mercredi 2 août 2017

REMERCIEMENTS

Cher Laurent, chers amis,

Installé depuis la fin du mois de juillet chez les sœurs qui m’attendaient patiemment dans leurs montagnes, je n’oublie pas les paroisses de Dampierre, de Fresne-Vellexon et des Monts de Gy. Nous avons vécu tant de belles célébrations et de bons moments ensemble, grâce à Dieu !

Je souhaitais par ce petit mot remercier très chaleureusement tous et chacun pour les généreuses marques d’affection qui m’ont été faites à mon départ. Dans ma mémoire repassent souvent vos visages et c’est pour moi une occasion supplémentaire de faire monter une prière d’action de grâce vers le Seigneur.

Soyez tous assurés de mon affection et de ma prière. Je me recommande à la vôtre pour la fin de mon travail et pour la suite de mon chemin à la suite du Seigneur.

Bien fraternellement et fidèlement,

fr. Serge

dimanche 30 juillet 2017

22-23 juillet 2017 - SAVOYEUX - GRANDECOURT - 16ème dimanche TO - Année A

Sg 12,13.16-19 ; Ps 85 ; Rm 8,26-27 ; Mt 13,24-43

Chers frères et sœurs,

Les lectures de ce jour nous décrivent quelle est la grandeur de notre Dieu. A lui est la puissance sur toutes choses, puisqu’il est le créateur de tout. Il peut exercer son jugement à la seconde : punir sèchement ce qui est mauvais et exalter généreusement ce qui est bon. Mais nous apprenons aujourd’hui que notre Dieu est humain : il gouverne avec ménagement, il épargne le pécheur et lui accorde la conversion. Telle est sa puissance. Il n’utilise la force que contre ceux qui bafouent sa sainteté et – lors du jugement, à la fin des temps – pour séparer ce qui est bon de ce qui est mauvais.

Jésus utilise une image pour qualifier ce qui est bon de ce qui est mauvais. Il compare ce qui est bon avec du blé – blé avec lequel l’homme fait du bon pain –, et ce qui est mauvais avec de l’ivraie. L’ivraie ressemble au blé, c’est pourquoi il est difficile de les séparer avant la moisson. Il faudra le faire cependant car l’ivraie donnerait très mauvais goût à la farine. Ce qui est mauvais a donc d’abord l’apparence du bien mais il finit par se distinguer et laisse finalement un goût amer. C’est là qu’on reconnait la signature du démon. Autre remarque sur l’ivraie. Dans l’araméen, l’ivraie se dit « zizané », qui a donné notre mot « zizanie ». Le diable a donc semé de la zizanie dans le champ de blé et nous comprenons bien ce que Jésus veut nous dire : la vocation du blé est de devenir un seul pain pour la vie et la communion des hommes ; tandis que l’ivraie est un poison pervers qui rend impétrissable la farine et immangeable le pain.

Mais Dieu se réserve le tri à la fin des temps parce que, dans sa puissance et son humanité, il a voulu ouvrir un espace de conversion pour les pécheurs.

Sainte Marie-Madeleine illustre parfaitement cet enseignement. Son origine n’est pas très claire ; les historiens s’interrogent sur son nom : Madeleine ferait référence à une tour (Magdal en araméen), que certains situent près du lac de Tibériade, où il y avait un camp romain. Ce qui est sûr, c’est que Jésus l’a délivré de sept démons, c’est-à-dire de beaucoup de démons. Autrement dit, Marie-Madeleine était un champ de blé rempli d’ivraie amère et de zizanie.
Or le jugement est venu pour elle par anticipation dans la personne de Jésus, qui a trié en elle le bon grain et l’ivraie, et Marie-Madeleine a été délivrée – de son vivant – de tous ses démons. C’est pourquoi elle est restée attachée à son sauveur au point de le suivre durant ses déplacements et jusqu’au pied de la croix. C’est elle aussi qui la première vient au tombeau de Jésus et constate la disparition de son corps. C’est elle encore qui la première est gratifiée d’une rencontre avec Jésus ressuscité, qui l’envoie annoncer la bonne nouvelle à ses apôtres.
Ainsi, la magdalénienne aux sept démons est-elle devenue par la grâce et la miséricorde de Dieu, par son amour reconnaissant, l’apôtre des apôtres, une des plus grande sainte de tous les temps.

Chers frères et sœurs, nous sommes individuellement et collectivement des champs de blé qui ont vocation à devenir du bon pain pour la communion. Mais il a été semé en nous de l’ivraie. D’un côté, Dieu nous laisse du temps, et sa grâce, pour tâcher de nous convertir, et de l’autre, quand il le voudra, Jésus opérera en nous son jugement. Il nous libérera définitivement de notre ivraie, peut-être déjà en ce monde comme il l’a fait pour Marie-Madeleine, ou au seuil du nouveau quand l’heure sera venue. Alors libérés, nous lui serons éternellement reconnaissants car nous appartiendrons de ce fait et pour toujours au Royaume des cieux.





lundi 17 juillet 2017

15-16 juillet 2017 - MONTOT - GY - 15ème dimanche TO - Année A

Is 55, 10-11 ; Ps 64 ; Rm 8,18-23 ; Mt 13,1-23

Chers frères et sœurs,

A la foule, Jésus parle en paraboles, c’est-à-dire mystérieusement. Faisant référence au prophète Isaïe, il explique que les yeux et les oreilles de ses auditeurs sont bouchés : ils ne comprennent pas. Et même, « à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a », ce qui signifie qu’à ceux-là qui sont aveugles et sourds, les paroles de Jésus deviennent de plus en plus incompréhensibles.
Il n’y a qu’à ses disciples que Jésus dévoile son mystère. Il y a un premier don, c’est celui de la parole mystérieuse ; et il y a un don nouveau, qui est celui de la connaissance du mystère. Nous, les baptisés, nous sommes bienheureux, puisque nous sommes les disciples de Jésus et que son mystère nous a été dévoilé.
La parabole de Jésus évoque quatre situations : le grain qui tombe au bord du chemin, celui qui tombe sur le sol pierreux, celui qui tombe dans les ronces, et celui qui tombe dans la bonne terre.

