mardi 10 avril 2018

30 mars 2018 - VELLEXON - Vendredi Saint - Passion du Seigneur - Année B


Is 52,13 à 53-12 ; Ps 30 ; Hb 4,14-16 ; 5,7-9 ; Jn 18,1 à 19,2

Chers frères et sœurs,

Comment comprendre la Passion de Jésus ?

Pour commencer, Jésus lui-même nous a appris que, de toute éternité, Dieu son Père l’engendre comme son Fils bien-aimé. Comme son Père l’aime infiniment, il lui donne tout, à commencer par sa vie. Et Jésus, parce qu’il aime son Père infiniment, lui redonne tout – et sa vie aussi – en retour, en action de grâce. Il y a un tel amour entre Dieu le Père et Jésus son Fils, que tout ce qui est au Père est au Fils, et tout ce qui est au Fils est au Père. A la fin, ils en viennent même à se ressembler, à tel point que Jésus a pu dire : « Qui m’a vu, a vu le Père ».

En ce qui nous concerne, la situation est différente. Le Père nous a créés pour que nous partagions nous aussi son amour immense, comme des frères de Jésus. Il nous a créés comme un diamant qui repose dans le magnifique écrin de la création.
Le problème est que nous faisons un mauvais usage de notre liberté : au lieu de tout redonner au Père en action de grâce, comme le fait Jésus, nous voulons garder les dons de Dieu pour nous. Nous avons reçu un cadeau et nous refusons de dire merci. Dans ces conditions, comment Dieu peut-il nous faire encore d’autres cadeaux ?
Malheureusement, en nous coupant ainsi de l’amour de Dieu, nous glissons insensiblement vers les ténèbres et vers la mort. Regardez ce que l’homme sans Dieu fait de lui-même, de ses relations, et de la nature qui l’entoure : nous nous transformons de plus en plus en robots, nous nous enfermons dans l’individualisme, nos familles éclatent, et nous transformons la nature en poubelle. Au point que certains en viennent à penser que l’homme est comme un cancer pour l’univers. En réalité, l’enfer, nous sommes en train de le créer nous-mêmes. L’enfer existe, il est l’endroit où vivent les gens qui se sont coupés volontairement de l’amour de Dieu.

Il n’y était pas obligé, mais Dieu qui nous aime, a voulu nous sortir de ce bourbier duquel nous sommes prisonniers. Dieu a choisi librement de nous tendre la main et de rétablir pour nous le courant de son amour. Cette main, c’est Jésus. Nous sommes libres, à notre tour, de la prendre ou pas. Si nous prenons sa main, si nous avons foi en lui, alors il nous conduit vers la lumière. Si nous la refusons, par orgueil ou par bêtise – mais nous sommes libres – alors nous continuerons de nous enfoncer dans la boue. Et lorsque tous nous ressusciterons, les uns se réveilleront dans l’amour éternel de Dieu, et les autres dans une nuit sans fin et sans étoiles.

Jésus est la main tendue de Dieu. Pour nous sortir de notre situation de détresse, il vient prendre notre place. Il prend sur lui le poids de nos péchés pour nous en libérer. Il vient rétablir notre amour pour Dieu et détruire notre attirance pour les choses mauvaises. Jésus est l’amour lumineux, qui vient repousser le mal et les ténèbres.
Vous avez vu, bien sûr, le geste du colonel Beltrame, qui est venu prendre la place de la femme prise en otage par un homme démoniaque, pour obtenir sa libération. Le colonel a fait comme Jésus, qui s’est substitué à nous, pour prendre sur lui comme une croix notre condition dramatique, et nous réouvrir le chemin de la vie.
Heureusement que la pauvre femme a eu l’humilité d’accepter que le colonel prenne sa place ! Heureusement qu’elle a choisi de saisir sa main tendue, comme le bon larron a eu foi en Jésus et a su saisir sa dernière chance d’être sauvé !
Le diable lui, était bien content de posséder un colonel plutôt qu’une petite femme inconnue, comme il était aussi bien plus content d’avoir en son pouvoir le Fils de Dieu plutôt qu’un homme pécheur.
Mais ce que le diable ne pouvait pas voir, c’est que, aussi bien Jésus que le colonel, étaient habités par l’amour de Dieu. Ils avaient en eux ce qui avait manqué à l’homme : la volonté de donner leur vie à Dieu en remerciement de la vie et de l’amour qu’ils avaient reçu de lui depuis toujours. Et c’est ainsi qu’en aimant Dieu, ils ont sauvé leur prochain, ils ont rétabli pour lui le courant de la vie, et ils ont renvoyé le démon dans ses ténèbres.
Nous, chrétiens, nous savons – parce que nous savons que Jésus est ressuscité –, que le colonel se trouve pour toujours dans l’amour de Dieu, avec lui, comme un fils bien aimé. Tous les anges du ciel, et tous les saints, chantent la gloire de Jésus, comme nous ici sur terre, nous honorons avec beaucoup de gravité et de dignité, la mémoire du colonel. La société en a fait un héros, j’espère que l’Eglise en fera bientôt un grand saint !

Chers frères et sœurs, nous sommes libres. Ne choisissons pas la voie attirante et trompeuse du démon qui nous conduit au bout du bout à l’enfer. Mais saisissons la main de Jésus. Par notre foi en lui, laissons-nous guider par lui sur la voie du don total de notre vie, par amour pour Dieu et pour notre prochain. Ainsi nous serons heureux pour toujours, dans la communion des saints.

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