière femme présente au tombeau s’appelle Salomé, ou plus exactement Marie Salomé. Elle est la femme de Zébédée, pécheur du lac de Galilée. Ils ont deux fils, qui sont devenus apôtres : Jacques et Jean, ceux que Jésus appelle les « fils du Tonnerre ». Avec Pierre et André, ils faisaient partie des tous premiers disciples. Jacques et Jean étaient présents à la Transfiguration de Jésus.
Donc, ce matin au tombeau, avec Marie-Madeleine, ce sont des mamans qui sont venues pour parfumer le corps de Jésus. Marie, Mère de Jacques, est tout simplement sa tante. On est en famille.

Saint Marc précise qu’on se trouve de grand matin, au premier jour de la semaine, au lever du soleil. Pourquoi insiste-t-il ? Parce qu’il fait référence aux sept jours de la Création. Dieu avait commencé à créer l’univers un dimanche. Il commence par séparer la lumière et les ténèbres (premier jour), puis les eaux au-dessus du ciel et les eaux qui sont en dessous (deuxième jour), puis dans les eaux qui sont en dessous, il sépare la mer et la terre, sur laquelle il sème des plantes (troisième jour). Le quatrième jour, il crée le soleil, la lune et toutes les étoiles du ciel. Le cinquième jour il crée tous les animaux, dans la mer, dans le ciel et sur la terre. Au sixième jour, donc le vendredi, il crée l’homme et la femme, Adam et Eve. Or, vendredi saint, c’est le jour où nous entendons Pilate dire en désignant Jésus : « Voici l’homme », et où Marie se trouve au pied de la croix, le cœur transpercé, elle qui est la mère charnelle de Jésus, tandis que Eve était tirée de la côte d’Adam. Au septième jour de la création, Dieu se repose. C’est le jour du sabbat. Mais, Samedi Saint, Jésus repose dans le tombeau.
Ce matin de Pâques, nous voici donc de nouveau Dimanche, le huitième jour. Et c’est comme si la Création recommençait. Et d’abord par la lumière qui déchire les ténèbres. Voilà pourquoi saint Marc insiste sur le grand matin, le soleil levant, le premier jour de la semaine : la résurrection est une nouvelle création de Dieu. Jésus n’est pas ranimé, il n’est pas restauré : il est l’ultime perfection de la création de Dieu, son aboutissement, son couronnement. C’est pourquoi Jésus montre des facultés bizarres après sa résurrection : il peut apparaître et disparaître ; mais il n’est pas un fantôme : on peut toucher son corps, il peut manger du poisson. Jésus est entré – dirait-on – dans la « quatrième dimension ». Il est le premier homme ressuscité. Le premier-né d’entre les morts, entré dans la vie nouvelle créée par Dieu pour nous tous.

Voilà pourquoi le jour le plus important pour nous autres chrétiens est le dimanche : parce qu’il est le jour de la résurrection de Jésus, le jour où la création est arrivée à sa perfection, le huitième jour, qui annonce notre propre résurrection.
Si vous avez un peu de curiosité archéologique ou historique, vous rechercherez quelle est la forme des baptistères de l’Eglise des premiers siècles. Vous verrez qu’ils sont en forme d’octogone : c’est-à-dire un bassin à huit côtés. A cause du huitième jour. Parce que l’homme qui est baptisé, passant par la mort et la résurrection de Jésus, est recréé comme lui en homme nouveau. Un baptisé, un chrétien est un homme du huitième jour. Grâce à Jésus et à son Esprit Saint, il a déjà un pied dans la nouvelle création.
Vous allez me dire : mais comment savons-nous que nous sommes entrés dans la nouvelle création, dans la « quatrième dimension » ? Par le moyen d’un langage spécial que Jésus nous a laissé en héritage, qui est incompréhensible à ceux qui n’ont pas la foi : ce sont les sept sacrements : le baptême, la confirmation, l’eucharistie, la réconciliation, le mariage, l’ordre, et le sacrement des malades. Avec les sacrements, nous sommes en contact et nous vivons la vie de la nouvelle création.

