lundi 28 novembre 2016

26-27 novembre 2016 - LAVONCOURT - BOURGUIGNON-lès-LA-CHARITE - 1er dimanche de l'Avent - Année A

Is 2,1-5 ; Ps 121 ; Rm 13,11-14a ; Mt 24,37-44

Chers frères et sœurs,

Si nous voulons comprendre de manière juste ce que nous dit Jésus, il faut lire l’Evangile avec attention, presque en détail, le méditer suffisamment longtemps en le plaçant sous la lumière de la mort et de la résurrection de Jésus, et contempler ce que l’Esprit Saint nous donne à voir.

En premier lieu, il faut resituer la scène dans le déroulement de la vie de Jésus. Comme dimanche dernier, lorsque qu’il prononce ces propos, Jésus se trouve à Jérusalem après y être entré sous les acclamations, après avoir chassé les marchands du Temple, et avant de vivre sa Passion. Jésus annonce sa mort et sa résurrection, qui sera le jour du jugement, qu’il compare ici au jour où Noé est entré dans l’Arche. Jésus nous avertit qu’il y a le jour d’avant, où l’on mangeait, où l’on buvait, où l’on se mariait, parce qu’on était dans le monde ancien ; et il y a le jour d’après où l’on découvre, où l’on connait, la vie nouvelle de la résurrection qui apparait après le cataclysme, après le déluge.

La traduction liturgique ne nous aide pas à bien comprendre le fait que, pour Jésus, le déluge est quelque chose de positif.
Nous lisons : « Deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé ». Spontanément nous comprenons que la mort viendra frapper le premier et épargnera le second ; que le premier sera jugé et que le second aura la vie sauve. Et donc qu’il vaut mieux être le second que le premier… Mais c’est un contresens, c’est une erreur d’interprétation !
En réalité, voici ce que dit Jésus : « Deux hommes seront aux champs : l’un sera emmené, l’autre laissé ». Le premier sera emmené par Jésus, comme une brebis est emmenée par son berger, jusqu’à la bergerie. C’est le « Viens et suis-moi » de Jésus, l’appel auquel ses disciples répondent « oui » immédiatement, et « Ils quittèrent tout et le suivirent ».
Ainsi donc, le jour où Noé entra dans l’Arche en bois est le jour où Jésus fut attaché à la croix en bois. Sa mort et sa résurrection accomplissent la fin du monde ancien pour faire naître le monde nouveau, où ceux qui seront appelés seront emmenés pour vivre une vie nouvelle, et les autres laissés dans le monde ancien destiné à disparaître.

Jésus continue. Il s’adresse à ses disciples : « Veillez donc, vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient ». Souvenez-vous que, quelques jours plus tard, à Gethsémani, Jésus va reprocher à ses disciples de dormir : « Vous n’êtes mêmes pas capables de veiller une heure ! ». Car l’heure de la Passion vient.
Et Jésus prend cette image du voleur qui, par surprise, entre dans la maison : « C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ». Or c’est bien toutes portes fermées, au Cénacle, que Jésus est apparu à ses disciples, ressuscité. Et cela, non, ils n’y pensaient pas, non, ils n’y croyaient pas.

Alors quelle leçon tirer pour nous ? Depuis que Jésus est mort et ressuscité, en quelque sorte la fin du monde a déjà eu lieu, et dès lors, Jésus, quand il veut, comme il veut, peut entrer dans nos vies comme un voleur et nous emmener avec lui dans sa vie nouvelle. Il nous demande simplement de nous y préparer.
Saint Paul nous rappelle qu’il y a une époque où nous sommes devenus croyants, c’est-à-dire un moment où nous avons été baptisés. Depuis ce jour, nous avons déjà un pied dans cette vie nouvelle. Nous sommes déjà en train de naître à cette vie nouvelle. Aussi saint Paul nous invite-t-il à abandonner les habitudes du monde ancien, pour vivre déjà maintenant dans celles de la vie nouvelle, en nous revêtant du Seigneur Jésus-Christ, en communiant à lui.

