Nb
6,22-27 ; Ps 66 ; Ga 4,4-7 ; Lc 2,16-21
Chers
frères et sœurs,
Le
huitième jour après leur naissance, les garçons judéens étaient circoncis et on
leur donnait un nom. Cette pratique n’était pas seulement usuelle au Moyen
Orient, elle a un sens très profond pour les enfants d’Israël.
La
circoncision est en effet pour eux : premièrement, une consécration à Dieu
– un signe d’alliance ; deuxièmement, un signe d’appartenance à son peuple
bien-aimé, ce pourquoi nous avons lu la bénédiction du Livre des Nombres ;
et troisièmement signe de séparation de ce qui n’est pas Dieu, c’est-à-dire du
péché.
L’enfant
reçoit aussi un nom, ici celui de Jésus, c’est-à-dire « Il sauve ».
Ce n’est pas la reprise exacte du nom de Josué, qui se traduit par « Dieu
sauve ». Nous voyons donc que Josué est l’annonce de Jésus, et Jésus
est Dieu lui-même, le Sauveur. En Israël, à un nom correspond une vocation,
c’est pourquoi le choix d’un nom est toujours très important.
Ainsi
donc, au jour de la fête de la circoncision, Jésus est reconnu comme consacré,
allié à Dieu, comme membre de son peuple béni, et radicalement séparé du péché.
Plus encore, il est nommé lui-même comme Celui qui sauve.
À
l’origine, les chrétiens étaient baptisés et confirmés immédiatement. On leur
donnait également un nom nouveau : celui de leur baptême. C’est pourquoi
celui qui baptise, dit toujours « Thérèse, ou Georges, je te baptise au
Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Le nom est donné au moment
même du baptême. Mais la circoncision ?
Comme
nous le savons, depuis les temps apostoliques la circoncision n’est plus
pratiquée charnellement pour les baptisés, mais elle l’est spirituellement par
la chrismation, c’est-à-dire par ce qui est devenu par la suite la
confirmation.
La
confirmation est un sacrement qui unit plus solidement à Dieu – qui affermit
l’alliance que l’on a avec lui par la naissance du baptême – et par conséquent
qui renforce l’appartenance au Peuple de Dieu, l’Église ; et qui rend ainsi
plus fort les baptisés contre les puissance du mal qui conduisent au péché. Il
y a donc l’esprit de la circoncision dans la confirmation, qui fait de nous des
enfants de Dieu, unis à lui et à tous les saints, plus forts contre le mal.
C’est pourquoi saint Paul enseigne que l’Esprit Saint est donné pour que nous
ne soyons plus esclaves du péché, mais fils de Dieu, tous fils d’un même Père.
L’Esprit Saint réalise spirituellement ce qui est signifié charnellement par la
circoncision.
Malheureusement,
parce que nous avons perdu le sens de ces choses qui unissent profondément
l’Ancien et le Nouveau Testament, nous avons abandonné il y a quelques dizaines
d’années la fête de la Circoncision du Seigneur pour la transformer en fête de
Sainte Marie Mère de Dieu.
Mais
nous devons être bien conscients que Sainte Marie, Mère de Dieu, préfigure en
elle-même ce qui est annoncé par la circoncision et la confirmation. Elle
montre que cette bénédiction n’est pas réservée aux hommes mais est proposée à
tous, et à toutes.
Sainte
Marie est – nous le savons – Immaculée Conception. Depuis toujours elle a reçu
les dons de l’Esprit dont nous parlait Saint Paul : Unie à Dieu, elle est au
cœur du Peuple de Dieu, de l’Église, et elle est totalement étrangère au mal et
au péché.
Son
nom, qui est aussi sa vocation, est très mystérieux. Nous ne savons pas
exactement ce qu’il signifie. Nous pouvons trouver « la Rebelle » ou
« la Forte » ; ou bien « Celle qui s’élève » ou
« Celle qui est élevée » ; ou encore « la Voyante »,
c’est-à-dire « La Prophétesse » ; ou tout simplement « La
Dame », féminin de « Seigneur ». Pour saint Jérôme elle était
« Mar-yam », c’est-à-dire « goutte de mer », en latin
« Stilla Maris » dont on a fait « Stella Maris »,
« l’Etoile de la Mer », celle qui guide les marins à bon port,
c’est-à-dire au Ciel.
Chers
frères et sœurs, ce qui est vrai pour Jésus circoncis au huitième jour, comme
pour Marie Immaculée Conception, l’est aussi pour nous. Il est important pour
nous de recevoir le sacrement de la confirmation et de méditer sur le prénom
que nous avons reçu au baptême. Ainsi, là où nous vivons, nous sommes
prophètes, chacun selon sa vocation, pour rendre grâce à Dieu et réjouir l’âme
de notre prochain.