mardi 28 mars 2017

25-26 mars 2017 - MEMBREY - GY - 4ème dimanche de Carême - Année A

S 1b.6-7.10-13a ; Ps 22 ; Ep 5,8-14 ; Jn 9,1-41

Chers frères et sœurs,

Le combat de l’Aveugle-né contre les pharisiens est le même que celui de Jésus durant sa Passion, le même que celui des martyrs face à leurs persécuteurs, et le même que le nôtre aujourd’hui face à de plus en plus de gens qui n’aiment pas Jésus.
Dans tous les cas, les opposants ne veulent pas reconnaître que Jésus est Dieu, mais d’abord ils refusent d’accepter la réalité des faits. Il s’agit, ici, de la guérison de cet homme aveugle de naissance, et pour ce qui concerne Jésus, de sa résurrection d’entre les morts.
Ce qui caractérise les pharisiens, c’est leur volonté de fabriquer la réalité selon leurs propres idées, par tous les moyens y compris l’intimidation et jusqu’à la violence. Ils ont décidé que Jésus est un pécheur, donc il ne peut pas être le Messie, et donc il ne peut pas y avoir eu un miracle. Ils font passer leurs idées d’abord et ils se ferment à la réalité qu’ils ont pourtant sous les yeux.

Au contraire, l’Aveugle-né explique qu’il ne sait pas qui est Jésus, ni où il est. Il ne sait pas si il est juste ou pécheur. En revanche, ce qu’il sait, c’est : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois ». L’aveugle-né n’a pas d’idées sur les circonstances, il ne porte pas de jugement sur Jésus, mais il témoigne simplement de ce qui lui est arrivé : avant il était aveugle, et maintenant il voit. Il en va de même pour le témoignage des Apôtres : avant, Jésus était mort, et maintenant, il est vivant. C’est tout. C’est un fait.
Devant la réalité, les idéologies se fracassent. Les pharisiens eux-mêmes s’emmêlent dans leurs discours : ils disent une chose et son contraire. A l’Aveugle-né, ils disent, à propos de Jésus : « Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur » et, à la fin : « Celui-là, nous ne savons pas d’où il est » ! Or l’Aveugle-né n’est pas stupide, il relève tout de suite la contradiction : « Voilà bien qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est ! », alors qu’ils avaient dit « Nous savons que cet homme est un pécheur », et il ajoute, avec son bon sens : « Dieu, nous le savons, n’exauce pas les pécheurs ». La fausseté des pharisiens est dévoilée. Ils se mettent aussitôt en colère et jugent l’Aveugle-né avec mépris : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jettent dehors. Quand on ne veut pas voir la réalité, on la cache, on chercher à la transformer, ou on la détruit.

Pour l’Aveugle-né, c’est l’inverse : les faits sont là en premier, les idées et le sens des événements viennent après. D’ailleurs, il ne comprend pas tout de suite ce qu’il se passe. Au premier interrogatoire, les pharisiens lui demandent : « Et toi, que dis-tu de lui ? ». Il répond « C’est un prophète ». Il a compris que Jésus était quelqu’un qui était habité par la puissance de Dieu, mais il n’a pas encore compris que Jésus est Dieu.
C’est pourquoi Jésus le rencontre à nouveau. Il lui demande s’il croit au « Fils de l’Homme » ? La réponse est extraordinaire : « Qui est-il pour que je croie en lui ? ». L’homme a besoin de reconnaître Dieu pour pouvoir croire en lui. Et Jésus lui répond : « Tu le vois, et celui qui te parle, c’est lui ». Jésus répond trois choses : d’abord, constate quel homme je suis ; ensuite, écoute ma parole ; et alors, tu pourras me reconnaître par ma signature particulière : « c’est lui » ; qui rappelle cet instant où Dieu a donné lui-même son Nom à Moïse au Sinaï : « Je suis celui qui suis ». Dieu « c’est lui ». La réponse de l’Aveugle-né est immédiate : « Je crois, Seigneur », et il se prosterne devant Jésus, car il a vu, puis il a compris dans son intelligence et dans son âme que ce Jésus, qui est là devant lui : c’est Dieu.

Chers frères et sœurs, l’Evangile n’est pas une idéologie. Il est d’abord l’histoire de Jésus qui se raconte. Si les Apôtres et les évangélistes nous ont raconté l’histoire de Jésus, c’est pour que nous voyions les faits avec eux. Et ensuite, toujours avec eux, que nous en comprenions le sens. Alors nous sommes prêts, lorsque Jésus vient nous visiter, avec sa grâce, à croire qu’il est Dieu et qu’il est réellement vivant maintenant.

