samedi 28 décembre 2019

25 décembre 2019 - LAVONCOURT - Nativité du Seigneur - Messe du Jour - Année A


Is 52,7-10 ; Ps 97 ; Hb 1,1-6 ; Jn 1,1-18

Chers frères et sœurs,

Le Verbe – ou la Parole de Dieu – et Jésus, c’est la même personne. C’est par son Verbe, par sa Parole, que Dieu le Père a tout créé, et la perfection de la création, c’est l’homme : l’homme fait à l’image et à la ressemblance de Dieu.
Aussi bien, lorsque nous sommes devenus pécheurs par un mauvais usage de notre liberté, nous avons perdu la ressemblance avec notre créateur. Mais nous demeurons toujours et pour toujours à son image. En quelque sorte, nous sommes comme la carrosserie d’une voiture, qui a été emboutie. Elle demeure toujours une carrosserie, mais elle est abîmée.
Aujourd’hui, à Noël, la Parole de Dieu par qui le Père nous a créé, Jésus, s’est fait homme. Pourquoi ? Pour rétablir notre ressemblance avec Dieu. C’est comme si on remettait la carrosserie abîmée dans la presse qui l’avait formée au départ, pour lui redonner sa forme première. Tel est le rôle de Jésus : en se faisant homme, il redonne à l’homme la possibilité de retrouver la ressemblance de Dieu, la possibilité de retrouver sa beauté première.

La difficulté, aujourd’hui comme hier, et demain, c’est que le monde qui nous entoure nous propose mille autres formes de carrosseries à adopter. Et nous nous prenons à rêver : et si nous faisions de nous des hommes-dieu ? Et si nous nous transformions en créatures mi-hommes mi-machines, « l’homme augmenté » ? Et si être véritablement homme, c’était profiter de la vie, faire ce que nous voulons de notre vie, de notre corps, selon les idées à la mode, selon nos sentiments du moment, voire même selon nos pulsions généralement égoïstes ? Mais aucune de ces formes n’est semblable à celle qui nous a marqué à l’origine, la seule qui nous corresponde vraiment et qui peut nous rendre véritablement heureux. Cette unique forme, c’est le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu, c’est Jésus lui-même parce que nous avons été créés par lui. Comment, au milieu des milliers d’autres formes et contrefaçons toutes plus attirantes les unes que les autres, pouvons-nous donc reconnaître celle de Jésus avec certitude ? De faux prophètes avant lui et après lui, il y en a eu des centaines et il y en aura d’autres. Comment donc le reconnaître avec certitude, lui, le Verbe de Dieu, Jésus, par qui nous avons été créés et qui a le pouvoir de nous restaurer dans notre intégrité première ?

C’est là le rôle de Jean-Baptiste, l’envoyé de Dieu venu rendre témoignage à Jésus, pour le désigner avec assurance : « Voici l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde ». Jean-Baptiste est celui qui, dans le monde, est le seul véritable témoin fidèle. Comment cela ?
Jean-Baptiste était l’aboutissement et le sommet des prophètes de l’Ancien Testament ; il les récapitulait tous. Comme eux, et plus qu’eux, il était préparé par l’Esprit Saint à voir en Jésus le Verbe de Dieu fait chair.
Étonnante chose que d’observer, d’un côté Jean-Baptiste qui voyait la divinité qui était invisible dans l’humanité de Jésus ; et de l’autre, les scribes et grands prêtres – normalement les plus habilités à le faire – mais qui pourtant ne voyaient pas et ne comprenaient pas. Parce qu’ils n’avaient pas l’Esprit Saint en eux. Sans l’Esprit Saint rien n’est possible. Avec lui, tout est possible.

Chers frères et sœurs, nous avons toujours besoin aujourd’hui de Jean-Baptiste pour savoir reconnaître Jésus, le Verbe de Dieu agissant dans nos vies, pour le laisser nous restaurer dans notre sainteté originelle. Jean-Baptiste pour nous, c’est l’Église pauvre, qui prie et qui témoigne, fidèle à la foi des Apôtres, par la proclamation de l’Évangile, par sa liturgie et ses sacrements, son enseignement et ses institutions, ses saintes et ses saints, et toutes ses œuvres de charité.
Celui qui s’en écarte, s’écarte de Jésus, et prend le risque de se perdre. Au contraire, celui qui se trouve au cœur de l’Église, avec la grâce de l’Esprit Saint, ressemble de plus en plus à Jésus et se rapproche immanquablement du cœur de Dieu, de sa joie, de sa lumière et de sa paix.
Si nous avons compris cela, alors nous pouvons aussi comprendre que tout chrétien, restauré par la Parole de Dieu, par Jésus, dans sa forme première, devient aussi un Jean-Baptiste pour les autres. Tel est le mystère de notre vocation de baptisés : ressembler de plus en plus à Jésus pour être en communion avec Dieu, et ressembler de plus en plus à Jean-Baptiste pour permettre à notre prochain de retrouver à son tour la source d’amour et de toute joie.

24 décembre 2019 - GY - Nativité du Seigneur - Messe de la Nuit - Année A


Is 9,1-6 ; Ps 95 ; Tt 2,11-14 ; Lc 2,1-14.15-20

Chers frères et sœurs,

Nous fêtons Noël parce qu’en ce jour, il y a plus de 2000 ans, Dieu s’est fait homme pour que, nous les hommes, nous puissions entrer dans la communion de Dieu.

Il n’est pas besoin d’être un grand savant pour comprendre que nous sommes comme des violons désaccordés. Nous sommes de beaux instruments, mais nous jouons une musique fausse : disputes, mensonges, colères, violences, orgueil, paresse, addictions de toutes sortes… tout cela perturbe la belle musique que nous devrions faire entendre par tous les aspects de notre vie.
Et c’est pourquoi nous avons besoin d’être réaccordés, pour pouvoir jouer tous ensemble une musique sainte et harmonieuse, la musique de Dieu. C’est pour cela que Jésus est venu. En nous réaccordant à lui, grâce à la puissance de l’Esprit Saint, il nous permet de suivre de manière juste la musique que dirige Dieu son Père. Alors seulement, de toute notre âme, de tout notre esprit et de tout notre cœur, nous pouvons jouer dans l’harmonie de Dieu, accompagnée par le chant des anges.

Ce que je viens de dire n’est pas un conte de Noël. C’est la réalité de Jésus, né il y a plus de 2000 ans à Bethléem pour nous réconcilier avec Dieu et nous faire participer à sa gloire. C’est la raison pour laquelle saint Luc a écrit son Évangile : pour que nous aussi, qui vivons à des milliers de kilomètres et qui sommes séparés de ces événements par des siècles d’histoire, nous puissions y être aussi présents à notre mesure. En ce jour de Noël, tous les chrétiens du monde, et les chrétiens de tous les temps à travers les siècles, tous sont réunis autour de la crèche de Bethléem, dans la prière et dans la joie. On n’est jamais seul à Noël : on est avec Jésus, Marie et Joseph, avec les anges et les bergers, et même avec l’âne, le bœuf et les moutons. Noël, c’est la communion.

Maintenant soyez attentifs. Tout à l’heure, nous allons apporter les offrandes. Sur l’ordre de Jésus, je vais imposer les mains sur le pain et le vin, qui deviendront par la puissance de l’Esprit Saint, son corps et son sang. Il va se passer ce qu’il s’est passé à l’Annonciation avec Marie, quand l’Esprit Saint l’a prise sous son ombre, et que Jésus a pris chair en elle. Là aussi Jésus va se rendre présent.
Ensuite, lorsque Jésus est né, il a été emmailloté dans des langes et couché dans une mangeoire. Il en va de même à la messe : le corps et le sang du Christ reposent sur un grand linge blanc qu’on appelle le corporal, et l’autel est comme la mangeoire. Et nous tous, comme les bergers, nous sommes venus à la voix des anges pour venir voir Jésus et l’adorer. Comme les anges qui chantaient dans la nuit de Bethléem, nous avons chanté : « gloire à Dieu au plus haut des cieux » et avec eux aussi nous chantons « saint, saint, saint le Seigneur, Dieu de l’univers ».
Mais en fait, c’est comme cela à toutes les messes. A toutes les messes, c’est Noël. Jésus vient chez nous, il se rend présent pour nous, ici et maintenant, et il vient même jusqu’à l’intérieur de nous lorsque nous communion à lui. Noël, c’est la communion, et la communion c’est Noël : Dieu vient faire sa demeure en nous, pour que nous soyons en communion avec lui.

Les bergers, après avoir contemplé Jésus et s’être réjouis de sa venue, ne sont pas repartis uniquement pour faire la fête. Ils ont raconté ce qu’ils ont vu : « et tous ceux qui les entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers » ; et « ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé ». En fait, les bergers sont comme les apôtres après la résurrection de Jésus : ils rendent gloire à Dieu et ils annoncent l’Évangile.
Ce soir, les bergers, c’est nous. Certains pensaient sans doute qu’ils étaient venus assister à la messe, comme ça, juste pour faire plaisir à la famille ? Mais, ils ne se sont pas rendu compte qu’en venant ici, ils ont été transformés en santons pour faire partie de la crèche. Ce soir, nous sommes tous des santons et nous sommes tous dans l’Évangile. Ce soir, la vraie crèche vivante à Gy, c’est nous. Et Jésus va être là, au milieu de nous.