Jésus explique : le grain tombé au bord du chemin, c’est l’homme qui écoute la Parole de Dieu sans la comprendre et le Mauvais s’empare tout de suite de ce qui est à peine en germination. Le « Mauvais », c’est Satan. C’est de lui dont on parle quand nous disons – dans le Notre-Père – : « délivre-nous du Mal ». Satan s’attaque en priorité à la vie la plus faible.
Le grain tombé sur le sol pierreux a tout de suite levé. Il est devenu verdoyant, mais le soleil l’a brûlé. Jésus explique qu’il s’agit de l’homme qui a entendu la Parole de Dieu, avec joie précise-t-il, mais il est sans racine ; c’est-à-dire qu’il n’a pas pris le temps de s’enraciner dans cette Parole ou de laisser celle-ci s’enraciner dans son cœur. C’est un homme superficiel. Alors, devant la difficulté, il trébuche. La bonne traduction serait plutôt : il chute. Comme Adam et Eve ont chuté du Paradis. En fait, il faut comprendre : il pèche. Mais un péché peut être pardonné.
Le grain qui tombe dans les ronces correspond à l’homme qui entend la Parole, mais il y a un combat en lui entre l’appel de Jésus et les soucis et les séductions du monde. Dans l’araméen, le mot « souci » a une connotation de tromperie, de mauvaise orientation. En fait, cet homme est à la croisée des chemins : il a le choix entre l’amour de Dieu ou l’asservissement aux idoles. Mais il choisit les idoles : la Parole ne donne pas de fruit dans son cœur.
Enfin, il y a le grain qui est tombé dans la bonne terre. Jésus explique que l’homme entend et comprend la Parole, et selon la qualité de la terre qu’il offre à la semence, il donne du fruit à cent, ou soixante ou trente pour un. Et c’est cela le mystère du Royaume des cieux : la Parole de Dieu qui vient dans nos cœurs – quand ils sont préparés à la recevoir – donne une vie nouvelle abondante, qui est en même temps une béatitude.

Il me faut préciser deux choses :

La première est que la Parole de Dieu dont Jésus parle, c’est lui-même. C’est lui-même qui vient sur le bord du chemin, sur sol pierreux, dans les ronces ou dans la bonne terre. A voir comment nous nous situons vis-à-vis de lui : accueillir son Evangile, c’est l’accueillir lui-même et aussi son Eglise, qui est son corps. Voilà une bonne manière de faire un petit examen de conscience.

La deuxième chose est que le Seigneur a dit, par le prophète Isaïe, que « la Parole qui sort de sa bouche ne lui revient pas sans résultat, sans avoir fait ce qu’il lui plaît, sans avoir accompli sa mission ».
D’une part, la Parole qui sort de la bouche du Père et qui revient après avoir accompli sa mission, c’est Jésus lui-même, qui se fait homme, pour que, par sa mort et sa résurrection, l’homme soit réconcilié avec Dieu et revienne avec lui à la maison, au Paradis.
D’autre part, cela veut dire que la Parole de Dieu, Jésus, a la capacité de féconder et aussi de transformer la terre par son Esprit Saint. Si nous sommes chemin, nous pouvons devenir sol pierreux ; et de sol pierreux, devenir une terre suffisamment bonne pour que des ronces soient tentées d’y pousser ; et de terre à broussailles, nous pouvons, après deux ou trois passages de charrue, devenir une bonne terre agricole qui a un excellent rendement.

Chers frères et sœurs, en dévoilant le mystère caché dans sa parabole, Jésus nous a appris que nous étions une terre qui a vocation à être ensemencée par lui. Nous sommes peut-être durs comme de la pierre au début, mais avec simplicité, on peut commencer par vouloir aimer Jésus, puis le laisser pousser des racines en nous et nous en lui, puis le laisser travailler notre cœur, pour que le Mauvais n’ait pas prise sur nous, que nous ne soyons pas découragés par les difficultés de ce monde ou tentés par les illusions des idoles, et enfin, étant vainqueurs de ce combat contre les puissances des ténèbres, par grâce et par foi, nous entrions dans la paix, la joie et la lumière de Dieu : c’est-à-dire dans le Royaume des cieux.

8-9 juillet 2017 - MONT-lès-ETRELLES - FRESNE SAINT MAMES - 14ème dimanche TO - Année A

Za 9,9-10 ; Ps 144 ; Rm 8,9.11-13 ; Mt 11,25-30

Chers frères et sœurs,

Comment trouver le repos pour notre âme ? En devenant disciples de Jésus, le bon berger doux et humble de cœur. Mais comment connaître Jésus ? Lui-même répond à cette question : « Personne ne connaît le Fils sinon le Père, et personne ne connaît le Père sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler ». Voilà qui est bien embobiné… Essayons de tirer un fil.
Dans un premier temps Jésus explique que le Fils n’est connu que du Père. Personne d’autre ne soupçonne son existence : il est caché.
Dans un deuxième temps, Jésus dit que le Père lui-même est inconnu, puisque seul le Fils le connaît. Donc l’un et l’autre sont parfaitement inconnus et cachés. On ne peut pas demander à un homme d’imaginer qu’il y a un Père et qu’il y a un Fils : tous deux sont impensables.
Mais, troisième temps, Jésus ajoute que le Fils a le pouvoir de révéler le Père aux hommes qu’il a choisis. Et si ces hommes ont révélation du Père, alors, en conséquence, ils ont aussi révélation du Fils. Et par qui se fait cette révélation ? Par l’Esprit Saint.
La conclusion pratique de cette histoire est la suivante. Nous ne pouvons connaître Dieu comme Père, Fils et Esprit, et trouver en lui le repos de notre âme, que si Jésus veut bien nous révéler son secret, par l’action de l’Esprit Saint. Il y a deux conséquences importantes pour nous à méditer. La première concerne notre vie spirituelle, et la seconde, l’évangélisation.

