lundi 22 février 2021

20-21 février 2021 - FEDRY - GY - 1er dimanche de Carême - Année B

 Gn 9,8-13 ; Ps 24 ; 1P 3,18-22 ; Mc 1,12-15
 
Chers frères et sœurs,
 
Après avoir été baptisé dans le Jourdain par saint Jean-Baptiste, Jésus est donc poussé par l’Esprit Saint dans le désert. Il y reste quarante jours, tenté par le Diable, en vivant au milieu des bêtes sauvages. Et à la fin des quarante jours, à la fin de cette épreuve, les anges le servaient. La vie et la paix sont revenues.
Immédiatement, nous devons faire trois parallèles bibliques avec cette expérience de Jésus au désert.
 
Le premier est celui du Déluge, qui dure quarante jours, au bout desquels le soleil réapparaît, avec un magnifique arc-en-ciel, signe de paix. Ainsi, dans le désert, Jésus est comme balloté par des forces contraires pendant quarante jours, jusqu’à ce que des anges, dont la hiérarchie est comparable aux couleurs de l’arc-en-ciel, lui apportent la paix. Voici la hiérarchie des anges : séraphins, chérubins, trônes, dominations, vertus, puissances, principautés, archanges et anges. Ils sont magnifiques !
 
Le second parallèle biblique est celui de la sortie d’Égypte. Lorsque Moïse franchit la Mer Rouge en compagnie des Hébreux, pour retrouver la liberté, c’est la prophétie du baptême. Pendant quarante ans au désert, ils vont être soumis à de multiples tentations, avant que le Seigneur leur permette d’entrer en Terre promise, pour la conquérir et en prendre possession. Les quarante ans des Hébreux au désert sont la prophétie des quarante jours de Jésus au désert. Et lorsque les anges servent Jésus, c’est comme s’il était lui-même entré en Terre Promise.
 
Le troisième parallèle est celui du temps qui va de Pâques à l’Ascension. La mort et la résurrection de Jésus sont comme son baptême ou comme le franchissement de la Mer Rouge : on passe de la mort à la vie ; de l’esclavage du péché à la liberté des enfants de Dieu. Ensuite, durant les quarante jours qui vont de Pâques à l’Ascension, Jésus apparaît à ses Apôtres pour leur faire le catéchisme, c’est-à-dire pour leur enseigner les Écritures et la liturgie. Mais nous savons qu’en même temps, Jésus lutte dans le ciel : il combat et fait chuter les puissances démoniaques, tandis qu’à la fin – comme dit Saint Pierre – les puissances angéliques lui sont soumises. Et justement, lorsqu’on arrive au terme de l’Ascension, quand Jésus vient s’asseoir à la droite du Père et que tout est accompli, c’est pour arriver à la fête de la Pentecôte, quand l’Esprit Saint est répandu sur les Apôtres : c’est-à-dire pour eux la paix, l’arrivée en Terre promise dans un arc-en-ciel de joie. D’ailleurs on dit qu’ils sont pleins de vin doux !
Il est intéressant de noter ici que, juste après son expérience au désert, Jésus part pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu, de la même manière qu’après la Pentecôte, les Apôtres sont envoyés dans le monde entier proclamer l’Évangile de Dieu. Ce parallèle n’est pas du tout un hasard.
 
Alors que conclure de tout cela pour nous, pour le temps de Carême dans lequel nous sommes entrés depuis le mercredi des Cendres ?
 
Nous savons que le Carême dure quarante jours (sans compter les dimanches) et qu’à la fin il se termine par la grande fête de Pâques. Cela veut dire que notre Carême doit nous faire revivre ce qu’a vécu Noé dans son arche, ce qu’ont vécu Moïse et les Hébreux dans le désert, ce qu’a vécu Jésus au désert après son baptême, et ce qu’il a vécu avec ses Apôtres durant les jours de Pâques à l’Ascension, jusqu’à la Pentecôte.
Nous avons été libérés du poids de nos péchés au jour de notre baptême, mais il nous faut encore dominer nos vieux démons, les vaincre, pour laisser la possibilité à la multitude des anges de venir nous visiter. Ainsi, à l’issue d’un combat victorieux, avec la grâce de Dieu, nous trouverons la Terre Promise et le don de l’Esprit Saint, c’est-à-dire la paix et la joie de Dieu, la communion des saints, dans son paradis.
 
