lundi 28 mars 2016

27 mars 2016 - DAMPIERRE - Saint Jour de Pâques - Année C

Ac 10,34a.37-43 ; Ps 117 ; Col 3,1-4 ; Jn 20,1-9

Chers frères et sœurs, cher Eliott,

Sainte Marie-Madeleine, saint Jean – le disciple bien-aimé – et saint Pierre constatent que le tombeau de Jésus est vide.

Certains théologiens voudraient nous faire croire – c’est à la mode – que la foi des chrétiens en la résurrection de Jésus se fonde sur le simple fait que le tombeau soit vide. L’« absence » constatée de Jésus se serait muée en « présence » par l’action de l’Esprit Saint. Ce même Esprit pourrait nous faire revivre aujourd’hui à nous aussi cette même expérience de la « présence/absence » et nous serions alors fondés à croire comme les premiers Apôtres, que le Christ est ressuscité.

Je vous le dis tout net : cette théologie est fausse. D’ailleurs, on n’y comprend rien. Ni Marie-Madeleine, ni Pierre, ni même Jean n’ont cru en la résurrection de Jésus parce qu’ils ont trouvé le tombeau vide... Ils ont simplement constaté qu’il est vide. Point. Et ils sont restés perplexes. Sauf saint Jean, pour une raison très concrète qu’on va voir.

Pour Marie-Madeleine et Pierre, il sera nécessaire que Jésus leur fasse la grâce d’une apparition. L’apparition de Jésus à Marie-Madeleine est connue : elle nous est relatée en détail par saint Jean dans la suite de l’évangile d’aujourd’hui.
L’apparition de Jésus à Pierre est signalée par saint Luc, lorsque les disciples d’Emmaüs reviennent à Jérusalem et que les Apôtres leur confirment : « C’est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon ! ».
Pour Marie-Madeleine et Pierre, la foi en la résurrection se fonde sur une apparition personnelle de Jésus.

En ce qui concerne saint Jean, il faut être précis. Il écrit : « Il vit et il crut ». Il vit quoi ? Relisons : « Simon-Pierre entre dans le tombeau : il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut ».
L’important n’est pas le suaire, qui est rangé, comme dit saint Jean, à sa place. Ce suaire, qui recouvrait la tête de Jésus était destiné à éponger son sang, après sa descente de croix. Il devait être mis au tombeau avec le défunt, pour ne pas disperser le sang.
L’important, ce sont les linges « posés à plat ». C’est-à-dire qu’ils ne sont pas pliés ou rangés : ils se sont effondrés sur eux-mêmes, le Corps de Jésus s’étant comme évanouit. C’est cela que voit saint Jean et qui, raisonnablement lui fait conclure à quelque chose d’absolument extraordinaire : Jésus – pourrait-on dire – est entré dans la « 4ème dimension », et les linges se sont affaissés, reposant sur la pierre du tombeau.

Chers frères et sœurs, il n’y a que la réalité physique, soit de Jésus laissant la trace de la disparition de son corps à l’intérieur même des linges, soit de son apparition corporelle à ses disciples, qui peut fonder la foi en sa résurrection. Jésus est réellement ressuscité et les Apôtres, tous, ont voué leur vie à cette proclamation. Jusqu’à la mort pour la plupart d’entre eux.

Eliott, tu vas être baptisé. Par l’eau tu vas passer par le chemin de Jésus, de la mort à la vie.
En recevant l’onction du saint Chrême, tu vas recevoir l’Esprit de Jésus qui ressuscite les morts et fait d’eux des enfants de Dieu. Tu seras configuré à Jésus, prêtre, prophète et roi.
Le corps humain de Jésus est maintenant un corps nouveau, transfiguré, et le vêtement blanc que tu vas porter signifie que ton corps à toi aussi sera comme le corps de Jésus ressuscité.

Enfin, tu recevras la lumière, c’est-à-dire la foi qui te permettra de veiller jours et nuits, dans les peines comme dans les joies, jusqu’à la venue de Jésus. Cette lumière, c’est déjà Jésus présent dans ton cœur, qui n’attend qu’une seule chose : te faire entrer dans sa communion, avec tous les saints, pour la vie éternelle ; cette vie qu’il a inaugurée aujourd’hui par sa résurrection. Amen.