Chers frères et sœurs, nous savons que Jésus est ressuscité et qu’il est venu chercher ses disciples pour en faire des grands prêtres et des Apôtres. Il est aussi venu chercher chacun de nous, le jour de notre baptême, pour faire de nous des veilleurs et des missionnaires de l’Evangile. Aujourd’hui, et demain, il va venir de nouveau, par surprise, pour faire de nous des saints et des bienheureux, en communion avec lui dans sa vie nouvelle. Veillons donc et préparons-nous, en attendant avec tous les anges et tous les saints, que tout notre univers, un jour, soit enfin illuminé, et passe lui aussi par la grande renaissance. Amen.







mardi 22 novembre 2016

20 novembre 2016 - DAMPIERRE - Solennité du Christ Roi - Année C

2S 5,1-3 ; Ps 121 ; Col 1,12-20 ; Lc 23,35-43

Chers frères et sœurs,

Dieu ne voulait pas de roi dans le peuple d’Israël. En effet, il n’y en avait pas besoin, puisque d’une part le roi, c’était Dieu lui-même, qui guidait son peuple, et d’autre part, parce qu’avec l’Esprit Saint, Dieu y choisissait des prophètes comme Moïse, ou des Juges comme Samson, et même des femmes Juges comme Deborah, qui rendait la justice sous un palmier.

C’est le roi qui est la source de la loi ; c’est lui qui fait justice, qui désigne et récompense le bien et qui dénonce et punit le mal. La fonction du prophète ou du Juge, revêtu de l’autorité de Dieu-roi, était donc de rendre justice en son nom.

Mais le peuple d’Israël a voulu avoir un roi, pour faire comme les peuples d’à côté. Dieu a fini par accepter, mais à une condition : que ce roi soit d’abord un serviteur de Dieu, un serviteur fidèle de sa Loi transmise par Moïse, pour pouvoir rendre justice de manière juste. Sans quoi la royauté lui serait retirée. C’est malheureusement, ce qui s’est passé pour Saül, pour Achab et d’autres, qui firent ce qui est mal aux yeux du Seigneur, et qui entraînèrent ainsi le peuple de Dieu dans la destruction.
Au contraire, David est le modèle du roi en Israël, parce qu’avant d’être investi par des hommes, il est d’abord consacré par Dieu : enfant, il a reçu l’onction du prophète Samuel. David est un roi prophète, ou plus exactement un prophète roi. Et c’est ainsi qu’il annonce qui sera le vrai roi : Jésus.

Quand on lit le récit de l’intronisation de David et qu’on le compare à celui de la crucifixion de Jésus, on est un peu déboussolés. Car l’un est le miroir de l’autre.
Voilà David, entouré des anciens, qui l’acclament et le bénissent, quand Jésus est entouré des chefs des prêtres et de la foule, qui lui font violence et le maudissent. David est oint avec de l’huile parfumée ; à Jésus on offre de la boisson vinaigrée. David est assis sur un trône et Jésus, cloué sur la croix.
Or Jésus, sur la croix comme un roi sur son trône, va rendre justice. Il est là pour rendre un jugement entre le mauvais et le bon larron.

Le premier prend Jésus à partie : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! ». Voilà la revendication des hommes qui s’adressent à Dieu pour exiger de lui ce qui est bon à leurs yeux. Le mauvais larron ne croit pas à un monde nouveau en-dehors de ce monde, c’est pourquoi il a peur de la mort et il veut être sauvé. Il n’a pas foi en Dieu. Il veut décider lui-même ce qui est bien et il somme Dieu de confirmer par un acte de puissance qu’il a raison. Cet homme parle au nom de tous ceux qui se révoltent contre Dieu et qui veulent être rois à sa place pour créer leur propre justice.