Chers frères et sœurs, nous vivons dans un monde où les idées passent avant la réalité, comme dans la tête des pharisiens. Nous-mêmes, nous réagissons souvent comme eux, sans nous en rendre compte. C’est pour cela qu’il y a de moins en moins de chrétiens. Alors, demandons au Seigneur la grâce du bons sens, celle qui fait voir et accepter la réalité d’abord, pour essayer de la comprendre ensuite. Et à la fin, trouver la joie de la foi en Jésus ; Dieu qui est toujours, à chaque instant de notre vie, vivant avec nous, pour nous faire entrer tous ensemble dans sa vie éternelle.


mercredi 22 mars 2017

19 mars 2017 - RAY-SUR-SAONE - 3ème dimanche de Carême - Année A

Ex 17,3-7 ; Ps 94 ; Rm 5,1-2.5-8 ; Jn 4,5-42

Chers frères et sœurs,

Il est toujours possible de se rendre à Naplouse, en Palestine, pour boire de l’eau vive au Puit de Jacob. Là, depuis des siècles, dans ces montagnes semi-désertiques de Samarie, l’eau coule et rafraichit hommes et troupeaux. Sans cette eau, il ne serait pas possible de vivre dans cet endroit. Comme partout et toujours, l’eau est un élément nécessaire à la vie.
La rencontre entre Jésus et la Samaritaine est tout sauf anodine. D’abord parce qu’elle se passe à midi, en plein « cagnard », ce qui est inhabituel ; ensuite, parce que les juifs et les samaritains ne se parlent pas. Et surtout, parce qu’il est interdit à un homme, surtout un rabbi, de parler avec une femme en public. Mais pour quelqu’un qui est familier des Ecritures, de l’Ancien Testament, cette rencontre fait ressortir des histoires anciennes qui lui donnent un goût particulier.

C’est au bord d’un puit que Jacob a rencontré Rachel, un puit qui servait à abreuver tous les troupeaux. D’ailleurs, Rachel est un nom qui signifie « brebis ». Et Jacob aimait tendrement Rachel.
C’est aussi au bord d’un puit que Moïse rencontra Séphora sa femme, un puit vers lequel les sept filles de Jéthro conduisaient le troupeau de leur père. Il avait fallu que Moïse chasse des mauvais bergers qui les en empêchaient, pour que leur troupeau puisse enfin être abreuvé.
Et c’est encore au bord d’un puit qu’Eliezer, le serviteur d’Abraham, découvrit la très jolie Rébecca, qui sera donnée en épouse à Isaac. Cela vaut le coup de relire la rencontre d’Eliezer et de Rébecca, et de la comparer à celle de Jésus avec la Samaritaine. Rébecca est jeune et vierge, quand la Samaritaine est une femme qui a connu plusieurs hommes dans sa vie, Eliezer est le serviteur d’Abraham, quand Jésus est le Fils du Père ; et Rébecca s’empresse de donner à boire à Eliezer et à ses chameaux, quand les Apôtres de Jésus se scandalisent de le voir parler avec une femme… les chameaux ! J

Mais comprenons qu’à travers toutes ces rencontres, il se joue quelque chose de très important, qui nous concerne nous aussi. Le puit est le lieu de la rencontre entre un homme et une femme, qui va devenir une épouse et qui va donner la vie. Dans la tradition spirituelle des juifs, la femme est liée à l’eau. En elle, se trouve la source de la vie.
Or voilà que Jésus trouve près d’un puit, une femme qui est comme une brebis perdue, autour de laquelle tournent des hommes qui l’empêchent d’être réellement une épouse pour donner la vie. Ces maris successifs, cet homme qui n’est pas son mari, ces apôtres qui n’aiment pas trop voir Jésus discuter avec elle. Or Jésus lui annonce la venue de l’époux véritable qui fera couler en elle une source d’eau vive, jaillissant pour la vie éternelle. La Samaritaine a entendu parler du Messie. Elle l’attend. Et Jésus lui réponds : « Je le suis, moi qui te parle ».
Là Jésus lui dit en même temps qu’il est Dieu – il parle comme Dieu parle à Moïse au Buisson ardent : « Je suis celui qui suis » - et en même temps il lui dit qu’il est son sauveur, ou son époux véritable qui fera d’elle enfin une femme qui donne la vie. D’ailleurs c’est ce qu’elle fait immédiatement : elle se précipite à la ville pour annoncer : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? ». Elle est devenue disciple et apôtre, remplie de la vraie vie, de la grâce de l’Esprit Saint.