21-22 décembre 2019 - CUGNEY - SAVOYEUX - 4ème dimanche de l'Avent - Année A


Is 7,10-16 ; Ps 23 ; Rm 1,1-7 ; Mt 1,18-24

Chers frères et sœurs,

Savez-vous qui est saint Joseph ? Il est important de le savoir pour mieux comprendre l’évangile d’aujourd’hui.

Lorsque les hébreux furent exilés à Babylone, il y avait parmi eux les descendants du roi David. Ceux-ci conservaient avec beaucoup de respect leur noblesse puisqu’ils savaient que, dans leur descendance, serait donné le Messie libérateur, promis par le Seigneur.
Or une partie de ces descendants, dès qu’ils ont pu quitter Babylone et revenir en Israël, se sont installés à Nazareth. Et ils furent appelés les « Nazoréens ». C’étaient des gens simples, paysans et artisans, sans grande fortune, mais qui avaient conscience d’être fils de David et dépositaires de la Promesse de Dieu. Et c’est pour cela que Joseph ne pouvait pas épouser n’importe qui, mais seulement une princesse de sang royal comme lui. Marie était également une lointaine descendante de David.
Or voilà que la princesse promise en mariage est enceinte ! Joseph est plus qu’embarrassé.

S’il dénonce Marie comme adultère, d’une part, celle-ci sera lapidée et l’enfant qu’elle porte en elle mourra également. C’est la loi. Mais Joseph sait très bien que Marie n’est pas adultère, puisqu’il sait que c’est par l’Esprit Saint qu’elle porte en elle un enfant. Et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de l’enfant de la Promesse. Ce serait donc un mensonge de sa part de dénoncer Marie, et ce serait aussi porter atteinte au Messie de Dieu qu’elle porte en elle.
Mais de l’autre côté, Joseph, qui est donc un homme juste, ne se sentait pas digne d’accueillir dans sa maison la Mère de Dieu. N’est-ce pas que le Saint-Esprit l’avait prise comme pour épouse ? Mais qui était-il devant le Saint-Esprit ? Jean-Baptiste ne se disait pas digne de défaire la sandale de Jésus, mais Joseph ne s’autorisait pas davantage à accueillir chez lui Marie et Jésus.
Il avait donc décidé de répudier Marie en secret. Voilà bien une résolution d’homme… mi-chèvre, mi-chou, complètement irréaliste. Combien de temps le secret aurait-il tenu ? Et comment Marie aurait-elle vécue ? Et comment l’enfant divin aurait-il été éduqué ?
Bref, saint Joseph ne savait vraiment plus quoi faire.

Heureusement, l’Ange du Seigneur, est intervenu : « Ne crains pas de prendre chez toi, Marie, ton épouse ». Il y a trois informations dans cette parole : la première est que Marie est bien son épouse. C’est le Seigneur lui-même qui le confirme. La seconde, qu’il peut – et même il doit – accueillir Marie chez lui. Et la troisième qu’il ne doit pas en avoir peur, quand bien même elle est comblée de grâce et devenue la Mère de Dieu. Il ne se croyait pas digne de cela, saint Joseph, et pourtant, Dieu, par la bouche de son Ange, l’a confirmé dans cette vocation : il est digne.
Et l’ange lui rappelle la prophétie antique : « Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit « Dieu avec nous » ». En prenant Marie chez lui, Joseph permet à la prophétie qui est en train de s’accomplir, de se réaliser complètement. Ainsi, il n’y aura nul doute que Jésus est bien de la descendance de David. Joseph en est non seulement le protecteur, mais aussi le garant.

Chers frères et sœurs, il fallait que Marie et Joseph soient des saints pour pouvoir porter dans leur vie avec humilité cette vocation immense qui leur tombait dessus : recevoir Jésus, Dieu fait homme, venu pour sauver son peuple, pardonner ses péchés, faire de l’homme l’ami et le fils de Dieu, et le faire revenir au paradis, pour vivre heureux, éternellement, dans la communion et dans l’amour.
Nous pouvons rendre grâce à Dieu, non seulement parce que tout cela a eu lieu, que Marie et Joseph aient répondu « oui » aux paroles de l’ange, mais aussi parce que, par le témoignage des évangélistes, nous savons tout cela aujourd’hui, que nous y assistons presque, et que cela nous remplit de joie.

dimanche 8 décembre 2019

07-08 décembre 2019 - 2ème dimanche de l'Avent - Année A


Is 11,1-10 ; Ps 71 ; Rm 15,4-9 ; Mt 3,1-12

Chers frères et sœurs,

Il est quand même terrible, saint Jean-Baptiste ! Je voudrais dire quatre choses à son propos.

Premièrement saint Jean-Baptiste commence à prêcher – non pas dans le désert de Judée – comme cela est traduit ici, mais dans des ruines qui se trouvent à quelques centaines de mètres de Bethsaïde, le village où travaillent André et Simon-Pierre, Jacques et Jean son frère, les fils de Zébédée. Jean-Baptiste annonce la venue du Messie Sauveur à partir de ruines. Ruines du temps présent, ruines de la foi, ruines de l’espérance peut-être même. Mais c’est à partir de là que tout va redémarrer. Comme un rosier coupé, qui semble s’être éteint, finit par rejaillir quand même.

Deuxièmement, saint Jean-Baptiste ne se considère pas suffisamment digne de retirer les sandales de Jésus. Il y a sans doute erreur à comprendre cette affirmation comme si Jean-Baptiste se disait être inférieur même à un serviteur, voire à un esclave. Saint Jean-Baptiste était fils du prêtre Zacharie, qui officiait dans le Temple de Jérusalem. Il était donc lui-même prêtre. Or celui à qui, dans la liturgie du Temple, on retire ses sandales, c’est le Grand Prêtre qui une fois par an pour la célébration du Grand Pardon, entre dans le Saint des Saints. Ici donc, Jean-Baptiste ne dit pas seulement qu’il est un serviteur ou un prêtre indigne, il dit aussi que Jésus est le véritable Grand Prêtre qui va accomplir la célébration du Grand Pardon pour toute l’humanité, en entrant, par sa mort et sa résurrection, dans le ciel.

Troisièmement, saint Jean-Baptiste, appelle les gens à se faire baptiser dans l’eau, pour signifier leur conversion au Règne de Dieu qui vient. Et il annonce que Jésus, lui, va baptiser dans l’Esprit Saint et le feu, qui sera en même temps comme un jugement et fera la part du blé qui est en nous, qui sera conservé au ciel, et de la paille qui sera détruite par le feu. Il y a un baptême d’eau, qui est un geste humain de conversion. Et il y a le baptême de feu, qui est un acte divin de consécration. Lorsque, dans l’Église, nous baptisons dans l’eau, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et que nous donnons l’onction avec le Saint-Chrême, qui signifie le don de l’Esprit-Saint, nous accomplissons en même temps le baptême de Jean et celui de Jésus. Oui, nous nous convertissons en renonçant au mal et en confessant notre foi et nous nous présentons à l’eau du baptême, mais oui aussi nous sommes baptisés dans l’Esprit Saint pour être lavés et purifiés de notre paille et pour nous présenter comme du bon blé, appelé à entrer dans le grenier de Dieu. Dans le baptême chrétien, il y a une part qui vient de l’homme et il y a aussi une part qui vient de Dieu. C’est un sacrement.

Quatrièmement, en référence au livre d’Isaïe que nous avons entendu, et en pensant que Jean-Baptiste est comme le dernier prophète de l’Ancien Testament, je vous interroge : savez-vous ce qu’est un « symbole » ? Spontanément, vous allez me dire que c’est quelque chose qui indique une autre de manière symbolique, comme par exemple une alliance au doigt indique qu’on est quelqu’un de marié. L’alliance est un symbole du mariage. Mais cette définition n’est pas complète.
Un symbole, c’est à l’origine, un objet cassé en deux, qui permet à deux personnes qui ne se connaissent pas, dont chacune possède un bout de l’objet, de se faire confiance en rapprochant les deux bouts, qui s’emboîtent parfaitement l’un dans l’autre. Ainsi, par exemple, le Credo, que l’on appelle aussi parfois justement le « Symbole des Apôtres », est un texte de reconnaissance entre tous les chrétiens. Si il manque une phrase, ou si on en ajoute une autre, ou si on en modifie une troisième, alors le Credo n’est plus le même, et donc on n’est plus reconnaissable comme un chrétien catholique. Parce que le symbole ne fonctionne pas.
Il en va de même entre l’Ancien testament et Jésus : ils sont comme les deux morceaux d’un symbole : l’Ancien Testament annonce Jésus, et Jésus accomplit ce qui est annoncé dans l’Ancien Testament. L’un ne va pas sans l’autre. C’est pourquoi, quand les premiers chrétiens ont relu l’Ancien Testament et – entre-autres – le Livre d’Isaïe, ils se sont réjouis très profondément d’y retrouver tout ce qui concernait Jésus et le Royaume de Dieu. Et nous aussi, nous pouvons faire de même.

