lundi 29 mai 2023

27-28 mai 2023 - VELLEXON - MEMBREY - Pentecôte - Année A

Ac 2,1-11 ; Ps 103 ; 1Co 12,3b-7.12-13 ; Jn 20,19-23
 
Chers frères et sœurs,
 
La Pentecôte, le don de l’Esprit Saint, est le couronnement de la mission de Jésus, qui de Dieu s’est fait homme, pour que nous, hommes pécheurs, puissions revenir dans la communion de Dieu. La Pentecôte est donc la fête de notre salut, c’est-à-dire notre accession à la vie éternelle et bienheureuse.
 
Nous voyons très bien, dans les textes que nous avons entendus, que la Pentecôte est une surprise, un cadeau qui vient de Dieu. Ainsi, les disciples sont-ils surpris par le bruit venu du ciel, « comme un violent coup de vent ». De même le psalmiste s’écrie : « Quelle profusion dans tes œuvres Seigneur ! », car la générosité de Dieu est tellement éclatante ! Saint Paul ne dit pas le contraire, en observant que les « dons de la grâce sont variés » : il y a mille et une manière d’être saint, autant qu’il y a d’hommes et de femmes sur la terre et dans le ciel. Et enfin, quand Jésus se manifeste aux Apôtres, enfermés au Cénacle, par peur des Juifs, il les surprend en disant : « La paix soit avec vous ! » car ils ne s’y attendaient pas.
Le caractère surprenant de la grâce de Dieu, des dons de Dieu, est essentielle pour notre vie chrétienne, déjà ici-bas sur la terre.
 
En effet, l’homme est toujours tenté de vouloir bâtir lui-même sa maison, son monde, un monde idéal, un monde « plus juste et plus fraternel », et même parfois – pour certains – de se croire eux-mêmes investis par l’Esprit Saint pour cela : bâtir un « monde nouveau ». Penser comme cela, agir comme cela, sans tenir compte de l’Esprit surprenant de Dieu, ni même se reposer sur lui d’abord, c’est construire une tour de Babel. Et nous savons tous que cette aventure se termine par un lamentable échec. Il est impossible de faire entrer l’humanité dans une langue unique, dans une pensée unique. Les idéologies sont comme de gros virus : elles ont des cycles de soixante-dix ans, elles s’auto-détruisent parce qu’elles deviennent totalitaires, et enfin, elles disparaissent, laissant ceux qui s’y sont consacrés dans une grande détresse, ou une grande amertume.
 
Tout le contraire est le véritable monde nouveau généré par l’Esprit de Dieu. Ce monde est celui de la communion, c’est-à-dire d’une unité qui est en même temps une diversité. Unité de foi dans de multiples église ; diversité de vocations dans la même église et la même foi. Nous avons un seul Credo, commun à tous les chrétiens dans l’espace et le temps, et nous sommes tous différents, avec des vocations différentes qui ne sont pas moins saintes les unes que les autres, quand nous nous laissons conduire par l’Esprit de Jésus. Ce véritable monde nouveau, cette communion réalisée par l’Esprit Saint, aucun homme ne peut la produire par lui-même : c’est le don de Dieu.
 
Par conséquent, dans notre vie terrestre, il n’y a rien de plus important, pour nous chrétiens, de prier sans cesse le Seigneur pour qu’il répande son Esprit Saint dans le monde. Non seulement sur nous, afin que nous vivions pleinement dans cette communion extraordinaire et que nous nous en réjouissions, mais aussi sur les autres, sur le monde entier, qui vit dans l’illusion ou l’esclavage des idéologies stériles. Saint Séraphim de Sarov disait qu’il n’y avait rien de plus important pour un chrétien que de demander à Dieu son Esprit Saint : sans lui, nous ne pouvons rien faire qui soit véritablement solide, bon et heureux.
 
Jésus a prié son Père et notre Père, pour que nous recevions l’Esprit Saint. Et c’est ce don extraordinaire qu’il est venu annoncer lui-même à ses Apôtres : « La paix soit avec vous ! » Le don de l’Esprit Saint est le don de la paix – non pas la paix qui vient des hommes, mais celle, inimaginable, qui vient de Dieu. Quand on la reçoit, on le sait tout de suite, et on ne l’oublie jamais. Au contraire, on la recherche sans cesse pour la recevoir de nouveau. Cette paix, vous tous qui êtes baptisés, vous l’avez reçu à votre baptême, et c’est elle qui, dans vos cœurs, vous conduit et vous attire vers la communion. L’Esprit Saint ne sait pas faire autre chose que de conduire à la communion, au Corps du Christ, qui est le véritable monde nouveau.
 

lundi 22 mai 2023

22 mai 2023 - CHARCENNE - 7ème dimanche de Pâques - Année A

Ac 1,12-14 ; Ps 26 ; 1P 4,13-16 ; Jn 17,1b-11a
 
 
Chers frères et sœurs,
 
Dans son évangile, saint Jean nous donne accès à la prière de Jésus, à son rapport intime avec Dieu son Père et notre Père.
 