Rares sont les hommes qui sont véritablement athées. Beaucoup au contraire pensent qu’il y a un Dieu, ou au moins un principe de l’univers, mais la plupart d’entre eux ne peuvent pas penser qu’à l’intérieur de ce principe, il y a trois personnes distinctes dont l’unité est la communion. Autrement dit, les expériences que l’homme fait du sacré, du divin, de l’altérité, lui manifestent que « Dieu est », mais il ne sait pas le définir, c’est-à-dire lui donner un nom ou un visage. Dieu se cache : « Personne ne connaît le Fils sinon le Père ».
La révolution chrétienne – qui renverse toutes les traditions religieuses de l’humanité – est que ce nom et ce visage s’est présenté à nous en Jésus-Christ. « Qui me voit, voit le Père » a dit Jésus. Beaucoup d’hommes ont rencontré Jésus en Judée et en Galilée ; très peu ont compris qu’il est le Fils du Père et qu’il est Dieu fait homme. Même quand on a Jésus sous le nez, on ne voit pas, on ne comprend pas. Mais on s’interroge devant sa prétention incroyable à appeler Dieu son Père. « Personne ne connaît le Père sinon le Fils ».
Mais, à qui Jésus donne l’Esprit Saint, les yeux s’ouvrent : en même temps qu’il reçoit l’Esprit, cet homme comprend, qu’en communion avec ce Jésus, il a la connaissance du Père. Dieu n’est plus un mystère extérieur à lui, c’est lui qui entre dans le mystère de Dieu. Et il peut y entrer parce que ce Dieu est une communion de trois personnes et que l’une de ces personnes divine s’est revêtue de l’humanité, montrant ainsi qu’une personne humaine pouvait être, en retour, revêtue de la divinité. Et l’homme comprend à ce moment précis que lui-même est aussi une personne. Il y a en lui un germe divin inaliénable et une potentialité à entrer en communion avec toutes les autres personnes, qu’elles soient divines ou humaines. Ainsi, qui connaît Dieu, connaît l’homme.

Chers frères et sœurs, le chemin spirituel de l’homme, est celui d’abord d’une rencontre avec Dieu mystérieux. Ensuite, par une confrontation patiente et confiante avec Jésus et son Evangile, jusqu’à se laisser illuminer par son Esprit, l’homme est conduit jusqu’à la connaissance intime de Dieu et de lui-même, dans une communion. Alors son âme a trouvé le repos.

La seconde conséquence de la parole de Jésus est la suivante. Si je vous dis : « Personne ne connaît le Fils sinon le Père, et personne ne connaît le Père sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler », dès lors que vous savez cela, c’est que l’Esprit Saint vous l’a révélé. Jésus a voulu que, par ma bouche, vous l’appreniez maintenant, et vous êtes entrés un peu dans le mystère de Dieu.
Ainsi, lorsqu’un chrétien dit qu’il croit en Dieu, Père, Fils et Esprit, il révèle tout simplement aux personnes qui l’écoutent ce mystère de Dieu. Alors, c’est Jésus qui, par l’Esprit Saint, vient de toucher ces personnes et de les choisir.
Peut-être ne vont-elles pas le comprendre, ou ne vont-elles pas l’accepter. C’est normal : elles en sont à la première étape de la vie spirituelle où, pour elles, Dieu est d’abord un mystère extérieur. Elles ont à se confronter désormais à la parole de Jésus. Et un jour certainement, l’Esprit Saint illuminant davantage leur cœur, elles entreront dans la communion et elles trouveront le repos de leur âme.

Chers frères et sœurs, les chrétiens sont les anges de Dieu pour faire connaître son mystère à tous les hommes et leur offrir la possibilité de trouver en lui le repos. Il faut que nous soyons conscients que le Credo est le message le plus important que nous ayons à leur transmettre. Il est d’ailleurs ce que nous appelons traditionnellement « la première annonce de l’Evangile ».

mardi 4 juillet 2017

1-2 juillet 2017 - NEUVELLE-lès-LA CHARITE - CITEY - 13ème dimanche TO - Année A

2R 4,8-11.14-16a ; Ps 88 : Rm 6,3-4.8-11 ; Mt 10,37-42

Chers frères et Sœurs,

Lorsque je prépare une homélie, je commence par lire le texte que la liturgie nous donne. Ensuite, je cherche les commentaires les plus proches du texte d’origine. J’ai trois types de commentaires. Le premier est celui de Sœur Jeanne d’Arc, une dominicaine qui connaissait parfaitement le grec et qui a traduit les évangiles pratiquement mot à mot. Ses remarques sont toujours très judicieuses. Le second type de commentaire est celui qui nous vient des Eglises orientales, notamment à partir de la version des évangiles en araméen. Nous avons en français, par exemple, le commentaire de Monseigneur Alichoran, qui connaissait parfaitement l’araméen, sa langue maternelle. Et enfin, il y a les œuvres des Pères de l’Eglise, parmi lesquelles se trouvent les commentaires d’Origène, un prêtre d’Alexandrie du IIIème siècle. Il est une source vive qui n’a jamais cessé d’irriguer l’Eglise.

Aujourd’hui nous avons un évangile qui nous paraît difficile, où Jésus semble très exigeant. Mais il n’en est rien, il faut juste comprendre que Jésus nous ouvre le rayonnement de son cœur et il nous appartient, avec la grâce de Dieu, de répondre autant que possible à l’appel de son amour.

La première chose à observer est que Jésus distingue quatre cercles : le premier concerne l’amour de Dieu, le second la saisie de la croix, le troisième l’accueil d’un prophète, et le quatrième le don d’un verre d’eau. On voit déjà que l’on va du plus difficile à réaliser au plus facile.

Le premier cercle commence avec une phrase que la liturgie a malheureusement coupé : « On aura pour ennemis les gens de sa propre maison ». Jésus explique : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ». Ici Jésus rappelle le premier commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit ». Rien ni personne ne doivent être préférés à l’amour de Dieu. Dès que quelqu’un perd cet horizon, il met du désordre dans la maison. Le premier à avoir trahi Dieu, c’est Lucifer, et le mal est entré dans la Création ; le second c’est Judas, et Jésus fut conduit à sa Passion ; l’Eglise naissante fut persécutée et dispersée. Les vrais ennemis de Dieu sont parmi ceux qui sont les plus proches de lui, mais qui au fond ne l’aiment pas. Au contraire, celui aime Dieu d’abord, aime  aussi véritablement les siens dans l’amour de Dieu. C’est le second commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Le second cercle concerne la croix de Jésus : « Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi ; qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la trouvera ». Nous sommes ici à un degré inférieur par rapport au précédent : s’il nous est pas encore donné d’aimer Dieu d’un amour total, au moins pouvons-nous essayer de le suivre, c’est-à-dire de le préférer à nous-même, de chercher à l’imiter dans les joies et dans les peines. Etre avec Jésus à toute heure et lui accorder notre confiance pour aujourd’hui et pour demain, avec la promesse de vivre avec lui. Au contraire, celui qui croit sauver sa peau en renonçant à suivre Jésus dans les difficultés, en réalité le trahit et perd sa bénédiction.