Finalement, saint Jean-Baptiste, qui est comme l’aboutissement de l’Ancien Testament, apparaît comme le meilleur symbole de Jésus et le plus sûr : « Voici l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde » a-t-il annoncé avec assurance ; et c’est pourquoi Jésus a dit de lui en retour qu’il était « bien plus qu’un prophète » et que « parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand » que lui. Demandons au Seigneur de faire de nous des Saint Jean-Baptiste pour notre temps, qui a besoin de redécouvrir qui est Jésus.

dimanche 1 décembre 2019

01 décembre 2019 - VALAY - 1er dimanche de l'Avent - Année A


Is 2,1-5 ; Ps 121 ; Rm 13,11-14a ; Mt 24,37-44

Chers frères et sœurs,

C’est alors qu’il était à Jérusalem, quelque temps avant sa Passion, que Jésus a donné cet enseignement. Il s’agissait pour lui d’indiquer à ses disciples quelle attitude tenir après sa mort et sa résurrection. En effet, conformément aux annonces du prophète Daniel, le Fils de l’homme – c’est-à-dire Jésus lui-même – viendra s’asseoir à la droite de son Père qui est au cieux, et c’est alors qu’il inaugurera son règne. Ce sera le signal de la transformation du monde, de sa mort et de sa résurrection, comme cela s’est passé pour Jésus, pour devenir le monde nouveau du Royaume de Dieu. Cette transformation sera opérée par l’Esprit Saint.
Ainsi, Jésus lit l’histoire de Noé comme une prophétie : là où Noé est entré dans l’Arche, le Fils de l’homme est entré dans le ciel, pour s’asseoir à la droite du Père, et c’est alors que le déluge a commencé, comme l’Esprit Saint a été envoyé pour transformer le monde.
Et les gens ne se sont doutés de rien. En effet, qui a changé sa vie après la résurrection de Jésus ? Personne. Ce n’est que lorsque l’Esprit Saint a été envoyé à la Pentecôte, que deux mondes ont commencé à apparaître : le monde nouveau, celui qui constitue l’Église, et le monde ancien, celui qui est destiné à mourir. Ainsi, en effet, comme Jésus l’avait annoncé, dans une même famille l’Évangile de la résurrection divisera les gens. L’un deviendra croyant, et l’autre pas.

À ceux qui sont devenus croyants, Jésus fait encore une mise en garde. Ce n’est pas parce qu’on est passé à travers les eaux du baptême comme à travers celles du déluge, et qu’on est entré dans l’arche de la maison de Dieu, que l’on doit se croire dispensé d’être vigilant. D’ailleurs, saint Paul – quand il s’adresse aux Romains pour les avertir de sortir de leur sommeil – s’adresse bien à des chrétiens. Il y a un risque à être un chrétien endormi.
Jésus prévient donc ses disciples, qu’ils doivent veiller. En fait, le texte araméen est plus précis, il dit la même chose que Paul : il ne s’agit pas de « veiller », mais de se « réveiller », de sortir de son sommeil. Il faut un changement d’attitude : pas une veille passive, mais une veille active. C’est toute la différence qu’il y a entre un veilleur de nuit, qui regarde de temps en temps sur ses écrans pour voir si tout va bien, et un sapeur-pompier de garde, qui est tout habillé et prêt à sauter dans son camion au moment de l’alerte. Il faut en effet se « tenir prêt » dit Jésus, exactement comme les hébreux se sont tenus prêts, tout habillés, la ceinture autour des reins, dans la nuit de Pâque, pour partir d’Égypte et marcher vers la terre promise.

Il faut alors préciser ce que signifie « se tenir prêt » pour un chrétien. Jésus nous a déjà prévenu que cela demandait une attitude un peu plus dynamique que celle de mener une vie tranquille.
Saint Paul nous dit : « rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière » et aussi « revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ ». Saint Paul nous renvoie à la renonciation à Satan de notre baptême, à la confession de foi que nous y avons exprimée, et aux dons que nous y avons reçu. Avec la lumière de la vie éternelle et le vêtement blanc du monde nouveau nous avons notamment reçu l’onction qui nous a consacrés au Christ comme prêtres, prophètes et rois. Se « tenir prêt », c’est agir comme Jésus, en son nom, comme prêtres du Seigneur, comme prophètes de l’Évangile du Royaume des cieux et comme rois de justice et de paix. Voyez qu’il y a de quoi faire, si l’on veut bien faire attention à ce que tout cela signifie. Or telle est la vocation de tous les baptisés.
Enfin, le prophète Isaïe a annoncé que, lorsque le Fils de l’homme prendrait possession de son règne, toutes les nations afflueraient vers la montagne du Seigneur, vers la maison du Dieu de Jacob. Notre horizon, le but de notre vie, se trouve là. C’est aussi ce que dit le Psaume : « Quelle joie quand on m’a dit : nous irons à la maison du Seigneur » ; « C’est là que montent toutes les tribus, les tribus du Seigneur », etc. Je voudrais attirer votre attention sur le fait qu’il s’agit ici d’une marche qui ne se fait pas tout seul, individuellement, mais en tribus, peuples et nations. On n’accède pas au Royaume des cieux tout seul, mais dans l’Église, dans le peuple de Dieu, la communauté que nous formons. Il doit y avoir une solidarité : s’il y en a un qui traîne la patte, les autres doivent être là pour l’aider, à commencer par la prière. Aussi le jugement qui a lieu à la fin des temps n’est pas seulement un jugement individuel, il est aussi tenu compte des solidarités communautaires. On ne se sauve pas tout seul, mais ensemble.

Chers frères et sœurs, nous sommes dans un monde qui s’endort dans la nuit. Plus que jamais l’appel de Jésus doit nous réveiller : « Tenez-vous prêts ». Et se tenir prêts, c’est vivre en prêtres, en prophètes et en rois, le regard fixé sur le ciel, et en aidant nos frères et sœurs qui peinent en chemin. C’est ainsi qu’on vécu tous les saints.

lundi 25 novembre 2019

23-24 novembre 2019 - RAY-sur-SAÔNE - AUTOREILLE - Solennité du Christ Roi de l'Univers - Année C


2S 5,1-3 ; Ps 121 ; Col 1,12-20 ; Lc 23,35-43

Chers frères et sœurs,

Au cours de sa longue histoire le peuple d’Israël a appris à découvrir qui est Dieu et quel est son dessein pour l’homme. Cet apprentissage s’est fait, d’une part par l’intervention de Dieu lui-même dans l’histoire des hébreux et, d’autre part, par leur propre réflexion sur ces événements, avec l’aide de l’Esprit Saint. C’est ainsi qu’Israël a appris à connaître Dieu comme Dieu créateur, comme Dieu de vérité et comme Dieu d’amour. Il est le Dieu qui sanctifie, qui fait justice et qui pardonne.
Petit à petit, les Hébreux ont compris, à cette lumière, que, bien qu’ils soient pécheurs, Dieu a toujours eu pour eux l’ambition de les ressusciter après leur mort, de leur appliquer sa justice et de faire entrer ceux qui étaient trouvés justes dans sa gloire. Mais comment ?

Animés par l’Esprit Saint, les prophètes ont annoncé la venue d’un messie sauveur, d’un rédempteur et d’un roi de paix. La réalisation de cette triple espérance, faisait l’objet de la prière de tout Israël et elle le fait toujours. Car les promesses et les dons de Dieu sont sans repentance : le Dieu fidèle accomplit toujours, à son heure, ce qu’il a décidé.
Pour nous qui sommes chrétiens, ce messie sauveur qui vient nous arracher à la mort pour nous donner la vie éternelle, ce rédempteur qui, par l’offrande de lui-même, vient nous libérer de tous nos péchés et de notre état de pécheurs, ce roi de paix, dont le règne est une communion d’amour, c’est Jésus lui-même.
Aujourd’hui, nous fêtons l’aboutissement de sa triple mission de prophète, de prêtre et de roi, qui est en même temps pour nous le couronnement de notre existence : vivre éternellement, libres et bienheureux, dans l’amour de Dieu.

Chers frères et sœurs, il ne s’agit pas seulement d’une fête par anticipation, ou nous fêterions à l’avance ce que nous croyons et espérons qu’il se passera pour nous à la fin des temps. Il s’agit aussi, et même d’abord, d’une fête de ce qui s’est déjà réalisé dans l’éternité de Dieu.
Par l’Esprit Saint et depuis la Pentecôte, cette réalité divine imprègne déjà maintenant notre existence actuelle : l’Église est l’espace et le temps et la communauté où se réalisent ici et maintenant, comme gage et témoignage, cette vie éternelle, cette liberté et cette joie des enfants de Dieu. Les saints et les saintes sont justement des hommes et des femmes qui ont vécu sur la terre comme s’ils étaient déjà au ciel.
C’est pourquoi, dans l’Église, nous avons des rites particuliers, un enseignement original et une fraternité différente qui ne viennent pas de l’homme mais de Dieu, par son Esprit Saint. Ce sont là les talents dont nous parlait Jésus et qu’il nous a confiés, pour que nous les fassions fructifier, avant qu’il revienne enfin pour prendre possession de l’intégralité de sa royauté.

Or, durant sa vie humaine sur la terre, comme il était en même temps Dieu, Jésus était entièrement animé par l’Esprit Saint. Aussi, tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a dit, tous les liens qu’il a noués et dénoués avec ceux et celles qu’il a rencontrés, sont des révélations et des anticipations de cette royauté divine qui vient. Mais alors, vous allez me dire : « la croix ? » ; « que dit la croix de cette royauté de paix, de joie et de lumière ? »
Justement, lorsque Jésus est attaqué par les ennemis de Dieu, alors il faut voir les événements dans un miroir inversé : là où on le suspend à une croix d’abjection, il siègera sur le trône de gloire ; là où son corps voué à la mort est violenté et sanglant, il ressuscitera avec un corps indestructible et rayonnant de lumière,  là où Jésus est injurié par des moqueurs, les anges chanteront sa louange ; là où on lui donne du vinaigre, lui servira le vin nouveau de l’alliance – le meilleur, celui des noces de Cana. Et c’est pourquoi Jésus peut dire au larron, alors qu’il est sur la croix, complément meurtri et aux portes de la mort : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis ».