26 mars 2016 - VELLEXON - Veillée Pascale - Résurrection du Seigneur - Année C

Gn 1,1 à 2,2 ; Ps 103 ; Gn 22, 1-18 ; Ps 15 ; Ex 14,15 à 15,1a ; Ex 15 ; Rm 6,3b-11 ; Ps 177 ; Lc 24,1-12

Chers frères et sœurs, les enfants,

Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. Dieu s’est fait homme : c’est Noël. L’homme qui devient Dieu : c’est Pâques. Les deux fêtes de Noël et de Pâques se répondent l’une à l’autre.
D’ailleurs, regardez. A Noël, Jésus était couché dans des langes, dans une mangeoire, dans une grotte. Marie et Joseph étaient là, mais aussi les anges. Puis il y a eu la visite des trois Rois-mages, avec de l’or, de l’encens et de la myrrhe, et puis les bergers et une multitude de moutons.
A Pâques, au tombeau, Jésus aussi est couché dans des linges, dans un tombeau. Marie était au pied de la croix et c’est Joseph d’Arimathie qui a fait ensevelir Jésus. Ce matin, il y a aussi les anges, et puis la visite des trois saintes femmes : Marie-Madeleine, Jeanne et Marie mère de Jacques. Elles apportent des aromates. Et après les femmes viendront les Apôtres, les pasteurs de l’Eglise, et avec eux une multitude de disciples de Jésus.
Voyez comment se ressemblent la nuit de Noël et la nuit de Pâques. Parce que dans les deux cas, il s’agit d’une naissance. A Noël, Jésus est né dans le monde des hommes. A Pâques, il est rené dans le Royaume des cieux. Avec une nouveauté.

Quand Jésus s’est fait homme, il n’a jamais cessé d’être Dieu, même si cela ne se voyait que par moments. Mais la nouveauté c’est que quand il est rené dans le Royaume des cieux, il ne cesse pas non plus d’être un homme. Et cela se voit de temps en temps, notamment quand Jésus apparaît à ses disciples. La grande nouveauté, frères et sœurs, les enfants, c’est que s’il est possible, grâce à Jésus, d’être un homme dans le Royaume des cieux, alors c’est que cela est possible pour nous aussi. Un jour, nous serons comme Jésus : dans un corps de lumière.

Tout à l’heure, nous sommes entrés dans l’église alors qu’elle était dans le noir. Mais c’était beau, parce qu’il y avait plein de lumières, comme les étoiles dans le ciel. C’étaient les anges et tous les saints du ciel qui prient pour nous. Et nous n’avons pas eu peur de rentrer dans le noir, parce que le Cierge Pascal, Jésus, nous ouvrait le chemin. Jésus, par sa lumière, nous guide à travers la nuit de la mort.
Nous sommes restés longtemps dans le noir, pour écouter les lectures. Nous avons commencé par le début du monde, la Genèse, puis le sacrifice d’Isaac, où Dieu a substitué un bélier à l’enfant et a loué la foi d’Abraham. Le bélier, c’était Jésus, qui vient se substituer à nous à l’heure de la mort, pour que nous vivions. Et puis nous avons franchis la Mer Rouge avec Moïse : nous avons franchi le mur de la mort. Et après, au moment où nous chantions le Gloire à Dieu avec tous les anges, tout s’est allumé : nous sommes rentrés dans la lumière. C’est la nouvelle naissance, la nouvelle création dans le Royaume des cieux. Maintenant, nous sommes en pleine lumière, avec Jésus dans son Royaume. Les ténèbres ont disparu pour toujours, elles sont repoussées à l’extérieur.
Mais finalement, les ténèbres, maintenant elles ne nous font plus peur : elles ne sont que l’écrin, le magnifique écrin étoilé, où repose le diamant de l’homme ressuscité.

Je voudrais terminer par un petit bouquet spirituel dédié aux femmes qui sont dans notre assemblée. Juste un petit regard sur Marie-Madeleine, Jeanne et Marie mère de Jacques, et sur la sainte Vierge Marie.

