Jon 3,1-5.10 ; Ps
24 ; 1Co 7,29-31 ; Mc 1,14-20
Chers
frères et sœurs,
L’évangile
et les lectures que nous venons d’entendre nous appellent à la conversion. Il
ne reste que « quarante jours » avant la destruction de
Ninive, annonce Jonas ; « le temps est limité », prévient
saint Paul ; « les temps sont accomplis » a proclamé
Jésus au bord du lac de Galilée. De fait, nous ne savons « ni le jour
ni l’heure » de notre grande rencontre avec notre Seigneur, et nous
avons à nous y préparer, et à nous convertir le cas échéant. Mais pour suivre
Jésus sommes-nous aussi disponibles que ses premiers apôtres, eux qui étaient
pourtant bien occupés, eux aussi, par leur travail ?
Cependant,
je ne voudrais pas m’attarder sur cette importante question. Je souhaiterais
plutôt vous les présenter ces premiers apôtres de Jésus. En étant plus
familiers avec eux, nous pourrions peut-être avoir plus de facilité, en leur
compagnie, à suivre Jésus, ce qui reste la chose la plus importante.
Jacques
et Jean sont les fils de Zébédée, dont le nom – ici transcrit en grec – se dit
en hébreu Zebad-Yahou, qui veut dire « Don de Dieu ». Il est
remarquable que bon nombre de personnages portant ce nom, dans l’histoire
d’Israël, sont des lévites, c’est-à-dire des consacrés service du Temple de Jérusalem.
Une tradition rapporte par ailleurs que Zébédée commerçait avec les grands prêtres
de Jérusalem, auxquels il fournissait du poisson.
La
femme de Zébédée s’appelle Marie-Salomé. C’est elle qui a demandé à Jésus que
ses deux fils soient assis l’un à sa droite et l’autre à sa gauche, quand il
siègera sur son trône de gloire. Marie-Salomé faisait partie des femmes qui aidaient
Jésus et ses apôtres par leurs dons. Elle était présente à la crucifixion et
faisait partie du groupe des saintes femmes qui sont allées au tombeau, au
matin de la résurrection. Jacques et Jean ont ainsi de qui tenir, raison pour
laquelle, sans doute, ils sont aussi surnommés « Boanerguès »,
« Fils du Tonnerre » !
Ils
étaient présents à des moments déterminants de la vie de Jésus : à la
résurrection de la fille de Jaïre, à la Transfiguration et à Gethsémani.
Jacques, le plus impétueux, sera le premier Apôtre Martyr, à Jérusalem, vers
44. L’Apôtre Jean, quand à lui, est plus discret et mystérieux. C’est à lui que
sont attribués le quatrième Évangile et l’Apocalypse. Est-ce bien lui qui a été
enterré à Éphèse, avec la palme des grands prêtres ?
Zébédée
et Marie-Salomé, et leurs deux fils Jacques et Jean, quelle famille !
Dans
l’évangile nous rencontrons aussi André et son frère Simon. Nous ne savons pas
qui sont leurs parents. Mais ils vivent à Bethsaïde, dans le même village que
Zébédée et sa famille. André est un nom grec, traduction d’un surnom hébreu,
qui signifie « fort », « viril », « puissant ».
Nous imaginons facilement André debout dans une barque, tirant des filets
chargés de poissons ! Mais sa réputation est d’être plutôt un homme
réservé. André était disciple de saint Jean-Baptiste et c’est par lui qu’il
rencontrera Jésus.
On
ne présente plus Simon-Pierre, le premier des Apôtres. Relevons simplement à
son sujet un jeu de mots probablement voulu par Jésus. Il ne l’a sûrement pas
appelé « Pierre » en français, ni même « Képhas » en grec,
mais il a dû l’appeler « Eben », c’est-à-dire
« Pierre » en hébreu. Or « ben », en hébreu,
signifie « Fils » et souvent la Bible joue sur le jeu de mots
« Ben/Eben ». Par exemple quand Jésus dit aux
Pharisiens : « Je vous le dis : des pierres que voici, Dieu
peut faire surgir des fils à Abraham ». C’est comme si Jésus
considérait Simon en même temps comme une pierre de fondation et comme un fils.
Ne sommes-nous pas, nous baptisés, des fils et des filles de Dieu, et des pierres
vivantes de son Église ?
Simon-Pierre
est mort martyr à Rome entre 64 et 68, au temps de Néron. André, lui, s’est
rendu jusqu’en Roumanie avant de mourir martyr, vers 60, à Patras dans le sud-ouest
de la Grèce. Étant Apôtre des peuples d’Europe centrale, il est devenu le saint
Patron des Burgondes, fondateurs du Royaume puis des Comté et Duché de Bourgogne.
C’est la raison pour laquelle il est un de nos saints Patrons et que nous
trouvons parfois sur les linteaux des portes de nos maisons ou sur certaines plaques
de cheminées des croix de Saint-André.
Voyez-vous,
chers frères et sœurs, lorsqu’on observe la famille de Zébédée et de Marie-Salomé,
leurs deux fils Jacques et Jean, ou bien les deux frères André et Simon, alors
pécheurs sur le lac de Galilée, nous voyons bien que leur rencontre avec Jésus
a transformée leur vie. Non pas que cette vie soit devenue si extraordinaire –
nous ne savons pratiquement rien de celle de saint André – mais leur entrée
dans la communion des saints, à laquelle nous appartenons aussi par notre
baptême, nous les rends proches comme de notre propre famille. C’est ainsi que
l’on répond à l’appel de Jésus à le suivre : en famille, tous ensemble.