N'oublions pas cette leçon : par son Esprit Saint, Dieu réalise déjà dans le monde son royaume qui vient, et qui se manifeste dans l’Église, ses sacrements, son enseignement, sa communauté ; et en même temps, lorsque le chrétien est persécuté, lui qui par son baptême est semblable à Jésus, alors toutes ses souffrances doivent être vues en miroir inversé : la croix n’est pas un signe de mort, mais le trône de gloire de Jésus. C’est le message des Béatitudes : « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés ; Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, le Royaume des cieux est à eux ».


lundi 18 novembre 2019

16-17 novembre 2019 - MONTAGNEY - MANTOCHE - 33ème dimanche TO - Année C


Ml 3,19-20a ; Ps 97 ; 2Th 3,7-12 ; Lc 21,5-19

Chers frères et sœurs,

Jésus et ses disciples sont à Jérusalem. Certains se réjouissent de la beauté du Temple. En effet, à l’époque, il est le plus grand monument du monde. Et il est tout neuf ! Ses pierres éclatent de blancheur dans le soleil. En fin de journée, il est doré comme les collines de Judée. Et les nombreuses offrandes d’or ou d’argent, qui le parent, étincellent dans la lumière. Il est comme une épiphanie, une manifestation de Dieu. Il est en effet magnifique.

Mais Jésus annonce qu’il ne restera bientôt plus rien de tout cela, ce qui arrivera trente ans plus tard, en l’an 70, lorsque le Temple sera totalement rasé par les armées romaines.

La leçon est la suivante : rien de ce qui est construit avec orgueil par l’homme sur la terre – même le Temple du Seigneur – ne durera. Il n’y a que dans celui qui a mis sa foi en Dieu qu’il se trouve un germe de vie incorruptible, qui ne mourra pas, mais s’épanouira dans une vie nouvelle. Tout pourra s’écrouler, mais la vie nouvelle qui est dans l’homme de foi lui permettra de tenir debout dans l’adversité, avec sagesse, et de survivre même à sa mort charnelle.
Lorsque Jésus dit cela il pense à sa propre Passion : « On portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon Nom ». Tous les chrétiens qui sont persécutés, parce qu’ils portent le nom du Christ, vivent comme le Christ la même Passion. Ils peuvent être conduits à la même mort, mais ils verront aussi la même résurrection.

Ainsi, chers frères et sœurs, Jésus nous enseigne aujourd’hui que le germe de la foi que nous avons reçu en nous au jour de notre baptême, fait de nous des hommes et des femmes de la vie nouvelle. Nous ne sommes pas du même monde que ceux qui ne sont pas baptisés. Et cela s’observe lorsque nous sommes victimes de persécutions plus ou moins importantes en raison même du fait que nous sommes chrétiens. Il nous faut alors nous garder de deux écueils. D’un côté, celui de renoncer devant la difficulté, ou le combat, en reniant l’Esprit de vie qui est en nous, pour gagner une paix en peau de chagrin avec ceux qui n’aiment pas Jésus. Et de l’autre côté, il faut nous garder de courir derrière les faux prophètes qui nous annoncent faussement des lendemains qui chantent : « C’est lui ! », « Le temps est venu ! » et de nous mettre en marche à la suite d’idoles qui nous conduiront au malheur.

Alors quelle ligne de conduite adopter entre ces deux écueils, entre le découragement et l’illusion des idoles ? Le prophète Malachie apporte une première réponse, saint Paul en donne une seconde.

« Ceux qui commettent l’impiété seront de la paille », dit Malachie, « Mais pour vous qui craignez mon Nom – le Nom du Seigneur – le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement ». La première ligne de conduite, c’est de craindre le Nom du Seigneur. C’est un langage biblique. Il s’agit d’aimer le Seigneur, comme le dit le premier commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de tout ton esprit ». Aimer le Seigneur, c’est le connaître, au moyen des Écritures : c’est savoir qui est Jésus. Mais c’est aussi et surtout le fréquenter : lui parler, le prier, communier à lui, être son ami jusqu’à lui en devenir ressemblant. Voilà la première ligne de conduite : aimer Dieu au point de lui ressembler.

La seconde ligne de conduite est donnée par saint Paul aux Thessaloniciens : « Frères, vous savez bien, vous, ce qu’il faut faire pour nous imiter. Nous n’avons pas vécu parmi vous de manière désordonnée… au contraire, dans la peine et la fatigue, nuit et jour, nous avons travaillé. » L’amour de Dieu doit être vécu – et même il permet vraiment – de vivre dans une vie ordonnée, durant laquelle on accomplit simplement les tâches qui sont les nôtres. Accomplir notre vocation. Autrefois on disait son « devoir d’état ». Il ne s’agit pas de vivre de manière extraordinaire quand on est chrétien, mais de vivre enraciné, et de se développer intérieurement à partir de l’amour de Dieu pour rayonner de charité à travers ses activités quotidiennes.

C’est là, chers frères et sœurs, qu’à la fin on s’aperçoit que le vrai Temple, qui est si beau, n’est pas le Temple de pierre, mais c’est nous-même, quand nous sommes habités par l’amour de Dieu et que nous l’exprimons par une vie sainte. Ce Temple est indestructible. Et même il s’agrandit lorsque nous sommes en communion les uns avec les autres. Ce grand Temple alors, c’est le Corps du Christ, la communion des saints, la Jérusalem céleste, la gloire de Dieu, la lumière qui ne s’éteindra jamais.

lundi 11 novembre 2019

11 novembre 2019 - CHAUMERCENNE - Mémoire de Saint-Martin


Chers frères et sœurs,

Nous sommes réunis aujourd’hui, en ce jour de la Saint Martin, pour rendre grâce à Dieu pour la paix dont notre pays bénéficie depuis plusieurs années, mais aussi pour prier pour tous ceux qui ont été victimes des violences de la guerre, et pour les responsables politiques en charge de la marche de ce monde, afin qu’ils trouvent des chemins de paix pour tous.

Nous n’ignorons pas que beaucoup de pays sont en guerre aujourd’hui, que ce soient des guerres ouvertes, ou des guerres latentes. Notre pays lui-même est en guerre puisque nos soldats se trouvent engagés dans des combats et parfois y perdent la vie. Nous pouvons leur associer pompiers, gendarmes et policiers. Nous voulons prier pour eux et pour leurs familles.

Enfin, nous n’ignorons pas non plus que la guerre commence en nous-mêmes, quand nous entretenons des sentiments de haine dans nos cœurs. Au fond, nous sommes tous complices, à des degrés différents. Nous prions donc le Seigneur aussi pour nous-mêmes : qu’il donne à chacun la grâce de la paix du cœur.


Is 61,1-3a ; Ps 88 ; Mt 25,31-40

Chers frères et sœurs,

Si un enfant demande à son institutrice pourquoi le drapeau français est bleu, blanc et rouge, il est assez probable que celle-ci lui répondra que le bleu et le rouge sont les couleurs de la ville de Paris, et que le blanc est la couleur du roi. Ce drapeau a marqué l’alliance, à l’époque de sa création, entre le roi et le peuple. Très bien.
Mais si l’enfant demande ensuite à son institutrice pourquoi le bleu et le rouge sont les couleurs de la ville de Paris ? et pourquoi le blanc est la couleur du roi ?... Il est assez probable qu’elle ne saura pas lui répondre. En revanche, un chrétien, tous les chrétiens de France, devraient savoir répondre à ces questions. Et comme je ne suis pas certain que vous le sachiez tous, je vais vous le dire.

Commençons par le bleu. Le bleu est la couleur des rois capétiens. Vous vous souvenez tous du drapeau bleu-roi avec des fleurs de lys. C’est celui-là. Pourquoi les capétiens avaient-il du bleu comme couleur ? La réponse est dans leur nom de famille. Ils descendent tous de Hugues Capet. Or Hugues Capet avait reçu ce nom parce qu’il était le protecteur officiel du tombeau de Saint Martin et de la relique très précieuse de sa chape d’évêque.
Le tombeau de Saint Martin, à Tours, était le plus grand pèlerinage des Gaules. Il faisait depuis le Vème siècle – et surtout depuis la conversion de Clovis – l’unité spirituelle et politique de tous les peuples qui y vivaient, qu’ils soient Gaulois, Gallo-romains, Wisigoths, Francs ou Burgondes.
La chape de Saint Martin, qui avait été conservée, servait de témoin pour les serments officiels ; et le roi, quand il partait en guerre, l’emmenait avec lui, comme protection. Cette chape devait être de couleur violette tirant sur le bleu. Elle était conservée dans une chapelle. Et le protecteur de cette très sainte relique recevait donc le nom de Capet. Le bleu du drapeau français, c’est donc celui de la chape de Saint Martin, le grand saint des Gaules que nous fêtons justement aujourd’hui.

Dans les couleurs de la ville de Paris, avec le bleu se trouvait aussi le rouge. Le rouge, c’est celui de Montjoie, le grand étendard de guerre des rois de France conservé à l’abbaye de Saint-Denis, au nord de Paris. Le rouge rappelle le sang du martyre de Saint Denis, premier évêque de Paris, martyrisé à Montmartre – Mont du martyr – et qui a été enterré ensuite à Saint-Denis. C’est là, auprès du saint Martyr, dans la Basilique de Saint-Denis, que les rois de France venaient se faisaient enterrer. Montjoie était rouge pourpre. Il ne sortait que pour la guerre. Les chevaliers l’acclamaient en criant « Montjoie – Saint-Denis ! » Et c’est le rouge du drapeau français.