Marie-Madeleine est cette grande pécheresse bien connue, pardonnée par Jésus, et qui en est devenue amoureuse. C’est la première à l’avoir vu ressuscité, justement en raison de cet immense amour pour lui.
Jeanne, est la femme de Chouza, intendant d’Hérode. C’est une femme de qualité, peut-être veuve à ce moment-là, on ne sait pas. Elle devait faire partie de ces femmes qui aidaient Jésus et qui le suivaient.
Et puis, il y a Marie mère de Jacques. Cette Marie est la tante de Jésus, la femme de Cléophas – le frère ou le beau-frère de saint Joseph – et la mère de Jacques, José, Simon et Jude, les cousins de Jésus. Jacques deviendra le premier évêque de Jérusalem. Nous sommes donc en famille.
Dans leurs relations avec Jésus, les femmes ont le choix : en tomber amoureuses, le prendre sous sa protection en maîtresses-femmes ou bien tout simplement le considérer comme un membre de la famille.

Justement, les femmes, en Israël, sont, dans leur famille, les responsables des traditions. C’est sainte Anne qui a appris l’Ancien Testament à Marie, et c’est Marie qui l’a transmis à Jésus.
A la naissance de Jésus, comme toutes les mamans juives de l’époque, Marie a composé pour son enfant un poème tissé de citations de l’Ancien Testament : ce poème, c’était le Magnificat.

Aujourd’hui c’est l’Eglise qui, dans la liturgie héritée des anciens, chante le poème de la nouvelle naissance de Jésus ressuscité. Comme Marie, l’Eglise ne cesse de se souvenir et de chanter son immense joie : Magnificat ! Alléluia !

25 mars 2016 - VELLEXON - Vendredi Saint - Passion du Seigneur - Année C

Is 52,13 à 53,12 ; Ps 30 ; Hb 4,14-16 ; 5,7-9 ; Jn 18,1 à 19,42

Chers frères et sœurs,

Saint Jean avait 22 ans, quand il a assisté à la Passion de Jésus. Tout ce que nous avons entendu, il l’a vu, et il l’a écrit pour nous aujourd’hui. L’Evangile de saint Jean a la particularité d’être en même temps le plus profond spirituellement et en même temps le plus proche de la réalité historique. Parce que saint Jean a écrit ce qu’il a vu.
Grâce à lui, nous suivons pas à pas Jésus en sa Passion. Au début, il y a cette rencontre entre Jésus et les gardes : « Qui cherchez-vous ? » « Jésus, le Nazaréen », Lorsque Jésus répond « C’est moi, je le suis » ces hommes reculent et tombent à terre. Parce que « Je suis » est le Nom de Dieu. « Je suis qui je suis » avait dit Dieu à Moïse, au Mont Sinaï. Jésus est Dieu. Les gardes viennent arrêter Dieu.

Dieu dérange dans notre monde. Il n’est pas le bienvenu. Il perturbe nos affaires et nous rappelle trop qui nous sommes. Et en plus, quand on s’aperçoit que Dieu n’est qu’innocence et bonté, doux comme un agneau, sa lumière devient éclatante : soit on le déteste, soit on se jette dans ses bras.
Aujourd’hui, c’est le jugement de Dieu. Il y a les accusateurs, il y a les traîtres et les lâches et il y a les témoins impuissants. Le jugement de Dieu est en même temps le jugement des hommes. Chacun est obligé de choisir son camp.
Nous, nous sommes chrétiens. La question n’est pas de savoir ce que nous aurions fait, à l’époque, si nous avions été présents, mais elle est de savoir ce que nous faisons maintenant.

En vérité, Jésus vit toujours sa Passion à travers son Corps qu’est son Eglise. Il suffit d’écouter les hommes autour de nous pour nous rendre compte que Eglise de Jésus est moquée, accusée, jugée, et dans certains pays frappée et persécutée à mort. Certains ne se cachent pas pour dire qu’ils souhaitent son humiliation et sa disparition.
Chers frères et sœurs, l’Eglise de Jésus c’est le Corps de Jésus. Et l’Eglise c’est nous, les baptisés, lorsque nous communions au Corps et au Sang de Jésus. A travers son Eglise, Jésus ne cesse pas de souffrir la Passion, à cause du péché parfois dramatique de ses membres, et parce qu’il continue d’être frappé par les coups de ceux qui le détestent.