Le troisième cercle concerne l’accueil de Jésus : « Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète ; qui accueille un homme juste en sa qualité de juste recevra une récompense de juste ». Accueillir Jésus signifie l’accueillir lui, personnellement, mais aussi son enseignement et encore la mission que lui a donné son Père. De même accueillir un prophète n’est pas seulement l’accueillir lui, mais aussi le message qu’il porte au nom du Seigneur et aussi le Seigneur lui-même qui l’a envoyé. C’est pourquoi par exemple ayant accueilli Elisée, le prophète du Seigneur, la femme Sunamite est-elle est comblée de grâce. Jésus nous enseigne ici qu’à défaut d’être en communion d’amour avec Dieu, ou d’être capable de le suivre à toute heure, tout du moins peut-on être généreusement béni en accueillant chez soi – en son cœur – la Parole de Dieu portée par lui-même ou son prophète. Accueillir l’Evangile, c’est déjà accueillir Jésus et son Père. Et Jésus promet l’Esprit à celui qui accueille sa Parole.

Le dernier cercle est celui du verre d’eau : « Celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche à l’un de ces petits en sa qualité de disciple, amen je vous le dis : non il ne perdra pas sa récompense ».A défaut de pratiquer l’amour de Dieu, la suite de Jésus ou même l’accueil de sa Parole, peut-être peut-on au moins faire un geste d’humanité envers les apôtres et disciples du Seigneur. Alors rien que ce geste, Jésus le reconnaît et le bénit.

Ainsi, en recevant simplement un serviteur de Dieu, reçoit-on des grâces ; en accueillant à travers lui la Parole de Dieu, on reçoit l’Esprit de Dieu ; en se mettant à suivre la Parole de Dieu, on se met à vivre véritablement et à rayonner ; et en se donnant totalement à Dieu, on entre aussi totalement dans son amour. Arrivés là, au cœur de Dieu, il n’y a plus de mots pour en dire davantage.

vendredi 30 juin 2017

24-25 juin 2017 - CHARENTENAY - GY - 12ème dimanche TO - Année A

Jr 20,10-13 ; Ps 68 ; Rm 5,12-15 ; Mt 10,26-33

Chers frères et sœurs,

Au jour de notre baptême, nous avons étés consacrés prêtres, prophètes et rois : prêtres au service du Seigneur, par la liturgie de l’Eglise et la prière personnelle ; prophètes pour faire connaître sa parole et ses actes à son peuple et à ceux qui ne le connaissent pas ; rois au service de ce peuple, pour en prendre soin et rendre justice au milieu de lui. Prêtre, prophète et roi, voilà la vocation de chaque chrétien.

Aujourd’hui les lectures nous parlent surtout de notre mission de prophète. Le témoignage de Jérémie nous apprend que le prophète qui parle au nom du Seigneur, souvent, n’est pas aimé, n’est pas accepté, parce que la Parole de Dieu qu’il annonce est un rayon de lumière qui descend dans les cœurs. Certains y trouvent une libération et une joie : bienheureux sont-ils ! D’autres se révoltent avec violence parce qu’ils ne veulent pas que cette lumière de Dieu éclaire les ténèbres qui règnent dans leurs cœurs. Ils sont comme un blessé qui craint l’eau oxygénée ou l’eau salée, qui peuvent pourtant purifier et cautériser sa plaie. Comme des fous, ils repoussent avec violence la main de celui qui se propose de les guérir. Mais ils sont libres. Ainsi les baptisés, qui sont les ambassadeurs du Dieu guérisseur, sont-ils souvent violemment rejetés.

Oui mais, le baptisé se comporte-t-il comme un vrai prophète ? Comprenons celui qui rejette la guérison. Il ne rejette peut-être pas, au fond de son cœur, cette guérison ; parce qu’au bout du bout, en réalité, il l’espère. Lui aussi cherche à vivre libre et joyeux. Mais il ne veut prendre aucun risque avec un faux médecin : une mauvaise médecine le renverrait certainement à de plus profondes ténèbres encore. La déception serait encore pire que le mal.
C’est pourquoi, il faut que le prophète se montre crédible pour être audible. Souvenez-vous de la parole des persécuteurs de Jésus mis en croix : « N'es-tu pas le Messie? Sauve-toi toi-même et nous aussi ! ». Les hommes souffrants sont comme eux et comme saint Thomas : ils veulent d’abord voir pour croire. Or il n’y a que la lumière de la résurrection qui rende crédible Jésus, et ses prophètes avec lui.
Si donc nous voulons être des prophètes crédibles, qui annoncent la lumière de l’Evangile dans le monde, il faut que nous soyons aussi prêtres et rois. Jamais notre vocation de prophète ne doit aller sans celle de prêtre et celle de roi. Les trois doivent toujours aller ensemble. Jamais notre vocation de prophète ne doit aller sans adoration de la gloire de Dieu, ni sans charité à l’égard de notre prochain. En face, les hommes qui espèrent un rayon de lumière dans leur cœur, même s’ils se sont fermés, attendent la venue de l’ange du Seigneur, sa lumière, et sa paix.