Mais l’autre malfaiteur intervient « Tu ne crains donc pas Dieu !  (Il a vu juste !) Tu es pourtant un condamné toi aussi ! Pour nous, c’est juste, après ce que nous avons fait. Mais lui il n’a rien fait de mal ». Ce malfaiteur reconnaît qui il est en vérité, en se plaçant humblement en face de Dieu. Il ne juge pas Dieu, dont il dit qu’il est innocent. Il ne veut pas prendre sa place. C’est pourquoi il ajoute : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume ». Le bon larron croit qu’il y a un monde nouveau au-delà de ce monde, et il a foi que Jésus peut l’aider à y entrer. Même si la situation présente est humainement désespérée, même s’il sait qu’il est le dernier des pécheurs, il croit que Jésus peut faire quelque chose pour lui.

Alors, Jésus, qui est au bout du bout : condamné, sur une croix, insulté, maudit, va se comporter en roi. Il va rendre son jugement, le jugement entre le mal et le bien, entre celui qui veut être roi à la place du roi, et celui croit et qui espère. Jésus, sur le trône de la croix, va rendre le jugement du roi de l’univers : « Amen, je te le dis – dit-il à l’humble qui croit et qui espère – aujourd’hui, avec moi, tu seras en paradis ».

Voilà le jugement : ceux qui aiment Dieu et leur prochain, ceux qui ont foi en lui et qui l’espèrent, même s’ils sont pécheurs, mêmes s’ils sont les derniers sur la terre, seront les premiers dans les cieux. Amen.

dimanche 13 novembre 2016

13 novembre 2016 - GY - 33ème dimanche TO - Année C

Ma 3,19-20a ; Ps 97 ; 2Th 3,7-12 ; Lc 21,5-19

Chers frères et sœurs,

Jésus a prononcé ces paroles après être monté à Jérusalem assis sur un ânon, acclamé par les gens des rameaux à la main, après avoir chassé les marchands du Temple et renversé leurs comptoirs. Il a prononcé ces paroles, peu avant son dernier repas avec ses disciples, juste avant sa Passion. Jésus sait déjà qu’il va être arrêté, jugé, et condamné à mort.

C’est la raison pour laquelle ses propos sont terrifiants. Car vous vous souvenez qu’il a établi un parallèle entre le Temple et son propre corps. Oui, bientôt, celui-ci sera détruit. Et lorsque Jésus dresse la liste de ce qui arrivera à ses disciples, en réalité il prophétise ce qu’il lui arrivera à lui : vous serez détestés, vous serez trahis par vos frères, vous comparaîtrez devant des rois et des gouverneurs, vous serez mis en prison, on portera la main sur vous et on vous persécutera. Tout cela est arrivé à Jésus durant sa Passion.

En réalité, la persécution et la fin du monde qu’annonce Jésus a déjà eu lieu dans son propre corps lors de sa Passion et de sa mort. Il nous enseigne que ce qui lui est arrivé à lui, arrivera un jour à ses disciples et au monde, parce que ses disciples sont son corps et parce que, depuis qu’il a pris chair de la Vierge Marie, tout l’univers entier est aussi lié à son devenir. Il y a un lien spirituel et physique entre Jésus et ses disciples, entre Jésus et tout l’univers. Ce qui arrive à l’un arrive aux autres, ce qui concerne les hommes et le monde concerne aussi Jésus, en permanence.

Cependant un chrétien ne peut oublier la parole de Jésus : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai ». Oui le Temple du corps de Jésus a été détruit, mais il est ressuscité et il est vivant aujourd’hui. De même, les persécutions conduisent à la mort du corps, mais elles ouvrent aussi, avec la grâce de Dieu, à une vie totalement nouvelle. Aussi bien, la fin du monde annoncé par Jésus n’est-elle pas une impasse, mais une création nouvelle qui fait naître un univers nouveau, un corps nouveau de ressuscité, dans lequel se trouvent tous les vivants.

Le prophète Malachie nous annonce ce jour de renaissance comme une fournaise pour les arrogants et les impies, et comme une guérison pour ceux qui craignent le Nom du Seigneur. Les rayons du soleil levant sont brûlants pour les orgueilleux, mais réconfortants pour les humbles qui aiment Dieu et qui lui demeurent fidèles jusqu’au bout. Nous voyons bien que ce soleil qui brûle, ou qui réchauffe le cœur, est l’amour du Seigneur lui-même : son Esprit Saint. Les méchants le craignent, les croyants l’attendent avec impatience. Cet amour a déjà été donné à la Pentecôte, et il habite le cœur de ceux qui aiment Dieu.

