Is
2,1-5 ; Ps 121 ; Rm 13,11-14a ; Mt 24,37-44
Chers
frères et sœurs,
Si nous voulons comprendre de manière juste
ce que nous dit Jésus, il faut lire l’Evangile avec attention, presque en
détail, le méditer suffisamment longtemps en le plaçant sous la lumière de la
mort et de la résurrection de Jésus, et contempler ce que l’Esprit Saint nous
donne à voir.
En premier lieu, il faut resituer la scène
dans le déroulement de la vie de Jésus. Comme dimanche dernier, lorsque qu’il
prononce ces propos, Jésus se trouve à Jérusalem après y être entré sous les
acclamations, après avoir chassé les marchands du Temple, et avant de vivre sa
Passion. Jésus annonce sa mort et sa résurrection, qui sera le jour du
jugement, qu’il compare ici au jour où Noé est entré dans l’Arche. Jésus nous
avertit qu’il y a le jour d’avant, où l’on mangeait, où l’on buvait, où l’on se
mariait, parce qu’on était dans le monde ancien ; et il y a le jour
d’après où l’on découvre, où l’on connait, la vie nouvelle de la résurrection qui
apparait après le cataclysme, après le déluge.
La traduction liturgique ne nous aide pas à
bien comprendre le fait que, pour Jésus, le déluge est quelque chose de positif.
Nous lisons : « Deux hommes seront aux champs : l’un
sera pris, l’autre laissé ». Spontanément nous comprenons que la mort
viendra frapper le premier et épargnera le second ; que le premier sera
jugé et que le second aura la vie sauve. Et donc qu’il vaut mieux être le
second que le premier… Mais c’est un contresens, c’est une erreur d’interprétation !
En réalité, voici ce que dit Jésus : « Deux hommes seront aux champs : l’un
sera emmené, l’autre laissé ». Le premier sera emmené par Jésus, comme
une brebis est emmenée par son berger, jusqu’à la bergerie. C’est le « Viens et suis-moi » de Jésus, l’appel
auquel ses disciples répondent « oui » immédiatement, et « Ils quittèrent tout et le suivirent ».
Ainsi donc, le jour où Noé entra dans l’Arche
en bois est le jour où Jésus fut attaché à la croix en bois. Sa mort et sa
résurrection accomplissent la fin du monde ancien pour faire naître le monde
nouveau, où ceux qui seront appelés seront emmenés pour vivre une vie nouvelle,
et les autres laissés dans le monde ancien destiné à disparaître.
Jésus continue. Il s’adresse à ses
disciples : « Veillez donc,
vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient ». Souvenez-vous que,
quelques jours plus tard, à Gethsémani, Jésus va reprocher à ses disciples de
dormir : « Vous n’êtes mêmes
pas capables de veiller une heure ! ». Car l’heure de la Passion
vient.
Et Jésus prend cette image du voleur qui, par
surprise, entre dans la maison : « C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ».
Or c’est bien toutes portes fermées, au Cénacle, que Jésus est apparu à ses
disciples, ressuscité. Et cela, non, ils n’y pensaient pas, non, ils n’y
croyaient pas.
Alors quelle leçon tirer pour nous ?
Depuis que Jésus est mort et ressuscité, en quelque sorte la fin du monde a
déjà eu lieu, et dès lors, Jésus, quand il veut, comme il veut, peut entrer
dans nos vies comme un voleur et nous emmener avec lui dans sa vie nouvelle. Il
nous demande simplement de nous y préparer.
Saint Paul nous rappelle qu’il y a une époque
où nous sommes devenus croyants, c’est-à-dire un moment où nous avons été baptisés.
Depuis ce jour, nous avons déjà un pied dans cette vie nouvelle. Nous sommes
déjà en train de naître à cette vie nouvelle. Aussi saint Paul nous invite-t-il
à abandonner les habitudes du monde ancien, pour vivre déjà maintenant dans
celles de la vie nouvelle, en nous revêtant du Seigneur Jésus-Christ, en
communiant à lui.
Chers frères et sœurs, nous savons que Jésus
est ressuscité et qu’il est venu chercher ses disciples pour en faire des grands
prêtres et des Apôtres. Il est aussi venu chercher chacun de nous, le jour de
notre baptême, pour faire de nous des veilleurs et des missionnaires de
l’Evangile. Aujourd’hui, et demain, il va venir de nouveau, par surprise, pour
faire de nous des saints et des bienheureux, en communion avec lui dans sa vie
nouvelle. Veillons donc et préparons-nous, en attendant avec tous les anges et
tous les saints, que tout notre univers, un jour, soit enfin illuminé, et passe
lui aussi par la grande renaissance. Amen.