mardi 23 octobre 2018

20-21 octobre 2018 - ROCHE - VELLEXON - 29ème dimanche TO - Année B


Is 53,10-11 ; Ps 32 ; Hb 4,14-16 ; Mc 10,35-45

Chers frères et sœurs,

Jésus est en train de monter à Jérusalem, avec ses disciples, pour y subir sa Passion. Saint Marc montre très bien que les disciples n’ont toujours rien compris à la mission de Jésus. Ils pensent que Jésus va bientôt révéler sa gloire et prendre le pouvoir sur Israël. C’est la raison pour laquelle Jacques et Jean lui demandent de siéger l’un à sa droite et l’autre à sa gauche. Les autres disciples sont jaloux et furieux de s’être laissés devancer, et c’est pourquoi ils s’indignent. Mais ils n’ont rien compris à la mission de Jésus. C’est l’occasion pour lui de leur expliquer de nouveau.

Jésus donne en une phrase le motif de sa venue dans notre monde : « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude ». Jésus, qui est Fils de Dieu, s’est fait homme, très humble, pour se faire proche des plus grands pécheurs, et par l’offrande qu’il a fait de lui-même – par sa Passion et par sa Croix – leur obtenir la rédemption, le pardon et la vie éternelle, dans le Royaume de son Père. Si nous, qui sommes pécheurs, nous avons accès aujourd’hui au Règne de Dieu, c’est parce que Jésus a donné sa vie pour nous. Telle était sa mission. Et elle ne cesse pas : il continue de vouloir rassembler tous les hommes dans le Royaume de Dieu. C’est avec lui la mission de l’Église, et en elle, de tous les baptisés.

Cette mission de Jésus, comme celle de l’Église, n’est pas une partie de plaisir. Jésus le dit clairement aux disciples : il s’agit non pas de commander en maître, mais de se faire serviteur les uns des autres. Et même – dit Jésus – « celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous ». Pensons à Jésus qui va bientôt laver les pieds de ses disciples, avant de leur partager le pain et se livrer librement pour le salut du monde.
Mais plus encore, il explique à Jacques et Jean, que pour être vraiment disciples, il leur faudra « boire la coupe qu’il va boire et être baptisés du baptême dans lequel il va être plongé ». Qu’est-ce à dire ?
« Boire la coupe », c’est participer à la Passion de Jésus : c’est être l’objet d’incompréhensions, de trahisons, d’injustices, de violences, d’injures, d’abandon pour l’Évangile et pour le Nom de Jésus. Et « être baptisé du baptême dans lequel il va être plongé », c’est participer à sa mort et à sa résurrection, soit par le baptême sacramentel, soit par le martyre.
Ainsi, après la résurrection de Jésus, Jacques donnera son témoignage et sa vie : il sera décapité sur ordre d’Hérode Agrippa au moment de l’arrestation de Pierre. Et Jean – s’il faut bien le distinguer du disciple que Jésus aimait – disparaît à la même époque, après avoir évangélisé la Samarie.

Ainsi donc, la mission de l’Église, comme de tous les baptisés – à commencer par ceux qui ont par leurs vœux consacré leur vie au Seigneur – est celle de porter témoignage de l’Évangile, de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus, malgré les incompréhensions et jusqu’au martyre s’il le faut. Et ce faisant, c’est faire comme fit Jésus : par pur amour, donner sa vie pour ceux qu’on aime, afin qu’ils aient accès, par grâce, à la vie éternelle. Et cela commence très simplement par rendre service et témoigner de la résurrection de Jésus. Telle est la vraie mission de l’Église et de ses membres.

Il reste un point à souligner dans l’explication que Jésus donne à Jacques et Jean : « Siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder » leur dit-il. C’est une décision qui appartient en effet à son Père. Il est important de retenir qu’un certain nombre de décisions ne relèvent pas de l’autorité de Jésus, au nombre desquelles se trouvent aussi par exemple la date de la Pentecôte, ou celle de la fin du monde… En effet, l’offrande que Jésus fait de lui-même doit être agréée librement par son Père, pour que celui-ci donne librement sa bénédiction. Toute bénédiction est toujours une libre grâce de Dieu. Ainsi, l’Église en mission dans le monde, intercède-t-elle en permanence pour tous les hommes, et, en s’offrant elle-même comme Jésus, demande-t-elle au Père sa grâce et ses bénédictions. Mais comment le Père pourrait-il refuser quelque chose à ceux qui sont réunis à deux ou trois au nom de Jésus, comme des petits enfants, et qui lui demandent ce qui est bon ?

Chers frères et sœurs, c’est exactement ce que nous allons faire maintenant. Nous allons présenter, avec Jésus, son Corps et son Sang, pour demander à notre Père sa bénédiction : la communion à sa vie éternelle et la force de témoigner de l’Évangile partout où nous vivons.