Alors, dans quel camp sommes-nous ? Honte d’être chrétien aujourd’hui ? Peur de se dire chrétien devant des servantes de grand-prêtres ? « N’es-tu pas, toi aussi, l’un des disciples de cet homme ? ». Simon-Pierre répondit : « Non je ne le suis pas ». « Non, je ne le suis pas ». « Non, je ne le suis pas ». Et le coq chanta.
Chers frères et sœurs, nous ne sommes pas plus grands que saint Pierre. Nul ne sait ce qu’il dirait, ce qu’il ferait, s’il était moqué en public ou persécuté. Et je pense particulièrement aux enfants. Aujourd’hui, il est difficile à un enfant d’assumer d’être chrétien au milieu de ses camarades. La responsabilité des adultes en est d’autant plus grande. Et nous voyons bien combien nous sommes faibles et finalement pas très courageux. En réalité, nous sommes comme les disciples : dès que la pente monte un peu, on descend du vélo.

Jésus n’a jamais condamné ses disciples, ni même ses accusateurs et ses bourreaux. Sur la Croix il a eu cette prière pour tous : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Et lors de ses apparitions, sa première parole pour ses disciples a été : « La paix soit avec vous ». Jésus nous aime à en mourir. Jusqu’à en mourir sur une Croix. Par pur amour gratuit pour nous. Jésus est la miséricorde de Dieu. Il est le Dieu de miséricorde infinie.

Chers frères et sœurs, la Croix de Jésus n’est donc pas un signe de mort. Parce que Jésus est ressuscité et qu’il est vivant maintenant, elle est devenue un signe de victoire sur la mort. La croix est le bâton de Moïse qui ouvre en deux la Mer Rouge. Elle est la clé qui nous ouvre le Paradis. Elle est l’arbre de vie éternelle. Elle est la preuve de l’amour de Dieu pour tous les hommes.

La Croix est le signe des chrétiens, de ceux qui aiment Dieu. Soyons fiers de la Croix de Jésus et demandons-lui la force de l’être toujours, dans toutes les circonstances de notre vie. Amen.

24 mars 2016 - VELLEXON - Jeudi Saint - Cène du Seigneur - Année C

Ex 12,1-8.11-14 ; Ps 115 ; 1Co 11,23-26 ; Jn 13,1-15

Chers frères et sœurs,

Ce soir, les Écritures nous invitent à entrer dans l’intimité d’une maison. Il y a la maison d’une famille d’Hébreux, esclaves en Egypte. Pour eux, ce soir, c’est la Pâque du Seigneur et bientôt leur libération. Il y a la maison de saint Jean, vraisemblablement, où Jésus s’est réuni avec ses apôtres pour son dernier repas, avant sa Passion et sa résurrection. Et il y a notre maison, ce soir, notre église de Vellexon, où nous sommes réunis en mémoire de Jésus pour vivre avec lui sa Passion et sa résurrection.
Entre ces trois maisons, il y a des ressemblances.

D’abord, il fait nuit. Pour les Hébreux, c’est une nuit de veille, où le Seigneur va passer. On sent bien qu’il y a un danger dehors, et on se protège dans la maison. Pour Jésus et ses Apôtres, c’est la dernière nuit passée tous ensemble. Là aussi, il y a danger dehors et Jésus va donner son testament – en quelque sorte – à ses disciples. Nous aussi nous sommes dans la nuit. Le danger, à Vellexon, il n’y en a pas vraiment. Mais nous savons bien qu’il y a dans notre monde – et aussi en nous-mêmes – des raisons de nous inquiéter. Et tout simplement la nuit signifie la mort. Tous, avec les Hébreux, les Apôtres et Jésus, nous sommes dans cette nuit.

Le Seigneur a demandé que les Hébreux ne restent pas seuls, mais qu’ils se réunissent en famille. De même, Jésus n’est pas seul : il est réuni avec ses disciples. Et nous non plus, nous ne sommes pas seuls : nous sommes rassemblés tous ensemble dans cette église.