Il reste maintenant la couleur blanche, la couleur du roi. Là, il faut bien l’avouer, les historiens hésitent. Il y a deux solutions.
La première est celle de la couleur de l’archange Saint-Michel. Le roi de France et ses généraux se distinguaient dans la bataille en ayant autour de leur taille une écharpe blanche, ou un panache blanc. Au moment de combattre le dragon, ils étaient comme Saint-Michel à la tête de ses anges, et tous se plaçaient sous sa protection.
La seconde solution est la couleur blanche du voile de la Sainte Vierge Marie conservé dans la cathédrale de Chartres. Ce voile, selon la tradition, a été offert par sainte Irène, Impératrice de Constantinople, à Charlemagne. Son petit-fils, le roi Charles-le-Chauve l’a donné à la cathédrale de Chartres en 876. Il y est toujours, et tout le monde peut venir le voir.

Donc, Bleu : Saint Martin, Blanc : Saint Michel ou Sainte Vierge Marie, et rouge : Saint Denis. Peut-on raisonnablement nier les racines chrétiennes de la France ?

Mais, chers frères et sœurs, si nous pouvons être légitimement fiers de notre pays et de notre drapeau français, nous ne devons jamais oublier une chose essentielle. Depuis notre baptême, notre pays, notre vraie patrie, c’est le royaume des cieux, la gloire de Dieu, la communion des saints, le lieu de la paix, de la joie et de la lumière, où, dans un grand repas de fête, le Seigneur accueillera et réjouira ses fidèles serviteurs. C’est-à-dire ceux qui, durant leur vie, auront aimé Dieu et leur prochain comme eux-mêmes. N’oublions jamais cela. Si nous sommes amoureux de notre pays et notamment de notre belle Franche-Comté, nous avons bien raison, mais nous devons être d’autant plus amoureux de la maison de Dieu.

Saint Martin, qui êtes notre saint Patron, soyez aussi notre modèle, et priez pour nous. Amen.

09-10 novembre 2019 - VELLOREILLE-lès-CHOYE - VELLEXON - 32ème dimanche TO - Année C


2M 7,1-2.9-14 ; Ps 16 ; 2Th 2,16-3,5 ; Lc 20,27-38

Chers frères et sœurs,

L’épisode de l’évangile que nous avons entendu se situe entre le moment où Jésus a chassé les vendeurs du Temple et le moment où il sera arrêté pour être jugé et crucifié. C’est dire que la situation est très tendue, et ses adversaires cherchent par tous les moyens à le faire tomber. Tandis que lui, Jésus, a le regard fixé vers son Père : il sait que par-delà la mort, il y a la résurrection.
Aujourd’hui, nous avons donc les sadducéens, c’est-à-dire les grands-prêtres du Temple, qui s’attaquent à Jésus. Et les scribes et les pharisiens comptent les points. Les sadducéens ne croient pas à la résurrection tandis que les autres y croient. C’est pourquoi la parole de Jésus est très attendue par tous sur ce sujet.

L’enjeu n’est pas seulement théologique, il est aussi politique. En effet, les sadducéens sont accusés d’être compromis avec le pouvoir d’Hérode, lui-même soumis au pouvoir romain. Certains les considèrent donc comme illégitimes. Parmi ces contestataires, il y a les Zélotes, qui veulent retrouver la pureté de la tradition d’Israël, et l’autonomie politique.
Dans cette configuration, l’interprétation d’un livre comme celui des frères Macchabées est un enjeu important. C’est parce qu’ils croyaient à la résurrection que les frères Macchabées ont eu la force de résister aux compromissions que le roi Antiochos voulait leur imposer. Les frères Macchabées sont les modèles des Zélotes, et ils posent problème aux Sadducéens. Quand on croit à la résurrection, à la vie du monde à venir, on a la force de résister aux compromissions dans ce monde, mais quand on n’y croit pas, alors on est plus fragile et on trouve des arrangements, ce qui est le cas des Sadducéens.

Jésus est donc confronté à une question-piège. Moïse, dont personne dans le débat ne peut contester l’autorité, a prescrit qu’une femme veuve sans enfants, devait être épousée par le frère du défunt pour avoir une descendance. À l’époque, cette décision a pu être motivée par le manque d’hommes après une guerre, et aussi par le fait que les enfants étaient pour les femmes autant leur sécurité sociale que leur retraite, après la mort de leur mari. La communauté, en effet, ne les prenait pas en charge. Il n’est pas dit par ailleurs que le frère qui devait épouser la veuve était lui-même célibataire. Il est même très probable que non. D’ailleurs les sadducéens étaient eux-mêmes polygames. On voit donc que, dans leur question, il y a un problème de relation entre les hommes et les femmes. Elles sont pour eux des objets de propriété.

C’est pourquoi la réponse de Jésus va les bousculer.
D’abord il leur répond par une autorité plus grande que celle de Moïse : celle de Dieu lui-même, qui dit être le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac et Dieu de Jacob, le Dieu des vivants. La résurrection est donc une réalité annoncée par Dieu lui-même.
Ensuite, Jésus révèle quelque chose de cette résurrection : nous y serons avec un corps et des relations différentes de celles du monde présent. Car la résurrection n’est pas une réanimation, mais une création nouvelle. Souvenons-nous de cette réponse de Jésus, quand on lui annonce que sa mère et ses frères sont venus le chercher. Il répond : « Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. » Souvenons-nous aussi de cette parole de saint Paul aux Galates : « Il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus. » On voit bien, à travers ces paroles, que les relations que nous aurons les uns avec les autres, au ciel, seront très différentes. Et contre les sadducéens, que les femmes n’y sont pas la propriété des hommes.

Cet enseignement a deux conséquences pratiques.
La première est que, lorsque la loi de Moïse demande à un frère de prendre sa belle-sœur veuve pour femme, comme pour la répudiation ou le divorce, il s’agit d’un accommodement lié aux conditions difficiles de la vie dans ce monde, dues à la dureté et au manque de foi des hommes. Les chrétiens, au contraire, ne demanderont pas que les veuves se remarient, mais ils les feront prendre en charge financièrement par la communauté. C’est pour assurer ce service que les diacres ont été créés.
Deuxièmement, le célibat est devenu, chez les chrétiens, un signe du monde à venir, un signe de la résurrection. C’est parce que dans le monde à venir, nous serons tous comme frères et sœurs, dans une même communion d’amour, que Jésus est célibataire. Et c’est la raison pour laquelle, à sa suite, les Apôtres, les évêques et les prêtres sont célibataires ou continents. Et c’est encore la raison pour laquelle les religieux et les religieuses ne se marient pas. Parce qu’ils sont – comme Jésus – les signes de la résurrection.

dimanche 3 novembre 2019

03 novembre 2019 - BROYE-lès-PESMES - 31ème dimanche TO - Année C


Sg 11,22-12,2 ; Ps 144 ; 2Th 1,11-2,2 ; Lc 19,1-10

Chers frères et sœurs,

On peut lire l’histoire de Zachée comme un sympathique récit de conversion où celui qui est riche et méchant, après avoir croisé Jésus, est devenu partageur et gentil. Et, alors qu’au début tout le monde rejette le méchant et s’inquiète de voir Jésus aller loger chez lui, à la fin se réjouit de le voir devenu gentil. Tout se termine bien. C’est comme dans un film américain.
En fait, l’histoire de Zachée est quand même un peu plus compliquée et un peu plus dramatique. Pour comprendre cela, c’est toujours pareil, il faut d’abord s’interroger sur le lieu où se trouve Jésus, sur ce qu’il a fait avant cet épisode et ce qu’il va faire après. Il faut regarder à la loupe les mots employés par l’évangéliste : certains sont des mots ou des expressions clés. Alors, en regroupant tous les éléments de cette petite enquête, en cherchant à en comprendre le sens, y compris par la prière, il est possible de dégager un peu plus de consistance au texte, pour nourrir notre foi. Faisons donc un exercice pratique.

Jésus est en train d’arriver à Jéricho. Après s’être arrêté chez Zachée, il va monter à Jérusalem où il va chasser les marchands du Temple, mais après quelque temps d’enseignement, il va être arrêté, jugé et crucifié. Premièrement, ce mouvement qui va de Jéricho à Jérusalem a déjà eu lieu dans l’histoire d’Israël : c’était celui de la conquête de la Terre promise, après la chute de Jéricho, où l’armée d’Israël était guidée par Josué. Deuxièmement, Jéricho est la ville-symbole du repaire du mal. C’est quand Jéricho est vaincue et ruinée que la conquête de la Terre promise est rendue possible. Ici, à Jéricho Jésus va guérir l’aveugle-né et convertir le chef des collecteurs d’impôts : il guérit l’homme pécheur qui ne voit plus la lumière de la gloire de Dieu et il transfigure par sa grâce l’homme qui idolâtre l’argent, pour en faire un juste, un homme de bien. Alors, le mal étant vaincu, Jésus peut partir à la conquête de Jérusalem.

Saint Luc précise que Zachée a voulu monter sur un sycomore pour voir Jésus. Or un sycomore en hébreu, cela se dit « figuier fade ». C’est-à-dire que Zachée, homme idolâtre et injuste, quoique fils d’Abraham, c’est-à-dire croyant, ne produisait pas de bons fruits : tout sonnait faux en lui. Et le comble, c’est que Zachée, cela veut dire « pur », « sans tache ». Voilà un homme qui affichait par son nom sa prétendue sainteté, mais dont la réalité était plutôt comparable à une caverne de bandits. On comprend pourquoi la foule n’est pas d’accord avec Jésus quand il annonce qu’il va aller loger chez lui. C’est comme si Jésus allait loger chez le diable. Et comme nous sommes à Jéricho, la ville du mal, ce n’est pas totalement faux.