Les baptisés seront donc mis à l’épreuve. Comme Jésus et tous les vrais prophètes avant lui ont été mis à l’épreuve. Jamais le baptême n’a été une assurance de vie heureuse sur la terre, mais un germe de béatitude, une semence de la gloire de Dieu, un avant-goût du ciel pour le baptisé, à l’attention de ses contemporains.
Chers frères et sœurs, Dieu n’a jamais voulu que les hommes, et encore moins ses bien-aimés, soient soumis au mal, et tombent à terre. Jamais Dieu n’a voulu le mal contre une quelconque de ses créatures. Mais il peut y consentir, de la même manière qu’il a consenti que Jésus son fils unique meure sur une croix. Parce que Dieu se retire devant la liberté de l’homme, qui peut choisir librement entre le bien et le mal, entre la lumière de la gloire de Dieu et les ténèbres du mensonge et de la mort. Parfois, Dieu laisse « Sa Majesté des mouches » – Belzébuth – parler, et permet que l’homme soit mis à l’épreuve, comme Jésus au Désert.
Mais à ceux qui lui gardent fidélité, comme un soldat à son chef, jusqu’au bout du combat, il donne la couronne de la victoire : « Celui qui se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux ». Nous savons que nous sommes faillibles, mais a-t-on vu un bon général perdre ses soldats ? A-t-on vu Jésus le Bon Berger renoncer à aller chercher sa brebis perdue ? Aux baptisés, à ses bien-aimés, à ses brebis, Jésus dit : « Ne craignez pas ; même les cheveux de votre tête sont comptés ».

Chers frères et sœurs, nous sommes les chrétiens d’aujourd’hui, les prêtres, les prophètes et les rois du Seigneur pour maintenant. Il n’y en pas d’autres qui puissent faire ce que nous avons à faire. Soyons courageux et fiers de notre vocation de baptisés. Et rendons-grâce au Seigneur parce qu’il nous a choisi et appelés à son service, pour sa gloire et pour notre plus grand bonheur.

lundi 19 juin 2017

18 juin 2017 - VELLEXON - Dimanche du Très Saint Sacrement - Année A

Dt 8, 2-3.14b-16a ; Ps 147 ; 1Co 10,16-17 ; Jn 6, 51-58

Chers frères et sœurs,

Ce jour-là, quand Jésus a dit : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle » – au grand scandale des juifs présents –, il était vraiment très sérieux.

En effet, ces gens ne pouvaient pas comprendre, à l’époque, que Jésus ne parlait pas des substances du corps humain, mais du pain et du vin qui, par la consécration, allaient devenir son Corps et son Sang.
Les gens étaient scandalisés parce qu’ils croyaient que Jésus leur demandait de le tuer, de le manger, d’être anthropophages ! Quelle horreur !  Oui, mais en même temps Jésus leur annonçait qu’ils allaient effectivement le tuer sur la croix, et le manger en persécutant ensuite son Eglise. Ceux qui crient « quelle horreur ! », sont les mêmes qui vont commettre toutes ces horreurs. Et Jésus le sait.
Et en même temps, il dit à ceux qui peuvent comprendre, c’est-à-dire à ses disciples, à ceux qui sont baptisés, à nous, que ceux qui vont communier à son Corps et à son Sang par le pain et le vin consacrés, auront en eux la vie éternelle. Grâce à l’Esprit Saint, dans tout l’univers et à toutes les époques, avec du pain et du vin, avec un évêque ou un prêtre, et une bonne heure de paix devant soi, il est toujours possible de communier au Corps et au Sang de Jésus, et de recevoir de lui la vie de Dieu.

Depuis longtemps Dieu avait condamné les sacrifices humains : il avait empêché Abraham de sacrifier son fils Isaac, alors que le sacrifice des petits enfants était à l’époque religion courante. Depuis longtemps aussi, il avait annoncé par ses prophètes qu’il ne supportait plus les hypocrites sacrifices d’animaux, mais qu’il préférait davantage le sacrifice d’un cœur pénitent et aimant. Avec Jésus, Dieu tourne la page et le dos aux religions qui tuent les hommes et les animaux.

Dieu prend du pain, qui est en même temps le fruit de sa création et le fruit du travail des hommes, paysans, meuniers, boulangers ; il prend du vin, qui est en même temps le fruit de sa création et le fruit du travail des hommes, vignerons, tonneliers, potiers ou verriers : prendre du pain et du vin, c’est déjà reconnaître l’alliance entre Dieu, sa création et la communauté des hommes. C’est un travail de coopération, dont l’Eglise est la coopérative !

Ensuite Dieu s’est choisi des évêques et des prêtres. Jésus a d’abord choisi douze apôtres qu’il a formés pendant trois ans et bénis par l’Esprit Saint. A leur suite, tout au long des âges, cette formation et cette bénédiction se sont transmises aux évêques et par eux aux prêtres. Un prêtre aujourd’hui, c’est un « descendant » de la formation et de la bénédiction de Jésus. Jamais on ne se fait évêque ou prêtre par soi-même. Si vous voulez une preuve vivante de la vie de Jésus et du don de son Esprit Saint à la Pentecôte – une preuve vivante – ; au lieu d’aller chercher un tombeau vide, regardez un évêque ou un prêtre. Son ordination ne vient pas de lui mais de Jésus et de son Esprit Saint. A ce propos, nous aurons deux ordinations de prêtres dimanche prochain à la cathédrale, à Besançon.

Et enfin, pour communier au Corps et au Sang de Jésus, en plus du pain, du vin et du prêtre, il faut une bonne heure de paix devant soi. Hé bien finalement, on s’aperçoit que c’est ce qui est le plus difficile à trouver ! Du pain et du vin, en France, ce n’est vraiment pas un problème. Un prêtre ? En gros il y en a un tous les 20 km, peut-être 30 demain, mais finalement pas plus loin qu’un supermarché, à Gray ou à Vesoul. C’est encore jouable. Il reste le temps… Pourquoi donc ce qui est le moins compliqué à trouver et à donner, un peu de son temps, qui ne coûte rien – une bonne heure par semaine ou même par mois – pour recevoir la vie éternelle de Jésus…, hé bien c’est justement cela qu’on ne lui donne pas… ou alors avec beaucoup de modération.

Chers frères et sœurs, nous voulons la vie de Dieu, nous voulons des messes, nous voulons des prêtres ; mais pourquoi-donc sommes-nous empêchés – dans notre tête – de vouloir aussi donner à Jésus deux heures de notre temps, par semaine ou par mois ? Pourquoi-donc ce blocage ?