Chers frères et sœurs, la Passion, la Croix et la Résurrection de Jésus sont déjà le commencement de la fin du monde et la naissance du monde nouveau. Par notre baptême, par le sacrement de la confirmation, avec Jésus, nous sommes nous-mêmes morts au monde ancien et déjà nés dans le monde nouveau : nous avons reçus l’Esprit du Seigneur. Nous lui appartenons. Aussi n’avons-nous rien à craindre des prophètes de malheur. Il nous appartient d’annoncer cette bonne nouvelle et d’attendre, comme des veilleurs fidèles, qu’au bout de la nuit se lève le soleil, et qu’enfin réunis dans la gloire de Dieu, avec la Bienheureuse Vierge Marie et tous les saints, nous chantions éternellement notre bonheur d’être des vivants pour l’éternité.

vendredi 11 novembre 2016

11 novembre 2016 - VELLEXON - Fête de Saint Martin

Is 61,1-3a ; Ps 88 ; Mt 25,31-40

Chers frères et sœurs, chers amis,

Le village de Vellexon peut se réjouir d’avoir pour patron saint Martin. Tous ont en mémoire le geste fameux, où, se trouvant devant un pauvre homme grelottant de froid, le saint découpa son manteau militaire en deux pour lui en donner la moitié. Ceux qui le connaissent mieux pour avoir lu sa vie, savent qu’évêque, il avait refusé un trône comme siège épiscopal, pour lui préférer un modeste tabouret. Il est clair que son rayonnement a été celui de la charité envers tous, dans la plus grande humilité.
Pour autant, il ne faut pas confondre les effets avec leur cause. Pourquoi une telle vertu, une telle charité ? Au point que tous les peuples de la gaule romaine, ainsi que les peuples barbares, burgondes, wisigoths et francs qui l’avaient envahie, l’ont adopté d’un seul cœur comme saint Patron, Patron de leur nouveau pays, unifié par Clovis, c’est-à-dire la France nouvellement baptisée ? Pourquoi un tel rayonnement de saint Martin ?

« L’amour du Seigneur, sans fin je le chante » dit le Psaume. La vie de saint Martin a été comme un éclatant chant de louange, de remerciement à Dieu, pour la grâce immense que Dieu lui avait faite en le faisant chrétien. Cet amour de Dieu reçu en son cœur, consacré par le baptême, a été un talent que le jeune Martin jusqu’à ses vieux jours n’a cessé de faire fructifier, nous faisant tous profiter de sa richesse, jusqu’à aujourd’hui.

Chers frères et sœurs, quel était donc le secret de saint Martin, pour avoir à ce point déployé ce don que Dieu lui avait fait dans sa jeunesse ? Tout simplement, il était soldat ; soldat de l’armée romaine. Mon affirmation ne devrait pas vous étonner, surtout ceux qui parmi nous sont, ou ont été, militaires.
En effet, le devoir d’obéissance à son chef, jusqu’au don de sa vie, fait la puissance d’une armée, en démultipliant sa capacité tactique, entraînant par là, souvent, la différence au combat. Chez les romains, ce devoir d’obéissance était une vertu, vertu qui faisait que le soldat confiait sa vie à son général et qu’en retour le général assurait à ses hommes que son commandement les mènerait tous à la victoire. Or cette vertu a un nom : on l’appelait en latin la « fides ». En français : la foi.
Jésus ne s’y est pas trompé lorsqu’il a rencontré le centurion romain : après que le militaire l’ait prié de donner un ordre pour guérir son esclave malade, en étant assuré que les éléments lui obéiraient à l’image des soldats obéissant à leur chef, Jésus lui répondit : « Je n’ai jamais vu une telle foi en Israël ».
Voilà le secret de saint Martin : la foi en Jésus. Soldat du Christ, il obéissait entièrement, jusqu’au don de tout lui-même, de toute sa vie, à son général, le Seigneur son Dieu. Et de même qu’en 22 ans de carrière militaire jamais il n’avait été pris en défaut d’un quelconque manquement, jamais depuis le commencement de son humble vie d’ermite jusqu’à sa mort dans celle d’évêque, il n’a été pris en défaut d’une quelconque désobéissance à la volonté de Dieu. Et Dieu a fait, par lui, des merveilles, tout en le conduisant à la victoire des bienheureux.