Ici, il faut s’arrêter aux mots-clés donnés par saint Luc : « Zachée, il faut que j’aille demeurer dans ta maison ». Ici, notre sixième sens chrétien doit immédiatement nous alerter : Jésus veut « demeurer ». En araméen, on a la traduction suivante : « il convient que dans ta maison, Je sois ». C’est-à-dire que Jésus est en train de dire que Dieu va se manifester dans sa maison et même plus, faire de sa maison – c’est-à-dire de lui-même, Zachée – sa demeure, c’est-à-dire son Temple. Dieu va habiter son âme. Et le résultat ne se fait pas attendre. Saint Luc raconte : « Zachée, debout, s’adressa au Seigneur ». En araméen nous avons « Zachée se tint debout et dit à Jésus ». Zachée se met « debout ». En langage chrétien, il faut comprendre qu’il est ressuscité : alors qu’il était mort, il est redevenu vivant. Et là il n’est plus question de grande ou de petite taille : tout le monde s’en fiche, l’essentiel est qu’il soit « debout », parce que Jésus est venu « demeurer » dans sa maison.
Il y a du saint Paul en Zachée. Alors qu’ils étaient des escrocs et des persécuteurs, par la visite de Jésus dans leur cœur, dans leur âme, ils se relèvent et deviennent des saints.

Il me reste un mot à dire sur la foule et sur Jésus. La foule entoure Jésus et elle empêche Zachée d’accéder à Jésus et même de le voir. Puis, quand Jésus choisit de demeurer chez lui, elle s’y oppose. La foule est bien-pensante : elle s’est fait une image de Jésus et aussi une autre image de Zachée. Le premier doit être immaculé, sans jamais se mêler aux parias, et l’autre est justement un paria : il n’a pas le droit à la lumière. Or Jésus, dans une liberté divine, fait le choix d’aller chez le paria, contre l’avis de la foule. Imaginez ce que cela peut représenter comme miracle pour Zachée ? Lui qui est considéré comme une ordure, Jésus le regarde, l’appelle par son nom, vient demeurer chez lui, et lui rend sa dignité : maintenant son nom correspond à la réalité de ce qu’il est : il est vraiment devenu « pur », « sans tache ». Il est vraiment « Zachée ». Jésus, parce qu’il est Dieu a vaincu le mal dans sa ville, dans son repaire, et il en a libéré l’homme pour le rendre à sa vraie vocation : celle d’être fils d’Abraham, c’est-à-dire d’être fils de Dieu.

02 novembre 2019 - GRAY - ROCHE - Commémoration des fidèles défunts


Is 25,6a, 7-9, Ps 121 ; Lc 12,35-40

Chers frères et sœurs,

C’est l’expérience commune que nous avons tous, que certaines morts arrivent comme une libération au bout d’une longue maladie, tandis que d’autres surviennent comme par effraction, par surprise. Dans le premier cas on peut s’attendre à l’issue fatale et s’y préparer, dans le second le choc est très brutal, parfois trop, et on se trouve déstabilisé, parfois durablement. Car nul n’a prévu ni annoncé un tel événement. Et on est bouleversé.

Jésus nous invite donc, à nous mettre en état de veille. Pour lui, il s’agit d’une activité très concrète qui consiste à être en « tenue de service », « la ceinture autour des reins », et « la lampe allumée ».

La « tenue de service », n’est-ce pas celle du serviteur de Dieu, c’est-à-dire son vêtement de baptême ? Se trouver en « tenue de service », cela suppose donc que l’on est conscient d’être prêtre, prophète et roi, et d’en accomplir les fonctions ; d’être fils ou fille de Dieu et de se comporter comme tel. Ainsi, par tout notre cœur, toute notre âme et tout notre esprit, par toute notre activité, il s’agit de rendre grâce à Dieu. Bien sûr, nous sommes pécheurs et cette « tenue de service » n’est sans doute pas immaculée comme au jour de notre baptême. Mais l’important est d’être habillé et de se tenir prêt à servir, c’est-à-dire à chanter la gloire de Dieu, à annoncer l’Évangile, à mener notre vie avec droiture, le tout avec un cœur généreux et dans la joie. Telle est la « tenue de service ».

Mais cela ne suffit pas : Jésus ajoute qu’il faut avoir « la ceinture autour des reins ». C’est déjà bien d’être en tenue de service, mais « la ceinture autour des reins », cela fait référence à la nuit de la Pâque, où les Hébreux encore esclaves en Égypte ont veillé la nuit en attendant de pouvoir prendre la route pour la Mer Rouge, afin d’acquérir la liberté. Avoir « la ceinture autour des reins », cela veut dire : ne pas être attaché aux bien terrestres, mais être prêt à partir pour gagner les biens célestes. Pour Jésus, un disciple, c’est quelqu’un qui a les pieds sur terre et la tête au ciel, le regard tourné vers Dieu. Et cela ne peut pas se faire – il faut le reconnaître – sans un combat intérieur, sans un combat qui ressemble à la Passion, à la mort et à la résurrection de Jésus. Avoir « la ceinture autour des reins », c’est être prêt – quelles que soient les circonstances – à partir, et à effectuer des travaux de force, à combattre éventuellement, dans la foi.

Enfin Jésus ajoute qu’il faut « garder sa lampe allumée ». Garder une lampe allumée, c’est garder vive la flamme de la foi, la lumière de l’espérance, la chaleur de la charité. Au fond, c’est là l’essentiel de l’attitude de veille que doit conserver un disciple de Jésus. Garder sa lampe allumée, c’est faire mémoire de lui et de son amour pour nous, en tout temps et en toutes circonstances. C’est là une grâce qu’il faut lui demander sans cesse. Alors tout le reste devient plus facile. Chacun peut comprendre que quand on aime et qu’on sait qu’on est aimé, on est impatient de voir arriver celui qu’on aime. On a alors évidemment tout préparé pour le recevoir, et on a tout mis en ordre dans la maison. C’est plus facile d’avoir une ceinture autour des reins et d’être en tenue de service quand la lumière est allumée.

Ainsi donc « restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées » est une description d’une vraie vie chrétienne, d’une attitude spirituelle et morale particulière, qui est prête à s’exprimer par l’action. Alors heureux seront ceux qui seront trouvés dans ces dispositions au moment où Jésus viendra leur rendre visite. Car le Seigneur Jésus se regardera en eux comme dans un miroir. Et il s’y reconnaîtra. N’est-il pas le premier à garder constante sa lampe allumée, la lampe de l’amour du Père ? N’est-il pas le premier à avoir une ceinture autour des reins pour partir, pour partir au ciel, en vivant d’abord sa Passion et le combat qui va avec ? N’est-il pas le premier à être en tenue de service ? En effet, c’est par le lavement des pieds de ses disciples que l’histoire de la Passion a débuté. Alors Jésus était prêt, quand l’heure de passer de ce monde à son Père fut venue.

Chers frères et sœurs, nous ne connaissons ni le jour ni l’heure, mais Jésus nous invite à nous y préparer. Et non seulement pour nous-mêmes mais aussi pour nos proches. Il ne s’agit pas de s’arrêter de vivre et de préparer notre enterrement, mais de vivre notre vie d’aujourd’hui très intensément, en nous laissant guider et illuminer par l’Esprit Saint. Il ne s’agit pas de regarder le monde, les personnes et les choses avec un regard dépressif, mais au contraire de tout préparer, et des fois de tout réparer, pour accueillir Jésus qui vient. Alors en accueillant Jésus, nous accueillerons avec lui notre bonheur, le profond bonheur de retrouver dans la paix et la joie tous ceux et celles que nous aimons, dans une communion d’amour qui ne finira pas.

01 novembre 2019 - VALAY - Solennité de tous les saints


Ap 7,2-4.9-14 ; Ps 23 ; 1Jn 3,1-3 ; Mt 5,1-12a

Chers frères et sœurs,

En cette fête de tous les saints, je voudrais m’attarder sur quelques points qui me semblent importants à méditer.

Le premier concerne l’Église et sa liturgie

Les anciens ont appris au catéchisme qu’il y avait trois formes d’Église : l’Église triomphante qui est l’assemblée des anges et des saints qui sont dans le ciel, l’Église souffrante composée des âmes qui sont en purgatoire, et l’Église militante qui est la nôtre, celle de la terre. Or il s’agit d’une seule et même Église : le corps du Christ, qui est unique. Par l’Esprit Saint, nous sommes en communion les uns avec les autres, nous prions les uns pour les autres, et suivant notre tête qui est le Christ Jésus, nous chantons la gloire de Dieu.
C’est dans cet esprit que nous célébrons la liturgie : elle est toujours prière pour nos frères et sœurs qui sont en purgatoire, pour qu’au cours de leur passage de la mort à la vie, ils soient purifiés de tout mal. La liturgie est aussi l’expression visible sur la terre de l’adoration de Dieu invisible qui est célébrée au ciel, adoration célébrée par les anges et les saints comme nous l’avons vu dans l’Apocalypse. Nous donc, nous sommes l’assemblée visible des saints de la terre. Nous rendons visible sur la terre ce qui est pour le moment invisible au ciel. C’est pourquoi on ne peut pas faire ce qu’il nous plaît dans une célébration liturgique, parce qu’elle est l’image visible, le décalque terrestre, de la célébration invisible céleste des anges et des saints.