Ensuite le Seigneur a demandé que cette famille prépare un agneau et le mange à la hâte. Il n’y a pas plus innocent qu’un agneau. Il a des yeux remplis de bonté. Mais c’est un agneau que le Seigneur a choisi pour que la famille le tue puis le mange.
De même, Jésus et ses disciples ont préparé un agneau pour le manger, comme les Hébreux. Mais Jésus change quelque chose : il prend du pain et dit : « Ceci est mon corps – mangez en tous ». Et puis du vin : « Ceci est mon sang – buvez en tous ». En faisant cela il établit deux choses. La première, c’est que le véritable agneau de la vraie Pâque, c’est lui. Il est le véritable agneau innocent, qui a des yeux remplis de bonté. Et la seconde chose, c’est qu’il nous demande de continuer son geste avec du pain et du vin, toujours, comme une nouvelle alliance avec lui. Pourquoi ?

Le Seigneur avait demandé aux Hébreux de marquer le montant des portes de leur maison avec le sang de l’agneau, pour les protéger de la mort qui viendrait frapper les premiers-nés des égyptiens, cette nuit-là.
Dans la maison de Jean, Jésus demande à ses disciples de le laisser leur laver les pieds, pour les purifier. Pierre ne comprend pas. Il ne voit pas pourquoi son maître s’abaisserait à lui laver les pieds. C’est un travail d’esclave. En plus, les pieds pour un Juif – mais c’est aussi vrai pour nous – sont un symbole de profonde intimité. La demande de Jésus est vraiment choquante. Jésus répond : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi ». En lavant les pieds de ses disciples, Jésus les protège mystérieusement de l’ébranlement terrible que va provoquer chez eux sa Passion. Jésus nous enseigne ici deux choses. La première est que le Maître véritable est d’abord un serviteur. Il n’y a de véritable pouvoir que dans l’amour. La seconde est que, pour passer Pâques, il faut absolument être protégé par le sang de l’agneau, ici pour les disciples, par l’eau du lavement des pieds. Et nous ?
Le sang de l’Agneau pascal, unique et véritable, a été répandu sur le monde entier lorsque le soldat a percé le cœur de Jésus mort sur la croix. Il en est sorti de l’eau et du sang. L’eau du baptême, en laquelle nous sommes purifiés et régénérés, et le sang de Jésus qu’il nous a donné en communion comme protection et source de vie. Les sacrements sont notre protection contre le péché et contre la mort, comme l’a été le sang de l’agneau sur les montants des portes des maisons en Egypte.

Dans la nuit, le peuple réuni, obéit à la demande du Seigneur, de sacrifier l’agneau de Pâques, pour marquer de son sang les portes de la maison afin d’empêcher la mort d’y entrer et de prendre des forces pour permettre au Seigneur de le libérer.

De même, dans la nuit, les Apôtres réunis obéissent à la demande de Jésus de se laisser laver les pieds par lui, et de communier à ce pain devenu son corps et à ce vin devenu son sang, afin d’empêcher le désespoir de gagner leur cœur et de permettre au Seigneur de les faire participer à sa résurrection pour en faire réellement des Apôtres de l'Evangile et des saints.


De même, dans la nuit, l’Eglise réunie, obéit à la demande de Jésus, de célébrer et le lavement des pieds et l’eucharistie, afin que nos corps, nos cœurs et nos esprits soient marqués de l’eau et du sang afin d’empêcher le péché et la mort d’y régner et de permettre au Seigneur, par la communion, de nous faire entrer dans sa vie éternelle.

lundi 21 mars 2016

20 mars 2016 - SOING - Dimanche des Rameaux et de la Passion - Année C

Lc 19,28-40 ; Is 50,4-7 ; Ps 21 ; Ph 2,6-11 ; Lc 22,14 à 23,56

Chers frères et sœurs,

Depuis l’évangile de Luc que nous avons entendu au début de la messe jusqu’à maintenant, nous avons parcouru les derniers jours de la vie de Jésus.

Pour comprendre ce qu’il se passe, il faut se souvenir d’abord que Jésus agaçait depuis plusieurs années les scribes et les pharisiens par son enseignement et par ses miracles. Il savait que ceux-ci ne le rateraient pas, s’il montait à Jérusalem.