Le carême n’est pas fait pour nous faire du mal de mille manières, mais pour qu’en nous libérant de nos vieux démons, nous puissions enfin arriver au bonheur.

mercredi 17 février 2021

17 février 2021 - PESMES - Messe des Cendres - Année B

Jl 2,12-18 ; Ps 50 ; 2Co 5,20-6,2 ; Mt 6,1-6.16-18
 
Chers frères et sœurs,
 
L’homme a été créé par Dieu à son image et à sa ressemblance. Le péché nous a fait perdre cette ressemblance, mais il demeure en nous toujours l’image de Dieu. C’est comme une carrosserie de voiture : après un choc, elle perd sa forme – c’est-à-dire la ressemblance – mais elle demeure toujours une carrosserie : elle conserve l’image.
Ainsi donc, nous avons perdu notre ressemblance avec Dieu. Notre visage est comme déformé. Mais la volonté de notre Père est que nous soyons réconciliés avec lui par la mort et la résurrection de Jésus et le don de l’Esprit Saint. Le Christ Jésus et l’Esprit Saint ont la faculté de nous rétablir dans la ressemblance avec Dieu, et même mieux, de nous permettre d’entrer dans la communion même de Dieu.
Non seulement, il est toujours possible de se réconcilier avec Dieu, qui que nous soyons, quoi que nous ayons sur la conscience, mais en plus Dieu lui-même a donné sa vie pour que cette réconciliation entre lui et nous soit possible. C’est pourquoi Saint Paul nous exhorte, nous implore même : « Nous vous le demandons, au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu ! »
 
Pour nous réconcilier avec Dieu, il convient que nous répondions à son appel. Il a fait un grand pas vers nous ; nous avons un petit pas à faire vers lui. C’est la conversion, avec un repentir sincère de nos péchés. Nous ne sommes pas toujours prêts à faire la démarche de la confession sacramentelle, et nous avons parfois besoin préalablement d’y préparer nos cœurs et nos esprits.
Le carême est un temps qui nous est offert par l’Église pour effectuer cette démarche de préparation, de conversion du cœur, pour aller jusqu’à la confession sacramentelle, le cas échéant. Et être ainsi prêts pour la grande et merveilleuse fête de Pâques. Nous sommes alors comme ressuscités avec le Christ et nous partageons sa joie.
Le carême est la mise en œuvre des recommandations données par Jésus à ses disciples. Nous y retrouvons les pratiques bien connues de l’aumône, de la prière et du jeûne. Mais Jésus insiste fortement sur le caractère secret de ces pratiques : il faut qu’elles soient comme invisible aux autres, qu’elles demeurent cachées dans notre intimité avec Dieu.
 
En effet, chers frères et sœurs, lors de notre baptême, nous avons été rétablis à la ressemblance de Jésus comme prêtres, prophètes et rois. Il revient au prêtre de présenter des offrandes dans le sanctuaire de Dieu, caché au regard des fidèles, derrière le rideau du Temple. Or c’est là l’image du sanctuaire de notre cœur. En tant que prêtres à la ressemblance de Jésus, nous avons la vocation de faire dans le Temple de notre cœur des offrandes à Dieu par l’aumône, la prière et le jeûne, de manière cachée. 
Il ne s’agit donc pas là seulement d’actes de charité envers soi-même et le prochain – ce qui est déjà très bien, mais il s’agit d’abord d’une manière particulière, que seuls les baptisés peuvent réaliser, d’offrir notre action de grâce à Dieu pour les dons qu’il nous a fait, à commencer par celui de la vie et celui de notre renaissance dans son amour par le pardon gratuit de nos péchés.
 
Chers frères et sœurs, bon carême en compagnie de Jésus et de l’Esprit Saint. Soyons fidèles à notre vocation baptismale et soyons courageux en ces temps plus difficiles. Soyons joyeux de connaître le Seigneur et son chemin de pardon, et de pouvoir demeurer par sa grâce dans son amour.

