dimanche 8 décembre 2019

07-08 décembre 2019 - 2ème dimanche de l'Avent - Année A


Is 11,1-10 ; Ps 71 ; Rm 15,4-9 ; Mt 3,1-12

Chers frères et sœurs,

Il est quand même terrible, saint Jean-Baptiste ! Je voudrais dire quatre choses à son propos.

Premièrement saint Jean-Baptiste commence à prêcher – non pas dans le désert de Judée – comme cela est traduit ici, mais dans des ruines qui se trouvent à quelques centaines de mètres de Bethsaïde, le village où travaillent André et Simon-Pierre, Jacques et Jean son frère, les fils de Zébédée. Jean-Baptiste annonce la venue du Messie Sauveur à partir de ruines. Ruines du temps présent, ruines de la foi, ruines de l’espérance peut-être même. Mais c’est à partir de là que tout va redémarrer. Comme un rosier coupé, qui semble s’être éteint, finit par rejaillir quand même.

Deuxièmement, saint Jean-Baptiste ne se considère pas suffisamment digne de retirer les sandales de Jésus. Il y a sans doute erreur à comprendre cette affirmation comme si Jean-Baptiste se disait être inférieur même à un serviteur, voire à un esclave. Saint Jean-Baptiste était fils du prêtre Zacharie, qui officiait dans le Temple de Jérusalem. Il était donc lui-même prêtre. Or celui à qui, dans la liturgie du Temple, on retire ses sandales, c’est le Grand Prêtre qui une fois par an pour la célébration du Grand Pardon, entre dans le Saint des Saints. Ici donc, Jean-Baptiste ne dit pas seulement qu’il est un serviteur ou un prêtre indigne, il dit aussi que Jésus est le véritable Grand Prêtre qui va accomplir la célébration du Grand Pardon pour toute l’humanité, en entrant, par sa mort et sa résurrection, dans le ciel.

Troisièmement, saint Jean-Baptiste, appelle les gens à se faire baptiser dans l’eau, pour signifier leur conversion au Règne de Dieu qui vient. Et il annonce que Jésus, lui, va baptiser dans l’Esprit Saint et le feu, qui sera en même temps comme un jugement et fera la part du blé qui est en nous, qui sera conservé au ciel, et de la paille qui sera détruite par le feu. Il y a un baptême d’eau, qui est un geste humain de conversion. Et il y a le baptême de feu, qui est un acte divin de consécration. Lorsque, dans l’Église, nous baptisons dans l’eau, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et que nous donnons l’onction avec le Saint-Chrême, qui signifie le don de l’Esprit-Saint, nous accomplissons en même temps le baptême de Jean et celui de Jésus. Oui, nous nous convertissons en renonçant au mal et en confessant notre foi et nous nous présentons à l’eau du baptême, mais oui aussi nous sommes baptisés dans l’Esprit Saint pour être lavés et purifiés de notre paille et pour nous présenter comme du bon blé, appelé à entrer dans le grenier de Dieu. Dans le baptême chrétien, il y a une part qui vient de l’homme et il y a aussi une part qui vient de Dieu. C’est un sacrement.

Quatrièmement, en référence au livre d’Isaïe que nous avons entendu, et en pensant que Jean-Baptiste est comme le dernier prophète de l’Ancien Testament, je vous interroge : savez-vous ce qu’est un « symbole » ? Spontanément, vous allez me dire que c’est quelque chose qui indique une autre de manière symbolique, comme par exemple une alliance au doigt indique qu’on est quelqu’un de marié. L’alliance est un symbole du mariage. Mais cette définition n’est pas complète.
Un symbole, c’est à l’origine, un objet cassé en deux, qui permet à deux personnes qui ne se connaissent pas, dont chacune possède un bout de l’objet, de se faire confiance en rapprochant les deux bouts, qui s’emboîtent parfaitement l’un dans l’autre. Ainsi, par exemple, le Credo, que l’on appelle aussi parfois justement le « Symbole des Apôtres », est un texte de reconnaissance entre tous les chrétiens. Si il manque une phrase, ou si on en ajoute une autre, ou si on en modifie une troisième, alors le Credo n’est plus le même, et donc on n’est plus reconnaissable comme un chrétien catholique. Parce que le symbole ne fonctionne pas.
Il en va de même entre l’Ancien testament et Jésus : ils sont comme les deux morceaux d’un symbole : l’Ancien Testament annonce Jésus, et Jésus accomplit ce qui est annoncé dans l’Ancien Testament. L’un ne va pas sans l’autre. C’est pourquoi, quand les premiers chrétiens ont relu l’Ancien Testament et – entre-autres – le Livre d’Isaïe, ils se sont réjouis très profondément d’y retrouver tout ce qui concernait Jésus et le Royaume de Dieu. Et nous aussi, nous pouvons faire de même.

Finalement, saint Jean-Baptiste, qui est comme l’aboutissement de l’Ancien Testament, apparaît comme le meilleur symbole de Jésus et le plus sûr : « Voici l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde » a-t-il annoncé avec assurance ; et c’est pourquoi Jésus a dit de lui en retour qu’il était « bien plus qu’un prophète » et que « parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand » que lui. Demandons au Seigneur de faire de nous des Saint Jean-Baptiste pour notre temps, qui a besoin de redécouvrir qui est Jésus.

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