lundi 1 février 2021

31 janvier 2021 - DAMPIERRE - 4ème dimanche TO - Année B

Dt 18,15-20 ; Ps 94 ; 1Co 7,32-35 ; Mc 1,21-28
 
Chers frères et sœurs,
 
Jésus vient d’appeler ses premiers disciples André, Pierre, Jacques et Jean. Les voilà qui entrent dans la synagogue de Capharnaüm. Précisons tout de suite que « Capharnaüm » ne signifie pas que c’est le désordre dans le village, mais il s’agit simplement de la transcription de « Kephar Nahum », en hébreu, c’est-à-dire « Village de Nahum ».
Or, Jésus se met à enseigner dans la synagogue. Soyons bien attentifs à ce verbe, qui revient plusieurs fois dans l’évangile : Jésus enseigne. Contrairement aux scribes, qui font un commentaire des Écritures, y cherchent des explications, des indications sur ce que l’on peut comprendre et sur la conduite à tenir en conséquence ; contrairement donc aux scribes – et aux prêtres aujourd’hui – Jésus, lui, il enseigne : il dit ce qui est. Il prétend détenir, avec autorité, la vérité sur ce qu’il faut croire, ce qu’il faut savoir et ce qu’il faut pratiquer. Évidemment, c’est une prétention assez choquante pour les auditeurs. Si Jésus venait ici aujourd’hui, qu’il me renvoyait à la sacristie avant de vous dire vos quatre vérités, je pense que nous serions tous un peu perturbés... Et c’est ce qui arrive à Capharnaüm.
 
Cette prétention à l’autorité de Jésus fait de lui un homme à part. Pour parler ainsi, avec assurance, il est au moins le prophète annoncé par Dieu à Moïse : « Je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. » Mais plus encore, Jésus n’est pas seulement un porte-parole de Dieu, il est tout entier lui-même la Parole de Dieu. Comme dit saint Jean, Jésus est le « Verbe du Père ». C’est en raison de cette relation immédiate à son Père, assurée par l’Esprit Saint, que Jésus peut dire avec autorité : « Vous avez appris ceci, hé bien moi je vous dis cela ».
Cependant lorsque Dieu annonce à Moïse la venue du grand prophète, il le met en garde : « Un prophète qui aurait la présomption de dire en mon nom une parole que je ne lui aurais pas prescrite, ou qui parlerait au nom d’autres dieux, ce prophète-là mourra. » Comprenez-vous donc pourquoi, pour certains il fallait que Jésus meure sur la croix, et pour d’autres qu’il ressuscite ? S’il est mort, alors c’est un faux prophète. S’il est vivant, alors c’est vraiment lui le grand prophète annoncé à Moïse. Pour nous chrétiens, Jésus est ressuscité et vivant : il est vraiment le Verbe de Dieu qui s’est fait chair dans le monde, pour que le monde soit sauvé.
 
Sauvé de quoi ? L’esprit impur, qui possède le malheureux de Capharnaüm, lui, le sait très bien : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » L’homme est ce trésor disputé entre le démon et le Bon Dieu. Il n’y a pas de partage possible. Or le démon sait qu’il ne peut pas résister à l’amour de Dieu pour l’homme. Il ne peut pas résister à la Parole de Dieu, quand elle lui ordonne : « Tais-toi, sort de cet homme ! » Le démon sait très bien qui est Jésus. Il sait très bien à qui il a affaire.
Il y a un jeu de mots et un jeu de construction grammaticale entre « Jésus de Nazareth » et « Tu es le Saint de Dieu ». Le jeu de mots, se rapporte à « Jésus de Nazareth », en hébreu « Ieschoua ha-nôtzeri ». Que veut dire « nôtzeri » ? Deux racines sont possibles : soit « nazir » ou « nezer », qui signifie « consacré à Dieu », « sanctifié » ; soit « netzer » qui veut dire « surgeon », « rejeton issu d’une racine ». Le jeu de mots montre que Jésus est les deux :  il est le Saint de Dieu, consacré, sur qui repose l’Esprit saint, et il est le rejeton de David, le « Fils de David » : il est le Messie sacerdotal et royal tant attendu depuis des siècles par le peuple d’Israël.
Et le jeu de construction grammaticale fait que l’expression « Jésus de Nazareth » et l’expression « Tu es le Saint de Dieu » encadrent volontairement la question : « Es-tu venu pour nous perdre ? » Évidemment, la réponse, est « oui ». Le Messie de Dieu, Jésus de Nazareth, Fils de David, qui est la Parole de Dieu, le Saint de Dieu, s’est fait chair pour perdre les démons et sauver l’homme de leur emprise. C’est le démon lui-même qui le dit, et, se sachant perdu devant la puissance de Dieu, il quitte de lui-même l’homme qu’il possédait.
 
On comprend pourquoi les habitués de la synagogue sont bouleversés et vont immédiatement répandre partout l’incroyable nouvelle : ils ont devant eux le descendant de David, qui est le grand prophète annoncé par Dieu à Moïse, qui est même plus qu’un grand prophète puisqu’il est le « Saint de Dieu », c’est-à-dire Dieu lui-même, devant lequel aucun démon ne peut résister.
Comme nous l’avons vu, le test pour croire Jésus, ne pourra être que celui de la mort. S’il est mort, c’est un imposteur. S’il est vivant, alors il est vraiment le Fils de Dieu.

Seigneur Jésus, nous qui sommes baptisés au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, nous croyons que tu es vivant et que tu nous sauves toujours par ton Esprit. Aujourd’hui nous te rendons grâce pour la vie éternelle que tu nous donnes dans cette eucharistie. Amen.

Articles les plus consultés