Or Jésus, arrivant de Jéricho où il avait réconcilié Zachée, entre à Jérusalem monté sur un petit âne. C’est une énorme provocation pour les scribes et les pharisiens : Jésus ose entrer à Jérusalem en roi. Dans la tradition d’Israël, ainsi qu’il en a été pour David et Salomon, l’entrée à Jérusalem sur un petit âne fait partie de la cérémonie du sacre du roi.
Jésus ne s’arrête pas là. Il se rend au Temple, et là, il chasse les marchands à coups de fouet. Et il se met à enseigner dans le Temple : Jésus prend possession de son trône. Oui, Jésus se proclame Roi et Seigneur. Et, pour les scribes et les pharisiens, c’est insupportable : il faut mettre Jésus à mort.

Judas va trahir Jésus. Pourquoi ? Par goût pour l’argent ? Peut-être. Par envie d’accélérer les événements, c’est-à-dire pour accélérer la « révolution » engagée par Jésus en se faisant roi ? C’est plus probable. Judas réitère le péché d’Adam et Eve : par son impatience, il veut accélérer l’histoire et il prend la place de Dieu. Il trahit Jésus, mais ce faisant, sans le savoir, il se fait le déclencheur de la Passion qui sauve toute l’humanité de ce même péché d’impatience et d’orgueil.
Pierre aussi trahit Jésus. Il le renie trois fois. Pierre ne met pas fin à ses jours comme Judas, il pleure. Les larmes de Pierre sont des larmes d’amour pour Jésus. La différence entre Judas et Pierre, c’est que le premier ne croit pas à la puissance de pardon de Jésus, tandis que le second laisse l’Esprit Saint labourer son cœur. « Quand tu seras revenu, affermit tes frères » avait dit Jésus à Pierre. Celui qui a reçu le pardon de Jésus devient un roc et une lumière dans le monde.

Jésus se laisse juger et condamner sans se défendre. Alors que ses partisans – et ils sont nombreux à l’avoir acclamé – et que la multitude des anges de Dieu pourraient venir à son aide. Non, Jésus se laisse dépouiller jusqu’à la mort. Jésus nous apprend que ce n’est pas par la violence et la mort qu’on détruit l’injustice et la mort. La mort ne peut pas se détruire elle-même. On détruit l’injustice et la mort par l’amour de Dieu et du prochain. L’amour est plus fort que la mort.
Pour nous, les hommes, c’est incompréhensible, et, avec les disciples, nous assistons stupéfaits, catastrophés et honteux au lynchage public de Jésus. Jésus s’est mis volontairement à la place de celui qui est petit et faible et qui est frappé abusivement, de celui qui est innocent et qui est condamné injustement, de celui qui est qualifié d’indésirable et qui est rejeté de la vie.
Saint Paul le dit : en Jésus Dieu s’est abaissé à devenir homme. Et d’homme qu’il était, il s’est abaissé à mourir comme un paria sur une croix. Et de paria qu’il était, il s’est abaissé encore jusque dans les profondeurs des enfers et de la mort, pour y chercher l’homme pécheur. C’est pourquoi Dieu l’a ressuscité. L’amour est plus fort que le péché et que la mort.

Chers frères et sœurs, Je vous invite, en ces jours de Pâques, à lire l’Evangile. Celui de Marc est le plus court. En pensant que cette histoire de Jésus n’est pas un mythe, mais qu’elle a réellement eu lieu, il y a 2000 ans. Et qu’elle se rejoue tous les jours dans nos vies. Il suffit d’allumer la télé. Les chrétiens ne croient pas à des légendes, mais à la venue de Dieu dans notre histoire, pour nous faire entrer dans la sienne. Amen.

dimanche 13 mars 2016

12-13 mars 2016 - VELLEXON-DAMPIERRE - 5ème dimanche de carême - Année C

Is 43,16-21 ; Ps 125 ; Ph 3,8-14 ; Jn 8,1-11

Chers frères et sœurs, les enfants,

Nous sommes au Temple de Jérusalem, avec Jésus. Il est là, assis, avec beaucoup de gens autour de lui, et saint Jean, qui observe attentivement la scène. Jésus est en train d’enseigner : il fait le catéchisme.
Or voilà que des scribes et des pharisiens lui amènent une femme adultère. Une femme adultère, c’est une femme qui trompe son mari pour aller vers un autre homme. Mais il existe aussi malheureusement des hommes adultères, qui ne sont pas fidèles, et qui vont avec une autre femme.