Chers frères et sœurs, ne tournons pas autour du puit. Ce puit, source de vie, c’est le baptistère, où ceux qui avaient soif jusqu’à en mourir trouvent l’eau vive pour la vie éternelle. La femme qui puise, qui est la belle épouse toujours féconde, en laquelle se trouve cette vie éternelle, c’est l’Eglise.
Lorsque nous allons près d’une cuve baptismale, nous sommes au bord du puit où Rachel, Séphora et Rébecca venaient abreuver leurs troupeaux, comme la femme Samaritaine qui va revivre et devenir disciple, épouse de cœur et apôtre de Jésus auprès des siens, pour les abreuver de la vie nouvelle.
Au bord du puit, assis sur la margelle, se trouve Jésus. Jacob avait fait bouger la pierre qui couvrait le puit, pour faire boire les brebis de Rachel. Moïse avait frappé le rocher pour qu’il puisse en sortir de l’eau. Il y a une histoire de margelle, de pierre, de rocher, qui est liée à ce puit, à cette eau vive. Or le rocher frappé au moyen du bois, c’était le Christ. Jésus est celui qui est attaché au bois planté sur le rocher du Golgotha, et qui est frappé, et de son côté transpercé sont sortis du sang et de l’eau, son côté, la véritable source de vie éternelle.

Chers frères et sœurs, vous avez compris. C’est comme une poupée russe : extérieurement, il y a la rencontre d’un homme et d’une femme, avec un troupeau, au bord d’un puit. A l’intérieur, il y a l’amour entre l’homme et la femme féconde qui donne la vie. Et au cœur, il y a Jésus attaché au bois, sur le rocher, qui donne sa vie ; vie recueillie par son Eglise, l’épouse aimée, belle et fidèle, qui la transmet à la multitude, pour que celle-ci communie et vive à son tour de la vie éternelle. Amen.

dimanche 12 mars 2017

11-12 mars 2017 - VELLEXON - DAMPIERRE - 2ème dimanche de Carême - Année A

Gn 12,1-4a ; Ps 32 ; 2tm 1,8b-10 ; Mt 17,1-9

Chers frères et sœurs,

Lorsque Pierre, Jacques et Jean partent avec Jésus dans la montagne, ils ne savent pas ce qui va leur arriver. Peut-être pensent-ils qu’ils vont simplement faire un pique-nique avec Jésus, une sortie, une promenade. Mais ils devraient savoir que quand c’est Dieu qui invite à aller se promener, ce n’est jamais pour se distraire, c’est qu’il a quelque chose de très important, de fondamental, à dire, à dévoiler.

En effet, sur la montagne Jésus devient comme le buisson ardent que vit Moïse : il devient lumière mais sans se consumer. Il devient brillant comme le soleil. Pierre, Jacques et Jean sont éblouis. Ils font la même expérience de Dieu, que Moïse au Mont Sinaï, et qu’Elie au Mont Horeb. Et comme Dieu est le même, hier, aujourd’hui et demain, celui qui entre dans l’instant de Dieu est en communion avec ceux qui connaissent la même expérience. De sorte que, lorsque Moïse était au Sinaï, il ne le savait pas, mais il était déjà en communion avec Pierre, Jacques et Jean, et aussi avec Elie.

Dans cet instant de feu, Jésus se manifeste dans sa gloire. Jésus est homme, mais il est Dieu aussi, maintenant et éternellement. Croyez-vous que Jésus ait changé, là, sur la montagne, pour dévoiler sa divinité à ses disciples ? Non, pas le moins du monde : Jésus est toujours homme et toujours Dieu, à chaque seconde. Mais c’est Pierre, Jacques et Jean qui ont changé. C’est l’Esprit Saint qui les a habités, qui les a transformés, et qui a permis à leurs yeux de voir qui est réellement Jésus. Aussi bien, si nous nous laissions habiter, transformer par le Saint-Esprit, nous verrions nous aussi, Dieu dans l’homme Jésus, et nous serions en communion avec Lui, avec Moïse et Elie, et avec Pierre, Jacques et Jean. Nous connaîtrions, avec un temps d’avance, ce que ce sera notre résurrection.

