Lc
19,28-40 ; Is 50,4-7 ; Ps 21 ; Ph 2,6-11 ; Lc 22,14 à 23,56
Chers
frères et sœurs,
Depuis l’évangile de Luc que nous avons
entendu au début de la messe jusqu’à maintenant, nous avons parcouru les
derniers jours de la vie de Jésus.
Pour comprendre ce qu’il se passe, il faut se
souvenir d’abord que Jésus agaçait depuis plusieurs années les scribes et les
pharisiens par son enseignement et par ses miracles. Il savait que ceux-ci
ne le rateraient pas, s’il montait à Jérusalem.
Or Jésus, arrivant de Jéricho où il avait
réconcilié Zachée, entre à Jérusalem monté sur un petit âne. C’est une énorme
provocation pour les scribes et les pharisiens : Jésus ose entrer à
Jérusalem en roi. Dans la tradition d’Israël, ainsi qu’il en a été pour David
et Salomon, l’entrée à Jérusalem sur un petit âne fait partie de la cérémonie
du sacre du roi.
Jésus ne s’arrête pas là. Il se rend au
Temple, et là, il chasse les marchands à coups de fouet. Et il se met à
enseigner dans le Temple : Jésus prend possession de son trône. Oui, Jésus
se proclame Roi et Seigneur. Et, pour les scribes et les pharisiens, c’est
insupportable : il faut mettre Jésus à mort.
Judas va trahir Jésus. Pourquoi ? Par
goût pour l’argent ? Peut-être. Par envie d’accélérer les événements,
c’est-à-dire pour accélérer la « révolution » engagée par Jésus en se
faisant roi ? C’est plus probable. Judas réitère le péché d’Adam et
Eve : par son impatience, il veut accélérer l’histoire et il prend la
place de Dieu. Il trahit Jésus, mais ce faisant, sans le savoir, il se fait le
déclencheur de la Passion qui sauve toute l’humanité de ce même péché
d’impatience et d’orgueil.
Pierre aussi trahit Jésus. Il le renie trois
fois. Pierre ne met pas fin à ses jours comme Judas, il pleure. Les larmes de
Pierre sont des larmes d’amour pour Jésus. La différence entre Judas et Pierre,
c’est que le premier ne croit pas à la puissance de pardon de Jésus, tandis que
le second laisse l’Esprit Saint labourer son cœur. « Quand tu seras revenu, affermit tes frères » avait dit Jésus à
Pierre. Celui qui a reçu le pardon de Jésus devient un roc et une lumière dans
le monde.
Jésus se laisse juger et condamner sans se
défendre. Alors que ses partisans – et ils sont nombreux à l’avoir acclamé – et
que la multitude des anges de Dieu pourraient venir à son aide. Non, Jésus se
laisse dépouiller jusqu’à la mort. Jésus nous apprend que ce n’est pas par la violence
et la mort qu’on détruit l’injustice et la mort. La mort ne peut pas se
détruire elle-même. On détruit l’injustice et la mort par l’amour de Dieu et du
prochain. L’amour est plus fort que la mort.
Pour nous, les hommes, c’est
incompréhensible, et, avec les disciples, nous assistons stupéfaits,
catastrophés et honteux au lynchage public de Jésus. Jésus s’est mis
volontairement à la place de celui qui est petit et faible et qui est frappé
abusivement, de celui qui est innocent et qui est condamné injustement, de
celui qui est qualifié d’indésirable et qui est rejeté de la vie.
Saint Paul le dit : en Jésus Dieu s’est
abaissé à devenir homme. Et d’homme qu’il était, il s’est abaissé à mourir
comme un paria sur une croix. Et de paria qu’il était, il s’est abaissé encore jusque
dans les profondeurs des enfers et de la mort, pour y chercher l’homme pécheur.
C’est pourquoi Dieu l’a ressuscité. L’amour est plus fort que le péché et que
la mort.
Chers frères et sœurs, Je vous invite, en ces
jours de Pâques, à lire l’Evangile. Celui de Marc est le plus court. En pensant
que cette histoire de Jésus n’est pas un mythe, mais qu’elle a réellement eu lieu,
il y a 2000 ans. Et qu’elle se rejoue tous les jours dans nos vies. Il suffit
d’allumer la télé. Les chrétiens ne croient pas à des légendes, mais à la venue
de Dieu dans notre histoire, pour nous faire entrer dans la sienne. Amen.