Is
52,13 à 53-12 ; Ps 30 ; Hb 4,14-16 ; 5,7-9 ; Jn 18,1 à 19,2
Chers
frères et sœurs,
Comment comprendre la Passion de Jésus ?
Pour commencer, Jésus lui-même nous a appris
que, de toute éternité, Dieu son Père l’engendre comme son Fils bien-aimé.
Comme son Père l’aime infiniment, il lui donne tout, à commencer par sa vie. Et
Jésus, parce qu’il aime son Père infiniment, lui redonne tout – et sa vie aussi
– en retour, en action de grâce. Il y a un tel amour entre Dieu le Père et
Jésus son Fils, que tout ce qui est au Père est au Fils, et tout ce qui est au
Fils est au Père. A la fin, ils en viennent même à se ressembler, à tel point
que Jésus a pu dire : « Qui m’a
vu, a vu le Père ».
En ce qui nous concerne, la situation est
différente. Le Père nous a créés pour que nous partagions nous aussi son amour
immense, comme des frères de Jésus. Il nous a créés comme un diamant qui repose
dans le magnifique écrin de la création.
Le problème est que nous faisons un mauvais
usage de notre liberté : au lieu de tout redonner au Père en action de
grâce, comme le fait Jésus, nous voulons garder les dons de Dieu pour nous. Nous
avons reçu un cadeau et nous refusons de dire merci. Dans ces conditions,
comment Dieu peut-il nous faire encore d’autres cadeaux ?
Malheureusement, en nous coupant ainsi de
l’amour de Dieu, nous glissons insensiblement vers les ténèbres et vers la
mort. Regardez ce que l’homme sans Dieu fait de lui-même, de ses relations, et
de la nature qui l’entoure : nous nous transformons de plus en plus en
robots, nous nous enfermons dans l’individualisme, nos familles éclatent, et
nous transformons la nature en poubelle. Au point que certains en viennent à
penser que l’homme est comme un cancer pour l’univers. En réalité, l’enfer,
nous sommes en train de le créer nous-mêmes. L’enfer existe, il est l’endroit
où vivent les gens qui se sont coupés volontairement de l’amour de Dieu.
Il n’y était pas obligé, mais Dieu qui nous
aime, a voulu nous sortir de ce bourbier duquel nous sommes prisonniers. Dieu a
choisi librement de nous tendre la main et de rétablir pour nous le courant de
son amour. Cette main, c’est Jésus. Nous sommes libres, à notre tour, de la
prendre ou pas. Si nous prenons sa main, si nous avons foi en lui, alors il
nous conduit vers la lumière. Si nous la refusons, par orgueil ou par bêtise –
mais nous sommes libres – alors nous continuerons de nous enfoncer dans la
boue. Et lorsque tous nous ressusciterons, les uns se réveilleront dans l’amour
éternel de Dieu, et les autres dans une nuit sans fin et sans étoiles.
Jésus est la main tendue de Dieu. Pour nous
sortir de notre situation de détresse, il vient prendre notre place. Il prend
sur lui le poids de nos péchés pour nous en libérer. Il vient rétablir notre
amour pour Dieu et détruire notre attirance pour les choses mauvaises. Jésus est
l’amour lumineux, qui vient repousser le mal et les ténèbres.
Vous avez vu, bien sûr, le geste du colonel
Beltrame, qui est venu prendre la place de la femme prise en otage par un homme
démoniaque, pour obtenir sa libération. Le colonel a fait comme Jésus, qui
s’est substitué à nous, pour prendre sur lui comme une croix notre condition
dramatique, et nous réouvrir le chemin de la vie.
Heureusement que la pauvre femme a eu
l’humilité d’accepter que le colonel prenne sa place ! Heureusement
qu’elle a choisi de saisir sa main tendue, comme le bon larron a eu foi en
Jésus et a su saisir sa dernière chance d’être sauvé !
Le diable lui, était bien content de posséder
un colonel plutôt qu’une petite femme inconnue, comme il était aussi bien plus
content d’avoir en son pouvoir le Fils de Dieu plutôt qu’un homme pécheur.
Mais ce que le diable ne pouvait pas voir,
c’est que, aussi bien Jésus que le colonel, étaient habités par l’amour de Dieu.
Ils avaient en eux ce qui avait manqué à l’homme : la volonté de donner
leur vie à Dieu en remerciement de la vie et de l’amour qu’ils avaient reçu de
lui depuis toujours. Et c’est ainsi qu’en aimant Dieu, ils ont sauvé leur
prochain, ils ont rétabli pour lui le courant de la vie, et ils ont renvoyé le
démon dans ses ténèbres.
Nous, chrétiens, nous savons – parce que nous
savons que Jésus est ressuscité –, que le colonel se trouve pour toujours dans
l’amour de Dieu, avec lui, comme un fils bien aimé. Tous les anges du ciel, et
tous les saints, chantent la gloire de Jésus, comme nous ici sur terre, nous honorons
avec beaucoup de gravité et de dignité, la mémoire du colonel. La société en a
fait un héros, j’espère que l’Eglise en fera bientôt un grand saint !
Chers frères et sœurs, nous sommes libres. Ne
choisissons pas la voie attirante et trompeuse du démon qui nous conduit au
bout du bout à l’enfer. Mais saisissons la main de Jésus. Par notre foi en lui,
laissons-nous guider par lui sur la voie du don total de notre vie, par amour
pour Dieu et pour notre prochain. Ainsi nous serons heureux pour toujours, dans
la communion des saints.