Seigneur Jésus, nous croyons en toi ; nous avons besoin de toi ; viens au secours de notre manque de foi.

jeudi 15 juin 2017

10-11 juin 2017 - MOTEY - MEMBREY - Dimanche de la Sainte Trinité - Année A

Ex 34, 4b-6.8-9 ; Dn 3 ; 2Co 13, 11-13 ; Jn 3, 16-18

Chers frères et sœurs,

Depuis toujours, dans l’Eglise, avant d’être baptisés nous rejetons Satan et ses œuvres de mort, et nous affirmons notre foi en Dieu le Père, en Jésus-Christ son Fils qui est né, qui a souffert, est mort et est ressuscité, qui est notre sauveur, et dans l’Esprit Saint vivifiant. Lorsqu’on est baptisé petit, les parents, parrains et marraines déclarent publiquement cette profession de foi en promettant d’élever leurs enfants en chrétiens. Ceux-ci, une fois devenus grands la déclarent à leur tour, reprenant le flambeau, ou la lumière de leur baptême.

[A tous les parents, parrains et marraines des jeunes qui sont ici aujourd’hui : je dis merci et bravo : vous avez tenu votre promesse. Ne cessez jamais de prier et d’encourager vos enfants dans la foi].

Mais qu’est-ce c’est que faire profession de foi ? La définition la plus simple serait de dire : faire profession de foi, c’est assumer personnellement le Credo en le déclarant publiquement. Mais certains ont des doutes sur telle ou telle ligne du Credo et ils hésitent à professer la foi. L’erreur la plus courante est en effet de croire que le Credo est comme une liste de courses, ou comme un questionnaire où l’on coche des cases quand on est d’accord. Mais le Credo, ce n’est pas le PMU.
La profession de foi est plutôt comme une clé de voiture : si on n’a pas la clé, impossible de démarrer et de voyager. Si on n’a pas la foi de l’Eglise, on ne comprend rien à la vie de l’Eglise, à la Bible, aux sacrements, à la messe, à toutes les choses courantes de la vie chrétienne. Le Credo, c’est comme l’ADN de l’Evangile : à partir de lui, tout se comprend, tout s’organise, tout se développe, comme un être vivant.
La profession de foi est tellement importante que les premiers chrétiens avaient interdiction de l’écrire : ils devaient la savoir par cœur. Et c’était un signe de reconnaissance entre eux : ceux qui ne la savaient pas ou la savaient mal, n’étaient pas reconnus comme des chrétiens. Vous savez bien que si vous tapez un mauvais code de carte bleue, votre transaction est rejetée. C’est pareil avec le Credo.

Mais alors, comment ça marche, ce Credo ? Pour comprendre ce qu’est le Credo, il faut d’abord se dire que c’est une histoire, l’histoire de Dieu avec le monde. Elle commence avec Dieu créateur, elle se poursuit avec la vie de Jésus et elle se termine avec l’action de l’Esprit Saint qui nous conduit à la vie éternelle. Déjà, on ne peut pas dire le Credo dans n’importe quel ordre, sinon il perd tout son sens. Ensuite, on n’est pas obligé de connaître tous les détails de l’histoire : il suffit de savoir comment elle commence, comment elle se déroule, et comment elle termine. Et qui sont les acteurs.
Justement, comme nous venons de le voir, le Credo nous dit que Dieu est en même temps Père, Fils et Saint-Esprit. Voilà qui est curieux. N’est-ce pas que Moïse a rencontré un seul Dieu, le Dieu unique, au mont Sinaï ? Mais alors, comment peut-on dire que le Père, Jésus son Fils, et l’Esprit Saint, sont ce même Dieu ?
C’est une question de réglage d’optique. Lorsqu’on regarde un village de loin, on voit un bloc de maisons avec un clocher, mais on est incapable de distinguer la maison de untel et celle de untel. En revanche, quand on s’approche, on voit bien qu’il y a plusieurs maisons et qu’elles sont bien différentes, bien qu’elles forment un seul village. Dieu c’est pareil : vu de loin, il est unique, et vu de près, à l’intérieur, il est en trois personnes : le Père, le Fils et l’Esprit.
Et pourquoi trois et pas quatre ou dix ou cent personnes ? Parce qu’il y en a trois... Si je vous demande combien il y a de maisons dans votre village, vous allez les compter et me dire 30, 40, ou 80. Et si je vous demande pourquoi 80 ? et pas 83 ? Vous me répondrez que ma question est stupide… Cependant, une chose est très importante : si en Dieu, il y a de la place pour trois personnes, alors il y a aussi de la place pour d’autres personnes et même des milliards de personnes. Or, nous les hommes, nous sommes aussi chacun d’entre nous des personnes, des personnes uniques : et grâce à Jésus et à son Esprit, nous pouvons habiter le village de Dieu : il y a une place pour nous dans l’amour de Dieu, dans l’unité de Dieu, dans la communion de Dieu. Confesser un seul Dieu en trois personnes, c’est dire que chaque homme est aussi une personne et qu’il a une place dans la communion de Dieu. Cherchez bien : aucune autre religion ne dit cela. Aucune.

Donc, dans le Credo, il y a d’abord l’histoire de Dieu avec les hommes et ensuite il y a la révélation que chaque homme a une place dans son amour. Cette histoire de Dieu, nous la racontons et nous la transmettons sans cesse à nos enfants parce qu’elle annonce notre intégration et notre communion dans l’amour de Dieu. C’est là l’essentiel de l’Evangile : Selon la volonté de son Père, Jésus est né, est mort et ressuscité pour nous, pour que par son Esprit Saint nous entrions dans leur vie éternelle. Le Credo, la profession de foi, dit l’essentiel de l’Evangile.

Chers frères et sœurs, notre foi est la perle de toutes les religions. Elle est même plus qu’une religion puisqu’elle est l’histoire et la vocation du monde. Personne n’aurait pu inventer une pareille histoire. C’est Jésus qui en vivant avec nous nous l’a révélée. Dire la foi, transmettre la foi, c’est allumer une lumière d’espérance dans le monde et c’est vouloir pour lui la paix. C’est exactement ce que veut Dieu pour nous tous : que nous soyons éternellement unis et heureux dans son amour. Amen.

lundi 5 juin 2017

4 juin 2017 - VELLEXON - Dimanche de la Pentecôte - Année A

Ac 2,11 ; Ps 103 ; 1Co 12,3b-7.12-13 ; Jn 20,19-23
Chers frères et sœurs,

Il faut choisir. Nous avons le choix entre Babel et la Pentecôte.