14-14 octobre 2018 - SAUVIGNEY-lès-GRAY - FEDRY - 28ème dimanche TO - Année B


Sg 7,7-11 ; Ps 89 ; He 4,12-13 ; Mc 10,17-30

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui Jésus nous invite à désirer vivre, dès maintenant, de la vie du monde nouveau.

Sa rencontre avec le jeune homme riche est pour nous une leçon. Dans un premier temps, ce jeune homme se met à genoux devant Jésus et l’appelle « Bon Maître ». Cette appellation est très précise : en araméen, le mot utilisé, qui a été traduit par « Bon », ne s’applique qu’à Dieu. Il est celui qui est « le Bon par excellence ». Ceci explique la réaction immédiate de Jésus : « Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul ». Jésus est étonné parce que ce jeune homme l’a abordé, en se mettant à genoux et en l’appelant « Bon », en le considérant comme l’envoyé de Dieu, sinon comme Dieu lui-même.
Jésus le renvoie alors à l’observation – c’est-à-dire à la mise en pratique – des commandements. C’est déjà un préalable pour avoir une juste relation avec lui et obtenir la vie du monde nouveau. Or le jeune homme répond qu’il les a bien observés depuis sa jeunesse. Encore une fois Jésus est impressionné.
La traduction que nous avons, dit qu’il « posa son regard sur lui ». Mais le texte d’origine est plus net : Jésus « fixa » le jeune homme riche. Nous comprenons que son regard l’a percé jusqu’au cœur. Et c’est pourquoi il est dit que Jésus l’aima. Le regard de Jésus est un regard qui transperce et qui aime. C’est là que nous devons réécouter ce que dit la lettre aux Hébreux : « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, soumis à son regard ». Voilà le regard de Jésus, qui est incisif, mais qui est aussi un regard d’amour.
Ayant vu ce qu’il y avait dans le cœur du jeune homme, Jésus lui dit deux choses : D’une part : « vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ». C’est un ordre qui réclame une application immédiate. Et d’autre part : « viens, suis-mois », qui suppose une application sur une longue durée : suivre Jésus, c’est le suivre durant toute sa vie.
Ici, Jésus apprend au jeune homme que, pour acquérir la vie du monde nouveau, il ne suffit pas de bien mettre en pratique les commandements de Dieu, il faut aussi quitter tous ses biens et se mettre à le suivre. C’est alors que le jeune homme s’en va tout triste, car il avait de grands biens.


La suite de la discussion, avec les disciples n’est pas moins impressionnante : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! », dit Jésus. Les disciples sont stupéfaits, parce que normalement, dans la mentalité de l’époque, la richesse était considérée comme un signe de bénédiction de Dieu. Or voilà que Jésus annonce au contraire qu’elle sera surtout un empêchement !
Et il en rajoute : « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu ». Autrement dit : c’est impossible.
Jésus ici fait allusion non pas à une aiguille à coudre mais à la « Porte de l’aiguille » – c’est son nom – qui est une porte de Jérusalem, dans laquelle a été aménagé un passage qui permet à un homme d’entrer mais pas un chameau. Ce système permet d’éviter que des caravanes entrent en ville.
Les apôtres sont totalement déconcertés parce que cela veut dire quand même que personne ne peut être sauvé. Alors Jésus leur répond avec la même phrase que l’ange Gabriel à Marie lors de l’Annonciation : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu ».
Ainsi, il nous faut comprendre que le passage du Royaume des cieux à notre monde, que ce soit dans un sens ou dans l’autre, doit se faire dépouillé de toute richesse, dans la nudité d’un enfant à naître, et par l’action de l’Esprit Saint, par la grâce de Dieu. C’est exactement ce qu’il se passe lors du sacrement du baptême, car normalement, on doit être baptisé nu.
Jésus dit, pour terminer, que l’homme qui quitte ses richesses, à cause de lui et de l’Évangile, recevra en ce temps le centuple. En effet, celui qui est nu et qui est passé de ce monde au monde nouveau, par la grâce de l’Esprit Saint, a justement reçu la vie nouvelle, qui vaut tous les trésors du monde.
Cette vie nouvelle, que nous pouvons acquérir déjà depuis notre baptême, c’est l’Esprit Saint lui-même, cet esprit de sagesse dont nous parle la première lecture. De cette vie nouvelle, de cette sagesse qui vient de Dieu, il est dit : « Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle j’ai tenu pour rien la richesse ; je ne l’ai pas comparée à la pierre la plus précieuse ; tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable, et, en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue. Plus que la santé et la beauté, je l’ai aimée ; je l’ai choisie de préférence à la lumière, parce que sa clarté ne s’éteint pas. Tous les biens me sont venus avec elle et, par ses mains, une richesse incalculable ».

Voilà ce que Jésus a voulu faire connaître au jeune homme riche. L’acquisition de l’Esprit Saint vaut plus que toutes les richesses. Voilà ce qu’il propose aujourd’hui à ceux qui l’aiment.

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