Ah – allez-vous me dire ! – comme ils ont eu de la chance, Pierre, Jacques et Jean, de monter sur la montagne avec Jésus, et de connaître cet avant-goût du ciel ! Mais enfin, chers frères et sœurs, nous ne sommes pas moins bien servis qu’eux : au contraire, puisque nous voici en ce moment même et tous les dimanches, en train de monter avec Jésus sur la montagne.
Bien sûr, n’avez-vous pas encore assez d’Esprit-Saint pour voir, pour comprendre, que l’autel, sur ses marches, est le sommet de la montagne ? Ne voyez-vous pas que les cierges diffusent la lumière de la gloire de Dieu ? Ne voyez-vous pas l’homme en vêtements blancs qui est le Christ dans cette célébration ? Ne voyez-vous pas, dans le pain et le vin, le Corps et le Sang de Jésus : Il est pain et il est Corps ; il est homme et il est Dieu ; il est vin et il est Sang ; il est homme et il est Dieu. C’est le Saint-Esprit qui fait voir et qui fait comprendre, qui fait croire et qui fait communier.

Chers frères et sœurs, à chaque messe, nous sommes invités par Jésus à monter avec lui sur la montagne, où il se donne à voir, en communion avec Moïse et Elie, Pierre Jacques et Jean, et tous les saints. Oui nous sommes biens sur la montagne, car c’est l’avant-goût du ciel.

Sommes-nous dignes de cette révélation ? Non, comme dit saint Paul : « Dieu nous a appelés à une vocation sainte, non pas à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet à lui et de sa grâce ». C’est par grâce que nous avons été appelés à la messe pour que nous y soyons sanctifiés. Une messe est un don de Dieu pour aujourd’hui, une intrusion du Royaume de Dieu dans notre monde d’aujourd’hui, un rayon de lumière sur la terre. C’est une joie indescriptible.

lundi 6 mars 2017

5 mars 2017 - GY - 1er dimanche de Carême - Année A

Gn 2,7-9 ; 3,1-7a ; Ps 50 ; Rm 5,12-19 ; Mt 4,1-11

Chers frères et sœurs,

Le livre de la Genèse nous apprend qui nous sommes. Nous sommes des créatures, tirées du sol, modelées à l’image de Dieu et animées par son esprit afin de lui ressembler. De ce fait, nous sommes des créatures personnelles, c’est-à-dire en même temps uniques et en communion avec toutes les autres personnes qui partagent la même nature humaine.
C’est ainsi que lorsque l’un d’entre nous commet un péché, il en est évidemment responsable personnellement, mais en même temps, en vertu de la communion naturelle, nous sommes tous concernés par les effets de ce péché. Par exemple lorsqu’un membre d’une famille commet un crime, c’est toute la famille qui est touchée et qui se sent responsable et honteuse aux yeux des autres.
Inversement, lorsque l’un d’entre nous accomplit une œuvre bonne et sainte, il en est évidemment le premier loué, mais en même temps, en vertu de la communion naturelle, tous partagent l’honneur et la joie de cette belle œuvre. Par exemple, tous les chrétiens sont fiers des saints et des saintes qui honorent leur Eglise. Nous sommes fiers que Mère Theresa ou que Jean-Paul II aient illuminé le monde durant leur vie sur terre, et nous tous chrétiens, nous bénéficions de leur belle image.

Ainsi, nous partageons tout autant le péché que la sainteté, personnellement et collectivement ensemble. C’est pourquoi, lorsque Adam et Eve tombent dans le piège du serpent et s’arrogent le pouvoir de la connaissance du bien et du mal, ils commettent un péché qui contamine l’ensemble de l’humanité. Et pire, ils ouvrent une brèche dans les défenses de l’homme contre le serpent qui désormais sait qu’il peut être le plus fort et vaincre nos défenses dans de multiples tentations. L’humanité pécheresse est piégée deux fois : par le péché lui-même et par la brèche qui la rend faible face aux tentations.

