lundi 5 juillet 2021

05 juillet 2021 - AUTREY-LES-GRAY - 14ème dimanche TO - Année B

Ez 2,2-5 ; Ps 122 ; 2Co 12,7-10 ; Mc 6,1-6
 
Chers frères et sœurs,
 
Le Seigneur est un Dieu qui offre généreusement et en abondance et qui n’a de cesse de montrer son amour pour l’humanité, jusqu’à son pardon. Alors quel n’est pas son étonnement lorsqu’il se trouve face à un peuple, pourtant choisi par lui, qui s’en fiche, ou – dans l’Évangile – face aux habitants de son village, et même sa propre famille, qui font la moue en affectant d’être choqués par sa prédication. Rappelons-le, il leur annonce le Règne de Dieu. Et non seulement il l’annonce, mais même, il le réalise. Mais non, cela leur répugne.
Du coup, le Seigneur a décidé qu’il ferait surgir un peuple nouveau, un peuple de prophètes, de prêtres et de rois, qui lui, saurait recevoir sa bonté et en vivre. C’est ce qu’annoncent les prophètes et qui se réalisera dans l’Église, par le baptême. Il en va de même avec Jésus, qui quitte Nazareth pour parcourir les villages d’alentour en enseignant. L’Évangile ira à d’autres, qui sauront le recevoir. Voilà tout. Il n’est pas besoin de s’énerver.
 
Évidemment ces situations nous rappellent quelque chose, à nous, les chrétiens du XXIe siècle en France. On a un peu l’impression d’être comme Ézéchiel ou Jésus, et de parler comme eux dans le vide. C’est parfois assez déprimant.
Plus encore, nous le voyons avec le témoignage de saint Paul, qui rame à contre-courant à travers « les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes »… Non seulement, il doit faire face aux contradictions extérieures, mais aussi à ses propres contradictions intérieures : l’écharde qui est dans sa propre chair. Hé bien oui, pour beaucoup nous ne sommes pas des purs, et nous le savons ; et l’Église elle-même peut être à juste titre critiquée d’avoir laissé développer un temps en son sein des ignominies.
Bref : nous sommes marginalisés et parfois rejetés, et en plus nous devons supporter en nous-mêmes des faiblesses qui donnent raison à nos contradicteurs. On ne peut pas être en meilleure situation pour annoncer l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui… n’est-ce pas ?  Faut-il désespérer ? Certainement pas.
 
Revenons aux lectures. D’abord regardons Jésus. Il n’abandonne pas mais il va plus loin parce qu’il sait que sa parole donnera du fruit en son temps. L’Église – nous devons le savoir – est le corps de Jésus. Quand elle agit, c’est Jésus lui-même qui agit. Quand un baptisé est tout seul dans un village, par lui Jésus est présent dans ce village. Mais alors comment comprendre les faiblesses de saint Paul et les ignominies perpétrée par des chrétiens ? La réponse est dans le corps de Jésus : « C’est bien moi, voyez mes plaies » ; « Mets ton doigt dans mon côté ». Le corps glorieux de Jésus, qui est l’Église, est aussi un corps abîmé par les péchés qui ont été portés contre lui, à commencer par ses propres disciples. Souvenons-nous de Judas. Nous prêchons un Christ crucifié, un Christ humain, au corps fragile comme nous, et qui a pris des coups. Mais aussi un Christ divin qui nous a sauvé par sa croix et qui nous offre son pardon, malgré tout. Nous appartenons au corps d’un Dieu qui a donné sa vie pour les pécheurs, en n’ayant pas refusé de vivre parmi eux. Et de cela, nous devons être fiers.
 
Regardons ensuite Ézéchiel. Évidemment, il est effrayé d’être prophète au milieu de tout un peuple qui a renié son Dieu. Mais le Seigneur lui donne de quoi tenir dans la tempête. C’est dans la suite du texte d’aujourd’hui. Le Seigneur lui fait manger un rouleau, qui a pour lui la douceur du miel : c’est le Rouleau des Écritures, de la Loi. Le serviteur de Dieu peut tenir bon, s’il se nourrit de la Parole de Dieu comme d’une nourriture essentielle. Pour Ezéchiel, c’était la Loi, la Torah, et pour nous chrétiens c’est aussi la Torah et l’Évangile où en Jésus les promesses de la Loi sont accomplies. Et en plus, nous avons les sacrements, et particulièrement celui de l’Eucharistie : « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » nous a promis Jésus.
 
Et puis finalement, regardons saint Paul, qui ose affirmer : « Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. » D’abord saint Paul sait qu’il appartient au corps du Christ parce qu’il est baptisé, et que le Christ est toujours avec lui parce qu’il est fidèle à sa Parole en toutes circonstances. Mais en plus : parce qu’il a la foi. Il sait que si le Seigneur permet qu’il se retrouve dans des situations dramatiques, ce n’est pas pour la mort, mais pour la vie, et qu’il ne l’abandonnera pas. C’est pour sa prière et son témoignage : c’est pour son acte de foi. Alors, quand saint Paul est au fond du trou, il tient bon, et il chante, debout : « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort ! » Il sait qu’à ce moment précis, lui-même ressemble à Jésus en croix. Et il sait que c’est pour le salut du monde, en vue du Règne de Dieu.

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