Pourquoi saint Jean nous raconte-t-il cette histoire de femme adultère ? Pourquoi est-elle importante pour lui ? Parce que la relation qui existe entre Dieu et nous est une relation d’amour et de fidélité, comme dans un mariage entre un homme et une femme. Dieu a fait alliance d’abord avec les Juifs par les Patriarches et les Prophètes, et ensuite avec nous par Jésus. Depuis que nous sommes baptisés, nous sommes comme mariés avec Dieu.
C’est pourquoi, quand on trompe Dieu en allant vers des faux dieux, on est adultère : on brise l’alliance. Le péché, c’est cela : c’est quand on est infidèle à Dieu. Par exemple quand nous tournons le dos à Dieu en nous imaginant pouvoir vivre sans lui, plutôt que d’être heureux en le remerciant pour l’amour et la vie qu’il nous donne tous les jours.

Donc cette femme qui est amenée à Jésus est une femme adultère. Elle nous ressemble tous, quand nous préférons aller nous amuser plutôt que d’être fidèles à l’amour de notre Dieu. Alors que fait Jésus ?  Nous savons qu’il est assis dans le Temple : il est dans la position du juge. Il va donc porter un jugement. Et que fait-il par deux fois ? Il écrivait sur la terre. Le verbe grec employé par saint Jean pour dire « il écrivait » est le même qui était employé dans l’Ancien Testament pour dire que Dieu écrivait sur les Tables de la Loi de Moïse. Cela veut dire que Jésus est le même Dieu que celui qui a écrit les Tables de la Loi, et donc que son jugement sera un jugement divin. Ce sera le jugement de Dieu.

Alors quel est le jugement ? Aux accusateurs, Jésus dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre ». Et à la femme : « Personne ne t’a condamnée ? Moi non plus, je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus ».
Le jugement de Jésus est donc celui-ci : l’amour de Dieu est plus fort que le péché. Aux accusateurs, il dit : vous aussi vous êtes des pécheurs. Si vous ne pouvez pas pardonner à cette femme, qui pourra vous pardonner vos péchés à vous ? Si vous espérez que Dieu pourra vous pardonner un jour, alors cette femme peut aussi être pardonnée par lui. Et à la femme : Tous les hommes sont pécheurs et il n’y a que Dieu qui a la puissance de pardonner. Hé bien moi qui suis Dieu – dit Jésus – je te pardonne, parce que mon amour pour toi est plus fort que ton péché. Et il ajoute : « désormais ne pèche plus ». En effet, il sait qu’elle ne pourra jamais plus pécher contre lui, parce qu’elle ne pourra jamais oublier qu’elle lui doit sa vie. Elle était condamnée à mort à cause de son péché ; maintenant, grâce à l’amour de Jésus, elle peut vivre à nouveau. Toute sa vie elle gardera dans son cœur, dans une immense reconnaissance, un très grand amour pour Jésus. Maintenant, l’alliance est réparée par l’amour miséricordieux : elle est restaurée pour toujours.

Cette femme, c’est l’Eglise, c’est nous tous, quand nous avons compris que Jésus est venu nous montrer qui est vraiment Dieu. Dieu est le Dieu d’amour qui déteste le péché mais qui aime le pécheur. Il est venu pour que le pécheur comprenne que Dieu veut lui pardonner ses infidélités et le faire revivre pour une vie éternelle. C’est cela l’Evangile.
C’est pourquoi saint Paul dit que tout est « ordures » en comparaison de la connaissance de Jésus, de la connaissance de son amour. Et qu’il n’a qu’une hâte, celle de pouvoir éprouver la puissance de la résurrection de Jésus : la puissance de lumière et de vie éternelle de l’amour de Dieu.

Chers frères et sœurs, les enfants, cette puissance de lumière et de vie éternelle de l’amour de Dieu nous est donnée dans la communion. Nous devrions être écrasés de honte et de reconnaissance en recevant la communion, comme la femme adultère l’a été en recevant tout en même temps le pardon et l’amour de Jésus. Amen.

dimanche 6 mars 2016

6 mars 2016 - GY - 4ème dimanche du Carême - Année C

Jos 5,9a.10-12 ; Ps 50 ; 2Co 5,17-21 ; Lc 15,1-3.11-32

Les enfants, c’est formidable !

Les lectures que nous avons entendues sont vraiment faites pour nous aujourd’hui !

