lundi 26 juillet 2021

24-25 juillet 2021 - GY - SOING - 17ème dimanche TO - Année B

2R 4,42-44 ; Ps 144 ; Ep 4,1-6 ; Jn 6,1-15
 
Chers frères et sœurs,
 
L’Évangile de ce dimanche, pour être bien compris, doit être replacé dans son contexte historique. Cela n’est pas difficile, il suffit juste de prendre le temps de lire ce qu’il se passe avant et après, que ce soit dans l’évangile selon saint Jean, mais aussi dans les autres évangiles de Marc, Matthieu et Luc.
 
Nous pouvons faire deux observations importantes.
 
La première est que, comme nous l’avons déjà vu dimanche dernier, Jésus a invité ses disciples à l’écart, de l’autre côté de la Mer de Galilée, pour s’y reposer. En réalité, Jésus les a pris avec lui à l’écart juste après avoir appris la mort de Jean-Baptiste. Et ils se rendent à côté de Bethsaïde dans les ruines désertiques où Jean s’était autrefois retiré dans la solitude, avant de prêcher un baptême de conversion. Pour Jésus, la mort de Jean-Baptiste sonne comme le signal de départ de sa véritable mission : l’annonce de l’Évangile. Maintenant, il se retrouve en première ligne. Et les gens ne s’y trompent pas : ils viennent directement vers lui, en masse. Ils attendent de la part de Jésus qu’il prenne la tête de la reconquête d’Israël, de sa sainteté et de sa liberté. N’est-il pas le fils de David ? C’est ce que Jésus va faire, effectivement, mais pas comme ils l’imaginaient.
 
La seconde observation s’inscrit parfaitement dans cette ambiguïté qu’il y a entre l’attente de la foule et la volonté de Jésus, qui est celle de Dieu : la foule attend un roi terrestre, Jésus est un roi céleste. Nous retrouvons ce décalage entre le fait que Jean-Baptiste ait été assassiné à l’occasion d’un banquet offert par le roi Hérode à ses fidèles, roi terrestre et tyrannique, tandis que Jésus, sur les lieux où Jean-Baptiste a vécu, offre un banquet à ses fidèles, non pas pour affirmer un pouvoir terrestre, mais pour annoncer un règne céleste, celui du Royaume des cieux, la communion des saints.
C’est la raison pour laquelle Jésus se retire ensuite seul dans la montagne, car il savait que les gens « allaient l’enlever pour faire de lui leur roi », or il n’est pas roi de la terre, mais roi du ciel.
 
Les deux observations que nous venons de faire nous montrent à quel point Jésus était lié à Jean-Baptiste, et à quel point également l’annonce de Jean-Baptiste était importante pour aller à Jésus. Elle l’est toujours d’ailleurs. La prédication de Jean-Baptiste appelant à se convertir et à se faire baptiser en vue du Règne de Dieu, et à suivre l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, est une prédication toujours nécessaire. D’ailleurs, nous reprenons cette dernière parole de Jean-Baptiste à chaque messe pour désigner Jésus réellement présent parmi nous avant de communier à lui. Chaque messe est une annonce, et même une anticipation, du Règne de Dieu. Elle est une multiplication des pains.
 
Maintenant et pour finir, je vous appelle à relire tout cet épisode, depuis la mort de Jean-Baptiste jusqu’à la tempête apaisée, quand Jésus et ses disciples reviennent de l’autre côté du lac. En résumé, c’est le chapitre 14 de l’Évangile selon saint Matthieu. En le lisant, pensez non seulement à ce que je viens de dire, mais aussi et surtout au fait qu’il s’agit d’une prophétie de la Passion, de la mort et de la résurrection de Jésus.
Car la mort de Jean-Baptiste correspond à la décision prise par les autorités de Jérusalem de faire mourir Jésus. Il va alors à l’écart avec ses disciples pour y célébrer la Pâque, qui annonce et anticipe déjà le Règne de Dieu. Ensuite, ils sont séparés : Jésus d’un côté qui monte seul sur la montagne, et les disciples de l’autre, en barque sur la mer déchaînée. Jésus monte seul au Golgotha tandis que les disciples sont paniqués. La mer, c’est la mort. Jésus est absent et les disciples sont perdus, jusqu’à ce que Jésus – marchant sur les eaux comme sur la mort – leur apparaît et les rassure : il est ressuscité ; il est vivant. Ils sont sauvés. Ils touchent alors la terre ferme : c’est le retour à la maison, le retour au Paradis, l’avènement tant attendu du Royaume des cieux.
 