Babel, c’est lorsque les hommes ne parlent qu’une seule langue sur toute la terre, qu’ils s’unissent pour construire une tour dont le sommet a pour ambition de pénétrer dans les cieux, et qu’ils veulent se faire un nom par eux-mêmes. Ce sont les hommes qui veulent construire leur propre monde sans Dieu. Mais Babel, ce fut aussi un échec qui conduisit, par la confusion de leur langage, à une incompréhension totale entre les hommes, et finalement à l’explosion de l’humanité en de multiples peuples en guerre les uns contre les autres.
La Pentecôte, c’est très différent. C’est quand l’Esprit du Seigneur est donné par Dieu aux hommes pour que – tout en restant chacun eux-mêmes – ils sachent en même temps parler les langues des autres et partager ensemble une seule et même foi. Chacun selon sa vocation spécifique, les hommes font alors partie d’un seul corps, le corps du Christ. C’est un corps éternellement vivant et bienheureux.
Si à Babel le langage est devenu confus, c’est qu’il n’y avait plus de raison humaine : il n’y avait plus de rapport entre les mots et les choses, il n’y avait plus de vérité ni de repères. Ce fut le naufrage de la raison humaine et le retour à la barbarie. Tandis qu’à la Pentecôte, grâce à l’Esprit Saint, le langage fut compréhensible à chacun : au-delà des langues particulières, la foi est toujours intelligible, raisonnable. Car la foi dit la réalité des événements et des choses. Elle est solide et elle élève la dignité humaine.
Donc nous avons le choix – et aujourd’hui plus que jamais – entre l’illusion de Babel qui entraîne l’incompréhension mutuelle puis la division et la destruction de l’humanité, et la foi en Jésus-Christ qui, par son Esprit Saint, nous unit dans son corps pour une vie éternelle, et nous établit dans une dignité divine et humaine. Nous voyons bien que ce sont deux options totalement opposées et qu’il n’y a pas d’entre-deux possible qui soit vraiment négociable.

Nous, chrétiens, nous sommes donc comme des étrangers dans un monde qui veut se construire sans Dieu. Petit troupeau, nous sommes comme des brebis au milieu des loups. Mais par-delà les peuples, les races et les langues, nous sommes unis par une seule et unique foi en Jésus, qui est né, qui a enseigné, qui a guéri et réconcilié, qui a été jugé puis fut mis à mort injustement, mais qui est maintenant ressuscité et vivant auprès du Père, où il intercède auprès de lui, pour que nous recevions l’Esprit Saint et vivions éternellement de lui. Cette foi est partagée sur toute la terre.
Saint Luc nous a donné une petite géographie de son extension à son époque : elle va de la Turquie à l’Egypte et de l’Italie à l’Iran. En son cœur se trouve Jérusalem : c’est comme une croix tracée sur le monde.
Lors du grand concile de Nicée, en 325, se sont réunis des évêques représentant des Eglises installées depuis les terres germaniques, jusqu’en Ethiopie, et d’Espagne jusqu’en Chine : il ne manquait que l’Australie et le Nouveau-Monde. Ils seront là à Vatican II.
L’Eglise est la seule institution historique – âgée de plus de 2.000 ans – qui soit réellement mondiale. Elle trace comme une grande croix dans le temps et dans l’espace. La foi chrétienne unit des hommes du monde entier, de toutes nations et de tous âges.
Et c’est ainsi que nous sommes le sel de la terre ou le levain dans la pâte, les articulations qui permettent au corps de l’humanité de se tenir, chacun différent et tous unis, avec Jésus, par lui et en lui. Vous voyez bien que la Pentecôte et la communion, c’est la même chose.

Justement, chaque Messe est un moment de Pentecôte. Nous avons tous les âges, nous venons de nombreux villages différents, nous n’appartenons pas aux mêmes familles, nous n’avons pas les mêmes opinions sur tout. Et pourtant, nous récitons le même Credo et nous partageons la même communion. Avec Jésus, nous prions le Père d’envoyer son Esprit-Saint sur le pain et le vin, pour qu’ils deviennent la communion que nous allons recevoir et que nous allons devenir.
Nous ne nous sommes pas réunis comme dans une Assemblée Générale, pour transformer le monde ; mais le Seigneur qui nous a appelés et nous a réunis aujourd’hui, à travers nous, transforme maintenant le monde : il montre que l’unité des hommes dans l’amour, c’est possible ; et grâce à l’Esprit Saint, c’est déjà commencé.

En communion, nous sommes la lumière et l’espérance du monde. Si nous perdons la foi, le risque est que le monde se divise et s’effondre, comme à Babel. Au contraire, en gardant la foi en Jésus, le Seigneur élève par son Esprit la dignité de chaque homme, sauvegarde la paix entre les nations, et transforme le monde en son Royaume.

27-28 mai 2017 - CUBRY-lès-SOING - GY - 7ème dimanche de Pâques - Année A

Ac 1,12-14 ; Ps 26 ; 1P 4,13-16 ; Jn 17,1b-11a

Chers frères et sœurs,

Entre l’Ascension et la Pentecôte, c’est un temps bizarre. D’un côté Jésus est absent : il est devant le Père où il prie pour lui-même et pour ses disciples, ceux que le Père lui a donné. Il prie pour que le Père le glorifie en donnant la vie éternelle à ses disciples, c’est-à-dire l’Esprit Saint.
Et de l’autre côté, les disciples se sont réunis dans la chambre haute à Jérusalem, au Cénacle, avec des femmes dont Marie, la Mère de Jésus et les cousins de Jésus. Ensemble, ils sont assidus à la prière. En quelque sorte, ils sont avec Jésus et ils partagent sa prière au Père. Eux aussi attendent la glorification de Jésus et le don de l’Esprit Saint. Ils attendent la Pentecôte.