Vous avez entendu ? Jésus est critiqué par des gens qui croient avoir toujours raison et qui lui reprochent d’être accueillant à tout le monde, même à ceux que, d’habitude, on méprise.
Mais Jésus, leur raconte une histoire, une parabole. Et il leur explique que Dieu est comme le père des deux fils. Il les aime autant tous les deux. Et même si le plus jeune fait vraiment des bêtises, il l’aime quand même. Et il est triste de voir que le frère ainé boude et ne veut pas pardonner à son frère. Cela veut dire que Dieu aime tous les hommes, même ceux qui font des bêtises, et qui sont contre lui. Et il se réjouit quand un homme décide de revenir vers lui, même s’il part de très loin. Et il est triste quand il voit que des chrétiens ne savent pas pardonner à leurs frères.

Mais Jésus dit plus que cela dans sa parabole. Il parle aussi du baptême et de la communion.

Regardez... Le jeune fils, qui est parti de la maison avec son héritage. Qui a tout dépensé en faisant n’importe quoi. Le voilà qui revient comme un pauvre, comme un SDF, et qui dit à son père : « Papa, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ». C’est dur ! En fait, cet homme-là, c’est nous : ce sont tous les hommes depuis Adam. Vous vous souvenez, Adam et Eve, qui avaient été chassés du Paradis parce qu’ils avaient désobéi et menti à Dieu ? Hé bien, dans ce fils pauvre, c’est Adam qui parle à Dieu : « Papa, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ». Et que fait le papa, que fait Dieu, quand il voit que son fils revient ? Il est rempli de joie et il se précipite vers lui pour l’embrasser ; il l’habille avec le plus beau vêtement ; il lui met une bague au doigt et il lui met une nouvelle paire de sandales.

C’est comme au baptême. Au baptême, celui qui va être baptisé, est comme Adam. Et on le plonge dans l’eau, ou on lui met de l’eau sur la tête, comme si on le passait à la machine à laver : c’est quand le pauvre fils dit : « Père, je ne suis pas digne d’être appelé ton fils ». Mais le Père ne voit pas un pauvre, il voit son fils : il court vers lui, il l’embrasse. Quand on ressort de l’eau du baptême, on est ressuscité dans une nouvelle vie, comme si Dieu, tout à coup, nous prenait dans ses bras pour nous porter, nous embrasser. Etre baptisé c’est entrer dans les bras de Dieu.
Ensuite, au baptême, on reçoit un vêtement blanc, comme le fils est revêtu du plus beau vêtement. Et il reçoit une bague au doigt. Cela veut dire que le Père refait de lui un membre de la famille, il refait de lui son fils bien-aimé. Comme au baptême on devient fils de Dieu. Et le fils reçoit une paire de sandales, il ne reste pas pieds nus. Comme au baptême, on reçoit l’Esprit-Saint et la lumière. Non seulement, on devient un homme neuf, mais en plus, on devient un prêtre, un prophète et un roi : Dieu fait de nous des nouveaux Jésus ressuscités.
Et que dit le Père, après avoir ressuscité son fils ? Il dit : « Allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon Fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé ». Ce festin, c’est une façon de parler de l’Eucharistie. Quand Dieu a refait de nous des fils bien-aimés par le baptême, il nous fait manger à la table du festin, à la table de la communion.

Tout à l’heure, les enfants, vous allez venir en procession avec les offrandes pour la messe : du pain, du vin, mais aussi tout ce qui fait votre vie quotidienne. C’est bien. Mais, à votre avis, quand le fils pauvre est revenu chez son père, qu’est-ce qu’il avait à lui offrir à ce moment-là ? Il n’avait rien. Il n’avait pas de vêtement, il n’avait pas de bijoux, il n’avait pas de chaussures. Il n’avait même plus son honneur…
Qu’est-ce qui lui restait à donner à son père ? Lui-même, presque tout nu, avec la confession de toutes ses bêtises... Comme Jésus s’est offert à son Père, sur une croix, avec toutes ses blessures. Et il n’avait rien d’autre.

Hé bien, quand nous venons à la messe, le plus beau cadeau qu’on puisse offrir à Dieu c’est soi-même et toute sa vie, avec ses ombres et ses lumières. Et Dieu… ? Il attend, et il sourit.

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