Que cela nous fasse réfléchir. L’unité de tout un royaume, composé de peuples différents, s’est faite durant les siècles, à partir de la figure d’un homme dont l’unique objet dans sa vie a été de vouloir obéir, toujours et partout, aux commandements du Seigneur : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de toute ton âme, de tout ton cœur et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même ». Voilà ce qui constitue donc le cœur et la vitalité d’une des plus puissantes racines chrétienne de la France. Elle fait de nous tous des frères et sœurs d’un même Père, égaux dans la charité, et libres dans la paix. Amen. 

lundi 7 novembre 2016

05-06 novembre 2016 - ROCHE-ET-RAUCOURT - RAY-SUR-SAONE - 32ème dimanche TO - Année C

2M 7,1-2.9-14 ; Ps 16 ; 2Th 2, 16 à 3,5 ; Lc 20,27-38

Chers frères et sœurs,

Les Sadducéens sont les descendants de la famille du grand prêtre Sadoc. Ce sont des gens qui vivent du commerce du Temple, et n’ont pour Bible que les 5 livres de la Loi et le livre de Josué. Ils ne reconnaissent pas les livres prophétiques qui annoncent la résurrection, comme le livre d’Ezéchiel par exemple. C’est la raison pour laquelle, pour leur répondre sur cette question, Jésus ne peut s’appuyer que sur les livres de la Loi. Mais il ne va pas se démonter.

Jésus explique d’abord que la prolongation de la vie, évidemment nécessaire dans notre monde, doit se faire par une descendance qui est elle-même la raison d’être du mariage entre un homme et une femme. La prolongation de la vie, dans une filiation reconnue socialement, est la justification du mariage.
Mais au ciel, étant donné que la vie est éternelle, il n’est plus besoin de se marier pour générer une descendance. C’est ainsi, dit Jésus, que tous ceux qui ressuscitent et qui sont jugés dignes d’avoir part au monde à venir, ne prennent pas femme ou mari. La femme et ses sept maris, se retrouveront donc comme frères et sœurs. Jésus dit qu’ils sont semblables aux anges, c’est-à-dire en communion totale avec Dieu, dans sa gloire, dans la communion des saints.

Evidemment cette réponse de Jésus ne peut satisfaire les Sadducéens que si Jésus leur prouve que la résurrection est réelle. Il ne peut le faire qu’en s’appuyant sur les 5 premiers livres de la Bible, les livres de la Loi. Il choisit, dans le livre de l’Exode, l’épisode de la rencontre entre Dieu et Moïse au buisson ardent, où Moïse désigne Dieu comme Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac et Dieu de Jacob. Bien sûr, si Moïse parle ainsi, c’est que cela suppose qu’Abraham, Isaac et Jacob sont vivants, et donc qu’ils sont ressuscités.
Pourquoi Moïse peut-il affirmer cela ? D’abord, parce que c’est Dieu lui-même qui se nomme ainsi : « Je suis le Dieu de tes Pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob », mais surtout qu’à l’instant même Moïse est en train de vivre ce qu’ont vécu Pierre, Jacques et Jean lors de la Transfiguration : lorsque Dieu se manifeste, ceux qui vivent cette manifestation avec lui entrent dans sa gloire et donc dans la communion des saints : il connaissent les vivants qui sont au ciel. Voilà pourquoi Moïse peut affirmer qu’Abraham, Isaac et Jacob sont vivants et que la démonstration de Jésus est solide.