Mais Dieu n’abandonne pas l’homme dans cet état, qui ne peut le conduire qu’à l’autodestruction, de péché en péché, la brèche s’ouvrant toujours davantage. Face à cette descente aux enfers, Dieu se fait homme. Jésus en personne, lui qui est Dieu, se fait aussi homme. Evidemment, il est aussi tenté par le serpent ou par le diable. Ce sont les mêmes tentations que pour Adam et Eve. Et le diable attaque par trois fois :
La première attaque est grossière, mais elle fonctionne très bien et elle est toujours d’actualité : le diable attend que Jésus sécularise son pouvoir divin, pour abaisser la Parole de Dieu à la gestion de problèmes purement matériels. Pour Adam et Eve, le fruit de la connaissance divine avait été présenté uniquement comme un objet consommable et désirable ;
La seconde tentation est plus subtile : elle s’appuie sur les saintes Ecritures pour les dévoyer et provoquer Jésus à se couper de l’obéissance due à son Père, en le défiant. Pour Adam et Eve, le serpent déforme l’interdit de Dieu qui ne s’applique pas à tous les arbres du jardin, mais seulement à celui qui est au milieu du jardin. Remarquons que Eve ne tombe pas dans ce piège.
La troisième tentation est inqualifiable: en s’appuyant sur sa réponse à la tentation précédente, le diable demande que Jésus qui est Dieu s’abaisse devant lui – lui le serpent qui rampe sur le sol – pour recevoir de lui pouvoir sur le monde entier. En pratique celui qui pense gagner gros avec le diable se trouve en réalité méprisé et écrasé par lui. Pour Adam et Eve, la tentation a consisté à croire la parole du diable plutôt que d’obéir au commandement de Dieu. Or la parole du diable conduit à la mort, quand l’obéissance à la Loi du Seigneur conserve dans la vie. Jésus ne se trompe pas quand il répond au diable : « C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte ».
Jésus a donc résisté au serpent du jardin d’Eden et, en vertu de la communion naturelle qu’il a avec toute l’humanité depuis qu’il s’est fait homme, il a annulé le péché d’Adam et Eve et assainit et renforcé l’ensemble du corps humain qui était fragilisé. « Je ne suis pas venu pour les justes avait dit Jésus, mais pour les pécheurs ».

Pourquoi Jésus a-t-il réussi là où Adam et Eve avaient échoué ? Parce que le diable n’a pas reconnu en l’homme Jésus la personne du Fils de Dieu. Il ne croyait pas qu’il serait possible que Dieu se fasse homme. Jésus a résisté à toutes les tentations parce qu’il aime Dieu son Père et que son Père l’aime et qu’ils partagent le même Esprit Saint créateur.

Nous savons maintenant, que grâce à notre baptême, en plus d’une humanité commune, nous appartenons aussi au même corps divin de Jésus et que nous sommes habités par son Esprit Saint. Dès lors, en communion avec Jésus, en aimant Dieu notre Père et en nous laissant animer par son Esprit Saint, nous sommes devenus capables de résister aux tentations et de faire, comme Jésus, des œuvres bonnes qui contribuent à sanctifier toute l’humanité. C’est d’ailleurs exactement ce que nous allons faire maintenant, en célébrant l’Eucharistie, pour le salut du monde.

jeudi 2 mars 2017

1 mars 2017 - DAMPIERRE - Mercredi des cendres

Jo 2,12-18 ; Ps ; 2Co 5,20-6,2 ; Mt 6,1-6.16-18

Chers frères et sœurs,

Nous voici à l’entrée du carême. Beaucoup de gens regardent ce temps comme un temps d’épreuve et de pénitence, un temps triste, presque mortifère et inhumain. Mais je voudrais vous montrer qu’ils se trompent. Le temps du carême est un temps de libération. Il est une bouffée d’oxygène pour notre corps, pour notre âme et pour notre esprit. Le temps du carême est un temps qui fait du bien.

Le carême est un temps de libération parce qu’il nous ramène à notre humanité réelle. Nous vivons dans un monde où nous sommes incités soit à idéaliser l’homme – en faire un dieu immortel ; soit à le mépriser – effacer jusqu’aux traces de son corps après sa mort. Dans les deux cas nous sommes malheureux.

Or, le premier jour du carême est un jour où nous recevons les cendres. Elles nous rappellent que nous sommes des créatures, tirées de la terre et qui retourneront à la terre, mais aussi et surtout des créatures modelées à l’image et à la ressemblance de Dieu. Nous avons été créés librement et par amour : nous sommes des êtres libres dont le principe de vie est l’amour. Ainsi, ces cendres que nous allons recevoir, nous rappellent en même temps nos limites humaines, contre l’idolâtrie de nous-mêmes, et en même temps, la trace du feu de l’amour de Dieu, contre la tentation de nous mépriser.
Recevoir les cendres, c’est se situer à la juste place : humilité et sainteté de l’homme devant Dieu et devant ses frères humains. En nous resituant au bon endroit dans l’univers, dans la création de Dieu, la célébration du mercredi des cendres nous libère des illusions sur nous-mêmes.