Chers frères et sœurs, ni la foule ni les disciples n’ont compris cela lorsqu’ils ont vécu ces événement. Ils les ont compris bien après, quand ils ont connu Jésus ressuscité. Il en va de même pour nous : nous n’avons pas forcément toutes les clés pour comprendre ce que nous vivons, en ces temps parfois bien difficiles, mais gardons la foi. Demandons au Seigneur la force de la foi. Car le moment venu, il viendra et nous donnera de voir et de comprendre ces mystères. Alors nous serons bienheureux et rassasiés de la douce bonté de Dieu.

lundi 19 juillet 2021

17-18 juillet 2021 - VELLEXON - DAMPIERRE - 16ème dimanche TO - Année B

Jr 23,1-4 ; Ps 22 ; Ep 2,13-18 ; Mc 6,30-34
 
 
Chers frères et sœurs,
 
Nous pouvons retenir trois choses des lectures que nous avons entendues.
 
La première est d’ordre historique. L’endroit désert où Jésus invite ses Apôtres à se reposer se trouve à côté de Bethsaïde. Il s’agit d’un endroit que connaissaient très bien Pierre et André, mais aussi Jacques et Jean, tous pêcheurs sur le lac de Tibériade. En fait, il s’agit très exactement de l’endroit où résidait Jean-Baptiste, dans des ruines désertiques. Or, quand Jésus invite ses Apôtres à se reposer là, c’est juste après avoir appris le martyre de Jean-Baptiste, assassiné sur ordre du roi Hérode.
Par conséquent, ce que veut Jésus en allant dans le désert où vivait Jean-Baptiste, et cela juste après sa mort, c’est se ressourcer auprès de lui. Et reprendre le flambeau de l’annonce du Royaume de Dieu. D’une certaine façon, Jésus sait que, pour lui, l’heure de sa véritable mission est arrivée. Et c’est pour cela qu’il ne refusera pas d’enseigner longuement aux foules accourues le trouver, puis de les nourrir avec le miracle de la multiplication des pains.
Jésus n’a pas invité ses Apôtres à faire une retraite ou à passer un week-end à la plage, il les fait revenir à Jean-Baptiste, pour déclencher à partir de lui l’annonce de l’Évangile.
 
La seconde chose à retenir est la compassion de Jésus, qui est aussi la compassion de Dieu pour son peuple. Dieu a bien perçu les difficultés de son peuple : il est divisé en factions qui s’opposent, et il est soumis à des pasteurs indignes qui dispersent les brebis encore davantage en les apeurant et les effrayant.
Or Dieu annonce que ce n’est pas là sa manière à lui d’être pasteur. Lui, le Seigneur est bon berger : il rassemble les brebis, il prend soin d’elles pour qu’elles soient fécondes, et il leur donne la nourriture dont elles ont besoin. Et plus encore, cette nourriture, c’est lui-même. C’est ce que dit saint Paul aux Ephésiens. C’est par son corps et par son sang, par sa croix, qu’il a tué les divisions et qu’il a répandu la paix : « Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons, dans un seul Esprit, accès auprès du Père. »
Notre Seigneur est le même, hier, aujourd’hui et demain. Ses paroles ne passeront pas. Il est le bon berger qui nous aime toujours, quoi qu’il arrive.
 
Enfin, la dernière chose à retenir, est que ce qui concerne Jésus et les Apôtres, qui viennent se ressourcer auprès du lieu où avait vécu et prié Jean-Baptiste, ou ce qui concerne les mauvais pasteurs, qui dispersent les brebis quand au contraire le Seigneur veut les rassembler et les nourrir, tout cela nous concerne chacun d’entre nous.
Par ces lectures, le Seigneur nous appelle à revenir aux sources de notre foi chrétienne. Si nous savons qu’elle se trouve d’abord dans le baptême, elle s’exprime encore davantage dans la messe. Si nous voulons être forts, pour vivre selon l’Évangile dans un monde qui lui est de plus en plus contraire, il faut faire comme les foules qui accouraient à Jésus pour être enseignés et nourris par lui.
La seconde leçon est qu’il y a toujours avantage à avoir un cœur compatissant envers ses proches, y compris avec ses ennemis, plutôt que de chercher à leur faire peur et à entretenir des divisions. Cela n’est pas le plan de Dieu. Notre Dieu est un bon berger, qui aime tous ses enfants, et qui donne sa vie par amour pour eux, parce qu’il cherche la paix.

lundi 12 juillet 2021

11-12 juillet 2021 - CITEY - VELLEXON - 15ème dimanche TO - Année B

Am 7,12-13 ; Ps 84 ; Ep 1,3-14 ; Mc 6,7-13
 
Chers frères et sœurs,
 
Les lectures de ce jour nous apprennent que, portés par l’Esprit Saint, nous sommes appelés à annoncer l’Évangile autour de nous. Les signes qui accompagnent cette annonce sont des guérisons. Je voudrais souligner deux points.
 