Chers frères et sœurs, j’aurai encore beaucoup de choses à vous dire. Mais vous avez l’essentiel : saint Marc raconte ce qui s’est réellement passé, et c’est pourquoi il indique quelle est l’identité exacte des premiers témoins. Et ensuite, par le langage de l’Ancien testament, il essaye de nous expliquer l’impossible : Jésus est vivant !

30 mars 2018 - VELLEXON - Vendredi Saint - Passion du Seigneur - Année B


Is 52,13 à 53-12 ; Ps 30 ; Hb 4,14-16 ; 5,7-9 ; Jn 18,1 à 19,2

Chers frères et sœurs,

Comment comprendre la Passion de Jésus ?

Pour commencer, Jésus lui-même nous a appris que, de toute éternité, Dieu son Père l’engendre comme son Fils bien-aimé. Comme son Père l’aime infiniment, il lui donne tout, à commencer par sa vie. Et Jésus, parce qu’il aime son Père infiniment, lui redonne tout – et sa vie aussi – en retour, en action de grâce. Il y a un tel amour entre Dieu le Père et Jésus son Fils, que tout ce qui est au Père est au Fils, et tout ce qui est au Fils est au Père. A la fin, ils en viennent même à se ressembler, à tel point que Jésus a pu dire : « Qui m’a vu, a vu le Père ».

En ce qui nous concerne, la situation est différente. Le Père nous a créés pour que nous partagions nous aussi son amour immense, comme des frères de Jésus. Il nous a créés comme un diamant qui repose dans le magnifique écrin de la création.
Le problème est que nous faisons un mauvais usage de notre liberté : au lieu de tout redonner au Père en action de grâce, comme le fait Jésus, nous voulons garder les dons de Dieu pour nous. Nous avons reçu un cadeau et nous refusons de dire merci. Dans ces conditions, comment Dieu peut-il nous faire encore d’autres cadeaux ?
Malheureusement, en nous coupant ainsi de l’amour de Dieu, nous glissons insensiblement vers les ténèbres et vers la mort. Regardez ce que l’homme sans Dieu fait de lui-même, de ses relations, et de la nature qui l’entoure : nous nous transformons de plus en plus en robots, nous nous enfermons dans l’individualisme, nos familles éclatent, et nous transformons la nature en poubelle. Au point que certains en viennent à penser que l’homme est comme un cancer pour l’univers. En réalité, l’enfer, nous sommes en train de le créer nous-mêmes. L’enfer existe, il est l’endroit où vivent les gens qui se sont coupés volontairement de l’amour de Dieu.

Il n’y était pas obligé, mais Dieu qui nous aime, a voulu nous sortir de ce bourbier duquel nous sommes prisonniers. Dieu a choisi librement de nous tendre la main et de rétablir pour nous le courant de son amour. Cette main, c’est Jésus. Nous sommes libres, à notre tour, de la prendre ou pas. Si nous prenons sa main, si nous avons foi en lui, alors il nous conduit vers la lumière. Si nous la refusons, par orgueil ou par bêtise – mais nous sommes libres – alors nous continuerons de nous enfoncer dans la boue. Et lorsque tous nous ressusciterons, les uns se réveilleront dans l’amour éternel de Dieu, et les autres dans une nuit sans fin et sans étoiles.