Ce qui est très frappant dans la loi du lévirat, c’est qu’elle est accomplie par Jésus lui-même. Je vous la relis dans le résumé de saint Luc : « Si un homme a un frère qui meurt en laissant une épouse mais pas d’enfant, il doit épouser la veuve pour susciter une descendance à son frère ». Ce à quoi Luc aurait dû ajouter : « ainsi le nom de son frère ne sera pas effacé d’Israël » et préciser d’autre part que la descendance dont il s’agit est un « fils premier-né ».
L’épouse, c’est le peuple d’Israël. Elle est veuve parce que son mari meurt. Son mari c’est l’Esprit Saint. Il meurt parce qu’Israël s’est détourné de lui, et elle n’a donc pas d’enfant de lui. Alors, selon la loi du lévirat, le frère vient épouser la femme. Le frère, c’est Dieu le Père, lui-même, qui vient épouser son peuple pour lui susciter un fils – un premier-né – qui relèvera le nom du défunt. En Marie, c’est Israël qui est épousée par Dieu, pour susciter Jésus, premier-né, qui redonnera vie, en quelque sorte, à l’Esprit Saint dans le monde.
Voyez comme Jésus n’abolit jamais la Loi, mais au contraire vient-il l’accomplir.

Il faut que vous sachiez que la Loi de Moïse envisage aussi, dans une deuxième partie, le cas où le frère du défunt refuse d’épouser la femme. Celle-ci doit alors convoquer le conseil des anciens et, si ce frère refuse toujours de l’épouser, alors la femme l’humiliera, lui crachera au visage (c'est dans le texte), et le maudira, ainsi que sa maison. Ici c’est la famille des Sadducéens qui est la femme et c’est Jésus qui est le frère. Or Jésus refuse de les « épouser ». Ils convoqueront donc le grand conseil, et selon la loi, ils l’humilieront et le maudiront comme vous le savez, sur la Croix.
Ainsi, Jésus accomplira-t-il en même temps et la première partie et la seconde partie de la Loi de Moïse.

Chers frères et sœurs, Jésus est venu accomplir, réaliser et confirmer les Ecritures de l’Ancien Testament. Parce qu’elles sont la prophétie de l’Evangile. C’est ce que Jésus a expliqué lui-même aux pèlerins d’Emmaüs qui en avaient le cœur tout brûlant. Demandons au Seigneur son Esprit Saint pour  qu’il nous fasse entrer toujours davantage dans son mystère d’amour et dans sa joie. Amen.

jeudi 3 novembre 2016

02 novembre 2016 - SOING - Commémoration des fidèles défunts - Année C

Da 12,1-3 ; Ps 26 ; Jn 14,1-6

Chers frères et sœurs,

La résurrection des morts n’est pas seulement une espérance, comme cela pouvait être le cas au temps du prophète Daniel : depuis que Jésus est ressuscité, elle est une réalité.

A l’époque du prophète Daniel, aucun homme n’était ressuscité des morts. Et si les hébreux l’espéraient, l’attendaient, parce qu’ils avaient foi dans l’alliance que Dieu avait conclue avec eux, ils n’avaient encore jamais vu un homme ressuscité.
Mais tout a changé avec Jésus. Après que Jésus soit mort sur la croix, il a été enterré. Et voilà qu’après plusieurs heures passées au tombeau, il est apparu vivant, dans son corps, à Marie-Madeleine, à ses Apôtres, à beaucoup de disciples et même bien plus tard à saint Paul, sur le chemin de Damas. Souvenez-vous, saint Thomas n’y croyait pas. Il ne voulait pas y croire. Et pourtant, parce que Jésus était là devant lui, il avait fallu qu’il se rende à l’évidence : Jésus est vivant, éternellement vivant.
Pour nous, cela change tout. Cela veut dire que l’espérance d’Israël est couronnée et que les prophéties de la résurrection sont vraies. Elles ont commencé à se réaliser avec Jésus. Parce que Jésus est vivant, nous aussi, nous allons revivre après notre mort, et tous ceux qui nous ont déjà quittés revivront aussi.