A l’invitation de Jésus, le carême se poursuit, par l’aumône, la prière et le jeûne. Lorsqu’un homme n’est pas à sa place dans la création et se fait des illusions idolâtriques ou mortifères sur lui-même, il s’autodétruit : corps, âme et esprit. Or justement Jésus nous donne des indications pour vivre.

Prenons le corps : le jeûne est un moyen pour exercer son corps mais aussi pour vérifier si l’on a une juste relation vis-à-vis de lui. L’effet n’est pas seulement que l’âme maîtrise le corps, mais nous savons bien aussi que l’âme se porte mieux dans un corps qui est sain. On a meilleur moral. Maîtriser son corps, c’est aussi pacifier sa relation par rapport à la création, à la nature, mais aussi à notre prochain et en définitive à Dieu.

Parlons de l’âme : la prière est un excellent moyen pour mesurer quelle est notre véritable orientation de vie : sommes-nous tournés vers la terre ou bien vers le ciel ? Est-ce que la juste maîtrise de nous-mêmes, avec l’aide de l’Esprit Saint, nous permet de vivre corps et âme, saintement ? La prière n’est pas seulement une pensée fugitive vers Dieu de temps en temps, elle suppose aussi un temps d’arrêt dans nos occupations. Quand elle est à heures régulières, elle devient une véritable respiration pour notre âme, et du coup aussi pour notre corps.

Et l’esprit ? L’aumône est un test dont Jésus nous a déjà parlé : on ne peut pas aimer en même temps Dieu et l’argent. Avec l’aumône, qui est parfois un geste réfléchi, parfois un geste réflexe, quand on rencontre une personne pauvre dans la rue, c’est la fine pointe de notre âme qui est mise à l’épreuve. La question est : est-ce que tu aimes Dieu ? Est-ce que tu as foi en lui ? Est-ce que tu espères toujours en lui ? Si la réponse est oui, je suis libre vis-à-vis de l’argent, qui n’est pour moi qu’un simple moyen de vivre et de faire du bien. Mais si je réponds non, alors  j’ai besoin de l’argent comme d’une assurance-vie et je m’enferme moi-même dans mon coffre-fort.

Voilà pourquoi l’aumône, la prière et le jeûne ne sont pas à prendre comme des pénitences mais plutôt comme des tests pour vérifier si nous sommes libres, si nous vivons libres dans la lumière de Dieu ou bien si nous sommes prisonniers de nous-mêmes. Ce sont des tests ou plutôt des exercices, pour nous libérer, pour nous oxygéner.

Voilà donc, chers frères et sœurs, le bon temps du carême, où réellement hommes et femmes, créés dans la liberté et l’amour de Dieu, libres et aimants, dans notre corps, notre âme et notre esprit, nous allons cheminer vers la joie de Pâques. Là le Seigneur nous précède et nous attend dans la communion de son amour qui est éternel.

25-26 février 2017 - BUCEY-lès-GY - SEVEUX - 8ème dimanche TO - Année A

Is 49,14-15 ; Ps 61 ; 1Co 4,1-5 ; Mt 6,24-34

Chers frères et sœurs,

Depuis plusieurs dimanches, nous sommes assis avec Jésus, autour de Jésus, sur la Montagne, pour entendre son enseignement. Jésus ne nous donne pas seulement des consignes sur la manière de bien nous comporter sur la terre, il nous révèle aussi et surtout la manière dont on vit dans le Royaume des cieux.
Aujourd’hui Jésus nous invite à choisir entre l’adoration de Dieu et l’adoration de l’argent. Quand on voit à quelles catastrophes personnelles et sociales conduit l’amour immodéré de l’argent, on peut se demander comment il ne se fait pas qu’il y ait plus de gens pour choisir plutôt d’aimer Dieu… Mais les hommes sont fascinés par l’argent comme une alouette devant un miroir, et ce pour leur plus grand malheur.
Nous pourrions croire que Jésus nous demande de faire un choix, que son enseignement s’adresse d’abord à nous. Et c’est vrai qu’il s’adresse à nous. Mais nous ne devons pas oublier que lui-même s’est déjà trouvé devant cette tentation et ce choix. Souvenez-vous, c’était juste après son baptême dans le Jourdain : il était parti 40 jours au désert pour y être tenté par Satan.
Ainsi Jésus lui-même a été tenté par l’argent. Mais, puisqu’il est Dieu, entre qui et qui, avait-il le choix ? Il avait le choix entre l’argent et nous, chacun de nous. Il a renoncé à l’adoration de Satan pour l’amour de nous, de chacun d’entre nous. Par l’amour, nous sommes un peu les maîtres de Jésus et lui nous est profondément attaché. Alors nous comprenons pourquoi nous n’avons pas à nous inquiéter d’aujourd’hui et de demain, pourvu que nous l’aimions aussi plus que tout.