 

13-14 février 2021 - DELAIN - GRAY - 6ème dimanche TO - Année B

Lv 13,1-2.45-46 ; Ps 31 ; 1Co 10,31-11, ; Mc 1,40-43
 
Chers frères et sœurs,
 
Nous poursuivons notre lecture de l’Évangile selon saint Marc. Depuis le martyre de Jean-Baptiste, Jésus poursuit son activité d’enseignement, de guérison et d’exorcisme. Avec ses disciples, il parcourt toute la Galilée.
 
Aujourd’hui un lépreux vient voir Jésus. Il se prosterne et lui dit : « Si tu veux, tu peux me purifier. » Dans ce geste et cette parole, il y a deux signes considérables : pour le lépreux, Jésus est prêtre, et Jésus est Dieu.
Premièrement, il est prêtre, car la Loi de Moïse prescrit aux lépreux de se présenter aux prêtres pour l’examen de leur maladie et, quand ils sont guéris, pour procéder ensuite au rituel d’offrande d’action de grâce à présenter à Dieu. Notons ici que le lépreux vient demander à Jésus la purification complète, c’est-à-dire non seulement la guérison mais aussi l’offrande pour l’action de grâce. Jésus accomplit la première demande, mais il renvoie le lépreux guéri au Temple de Jérusalem, qui est le seul lieu de culte légitime.
Deuxièmement, pour le lépreux, Jésus est aussi et surtout Dieu, puisqu’il lui dit : « Si tu veux… tu peux me purifier. » Cela se passe de commentaires.
 
Devant cette demande, et probablement l’état lamentable de cet homme qui place toute son espérance en lui, Jésus est bouleversé une première fois. Notre texte dit : « Saisi de compassion ». Mais non… c’est bien plus que cela dans le texte grec ! : Jésus est « remué jusqu’aux entrailles », jusqu’au « plus profond de lui-même », comme pour la résurrection de Lazare ! À travers ce lépreux, Jésus qui est Dieu entend le cri de l’homme perdu, la brebis perdue, qui du plus profond de ses ténèbres s’adresse à son Dieu : « Si tu veux, tu peux me purifier » ; tu peux me sauver ! Et c’est ce que Jésus va faire : il vient au secours de cet homme.
Juste après la guérison du lépreux, et avant qu’il ne l’envoie au Temple pour l’offrande d’action de grâce, Jésus cependant, est bouleversé une seconde fois. Notre texte dit : « Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant… » Mais le texte grec est beaucoup plus fort ! Il faudrait lire : « Frémissant de colère à cause de lui, aussitôt il le jette dehors, en lui criant après… » On dirait qu’il chasse les marchands du Temple ! Comment expliquer cette réaction violente de Jésus, d’autant plus qu’il interdit au lépreux de raconter le miracle, tant que les prêtres n’auront pas fait l’offrande ?
Chers frères et sœurs, il faut ici mettre les lunettes de l’Esprit Saint pour comprendre. Jésus n’est pas venu pour soigner l’homme superficiellement, mais pour le libérer totalement.
Premièrement, il ne soigne pas les effets, mais guérit les causes. Or la cause du malheur de l’homme, c’est sa désobéissance, son orgueil, son manque de foi en Dieu. Justement ce que demande Jésus au lépreux, c’est de lui obéir.
Deuxièmement, Jésus vient pour vaincre et chasser le diable et ses démons, qui asservissent l’homme par leurs tentations. C’est ainsi que la violence des paroles de Jésus s’adresse justement au diable et à ses démons : Dieu fait preuve d’autorité sur l’homme pour que le démon n’y revienne pas, pourvu que l’homme obéisse à Dieu. Or, le signe que le diable et ses démons ont été vaincus, après que l’homme ait été libéré, c’est que les prêtres puissent faire l’offrande d’action de grâce.
 