Jésus est la main tendue de Dieu. Pour nous sortir de notre situation de détresse, il vient prendre notre place. Il prend sur lui le poids de nos péchés pour nous en libérer. Il vient rétablir notre amour pour Dieu et détruire notre attirance pour les choses mauvaises. Jésus est l’amour lumineux, qui vient repousser le mal et les ténèbres.
Vous avez vu, bien sûr, le geste du colonel Beltrame, qui est venu prendre la place de la femme prise en otage par un homme démoniaque, pour obtenir sa libération. Le colonel a fait comme Jésus, qui s’est substitué à nous, pour prendre sur lui comme une croix notre condition dramatique, et nous réouvrir le chemin de la vie.
Heureusement que la pauvre femme a eu l’humilité d’accepter que le colonel prenne sa place ! Heureusement qu’elle a choisi de saisir sa main tendue, comme le bon larron a eu foi en Jésus et a su saisir sa dernière chance d’être sauvé !
Le diable lui, était bien content de posséder un colonel plutôt qu’une petite femme inconnue, comme il était aussi bien plus content d’avoir en son pouvoir le Fils de Dieu plutôt qu’un homme pécheur.
Mais ce que le diable ne pouvait pas voir, c’est que, aussi bien Jésus que le colonel, étaient habités par l’amour de Dieu. Ils avaient en eux ce qui avait manqué à l’homme : la volonté de donner leur vie à Dieu en remerciement de la vie et de l’amour qu’ils avaient reçu de lui depuis toujours. Et c’est ainsi qu’en aimant Dieu, ils ont sauvé leur prochain, ils ont rétabli pour lui le courant de la vie, et ils ont renvoyé le démon dans ses ténèbres.
Nous, chrétiens, nous savons – parce que nous savons que Jésus est ressuscité –, que le colonel se trouve pour toujours dans l’amour de Dieu, avec lui, comme un fils bien aimé. Tous les anges du ciel, et tous les saints, chantent la gloire de Jésus, comme nous ici sur terre, nous honorons avec beaucoup de gravité et de dignité, la mémoire du colonel. La société en a fait un héros, j’espère que l’Eglise en fera bientôt un grand saint !

Chers frères et sœurs, nous sommes libres. Ne choisissons pas la voie attirante et trompeuse du démon qui nous conduit au bout du bout à l’enfer. Mais saisissons la main de Jésus. Par notre foi en lui, laissons-nous guider par lui sur la voie du don total de notre vie, par amour pour Dieu et pour notre prochain. Ainsi nous serons heureux pour toujours, dans la communion des saints.

29 mars 2018 - VELLEXON - Jeudi Saint - Cène du Seigneur - Année B


Ex 12,1-8.11-14 ; Ps 115 ; 1Co 11,23-26 ; Jn 13,1-5

Chers frères et sœurs,

Grâce au témoignage de saint Jean, nous savons ce qui s’est passé dans le secret du dernier repas de Jésus avec ses disciples. Comme il nous donne de nombreux détails, nous avons même le sentiment d’y être avec eux.

Jésus commence par un geste inhabituel : il lave les pieds de ses disciples. Comprenons bien ce qui se passe. Normalement, tout pèlerin qui monte à Jérusalem pour la fête de la Pâque, va d’abord prendre un bain complet de purification, puis ensuite, avant d’entrer dans le Temple, il se lave juste les pieds.
Ainsi donc, les disciples ont déjà pris le bain rituel, c’est pourquoi Jésus dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver les pieds : on est pur tout entier ». Mais Jésus veut de nouveau leur laver les pieds, signe qu’ils vont maintenant entrer symboliquement dans le Temple. La suite du repas sera donc, pour Jésus, un acte de culte. Cela perturbe évidemment les apôtres. Et en plus, ils ne veulent pas que ce soit Jésus qui s’abaisse lui-même à leur laver les pieds.
Ce geste a donc plusieurs significations importantes. Premièrement, il est un geste inattendu et gratuit de la part de Jésus qui veut s’abaisser devant ses Apôtres. Il est Dieu qui quitte le vêtement de sa divinité et se ceint du linge de l’humanité, pour venir nettoyer ce qui est le plus sale et le plus intime de l’homme. Deuxièmement, Jésus fait cela pour permettre à ses Apôtres d’être totalement purs pour entrer dans le Temple, c’est-à-dire d’être totalement libres de tout péché pour entrer dans le repas sacré qui va suivre. C’est ce que Jésus dit à Pierre : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi ».
Le lavement des pieds ne doit donc pas être vu d’abord comme un geste de service ou de pardon mutuel, il est beaucoup plus que cela : il est Dieu qui se fait homme, pour que l’homme soit préparé à entrer dans la communion de Dieu. On peut d’ailleurs comparer le bain rituel au baptême et le lavement des pieds à la confirmation. L’un et l’autre sacrement préparent le chrétien et l’habilitent à célébrer l’eucharistie, en compagnie de Jésus.
Si la fin de l’évangile du lavement des pieds n’avait pas été coupé, nous aurions compris qu’il est aussi un envoi en mission. Comme Jésus s’est abaissé pour consacrer ses Apôtres et les préparer à la communion avec lui, de même les apôtres doivent à leur tour s’abaisser pour préparer de nombreux baptisés à entrer dans la même communion avec lui.

