Ma 3,19-20a ; Ps 97 ; 2Th
3,7-12 ; Lc 21,5-19
Chers frères et sœurs,
Jésus
a prononcé ces paroles après être monté à Jérusalem assis sur un ânon, acclamé
par les gens des rameaux à la main, après avoir chassé les marchands du Temple
et renversé leurs comptoirs. Il a prononcé ces paroles, peu avant son dernier
repas avec ses disciples, juste avant sa Passion. Jésus sait déjà qu’il va être
arrêté, jugé, et condamné à mort.
C’est
la raison pour laquelle ses propos sont terrifiants. Car vous vous souvenez
qu’il a établi un parallèle entre le Temple et son propre corps. Oui, bientôt, celui-ci
sera détruit. Et lorsque Jésus dresse la liste de ce qui arrivera à ses
disciples, en réalité il prophétise ce qu’il lui arrivera à lui : vous
serez détestés, vous serez trahis par vos frères, vous comparaîtrez devant des
rois et des gouverneurs, vous serez mis en prison, on portera la main sur vous
et on vous persécutera. Tout cela est arrivé à Jésus durant sa Passion.
En
réalité, la persécution et la fin du monde qu’annonce Jésus a déjà eu lieu dans
son propre corps lors de sa Passion et de sa mort. Il nous enseigne que ce qui
lui est arrivé à lui, arrivera un jour à ses disciples et au monde, parce que
ses disciples sont son corps et parce que, depuis qu’il a pris chair de la
Vierge Marie, tout l’univers entier est aussi lié à son devenir. Il y a un lien
spirituel et physique entre Jésus et ses disciples, entre Jésus et tout
l’univers. Ce qui arrive à l’un arrive aux autres, ce qui concerne les hommes
et le monde concerne aussi Jésus, en permanence.
Cependant
un chrétien ne peut oublier la parole de Jésus : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le
relèverai ». Oui le Temple du corps de Jésus a été détruit, mais il
est ressuscité et il est vivant aujourd’hui. De même, les persécutions
conduisent à la mort du corps, mais elles ouvrent aussi, avec la grâce de Dieu,
à une vie totalement nouvelle. Aussi bien, la fin du monde annoncé par Jésus n’est-elle
pas une impasse, mais une création nouvelle qui fait naître un univers nouveau,
un corps nouveau de ressuscité, dans lequel se trouvent tous les vivants.
Le
prophète Malachie nous annonce ce jour de renaissance comme une fournaise pour
les arrogants et les impies, et comme une guérison pour ceux qui craignent le
Nom du Seigneur. Les rayons du soleil levant sont brûlants pour les orgueilleux,
mais réconfortants pour les humbles qui aiment Dieu et qui lui demeurent
fidèles jusqu’au bout. Nous voyons bien que ce soleil qui brûle, ou qui
réchauffe le cœur, est l’amour du Seigneur lui-même : son Esprit Saint.
Les méchants le craignent, les croyants l’attendent avec impatience. Cet amour
a déjà été donné à la Pentecôte, et il habite le cœur de ceux qui aiment Dieu.
Chers
frères et sœurs, la Passion, la Croix et la Résurrection de Jésus sont déjà le
commencement de la fin du monde et la naissance du monde nouveau. Par notre
baptême, par le sacrement de la confirmation, avec Jésus, nous sommes
nous-mêmes morts au monde ancien et déjà nés dans le monde nouveau : nous
avons reçus l’Esprit du Seigneur. Nous lui appartenons. Aussi n’avons-nous rien
à craindre des prophètes de malheur. Il nous appartient d’annoncer cette bonne
nouvelle et d’attendre, comme des veilleurs fidèles, qu’au bout de la nuit se
lève le soleil, et qu’enfin réunis dans la gloire de Dieu, avec la Bienheureuse
Vierge Marie et tous les saints, nous chantions éternellement notre bonheur
d’être des vivants pour l’éternité.