Et voilà chers frères et sœurs, ce qui se cache derrière la rencontre entre Jésus et le lépreux, c’est l’histoire de la réconciliation entre Dieu et l’homme.
Jésus, bouleversé jusqu’aux entrailles, par sa mort et sa résurrection, a sauvé, libéré l’homme lépreux, Adam, enfermé au plus profond des enfers. C’est Pâques.
Ensuite, ayant ressuscité cet homme, il lui a demandé de lui obéir comme au premier jour et de faire de sa vie désormais une offrande d’action de grâce. En même temps, avec violence, Jésus a écarté le diable et ses démons pour qu’ils ne reviennent plus importuner cet homme. Ce mouvement d’offrande de l’homme ressuscité vers le ciel en même temps que chutent les démons, c’est l’Ascension.
Alors, l’offrande ayant été faite par le prêtre, selon la Loi, c’est-à-dire au plus haut degré par Jésus lui-même, l’histoire de la guérison de l’homme lépreux peut devenir un témoignage : c’est-à-dire l’annonce de l’Évangile à toutes les nations. C’est la Pentecôte.
 
Chers frères et sœurs, nous tous qui avons été purifiés au jour de notre baptême, et qui dans la foi obéissons au Christ Jésus, nous offrons aujourd’hui – par mon humble service – le sacrifice d’action de grâce, l’eucharistie. Ainsi comme l’a dit et demandé Jésus, toute notre vie chrétienne est un témoignage.

lundi 8 février 2021

06-07 février 2021 - GY - NEUVELLE-lès-LA CHARITE - 5ème dimanche TO - Année B

 Jb 7,1-4.6-7 ; Ps 146 ; 1Co 9,16-19.22-23 ; Mc 1,29-39
 
Chers frères et sœurs,
 
Dans la première lecture, nous avons entendu les tristes paroles de souffrance de Job. Dans l’évangile, nous voyons la belle-mère de Pierre, qui a de la fièvre. Et nous apprenons que beaucoup de personnes malades sont venues voir Jésus pour se faire guérir par lui, ou pour qu’il chasse les démons qui sont en eux. Quand on parle des démons, dans l’Évangile, on peut penser aux idées noires, à l’amertume, la déprime, mais aussi aux addictions diverses qui nous abîment l’âme et le corps et qui sont les effets de leurs tentations. Or voilà que Jésus est venu alléger et même supprimer ces souffrances. Il est vraiment un libérateur et un sauveur. Mais Jésus est-il seulement un médecin ? Lui qui est Dieu, n’est-il devenu homme que pour faire de la médecine ou de l’exorcisme ?
 
Il faut lire l’Évangile avec les lunettes de l’Esprit Saint pour le comprendre. Les personnes malades sont comme la partie visible de l’iceberg de toute l’humanité. En réalité, nous sommes tous malades d’une très grave maladie invisible qui conduit à la mort : c’est la maladie de notre manque de foi en Dieu, qui devient celle de ceux qui ne savent plus aimer Dieu et ne savent plus vivre dans sa communion d’amour. Comme toutes les maladies, on n’en voit pas souvent la cause mais plutôt les effets. Et ces effets, ce sont de nombreux péchés qui nous rendent malheureux et nous éloignent encore plus de l’amour de Dieu, parfois jusqu’à ne plus pouvoir le reconnaître, et même dans certains cas, à le détester. C’est le bout du bout. Croyez-vous que Dieu qui nous aime a l’intention de laisser les choses se passer ainsi ?
Non. Si Jésus est venu, c’est pour nous guérir tous de ce mal caché : c’est pour restaurer en nous la foi et l’amour de Dieu et par conséquent chasser de nous tous les démons qui nous en éloignent. C’est d’ailleurs pourquoi les démons réagissent violemment quand Jésus s’approche d’eux.
Ainsi Jésus guérit les malades, la belle-mère de Pierre, en signe de la grande guérison qu’il est venu faire dans le monde : réconcilier toute l’humanité avec son Père, pour que nous vivions comme au temps de la Genèse et même mieux, tous en communion, dans la joie, la paix et la lumière.
 