Nous arrivons maintenant au moment de passer à table. Il faut bien distinguer deux choses. Il y a les rites qui encadrent le repas et le repas lui-même. Saint Paul nous en donne la description : il y a d’abord la fraction du pain, puis le repas (à Pâques, un agneau bien évidemment), puis, à la fin du repas, la coupe de bénédiction. Dans le cours du temps, nous avons séparé d’un côté la fraction du pain et la coupe de bénédiction, ce qui est devenu la messe, et d’un autre côté, le repas lui-même, qu’on appelait autrefois les agapes, dont il reste aujourd’hui quelque chose dans le pain béni qu’on donne parfois à la fin de la messe.
Donc Jésus commence le repas. Souvenons-nous qu’il vient de laver les pieds de ses disciples. C’est comme si ils étaient entrés dans l’espace sacré du Temple. Jésus fait des gestes, fraction du pain, consommation de l’agneau, bénédiction de la coupe, qu’il relie directement avec sa Passion : le pain est son corps ; le vin est son sang. Lui-même sera l’agneau pascal, immolé pour protéger des puissances de mort ceux qui sont en communion avec lui, et pour leur donner la force de quitter l’Egypte et de franchir la mer Rouge, c’est-à-dire la force de le suivre dans sa Passion et de vivre avec lui sa mort et sa résurrection ; la force de quitter la triste terre d’une vie d’esclave du mauvais pour entrer au contraire dans la terre nouvelle de vraie liberté, le beau ciel de la vie de Dieu.
Ainsi, Jésus fait du pain et du vin son corps et son sang, ceux de l’Agneau de Pâques qui protège de la mort et donne la force pour entrer dans sa vie éternelle.

Voyez donc le chemin que les Apôtres ont parcouru durant cette soirée avec Jésus. Il s’est dépouillé de son vêtement pour revêtir un linge. Du Dieu qu’il est, il s’est abaissé à se présenter comme un simple homme. Plus encore, il se présente comme un esclave qui va leur laver les pieds. Par ce geste, qui est celui de l’entrée dans le Temple, il leur annonce que le repas qui va suivre n’est pas un simple repas, mais un acte de culte. En effet, c’est l’origine de la messe, où Jésus fait du pain et du vin son corps et son sang, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ; Agneau qui garde des puissances de mort ceux qui  communient à lui et qui leur donne la force de marcher sur le chemin du ciel. Mais le geste du lavement des pieds a aussi pour lui une autre signification. Jésus demande à ses Apôtres de faire pour les baptisés, le geste qu’il aura fait pour eux : les préparer et les conduire, par la célébration eucharistique, jusqu’à la sainte communion.

Chers frères et Sœurs, ensemble, nous allons donc refaire ces gestes et revivre avec Jésus ce qu’il nous a demandé de faire. Alors nous recevrons dès aujourd’hui, dès maintenant, le pain de la vie. Amen

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