Jésus nous demande de ne pas nous inquiéter pour notre vie, pour nos repas et pour notre vêtement. De quoi parle-t-il ? Bien sûr, il sait très bien que lorsqu’on se trouve avec lui, que l’on a foi en lui, il est possible qu’il nous redonne la vie, comme à la fille de Jaïre ou comme Lazare, et que constatant notre faim, il multiplie aussi devant nous les pains et les poissons. On peut aussi imaginer que sur notre chemin, nous rencontrions de bons samaritains qui nous aideront, ou des Saint Martin, pour partager leur manteau avec nous.
Mais est-ce bien de la vie matérielle de la terre dont Jésus parle vraiment ? Oui, si nous vivons dans son amour, ces choses-là peuvent nous arriver : notre Père céleste sait que nous en avons besoin. Et si nous savons bien regarder, souvent nous pouvons nous réjouir et rendre grâce à Dieu parce qu’il nous a donné la bonne chose au bon moment.
Mais Jésus, à travers les choses de la terre, parle aussi et surtout des choses du ciel.

Au fond, de quoi avons-nous peur vraiment ? D’être nu ? D’avoir faim ? Plus que toute autre chose, nous avons peur de mourir. Et Jésus aujourd’hui, parce qu’il nous aime, nous assure que nous allons vivre, que nous serons nourris et que nous serons vêtus : nous n’avons aucune crainte à avoir.

En effet, nous allons vivre parce que nous allons ressusciter avec lui. La vie de Jésus, sa vie éternelle, par son amour pour nous, nous est assurée. Et déjà cette vie nous a été donnée lors de notre baptême, où nous sommes morts et ressuscités avec Jésus.
Ensuite, nous serons nourris. Nous serons comme les oiseaux. Eux se nourrissent des fruits de la terre, nous, nous nous nourrirons des fruits du Royaume. Et déjà ces fruits nous sont donnés dans l’Eucharistie. Est-ce nous qui nous nous fabriquons cette nourriture qui vient du ciel ? Non, c’est le don de Dieu qui se multiplie par la grâce, autant de fois qu’on rompt une hostie.
Et enfin, nous serons vêtus. Jésus nous dit que les lys des champs sont plus beaux que tous les vêtements de Salomon. Il veut parler des lys des champs du Paradis. C’est-à-dire que nous, les hommes, les pauvres hommes et les pauvres femmes, bien cabossés par la vie, nous serons revêtus de la parure royale, de la gloire de Dieu, c’est-à-dire de sa propre divinité.
Regardez Jésus quand il s’est présenté à son Père après sa résurrection : croyez-vous qu’il ait été joli à voir avec toutes ses blessures, au visage, dans le dos, au côté, aux mains et aux pieds ? Mais son Père s’est précipité vers lui, l’a embrassé, l’a habillé de son plus bel habit : Jésus est roi pour l’éternité, plus beau que jamais.
Mais, chers frères et sœurs, à travers Jésus, c’est nous, nous le vieil Adam et la vieille Eve, avec notre vieux corps tout cassé, c’est nous qui revenons au paradis et Dieu qui nous enveloppe de son amour. Et déjà cet amour nous a été donné, lorsque nous avons reçu le sacrement de la confirmation : nous avons été revêtus de la grâce de Dieu.

Alors, chers frères et sœurs, baptisés, eucharistiés, confirmés, déjà le Seigneur a accompli sa parole puisque, plus que la vie de la terre, la nourriture de la terre, les vêtements de la terre, il nous a déjà donné ceux du ciel. Amen.

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