Pourquoi saint Marc raconte-t-il ensuite cette histoire de la prière de Jésus, dans un endroit désert ? Gardons sur le nez les lunettes de l’Esprit Saint.
Jésus guérit les malades après le coucher du soleil : il fait donc nuit. C’est aussi durant un temps de ténèbres qu’il guérit toute l’humanité, depuis sa mort sur la croix et surtout le samedi saint, quand il descend dans les ténèbres des enfers pour y chercher Adam et Eve. Le lendemain, avant l’aube Jésus se lève, c’est-à-dire qu’il ressuscite. Il va dans un endroit désert, à l’écart, c’est-à-dire qu’il est au ciel, et là il prie : il prie son Père pour nous, pour que nous recevions l’Esprit Saint. Mais tout le monde le cherche. Souvenons-nous des saintes femmes qui se sont trouvées devant le tombeau vide de Jésus et, parmi-elles Marie-Madeleine qui demandait au jardinier : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as déposé, et moi, j’irai le prendre. » Elle le cherche. Tout le monde le cherche. Et les Apôtres aussi, qui courent au tombeau vide. Finalement, lorsque Jésus dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile », c’est déjà la Pentecôte.
Jésus donc, après nous avoir guéri de la maladie qui nous sépare de Dieu, par sa mort et sa descente aux enfers, ressuscite et monte au ciel. Là il prie pour nous son Père, afin que nous rentrions dans sa communion. C’est cela qui doit être annoncé à tous à partir de la Pentecôte, par Pierre et tous ceux qui sont avec Jésus. Car – dit Jésus – « c’est pour cela que je suis sorti ». Jésus est « sorti » d’auprès de Dieu pour que nous qui sommes pécheurs, soyons réconciliés avec Dieu et nous puissions retrouver une vie éternelle et bienheureuse dans l’amour de Dieu. C’est l’Évangile, la bonne nouvelle que nous chrétiens avons à vivre et à annoncer.
 
Je termine juste sur un petit mot mais qui est très important. Lorsque les chrétiens font le catéchisme et qu’ils transmettent l’Évangile à leurs enfants ; lorsqu’ils vont visiter des personnes malades ou en souffrance, ils font donc à leur mesure ce que faisait Jésus : enseigner et guérir.
Mais si on regarde ces choses avec les lunettes du Saint Esprit, en profondeur, ces chrétiens participent en réalité avec Jésus à la réconciliation de toute l’humanité avec Dieu et lui permettent de rentrer dans son amour. Que les catéchistes des enfants et les visiteurs des malades soient bénis : ils leur apportent la présence et l’amour indéfectibles de Dieu pour eux. Qu’ils n’oublient pas aussi, de prier pour ceux qui leur sont confiés, comme le Christ Jésus prie pour nous, sans cesse.

lundi 1 février 2021

31 janvier 2021 - DAMPIERRE - 4ème dimanche TO - Année B

Dt 18,15-20 ; Ps 94 ; 1Co 7,32-35 ; Mc 1,21-28
 
Chers frères et sœurs,
 
Jésus vient d’appeler ses premiers disciples André, Pierre, Jacques et Jean. Les voilà qui entrent dans la synagogue de Capharnaüm. Précisons tout de suite que « Capharnaüm » ne signifie pas que c’est le désordre dans le village, mais il s’agit simplement de la transcription de « Kephar Nahum », en hébreu, c’est-à-dire « Village de Nahum ».
Or, Jésus se met à enseigner dans la synagogue. Soyons bien attentifs à ce verbe, qui revient plusieurs fois dans l’évangile : Jésus enseigne. Contrairement aux scribes, qui font un commentaire des Écritures, y cherchent des explications, des indications sur ce que l’on peut comprendre et sur la conduite à tenir en conséquence ; contrairement donc aux scribes – et aux prêtres aujourd’hui – Jésus, lui, il enseigne : il dit ce qui est. Il prétend détenir, avec autorité, la vérité sur ce qu’il faut croire, ce qu’il faut savoir et ce qu’il faut pratiquer. Évidemment, c’est une prétention assez choquante pour les auditeurs. Si Jésus venait ici aujourd’hui, qu’il me renvoyait à la sacristie avant de vous dire vos quatre vérités, je pense que nous serions tous un peu perturbés... Et c’est ce qui arrive à Capharnaüm.
 