Tous ressusciteront. Absolument tous. Mais le prophète Daniel nous parle d’un jugement : « les uns s’éveilleront pour la vie éternelle, les autres pour la honte et la déchéance éternelle ». Quel est le critère du jugement ? L’amour de Jésus : « Moi je suis le Chemin, la Vérité et la Vie : personne ne va vers le Père sans passer par moi ».

La question est de savoir si nous aimons Dieu, si nous aimons Jésus. Il est assez probable que cet amour ne soit pas vraiment à la hauteur de ce qu’il serait souhaitable : nous sommes tous pécheurs. Mais si Jésus se réjouit de l’amour, même minime, que nous pouvons lui accorder, il se contente déjà de ce que nous sommes capables d’accepter de son amour à lui.
La seule véritable barrière à notre salut est le péché contre l’Esprit Saint, c’est-à-dire le refus total de l’amour que Dieu a pour chacun de nous. Peut-on dire si un homme, même révolté contre Dieu ou complètement athée, dès lors qu’il se retrouverait devant Dieu, refuserait absolument la main que Dieu lui tendrait ? Sans doute que non. Alors il serait sauvé.

Une autre chose est certaine. Depuis que nous sommes baptisés, nous appartenons à Jésus : nous sommes son corps. Quand un membre souffre, c’est tout le corps de Jésus qui souffre. Quand un membre se réjouit, tous son corps est rempli de joie.
Ainsi, s’il y avait un homme en froid avec Dieu ou avec d’autres hommes, si nous, nous sommes remplis de la chaleur de l’Esprit Saint, si nous aimons cet homme et si nous aimons Jésus, alors la chaleur de notre amour réchauffera celui qui est en froid.
Cette capacité à faire bénéficier du bien, de nos prières, de la prière des saints, à tous ceux que nous aimons s’appelle, justement, la « communion des saints ». Elle est rendue possible parce que nous appartenons à Jésus, que nous sommes son corps, que nous sommes en communion avec lui. Ainsi nos prières, les prières de toute l’Eglise, du ciel et de la terre, ne sont jamais vaines : elles peuvent réchauffer ceux qui sont en froid avec Dieu et avec leur prochain.

Chers frères et sœurs, je voudrais terminer par un vœu. Vous savez qu’il est de plus en plus à la mode de faire brûler son corps après sa mort. Je vous en prie, ne faites pas cela. Pour deux raisons.
La première est que Jésus s’est fait homme pour venir nous sauver. Lui qui était Dieu n’a pas eu honte de prendre un corps humain. Aujourd’hui, Jésus est vivant dans son corps, glorieux, transfiguré, lumineux, qui est marqué par les souffrances de la croix, mais qui est beau, très beau. Ayons nous aussi le respect de notre corps, en vue de la résurrection glorieuse.
La seconde raison est que, parfois, nos familles perdent la foi, la foi en Jésus. Faire reposer notre corps dans la terre est une bonne manière d’affirmer notre confiance totale en Jésus. Ne perdez pas cette occasion de témoigner aujourd’hui que Jésus est ressuscité et que nous ressusciterons avec lui pour une vie éternelle. Amen.

mercredi 2 novembre 2016

01 novembre 2016 - GY - Solennité de Tous les saints - Année C

Ap 7,2-4.9-14 ; Ps 23 ; 1Jn 3,1-3 ; Mt 5,1-12a

Chers frères et sœurs,

Grâce au témoignage des Apôtres, qui s’est transmis à travers les siècles jusqu’à nous, nous savons que Jésus, qui est Dieu fait homme, est ressuscité : il est vivant, maintenant. La résurrection de Jésus n’est pas une croyance imaginaire, c’est un fait, historique, dont les Apôtres sont les témoins directs. Ce témoignage, ils l’ont transmis par les Evangiles et par l’Eglise, parfois jusqu’au sang.
Parce que Jésus, qui était mort, est vivant maintenant, nous savons aussi que tous ceux qui sont morts dans son amour sont aussi vivants avec lui, maintenant. Ainsi, nous pouvons nous adresser à eux. Eux, ils peuvent prier le Seigneur pour nous. Ils peuvent nous aider, nous protéger. Nous pouvons aussi les prendre pour modèle, apprendre d’eux, de la manière dont ils ont vécu, comment ils ont aimé Dieu, pour entrer à notre tour dans l’amour de Dieu et vivre, vivre heureux, avec eux et avec Dieu, dès maintenant et pour toujours.