Cela a quelques conséquences.

La première est que nous ne sommes pas n’importe qui : en vertu de notre baptême nous sommes – bien que pécheurs – les saints de la terre. Notre vocation est de faire fructifier en nous cette sainteté, pour qu’elle trouve son épanouissement et son couronnement au ciel.
Du coup la sainteté n’a pas à voir avec la notion pureté, mais elle a à voir avec l’intention du cœur : avoir foi en Dieu, espérer sa miséricorde, l’aimer plus que tout, et notre prochain comme nous-mêmes. C’est cela qui fait la sainteté. Il suffit que nous ayons l’intention droite du cœur, et l’Esprit Saint fait le reste. Ainsi un grand pécheur, animé par l’Esprit Saint et transfiguré par lui, peut rayonner d’une grande sainteté. Par exemple saint Paul, ou saint Augustin, ou le Bienheureux Charles de Foucault, qui étaient de grands pécheurs avant qu’ils soient convertis par la grâce de Dieu. On pourrait ajouter saint Pierre qui a renié trois fois Jésus mais l’a confessé trois fois, et saint Thomas qui ne croyait pas à sa résurrection mais qui, après avoir mis son doigt dans la marque des clous et la main dans son côté, a confessé cette résurrection de Jésus et sa divinité. Ils étaient tous pécheurs. Ils sont tous saints.
La troisième conséquence du fait que l’Église de la terre est la partie visible de toute l’Église, c’est qu’à chaque célébration, la partie invisible de l’Église qui est au ciel se rend visible sur la terre. Du coup, chaque rassemblement de prière est une annonce évangélique. On se demande comment évangéliser ? Qu’on se réunisse pour prier. Jésus l’a dit : « Quand deux ou trois se réunissent en mon Nom, je suis là au milieu d’eux ». A fortiori pour une célébration eucharistique où il se rend réellement présent.

Finalement, on se demande ce qu’est concrètement la sainteté.

Nous avons déjà vu qu’elle était en rapport avec les intentions du cœur. Mais Jésus nous en donne une définition bien plus détaillée dans les Béatitudes. Est saint celui qui est bienheureux. Donc est saint celui qui est pauvre de cœur, celui qui est doux, celui qui a faim et soif de la justice… chacun de ceux-là possède en lui une caractéristique de la sainteté. Et celui qui collectionne toutes les caractéristiques de la sainteté, c’est Jésus lui-même. Quand il énumère les Béatitudes, il dessine son propre visage et, à travers lui, le visage invisible de son Père. Dieu est un pauvre de cœur, c’est-à-dire un cœur innocent. Dieu est doux ; il a faim et soif de la justice, c’est-à-dire de l’Esprit Saint qui rend juste. Jésus n’a-t-il pas dit « J’ai soif » quand il était en croix ? Il a soif de nos prières et de nos bonnes œuvres inspirées par l’Esprit Saint.
Si donc nous faisons des Béatitudes notre programme de vie, si nous demandons au Seigneur son Esprit Saint pour les faire grandir en nous, alors petit à petit nous allons ressembler de plus en plus à Jésus et à son Père. Alors nous serons vraiment bienheureux et nous célébrerons en vérité, en communion avec tous les anges et tous les saints, sur la terre comma au ciel, la gloire de Dieu.

lundi 28 octobre 2019

26-27 octobre 2019 - BEAUJEU - CUGNEY - 30ème dimanche TO - Année C


Si 35,15b-17.20-22a ; Ps 33 ; 2Tm 4,6-8.16-18 ; Lc 18,9-14

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui Jésus continue son enseignement sur la prière. Après nous avoir invités à prier sans nous décourager, il attire maintenant notre attention sur l’état d’esprit dans lequel nous prions. En effet, il peut arriver que le Seigneur n’exauce pas celui qui paraît extérieurement le plus parfait, mais celui qui est imparfait. Car Dieu ne se fie pas aux apparences mais il regarde la pureté du cœur.
Cet enseignement est l’occasion pour nous de faire le point sur la prière. On peut la définir comme un rapport entre Dieu et l’homme.

Il est étonnant d’évoquer la prière en parlant de Dieu d’abord. En effet, on pense souvent que la prière est une activité humaine qui s’adresse à Dieu. Oui, mais c’est Dieu qui en a d’abord l’initiative. La prière est en réalité une réponse.
Et pour cause ! Entre Dieu et l’homme, le premier qui existe, c’est Dieu. Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance. La première prière qui doit venir de la part de l’homme, c’est une action de grâce, un « grand merci » pour sa propre existence, pour la création dans laquelle il se trouve, comme un diamant dans un écrin. Il y a de la simple politesse dans la prière, à remercier son créateur.

Mais nous savons que l’idylle entre Dieu et sa créature n’a pas duré très longtemps et qu’assez vite Adam et Eve ont quitté le paradis du fait de leur péché. Hé oui, nous avons été créés libres et donc aussi libres de faire des bêtises. Si nous gardons en nous l’image indélébile de Dieu, pour laquelle nous pouvons toujours le remercier, en revanche nous avons perdu la ressemblance avec lui : nous lui renvoyons l’image d’un visage défiguré par le péché.
Voilà un second motif de prière : la prière du pauvre pécheur, qui a perdu la lumière, l’innocence et la paix, mais qui s’en souvient. C’est la prière du publicain ou celle du fils prodigue. Cette prière n’est pas nulle, loin de là, car lorsqu’elle s’exprime, elle exprime en même temps l’espérance que Dieu est fidèle, qu’il pourra pardonner et nous sauver. Or ces pensées-là viennent du Saint-Esprit. Elles nous viennent aussi par la prédication des prophètes. La prière du pauvre pécheur est une réponse à ces appels, intérieurs et extérieurs, à l’espérance et à la conversion.

Nous qui sommes chrétiens, nous savons que Dieu a répondu à cette prière du pauvre pécheur. En effet, il a envoyé son Fils Jésus dans le monde pour sauver tous les pécheurs. Jésus a donné sa vie sur la croix pour que nous ayons la vie en lui. Il est descendu au séjour des morts pour y chercher tous ceux qui attendaient sa lumière, et il les a ressuscités avec lui pour une vie nouvelle. Jésus, par sa croix, a réouvert le paradis, et il nous y a introduit par le baptême comme ses frères.
Voilà un troisième motif de prière. Il ne s’agit donc, non plus seulement de remercier Dieu pour nous avoir donné la vie, au commencement, mais maintenant de nous avoir restaurés dans son amour après notre péché, et nous avoir ouvert la vie éternelle dans sa gloire. Notre prière, à ce moment, rejoint celle des anges. Il s’agit d’une jubilation, d’une exultation, d’une explosion de joie, qui est aussi une communion d’amour. Et cette prière est encore une réponse à un don gratuit qui vient de Dieu.

Arrivés à cette étape de notre chemin spirituel, notre prière, prend une quatrième forme, sans jamais quitter les précédentes. C’est que, connaissant ce chemin qui mène à la plus grande joie, il ne nous est pas possible d’y demeurer sans que ceux que nous aimons ne puissent nous y rejoindre. Notre prière n’est plus alors pour nous-mêmes, mais pour les autres. Elle se fait alors en quelque sorte missionnaire. Nous prions Dieu pour ceux qui ne savent pas prier ou qui ne savent pas dire merci d’exister, ou qui sont tellement écrasés par leur péché qu’ils n’osent même plus prier, ou ceux qui, bien que pardonnés et illuminés, s’endorment sur leurs lauriers et leur nombril, comme le pharisien de la parabole. La prière missionnaire est encore une fois une réponse à un appel intérieur : c’est lorsque nous avons le cœur grand ouvert, rendu sensible par l’Esprit Saint aux détresses des autres, que nous sentons qu’il nous faut prier pour eux. La prière alors peut aussi se faire action.

Prier Dieu pour le remercier de nous avoir donné la vie dans sa création, pour lui faire part de notre détresse d’être pécheurs, mais aussi de notre foi, de notre espérance et de notre amour pour lui, pour qu’il nous rétablisse dans l’innocence et la paix ; le prier encore dans une explosion de joie pour le pardon et la vie nouvelle qu’il nous donne dans la lumière de la résurrection de Jésus ; et le prier enfin pour ceux qui sont en chemin, qui s’y découragent parfois, ou même qui ne le connaissent pas. Tous ces motifs sont des appels de Dieu et des sujets de conversation intense avec lui. Mais à chaque fois, l’initiative vient de lui. Prier, c’est répondre à ses appels et le remercier pour ses dons.

lundi 21 octobre 2019

19-20 octobre 2019 - CHAMPLITTE - CHANCEY - 29ème dimanche TO - Année C


Ex 17,8-13 ; Ps 120 ; 2Tm 3,14-4,2 ; Lc 18,1-8

Chers frères et sœurs,

En prenant un exemple de la vie quotidienne, Jésus nous enseigne que nous ne devons pas nous décourager de prier, mais au contraire prier sans cesse jusqu’à ce qu’il vienne. Et c’est cela « avoir la foi », c’est « prier jusqu’à la venue de Jésus, pour obtenir sa justice ».