Cette prétention à l’autorité de Jésus fait de lui un homme à part. Pour parler ainsi, avec assurance, il est au moins le prophète annoncé par Dieu à Moïse : « Je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. » Mais plus encore, Jésus n’est pas seulement un porte-parole de Dieu, il est tout entier lui-même la Parole de Dieu. Comme dit saint Jean, Jésus est le « Verbe du Père ». C’est en raison de cette relation immédiate à son Père, assurée par l’Esprit Saint, que Jésus peut dire avec autorité : « Vous avez appris ceci, hé bien moi je vous dis cela ».
Cependant lorsque Dieu annonce à Moïse la venue du grand prophète, il le met en garde : « Un prophète qui aurait la présomption de dire en mon nom une parole que je ne lui aurais pas prescrite, ou qui parlerait au nom d’autres dieux, ce prophète-là mourra. » Comprenez-vous donc pourquoi, pour certains il fallait que Jésus meure sur la croix, et pour d’autres qu’il ressuscite ? S’il est mort, alors c’est un faux prophète. S’il est vivant, alors c’est vraiment lui le grand prophète annoncé à Moïse. Pour nous chrétiens, Jésus est ressuscité et vivant : il est vraiment le Verbe de Dieu qui s’est fait chair dans le monde, pour que le monde soit sauvé.
 
Sauvé de quoi ? L’esprit impur, qui possède le malheureux de Capharnaüm, lui, le sait très bien : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » L’homme est ce trésor disputé entre le démon et le Bon Dieu. Il n’y a pas de partage possible. Or le démon sait qu’il ne peut pas résister à l’amour de Dieu pour l’homme. Il ne peut pas résister à la Parole de Dieu, quand elle lui ordonne : « Tais-toi, sort de cet homme ! » Le démon sait très bien qui est Jésus. Il sait très bien à qui il a affaire.
Il y a un jeu de mots et un jeu de construction grammaticale entre « Jésus de Nazareth » et « Tu es le Saint de Dieu ». Le jeu de mots, se rapporte à « Jésus de Nazareth », en hébreu « Ieschoua ha-nôtzeri ». Que veut dire « nôtzeri » ? Deux racines sont possibles : soit « nazir » ou « nezer », qui signifie « consacré à Dieu », « sanctifié » ; soit « netzer » qui veut dire « surgeon », « rejeton issu d’une racine ». Le jeu de mots montre que Jésus est les deux :  il est le Saint de Dieu, consacré, sur qui repose l’Esprit saint, et il est le rejeton de David, le « Fils de David » : il est le Messie sacerdotal et royal tant attendu depuis des siècles par le peuple d’Israël.
Et le jeu de construction grammaticale fait que l’expression « Jésus de Nazareth » et l’expression « Tu es le Saint de Dieu » encadrent volontairement la question : « Es-tu venu pour nous perdre ? » Évidemment, la réponse, est « oui ». Le Messie de Dieu, Jésus de Nazareth, Fils de David, qui est la Parole de Dieu, le Saint de Dieu, s’est fait chair pour perdre les démons et sauver l’homme de leur emprise. C’est le démon lui-même qui le dit, et, se sachant perdu devant la puissance de Dieu, il quitte de lui-même l’homme qu’il possédait.
 
On comprend pourquoi les habitués de la synagogue sont bouleversés et vont immédiatement répandre partout l’incroyable nouvelle : ils ont devant eux le descendant de David, qui est le grand prophète annoncé par Dieu à Moïse, qui est même plus qu’un grand prophète puisqu’il est le « Saint de Dieu », c’est-à-dire Dieu lui-même, devant lequel aucun démon ne peut résister.
Comme nous l’avons vu, le test pour croire Jésus, ne pourra être que celui de la mort. S’il est mort, c’est un imposteur. S’il est vivant, alors il est vraiment le Fils de Dieu.

Seigneur Jésus, nous qui sommes baptisés au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, nous croyons que tu es vivant et que tu nous sauves toujours par ton Esprit. Aujourd’hui nous te rendons grâce pour la vie éternelle que tu nous donnes dans cette eucharistie. Amen.

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