Le premier est que l’on ne s’institue pas apôtre tout seul. Pour annoncer l’Évangile, il faut d’abord être appelé et envoyé par Dieu. Nous voyons cela avec Amos, qui rappelle qu’il était bouvier quand Dieu l’a saisi derrière le troupeau et lui a dit : « Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël. ». Nous voyons cela aussi avec les Apôtres, bien sûr, qui sont envoyés par Jésus lui-même et qui leur donne autorité sur les esprits impurs. Même Saint Paul a été choisi et envoyé par Dieu, comme vous le savez, sur le chemin de Damas.
C’est à la lumière de sa conversion que nous pouvons comprendre la nôtre, et la mission qui va avec : « En lui, vous aussi, après avoir écouté la Parole de vérité, l’Évangile de votre salut, et après y avoir cru, vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint. » Il dit exactement ici, qu’après avoir entendu l’Évangile et proclamé le Credo, nous avons été baptisés et nous avons reçu l’Esprit Saint pour que nous rendions grâce à Dieu, par l’Eucharistie et par l’annonce de l’Évangile. Ainsi, nous tous chrétiens, par le baptême, nous avons été institués par Dieu prêtres pour lui rendre grâce, prophètes pour proclamer l’Évangile, et rois pour guérir ce qui doit être guéri, pour faire le bien avec douceur : Nous ne manquons pas de l’huile de l’Esprit Saint pour cela.
 
Le second point, concerne l’Évangile que nous avons à annoncer. En quoi consiste-t-il ? C’est vraiment tout simple. Saint Paul le dit très clairement : « Le Père de notre Seigneur Jésus-Christ […] nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus le Christ. » Voilà l’objectif. Et le moyen d’y parvenir fait l’objet de la suite : « En lui [Jésus-Christ, le Fils bien-aimé], par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes. C’est la richesse de la grâce que Dieu a fait déborder jusqu’à nous en toute sagesse et intelligence. »
Nous avons donc été créés et prédestinés en Jésus-Christ à devenir saints, immaculés devant Dieu, dans son amour ; à devenir pour lui des fils et des filles pour l’éternité. Et, sachant que nous sommes ici-bas pécheurs et mortels, cette vocation nous a été acquise par la croix de Jésus et par elle nous sommes comblés de la grâce de Dieu, de sa miséricorde et de sa vie éternelle. Cadeau au commencement de notre vie ; cadeau au jour de notre baptême ; cadeau à notre arrivée au ciel. Nous n’avons rien mérité et nous ne méritons rien : Dieu nous tend la main : tel est l’Évangile de l’amour de Dieu pour nous. Il nous revient de l’accepter ou de le refuser, librement.
 
Ce que nous rappelle saint Paul, cependant, si nous avons conscience des dons reçus, c’est simplement d’être polis et de savoir remercier Dieu pour ce triple cadeau. La bonne manière de le remercier est de nous souvenir de lui et de lui rendre grâce. C’est exactement ce que nous faisons à la messe et dans nos prières ; et d’annoncer cette bonne nouvelle autour de nous. En la partageant, nous n’aurons pas moins d’Esprit Saint, mais certainement encore bien plus !
 
Voilà, chers frères et sœurs, les raisons et le contenu de la mission de l’Église et de chaque baptisé. Elles font de nous des êtres qui appartiennent autant au monde présent qu’au Règne de Dieu. Souvenons-nous sans cesse que nous sommes fils et filles de Dieu, et pourquoi, et comment. Et rendons grâce à Dieu.

lundi 5 juillet 2021

05 juillet 2021 - AUTREY-LES-GRAY - 14ème dimanche TO - Année B

Ez 2,2-5 ; Ps 122 ; 2Co 12,7-10 ; Mc 6,1-6
 
Chers frères et sœurs,
 
Le Seigneur est un Dieu qui offre généreusement et en abondance et qui n’a de cesse de montrer son amour pour l’humanité, jusqu’à son pardon. Alors quel n’est pas son étonnement lorsqu’il se trouve face à un peuple, pourtant choisi par lui, qui s’en fiche, ou – dans l’Évangile – face aux habitants de son village, et même sa propre famille, qui font la moue en affectant d’être choqués par sa prédication. Rappelons-le, il leur annonce le Règne de Dieu. Et non seulement il l’annonce, mais même, il le réalise. Mais non, cela leur répugne.
Du coup, le Seigneur a décidé qu’il ferait surgir un peuple nouveau, un peuple de prophètes, de prêtres et de rois, qui lui, saurait recevoir sa bonté et en vivre. C’est ce qu’annoncent les prophètes et qui se réalisera dans l’Église, par le baptême. Il en va de même avec Jésus, qui quitte Nazareth pour parcourir les villages d’alentour en enseignant. L’Évangile ira à d’autres, qui sauront le recevoir. Voilà tout. Il n’est pas besoin de s’énerver.
 