En fait, vivre avec Jésus et avec tous les saints, c’est vivre dans une grande famille. La foi chrétienne est une foi familiale. Un chrétien est toujours entouré par une grande foule, cette grande foule immense dont parle saint Jean, de toutes tribus, peuples et langues, de tous les saints, entourée par tous les anges et tous les archanges. Et ce n’est pas une foule anonyme : c’est Pierre, c’est Jean, c’est David, Lucie, Jeanne, Martin, Marc, Madeleine, Antoine, Eloi… c’est Marie, Michel… C’est cela la gloire de Dieu : la grande assemblée, la grande famille des vivants.

C’est à la messe que nous ressentons le plus fortement la présence des saints. D’abord parce qu’on voit leur représentation, en image ou en statue, dans l’église. Nous entendons aussi leurs noms, dans les lectures ou dans les prières, quand c’est le jour de leur fête, ou mieux encore, lorsqu’on chante la grande litanie des saints lors de la nuit de Pâques, lors de l’ordination d’un évêque, d’un prêtre ou d’un diacre, ou lorsque l’on célèbre un baptême.
Nous ressentons leur présence à la messe, aussi parce que, depuis notre baptême, nous-mêmes nous sommes des saints, et, lorsque nous nous réunissons pour célébrer l’Eucharistie, nous-mêmes nous sommes la grande assemblée qui vient de tous les bourgs, villages et hameaux, se réunir autour de l’autel, qui est ici-bas le trône de l’Agneau. La messe c’est le ciel sur la terre.
Et enfin nous ressentons la présence des saints lorsque nous communions à Jésus, parce que par lui, avec lui, en lui, nous sommes réellement en communion, à ce moment, avec tous les saints du ciel et de la terre.

Comment devenir des saints ? Comment vivre en communion avec eux ? Saint Jean nous l’a dit : c’est vivre dans l’amour de Dieu.
C’est d’abord comprendre que Dieu nous aime. Il nous aime chacun plus que tout au monde. C’est lui qui fait que nous existons. Il nous donne la vie.
Ensuite, ayant bien observé que, par notre liberté, nous nous éloignons parfois ou souvent de lui, pour notre malheur, il n’a pas voulu nous laisser dans la tristesse. C’est la déclaration d’amour des béatitudes : Dieu voit les pauvres de cœurs, ceux qui pleurent, ceux qui sont doux, ceux qui ont faim et soif de justice, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix, ceux qui sont persécutés pour la justice, ceux qui sont insultés, persécutés, ou salis parce qu’ils aiment Jésus. Dieu les voit tous, et il leur annonce le bonheur.
C’est pour cette raison que lui-même, Dieu, s’est fait homme, pour que nous, les hommes, nous puissions retrouver la voie de l’amour de Dieu qui est notre bonheur. Voilà une deuxième preuve de son amour : Dieu a donné sa vie pour nous, pour que nous ayons la vie éternelle, dans son amour.


Chers frères et sœurs, par le témoignage des Evangiles et de l’Eglise, nous savons que Jésus est vivant, entouré de tous les anges et de tous les saints. La porte d’entrée dans cette communion d’amour, c’est reconnaître d’abord l’amour immense que Dieu a pour nous et, avec l’aide de sa grâce, lui donner en retour tout l’amour dont nous sommes capables, par le don de nous-mêmes, dans la prière d’action de grâce et dans le service de notre prochain. Voilà le chemin des chrétiens, voilà le chemin des saints. Amen.

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