Is
53,10-11 ; Ps 32 ; Hb 4,14-16 ; Mc 10,35-45
Chers frères et sœurs,
Jésus est en train de monter à Jérusalem, avec ses disciples, pour
y subir sa Passion. Saint Marc montre très bien que les disciples n’ont
toujours rien compris à la mission de Jésus. Ils pensent que Jésus va bientôt
révéler sa gloire et prendre le pouvoir sur Israël. C’est la raison pour
laquelle Jacques et Jean lui demandent de siéger l’un à sa droite et l’autre à
sa gauche. Les autres disciples sont jaloux et furieux de s’être laissés
devancer, et c’est pourquoi ils s’indignent. Mais ils n’ont rien compris à la
mission de Jésus. C’est l’occasion pour lui de leur expliquer de nouveau.
Jésus donne en une phrase le motif de sa venue dans notre
monde : « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais
pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude ». Jésus,
qui est Fils de Dieu, s’est fait homme, très humble, pour se faire proche des
plus grands pécheurs, et par l’offrande qu’il a fait de lui-même – par sa
Passion et par sa Croix – leur obtenir la rédemption, le pardon et la vie
éternelle, dans le Royaume de son Père. Si nous, qui sommes pécheurs, nous avons
accès aujourd’hui au Règne de Dieu, c’est parce que Jésus a donné sa vie pour
nous. Telle était sa mission. Et elle ne cesse pas : il continue de
vouloir rassembler tous les hommes dans le Royaume de Dieu. C’est avec lui la
mission de l’Église, et en elle, de tous les baptisés.
Cette mission de Jésus, comme celle de l’Église, n’est pas une
partie de plaisir. Jésus le dit clairement aux disciples : il s’agit non
pas de commander en maître, mais de se faire serviteur les uns des autres. Et
même – dit Jésus – « celui qui veut être parmi vous le premier sera
l’esclave de tous ». Pensons à Jésus qui va bientôt laver les pieds de
ses disciples, avant de leur partager le pain et se livrer librement pour le
salut du monde.
Mais plus encore, il explique à Jacques et Jean, que pour être
vraiment disciples, il leur faudra « boire la coupe qu’il va boire et
être baptisés du baptême dans lequel il va être plongé ». Qu’est-ce à
dire ?
« Boire la coupe », c’est participer à la Passion
de Jésus : c’est être l’objet d’incompréhensions, de trahisons,
d’injustices, de violences, d’injures, d’abandon pour l’Évangile et pour le Nom
de Jésus. Et « être baptisé du baptême dans lequel il va être
plongé », c’est participer à sa mort et à sa résurrection, soit par le
baptême sacramentel, soit par le martyre.
Ainsi, après la résurrection de Jésus, Jacques donnera son
témoignage et sa vie : il sera décapité sur ordre d’Hérode Agrippa au
moment de l’arrestation de Pierre. Et Jean – s’il faut bien le distinguer du
disciple que Jésus aimait – disparaît à la même époque, après avoir évangélisé
la Samarie.
Ainsi donc, la mission de l’Église, comme de tous les baptisés – à
commencer par ceux qui ont par leurs vœux consacré leur vie au Seigneur – est
celle de porter témoignage de l’Évangile, de la vie, de la mort et de la
résurrection de Jésus, malgré les incompréhensions et jusqu’au martyre s’il le
faut. Et ce faisant, c’est faire comme fit Jésus : par pur amour, donner
sa vie pour ceux qu’on aime, afin qu’ils aient accès, par grâce, à la vie
éternelle. Et cela commence très simplement par rendre service et témoigner de
la résurrection de Jésus. Telle est la vraie mission de l’Église et de ses
membres.
Il reste un point à souligner dans l’explication que Jésus donne à
Jacques et Jean : « Siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est
pas à moi de l’accorder » leur dit-il. C’est une décision qui appartient
en effet à son Père. Il est important de retenir qu’un certain nombre de
décisions ne relèvent pas de l’autorité de Jésus, au nombre desquelles se
trouvent aussi par exemple la date de la Pentecôte, ou celle de la fin du
monde… En effet, l’offrande que Jésus fait de lui-même doit être agréée
librement par son Père, pour que celui-ci donne librement sa bénédiction. Toute
bénédiction est toujours une libre grâce de Dieu. Ainsi, l’Église en mission
dans le monde, intercède-t-elle en permanence pour tous les hommes, et, en
s’offrant elle-même comme Jésus, demande-t-elle au Père sa grâce et ses
bénédictions. Mais comment le Père pourrait-il refuser quelque chose à ceux qui
sont réunis à deux ou trois au nom de Jésus, comme des petits enfants, et qui lui
demandent ce qui est bon ?
Chers frères et sœurs, c’est exactement ce que nous allons faire
maintenant. Nous allons présenter, avec Jésus, son Corps et son Sang, pour demander
à notre Père sa bénédiction : la communion à sa vie éternelle et la force
de témoigner de l’Évangile partout où nous vivons.