L’histoire du combat contre les Amalécites montre bien que la prière est puissante et qu’elle a un effet réel dans ce monde. Lorsque Moïse garde les bras levés, dans une attitude de prière, Josué est plus fort que les Amalécites, c’est-à-dire plus fort que les puissances du mal. La prière a pour effet de dominer le mal et d’obtenir la justice.
Mais l’histoire de Moïse montre bien aussi que la prière est une véritable épreuve, durant laquelle on peut se décourager et tout perdre. Ainsi, quand Moïse baisse les bras – c’est le cas de le dire – Josué est dominé par son adversaire et risque de perdre la bataille. Lorsque Jésus dit : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? », c’est comme si Josué se disait – au beau milieu du combat : « Moïse tiendra-t-il le coup, sur la montagne ? »

Comment tenir bon dans la prière jusqu’à ce que Dieu donne la victoire, ou que le juge rende justice, ou que Jésus vienne nous donner sa paix ?
On a vu que Moïse avait besoin d’être aidé par Aaron et Hour. On peut dire qu’il avait besoin d’être soutenu par la pratique régulière de la prière du Temple et par le désir vivant de la sagesse. On sait aussi que Moïse est monté sur la montagne avec le bâton de Dieu, ce bâton avec lequel il avait frappé l’eau de la Mer Rouge pour y faire passer le peuple poursuivi par les Égyptiens. Pour un chrétien, ce bâton, c’est le bois de la croix, avec lequel Jésus a brisé les portes de la mort pour libérer les hommes des puissances infernales et leur réouvrir l’accès à la vie éternelle.
Ainsi donc, le carburant de la prière, c’est la régularité de la pratique religieuse, chez soi et à l’église, l’amour et la recherche de la vérité, et la mémoire de la croix de Jésus, qui est mort et ressuscité pour que nous puissions entrer dans la vie.
C’est ce que dit aussi saint Paul à Timothée. Si tu veux être ferme pour proclamer la Parole de Dieu à temps et à contretemps, tu trouveras des forces dans les Saintes Écritures. En effet, les Écritures nous permettent d’alimenter notre recherche de la vérité comme d’entretenir notre mémoire des actions de Dieu pour nous. Avec nos traditions communautaires et individuelles de prière et notre fréquentation des Écritures, nous avons ce qu’il faut pour durer dans la prière jusqu’à ce que Jésus vienne.

Mais, pour bien comprendre jusqu’au bout l’Évangile d’aujourd’hui, je voudrais ajouter une chose. Jésus n’a pas choisi par hasard la figure d’une veuve pour illustrer sa parabole. On pourrait dire : « il a choisi une veuve, parce que personne ne pouvait prendre sa défense, parce qu’elle était âgée et faible ». Oui, mais pas seulement. Parce qu’une veuve, pour Jésus, c’est la figure de l’Église.
L’Église est dans le monde comme une vieille femme fidèle, pauvre et fragile, qui attend le jour de Dieu où elle retrouvera son époux, ses enfants s’ils sont partis trop tôt, et toute sa famille, c’est-à-dire pour l’Église qui attend de retrouver Jésus son époux, ses enfants qui sont les saints, et tous les anges du ciel.
Comme une veuve, l’Église est aussi dans le monde face à des puissants qui « ne craignent pas Dieu et ne respectent pas les hommes ». Face à ceux qui ne connaissent pas Dieu, et qui sont par conséquence sans humanité, elle ne peut que crier, comme le faisaient aussi les prophètes, jusqu’à obtenir, à défaut de la justice des hommes, celle de Dieu.

Nous avons donc, chers frères et sœurs, avec les lectures d’aujourd’hui, une image de ce que nous sommes en tant qu’Église – une fiancée ou une veuve qui attend son époux avec l’impatience de l’amour – et de ce que nous avons à faire : prier sans cesse jour et nuit pour demander justice, sans nous décourager mais en trouvant des forces dans nos traditions de prière, dans la participation régulière aux offices liturgiques, et dans la fréquentation des Écritures, pour y chercher la lumière de la vérité et entretenir notre mémoire des actions de Dieu dans notre histoire.
Et par-dessus tout, en gardant bien serré dans notre main le Credo, c’est-à-dire le bâton de bois, le bois de la croix de Jésus, par lequel nous passons de la mort à la vie, comme au jour de notre baptême. Alors nous serons forts pour lutter comme Josué contre les puissances du mal et comme Timothée pour proclamer l’Évangile du Christ à temps et à contre-temps, dans un monde qui est d’autant plus inhumain qu’il ne connaît pas Dieu.
Et nous nous souviendrons aussi que le plus beau nom de la veuve dont parle Jésus, c’est Marie.

mardi 15 octobre 2019

12-13 octobre 2019 - SAINT-GAND - FRETIGNEY - 28ème dimanche TO - Année C


2R 5,14-17 ; Ps 97 ; 2Tm 2,8-13 ; Lc 17,11-19

Chers frères et sœurs,

Au temps de Jésus, et même bien plus tard y compris dans notre région, les lépreux étaient exclus de la communauté. Il fallait évidemment éviter la propagation de la maladie, que l’on ne savait pas guérir. Mais on considérait aussi que cette maladie était le signe visible d’un état de péché, de séparation d’avec Dieu.
La loi de Moïse stipulait que – si un lépreux était guéri par grâce de Dieu – il lui fallait se présenter à un prêtre. Et si la guérison était confirmée, l’ancien lépreux devait alors accomplir tout un rituel de purification, de réparation et d’expiation, qui durait huit jours. Alors seulement il était déclaré pur et pouvait rejoindre la communauté.
On voit ici que le péché à l’égard de Dieu implique la séparation d’avec la communauté, mais que la réconciliation avec Dieu entraîne aussi la réintégration dans la communauté. Le rapport que l’on entretient avec Dieu a toujours un impact sur nos rapports entre-nous, et inversement.

Or donc aujourd’hui, dix lépreux se présentent à Jésus en le priant : « Jésus, Maître, prends pitié de nous ». Ils connaissent sa réputation de guérisseur et veulent être délivrés de l’opprobre qui pèse sur eux. Pour bien comprendre ce qui va se jouer ensuite, il faut bien saisir que les lépreux cherchent une guérison physique qui leur permette de retrouver une vie normale sur la terre, dans la communauté des hommes. Tandis que Jésus voit, à travers la guérison physique, la première étape d’une guérison spirituelle plus profonde qui permettra à celui qui sera réconcilié de retrouver une vie normale, non seulement sur terre dans la communauté des hommes, mais aussi au ciel, dans la communion des saints.

Touché par la prière des dix hommes, Jésus leur demande d’aller voir le prêtre, c’est-à-dire d’aller lui faire constater qu’ils sont guéris, et d’accomplir le rituel. Les dix hommes font un premier acte de foi : ils partent voir le prêtre alors qu’ils sont encore malades. Ce n’est qu’en cours de route qu’ils vont guérir. Là les chemins se séparent. Neuf vont voir les prêtres de Jérusalem. Mais un autre revient à Jésus. Tous vont accomplir le rituel, mais avec Jésus, celui-ci va prendre des proportions inattendues.

Concrètement, l’homme, étranger parce que Samaritain, revient en glorifiant Dieu, se prosterne face contre terre devant Jésus et lui rend grâce. Alors Jésus le relève en disant : « Ta foi t’a sauvé ». On le comprend, parce cet homme a vu en Jésus plus qu’un prêtre : il a vu Dieu lui-même. Le Samaritain accomplit également l’essentiel du rituel puisqu’il rend grâce à Jésus comme s’il offrait à Dieu les sacrifices prescrits par la loi. Il est donc déclaré purifié et réconcilié : saint et en communion avec Dieu et tous les bienheureux.

Mais nous pouvons faire un pas de plus. Il faut que nous soyons conscients que le rituel de purification et de réconciliation d’un lépreux comprend – pour faire court – un bain puis une attente de sept jours avant de pouvoir accomplir, le huitième jour, les offrandes prescrites et le sacrifice d’un agneau. Et pour rappel, en grec, « action de grâce » se dit « eucharistie ».
Que se passe-t-il donc ? Lorsque le lépreux guérit se prosterne devant Jésus avant d’être relevé par lui, c’est comme s’il était baptisé ; et lorsqu’il rend grâce, c’est comme s’il célébrait l’eucharistie, le huitième jour. Pour un chrétien évidemment, c’est très parlant. Le huitième jour, c’est le dimanche.

En fait, le lépreux, c’est tout homme fils d’Adam, pécheur ; c’est nous tous. En écoutant et en mettant en pratique la Parole de Dieu, nous sommes guéris de notre péché. Alors, pour acter cette guérison, il convient de se purifier par l’eau du baptême, où nous confessons que Jésus est notre sauveur et notre Dieu, pour qu’il nous relève, nous ressuscite par anticipation. Ensuite, nous célébrons l’action de grâce, l’eucharistie – qui est offrande de l’Agneau de Dieu, Jésus lui-même – pour l’expiation de nos péchés et pour notre réconciliation avec Dieu. Alors nous sommes pleinement sanctifiés et nous sommes entièrement rétablis dans la communion de Dieu et de tous les saints.

Telle est la leçon du lépreux, chers frères et sœurs. Demandons au Seigneur la foi qui permet d’écouter sa Parole et de la mettre en pratique, puis de le confesser publiquement quand il nous fait grâce, et enfin de le remercier par la célébration de l’eucharistie, notamment le dimanche. Je dirai même plus, en reprenant une expression de Saint Paul : remercier le Seigneur de son amour pour nous, en faisant de tout nous-mêmes et de toute notre vie une offrande vivante à sa gloire. N’y-a-t-il pas là le secret et la source de toute joie ?

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