D’un point de vue liturgique, nous sommes entre l’Ascension et la Pentecôte, temps durant lequel Jésus monte de la terre au ciel, de ce monde à son Père, pour accomplir la prophétie de Daniel du Fils de l’Homme qui va s’asseoir à la droite de Dieu, et, dans un acte sacerdotal, lui présenter en offrande son humanité, notre humanité, pour en obtenir de lui, par grâce, la pleine régénération.
 
Or l’extrait du chapitre 17 de l’évangile de Jean que nous avons lu rapporte la prière que Jésus a faite à son Père au moment de la Cène, avant sa Passion. Il y a donc un décalage chronologique. Pour autant l’Église ne se trompe pas en nous faisant écouter cette prière aujourd’hui.
D’une part parce qu’il est reçu traditionnellement que cette grande prière de Jésus a été enseignée aux Apôtres durant le temps des Apparitions, durant les quarante jours après Pâques, et qu’il s’agit bien d’une prière de Jésus liée à son Ascension au ciel. Saint Jean l’a placée au moment de la Cène, car déjà la Passion et la Croix pour le pardon des péchés annoncent l’Ascension et l’offrande de Jésus faite à son Père à l’autel céleste, pour l’obtention du don de l’Esprit Saint.
Et d’autre part, cette prière de Jésus est une prière éternelle : elle fait partie de l’échange permanent, de la vie, qui est au sein de la Trinité : Jésus ne cesse jamais de dire à son Père : « Moi, je prie pour eux », pour que sans cesse nous recevions la Vie éternelle – l’Esprit Saint – et que par lui nous connaissions Dieu notre Père. Jésus ne cesse jamais de prier pour nous.
 
Pendant que Jésus monte vers son Père, lui présentant en offrande notre humanité, avec sa prière intense pour que nous recevions de lui la grâce de l’Esprit Saint, les Apôtres sont en prière au cénacle. Saint Luc nous dit qu’ils étaient « tous, d’un même cœur, assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus et avec ses frères ». En fait, c’est toute l’Église qui est en prière, attendant elle aussi avec espérance l’aboutissement de l’offrande de Jésus : la réception du don de l’Esprit Saint.
Par bonheur cette offrande de Jésus, présentée avec sa prière et celle de l’Église, sera reçue par le Père : et la preuve, c’est que l’Esprit Saint sera bien répandu sur cette Église au jour de la Pentecôte.
 
Maintenant, chers frères et sœurs, réfléchissez bien. Ce que je viens de dire de ce qu’il se passe entre l’Ascension et la Pentecôte, d’un point de vue temporel, ou en permanence d’un point de vue atemporel, c’est-à-dire la prière de Jésus et celle de l’Église qui accompagne son offrande de l’humanité pour l’obtention de la vie éternelle, tout cela se passe aussi à chaque messe.
N’est-ce pas que le prêtre, représentant Jésus, monté à l’autel, prie le Père d’agréer les offrandes du Corps et du Sang de Jésus pour que l’assemblée puisse les recevoir, avec la Paix qui vient de Dieu, en communion ? N’est-ce pas que, pendant que le prêtre semble seul à l’autel, comme Jésus devant l’autel qui est dans le ciel, l’assemblée sainte, toute l’Église, est en prière pour que cette offrande soit agréée par Dieu notre Père ?
En fait, nous reproduisons à notre mesure, ici à Charcenne, aujourd’hui, le mystère de l’offrande de Jésus entre l’Ascension et la Pentecôte, et le mystère éternel du Fils qui se donne par amour au Père, recevant de lui – et nous, par lui, avec lui et en lui – la Vie éternelle, le don de l’Esprit Saint, la communion.
 
Chers frères et sœurs, la messe n’est pas la représentation théâtralisée du repas pascal de Jésus, mais elle est un sacrement : elle est la participation réelle, aujourd’hui, de l’assemblée sainte des baptisés au mystère éternel de l’amour de Dieu. Par sa prière Jésus nous y fait entrer et, par le don de l’Esprit Saint, le Père nous en fait bénéficier et nous le fait connaître. La vie chrétienne, dont la messe est la source et le sommet, c’est la communion de l’humanité à l’amour de Dieu. Aucune religion sur la terre ne permet d’aller aussi loin : Dieu s’est fait homme pour que l’homme demeure en Dieu, dans son amour, dans sa communion, éternellement. 

vendredi 19 mai 2023

18 mai 2023 - CHARGEY-lès-GRAY - Ascension du Seigneur - Année A

Ac 1,1-11 ; Ps 46 ; Ep 1,17-23 ; Mt 28,16-20
 

Chers frères et sœurs,
 
La fête de l’Ascension de Jésus au ciel heurte nos esprits rationnels. Nous savons en effet, depuis Newton et sa pomme, que tout objet est sujet de l’attraction terrestre et – à moins d’être équipé de moteurs-fusées – ne peut s’élever par lui-même dans le ciel. Mais lire l’évangile avec ces lunettes matérialistes conduit immanquablement à ne rien y comprendre.
 
