Jr 23,1-4 ; Ps
22 ; Ep 2,13-18 ; Mc 6,30-34
Chers
frères et sœurs,
Nous
pouvons retenir trois choses des lectures que nous avons entendues.
La
première est d’ordre historique. L’endroit désert où Jésus invite ses Apôtres à
se reposer se trouve à côté de Bethsaïde. Il s’agit d’un endroit que connaissaient
très bien Pierre et André, mais aussi Jacques et Jean, tous pêcheurs sur le lac
de Tibériade. En fait, il s’agit très exactement de l’endroit où résidait
Jean-Baptiste, dans des ruines désertiques. Or, quand Jésus invite ses Apôtres
à se reposer là, c’est juste après avoir appris le martyre de Jean-Baptiste,
assassiné sur ordre du roi Hérode.
Par
conséquent, ce que veut Jésus en allant dans le désert où vivait Jean-Baptiste,
et cela juste après sa mort, c’est se ressourcer auprès de lui. Et reprendre le
flambeau de l’annonce du Royaume de Dieu. D’une certaine façon, Jésus sait que,
pour lui, l’heure de sa véritable mission est arrivée. Et c’est pour cela qu’il
ne refusera pas d’enseigner longuement aux foules accourues le trouver, puis de
les nourrir avec le miracle de la multiplication des pains.
Jésus
n’a pas invité ses Apôtres à faire une retraite ou à passer un week-end à la
plage, il les fait revenir à Jean-Baptiste, pour déclencher à partir de lui
l’annonce de l’Évangile.
La
seconde chose à retenir est la compassion de Jésus, qui est aussi la compassion
de Dieu pour son peuple. Dieu a bien perçu les difficultés de son peuple :
il est divisé en factions qui s’opposent, et il est soumis à des pasteurs
indignes qui dispersent les brebis encore davantage en les apeurant et les
effrayant.
Or
Dieu annonce que ce n’est pas là sa manière à lui d’être pasteur. Lui, le
Seigneur est bon berger : il rassemble les brebis, il prend soin d’elles pour
qu’elles soient fécondes, et il leur donne la nourriture dont elles ont besoin.
Et plus encore, cette nourriture, c’est lui-même. C’est ce que dit saint Paul
aux Ephésiens. C’est par son corps et par son sang, par sa croix, qu’il a tué
les divisions et qu’il a répandu la paix : « Par lui, en effet,
les uns et les autres, nous avons, dans un seul Esprit, accès auprès du Père. »
Notre
Seigneur est le même, hier, aujourd’hui et demain. Ses paroles ne passeront
pas. Il est le bon berger qui nous aime toujours, quoi qu’il arrive.
Enfin,
la dernière chose à retenir, est que ce qui concerne Jésus et les Apôtres, qui
viennent se ressourcer auprès du lieu où avait vécu et prié Jean-Baptiste, ou
ce qui concerne les mauvais pasteurs, qui dispersent les brebis quand au
contraire le Seigneur veut les rassembler et les nourrir, tout cela nous
concerne chacun d’entre nous.
Par
ces lectures, le Seigneur nous appelle à revenir aux sources de notre foi
chrétienne. Si nous savons qu’elle se trouve d’abord dans le baptême, elle
s’exprime encore davantage dans la messe. Si nous voulons être forts, pour
vivre selon l’Évangile dans un monde qui lui est de plus en plus contraire, il
faut faire comme les foules qui accouraient à Jésus pour être enseignés et nourris
par lui.
La
seconde leçon est qu’il y a toujours avantage à avoir un cœur compatissant
envers ses proches, y compris avec ses ennemis, plutôt que de chercher à leur faire
peur et à entretenir des divisions. Cela n’est pas le plan de Dieu. Notre Dieu
est un bon berger, qui aime tous ses enfants, et qui donne sa vie par amour
pour eux, parce qu’il cherche la paix.