Gn
9,8-13 ; Ps 24 ; 1P 3,18-22 ; Mc 1,12-15
Chers
frères et sœurs,
Après
avoir été baptisé dans le Jourdain par saint Jean-Baptiste, Jésus est donc
poussé par l’Esprit Saint dans le désert. Il y reste quarante jours, tenté par
le Diable, en vivant au milieu des bêtes sauvages. Et à la fin des quarante
jours, à la fin de cette épreuve, les anges le servaient. La vie et la paix
sont revenues.
Immédiatement,
nous devons faire trois parallèles bibliques avec cette expérience de Jésus au
désert.
Le
premier est celui du Déluge, qui dure quarante jours, au bout desquels le soleil
réapparaît, avec un magnifique arc-en-ciel, signe de paix. Ainsi, dans le
désert, Jésus est comme balloté par des forces contraires pendant quarante
jours, jusqu’à ce que des anges, dont la hiérarchie est comparable aux couleurs
de l’arc-en-ciel, lui apportent la paix. Voici la hiérarchie des anges :
séraphins, chérubins, trônes, dominations, vertus, puissances, principautés,
archanges et anges. Ils sont magnifiques !
Le
second parallèle biblique est celui de la sortie d’Égypte. Lorsque Moïse
franchit la Mer Rouge en compagnie des Hébreux, pour retrouver la liberté,
c’est la prophétie du baptême. Pendant quarante ans au désert, ils vont être
soumis à de multiples tentations, avant que le Seigneur leur permette d’entrer
en Terre promise, pour la conquérir et en prendre possession. Les quarante ans
des Hébreux au désert sont la prophétie des quarante jours de Jésus au désert.
Et lorsque les anges servent Jésus, c’est comme s’il était lui-même entré en
Terre Promise.
Le
troisième parallèle est celui du temps qui va de Pâques à l’Ascension. La mort
et la résurrection de Jésus sont comme son baptême ou comme le franchissement
de la Mer Rouge : on passe de la mort à la vie ; de l’esclavage du
péché à la liberté des enfants de Dieu. Ensuite, durant les quarante jours qui
vont de Pâques à l’Ascension, Jésus apparaît à ses Apôtres pour leur faire le
catéchisme, c’est-à-dire pour leur enseigner les Écritures et la liturgie. Mais
nous savons qu’en même temps, Jésus lutte dans le ciel : il combat et fait
chuter les puissances démoniaques, tandis qu’à la fin – comme dit Saint Pierre
– les puissances angéliques lui sont soumises. Et justement, lorsqu’on arrive
au terme de l’Ascension, quand Jésus vient s’asseoir à la droite du Père et que
tout est accompli, c’est pour arriver à la fête de la Pentecôte, quand l’Esprit
Saint est répandu sur les Apôtres : c’est-à-dire pour eux la paix,
l’arrivée en Terre promise dans un arc-en-ciel de joie. D’ailleurs on dit
qu’ils sont pleins de vin doux !
Il
est intéressant de noter ici que, juste après son expérience au désert, Jésus
part pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu, de la même manière qu’après
la Pentecôte, les Apôtres sont envoyés dans le monde entier proclamer
l’Évangile de Dieu. Ce parallèle n’est pas du tout un hasard.
Alors
que conclure de tout cela pour nous, pour le temps de Carême dans lequel nous
sommes entrés depuis le mercredi des Cendres ?
Nous
savons que le Carême dure quarante jours (sans compter les dimanches) et qu’à
la fin il se termine par la grande fête de Pâques. Cela veut dire que notre
Carême doit nous faire revivre ce qu’a vécu Noé dans son arche, ce qu’ont vécu Moïse
et les Hébreux dans le désert, ce qu’a vécu Jésus au désert après son baptême, et
ce qu’il a vécu avec ses Apôtres durant les jours de Pâques à l’Ascension,
jusqu’à la Pentecôte.
Nous
avons été libérés du poids de nos péchés au jour de notre baptême, mais il nous
faut encore dominer nos vieux démons, les vaincre, pour laisser la possibilité à
la multitude des anges de venir nous visiter. Ainsi, à l’issue d’un combat
victorieux, avec la grâce de Dieu, nous trouverons la Terre Promise et le don
de l’Esprit Saint, c’est-à-dire la paix et la joie de Dieu, la communion des
saints, dans son paradis.
Le
carême n’est pas fait pour nous faire du mal de mille manières, mais pour qu’en
nous libérant de nos vieux démons, nous puissions enfin arriver au bonheur.