La première chose à considérer est que le Jésus qui monte au ciel, c’est le Jésus ressuscité qui n’est pas soumis aux lois de la physique ordinaire : il est celui qui peut passer à travers des portes fermées tout en mangeant du poisson, celui dans le côté duquel Thomas peut mettre sa main, celui qui peut apparaître et disparaître à volonté après avoir partagé du pain. Or justement, l’Ascension n’est autre que la dernière disparition de la dernière apparition corporelle de Jésus à ses disciples, au bout de quarante jours. Cette dernière disparition revêt un sens particulier.
En effet, suivant la prophétie du Prophète Daniel, le Fils de l’Homme annoncé monte au ciel, domine les puissances maléfiques et dépasse les ordres angéliques, pour s’asseoir à la droite de Dieu, à la droite de son Père, pour régner avec lui éternellement. L’Ascension est donc l’accomplissement de cette prophétie. C’est la raison pour laquelle nous avons chanté le psaume 46 : « Dieu s’élève parmi les ovations, le Seigneur, aux éclats du cor. » Il s’agit bien sûr de Jésus lui-même. C’est d’ailleurs ce que dit clairement saint Paul aux Ephésiens : « Dieu l’a ressuscité d’entre les morts et il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux. Il l’a établi au-dessus de tout être céleste. »
 
C’est ainsi que la dernière disparition corporelle de Jésus est en même temps son élévation à la droite du Père : c’est l’Ascension. Cependant, si nous nous arrêtons à cette première explication, nous ratons la moitié du film.
 
Il faut bien comprendre que, lorsque Jésus monte vers le Père pour s’asseoir à sa droite, c’est en même temps un geste d’offrande sacerdotal : il est le véritable prêtre qui fait son offrande à Dieu, et cette offrande c’est lui-même, avec son corps ressuscité, notre humanité sauvée de la mort. Or, vous le savez, le principe d’une offrande – d’un cadeau gratuit – c’est qu’il peut être bien reçu ou mal reçu… Qui vous dit que le Père est content du cadeau que lui offre son Fils à son retour de voyage sur la terre ? Il y a donc une grave incertitude : est-ce que l’offrande de Jésus est agréée, oui ou non ?
La preuve que cette offrande est agréée est le don de l’Esprit Saint, qui non seulement couronne Jésus pour qu’il puisse prendre place sur son trône, mais qui est aussi répandu sur les disciples et, à travers eux, sur le monde. Ce point est absolument essentiel : il n’y a pas de Pentecôte s’il n’y a pas eu une Ascension réussie avant ! Et la preuve que l’Ascension a été réussie, c’est la Pentecôte. Entre les deux, c’est l’attente inquiète, le suspens : « Est-ce que le Père va accepter l’offrande de son Fils ? » Nous savons donc que la réponse est « oui », sinon nous ne serions pas là ce matin.
 
Il y a deux enseignement à tirer de cette Ascension de Jésus, avec le geste de l’offrande de lui-même qui en constitue le sens réel.
Le premier est que l’Église fondée sur les Apôtres est le fruit de cette offrande. Sans la Pentecôte, sans l’Esprit-Saint, pas d’Apôtres et pas d’Église ; pas d’évangélisation et pas de baptêmes pour le salut du monde. C’est pourquoi, il y a un double mouvement : autant Jésus monte haut dans le ciel, autant l’Église peut se répandre jusqu’au bout du monde. Autant l’offrande de Jésus est puissante, autant l’évangélisation est forte. Mais toute cela dépend de la grâce de Dieu, notre Père.
Et le second enseignement, qui se déduit de ce que je viens de dire : c’est que le geste de l’offrande que fait le prêtre à chaque messe « Par lui, avec lui et en lui, à Toi, Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siècles », appuyé par l’« Amen » solide de toute l’Église – ce geste est le même geste d’offrande que fait Jésus dans son Ascension. Dieu notre Père accepte-t-il l’offrande du Corps et du Sang de Jésus faite par le prêtre à ce moment ? Justement, dans cette incertitude, l’Église, comme les Apôtres au cénacle, prie alors le Père : « Donne-nous notre pain de ce jour » ; elle lui demande sa Paix ; elle attend la « bienheureuse espérance : l’avènement de Jésus-Christ, notre Sauveur », c’est-à-dire son couronnement au ciel, c’est à dire l’agrément de l’offrande. Et bientôt, après le chant de l’Agneau de Dieu, chant d’attente et d’espérance, voici l’annonce : « Voici l’Agneau de Dieu » qui ouvre à la communion. Or la communion est la Pentecôte : c’est la communication de la Vie de Dieu à toute l’Église pour qu’elle puisse annoncer l’Évangile jusqu’au bout du monde. 

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