Évidemment ces situations nous rappellent quelque chose, à nous, les chrétiens du XXIe siècle en France. On a un peu l’impression d’être comme Ézéchiel ou Jésus, et de parler comme eux dans le vide. C’est parfois assez déprimant.
Plus encore, nous le voyons avec le témoignage de saint Paul, qui rame à contre-courant à travers « les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes »… Non seulement, il doit faire face aux contradictions extérieures, mais aussi à ses propres contradictions intérieures : l’écharde qui est dans sa propre chair. Hé bien oui, pour beaucoup nous ne sommes pas des purs, et nous le savons ; et l’Église elle-même peut être à juste titre critiquée d’avoir laissé développer un temps en son sein des ignominies.
Bref : nous sommes marginalisés et parfois rejetés, et en plus nous devons supporter en nous-mêmes des faiblesses qui donnent raison à nos contradicteurs. On ne peut pas être en meilleure situation pour annoncer l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui… n’est-ce pas ?  Faut-il désespérer ? Certainement pas.
 
Revenons aux lectures. D’abord regardons Jésus. Il n’abandonne pas mais il va plus loin parce qu’il sait que sa parole donnera du fruit en son temps. L’Église – nous devons le savoir – est le corps de Jésus. Quand elle agit, c’est Jésus lui-même qui agit. Quand un baptisé est tout seul dans un village, par lui Jésus est présent dans ce village. Mais alors comment comprendre les faiblesses de saint Paul et les ignominies perpétrée par des chrétiens ? La réponse est dans le corps de Jésus : « C’est bien moi, voyez mes plaies » ; « Mets ton doigt dans mon côté ». Le corps glorieux de Jésus, qui est l’Église, est aussi un corps abîmé par les péchés qui ont été portés contre lui, à commencer par ses propres disciples. Souvenons-nous de Judas. Nous prêchons un Christ crucifié, un Christ humain, au corps fragile comme nous, et qui a pris des coups. Mais aussi un Christ divin qui nous a sauvé par sa croix et qui nous offre son pardon, malgré tout. Nous appartenons au corps d’un Dieu qui a donné sa vie pour les pécheurs, en n’ayant pas refusé de vivre parmi eux. Et de cela, nous devons être fiers.
 
Regardons ensuite Ézéchiel. Évidemment, il est effrayé d’être prophète au milieu de tout un peuple qui a renié son Dieu. Mais le Seigneur lui donne de quoi tenir dans la tempête. C’est dans la suite du texte d’aujourd’hui. Le Seigneur lui fait manger un rouleau, qui a pour lui la douceur du miel : c’est le Rouleau des Écritures, de la Loi. Le serviteur de Dieu peut tenir bon, s’il se nourrit de la Parole de Dieu comme d’une nourriture essentielle. Pour Ezéchiel, c’était la Loi, la Torah, et pour nous chrétiens c’est aussi la Torah et l’Évangile où en Jésus les promesses de la Loi sont accomplies. Et en plus, nous avons les sacrements, et particulièrement celui de l’Eucharistie : « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » nous a promis Jésus.
 
Et puis finalement, regardons saint Paul, qui ose affirmer : « Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. » D’abord saint Paul sait qu’il appartient au corps du Christ parce qu’il est baptisé, et que le Christ est toujours avec lui parce qu’il est fidèle à sa Parole en toutes circonstances. Mais en plus : parce qu’il a la foi. Il sait que si le Seigneur permet qu’il se retrouve dans des situations dramatiques, ce n’est pas pour la mort, mais pour la vie, et qu’il ne l’abandonnera pas. C’est pour sa prière et son témoignage : c’est pour son acte de foi. Alors, quand saint Paul est au fond du trou, il tient bon, et il chante, debout : « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort ! » Il sait qu’à ce moment précis, lui-même ressemble à Jésus en croix. Et il sait que c’est pour le salut du monde, en vue du Règne de Dieu.

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