Vous me direz : c’est bien mais en quoi cela nous concerne-t-il ? En effet, la prière de Jésus va être exaucée puisque les disciples vont recevoir le don de l’Esprit à la Pentecôte justement, et cela va leur donner les yeux pour lire et comprendre les Ecritures et la force pour annoncer l’Evangile jusqu’au bout du monde. Et nous, nous sommes en quelque sorte au bout du monde, puisque nous sommes les derniers à avoir reçu cet Evangile, que nous essayons de transmettre à notre tour.
Est-ce à dire que nous n’attendons rien du tout ? Certainement pas : tout en annonçant l’Evangile, nous attendons la venue de Jésus, à la plénitude des temps, et nous le prions de hâter sa venue.

En fait, le temps de l’Eglise est comme un double du temps du cénacle. Jésus ne cesse pas de prier son Père de nous envoyer son Esprit Saint. Tant que le monde n’est pas entièrement, totalement, transfiguré, transformé par l’Esprit Saint, la Pentecôte n’est pas encore complète. Ainsi donc, la plénitude des temps arrivera quand Jésus se manifestera et quand en même temps toute la création sera complètement renouvelée. C’est cela la fin du monde : la transfiguration complète du monde dans le feu de l’Esprit Saint.
Et donc, pendant que Jésus prie le Père, l’Eglise fait comme faisaient les disciples avec les saintes femmes : elle prie. Elle prie sans cesse pour que la prière de Jésus au ciel soit exaucée et que jamais elle ne manque de l’Esprit Saint ; que maintenant, la toute création soit transformée et que le règne de Dieu vienne. La prière de l’Eglise est une prière intense, urgente, car nous demandons au Père, en communion avec Jésus, qu’il envoie son Esprit pour que son règne vienne. Nous voyons bien que la prière du Notre-Père est la prière qui convient parfaitement à cette situation.

Mais plus encore, l’Eglise prie plus que jamais lorsqu’elle célèbre l’Eucharistie. Elle est unie au Christ qui prie son Père en lui offrant son corps. Et elle attend le don de Dieu consacré par l’Esprit Saint. N’est-ce pas que le pain et le vin consacrés sont les prémices du monde nouveau, de la création nouvelle que nous attendons, et le retour de Jésus ? Le fruit de notre prière nous est déjà donné : à la messe, par le don de l’Esprit Saint, c’est bien le Corps et le Sang de Jésus que nous recevons, le début du règne de Dieu que nous accueillons. Lorsque nous communions, Jésus est glorifié en nous, et nous aussi nous sommes glorifiés, sanctifiés en lui. La communion, c’est déjà le début de la plénitude des temps.

Il y a donc, chers frères et sœurs, une vraie gloire à être chrétien. Et saint Pierre a raison de rappeler à ses bien-aimés auditeurs qu’il n’y a aucune honte à être traité de chrétien. Pour beaucoup, c’est un nom qui est méprisable. Pour certain, il est même condamnable. Souvenons-nous des martyrs d’hier et d’aujourd’hui. Mais aux yeux du Seigneur, les chrétiens sont la couronne de gloire de son Fils : nous valons plus que toutes les richesses du monde et notre place est avec Jésus, au-dessus des anges et avec tous les saints, dans la paix de Dieu, dans sa joie, et dans sa lumière, dans la communion, pour une vie éternelle. Amen.



jeudi 25 mai 2017

25 mai 2017 - MEMBREY - Ascension du Seigneur - Année A

Ac 1,1-11 ; Ps 46 ; Ep 1,17-23 ; Mt 28,16-20

Chers frères et sœurs,

Nous savons que Jésus est apparu à de nombreuses reprises à ses disciples depuis sa résurrection. Mais qui dit apparition dit aussi – bien sûr – disparition. L’ascension n’est que la toute dernière disparition, au bout de quarante jours.

D’un côté les disciples sont maintenant pratiquement prêts à rendre témoignage à la face du monde et jusqu’au bout de la terre, il ne leur manque plus que la puissance de l’Esprit Saint, qui leur sera donné à la Pentecôte. Tout tendus vers le ciel, ils attendent avec impatience le don de Dieu.
De l’autre, Jésus se présente maintenant tout de bon devant son Père, revêtu de l’humanité qu’il partage avec nous depuis l’Annonciation, et il la lui présente en offrande d’action de grâce. C’est lorsque le Père aura agréé cette offrande que l’Esprit sera répandu sur les disciples et sur le monde, pour les transfigurer.

Bien sûr, nous savons que l’Ascension a eu lieu et que la Pentecôte a eu lieu aussi : les Apôtres ont reçu le don du Saint-Esprit. C’est lui qui leur a donné la force de porter l’Evangile jusqu’au bout du monde, et c’est grâce à eux et à leurs successeurs qu’aujourd’hui nous sommes chrétiens. Cela veut dire que l’offrande qu’a faite Jésus de son humanité à son Père a été agréée et qu’il est maintenant assis à sa droite. Cela veut dire que Jésus est égal à son Père dans la dignité divine et en lui, notre humanité a été revêtue du manteau royal de la divinité.

Mais il est bon que nous comprenions aussi que le mystère de l’Ascension ne cesse jamais tant que la fin du monde n’est pas arrivée. La « fin du monde » est une traduction ambiguë. Il serait préférable de dire la « plénitude du monde », comme dit saint Paul aux Ephésiens.
Ainsi donc, jusqu’à la plénitude du monde, jusqu’à la plénitude des temps, Jésus se présente face à son Père pour lui présenter en offrande toute l’humanité et toute la création. Jésus est vraiment – en permanence – notre Défenseur dans les cieux,  notre avocat. Il ne cesse de prier son Père de nous donner la plénitude de son amour, de sa miséricorde, de son Esprit. En quelque sorte, la plénitude des temps, la plénitude du monde, sera une grande Pentecôte où toute l’humanité et toute la création seront entièrement transfigurées et renouvelées dans l’Esprit Saint.

Et en même temps, jusqu’à ce jour de plénitude des temps, de grande Pentecôte sur l’univers, les disciples de Jésus prient et veillent avec lui dans l’attente de l’Esprit Saint ; toute leur attention est tournée vers le ciel dans l’attente du don total de la vie de Dieu ; et en même temps, ils sont envoyés dans le monde comme témoins de la vie et de la résurrection de Jésus. Le temps qui nous est donné d’ici la plénitude des temps, est un temps de prière, un temps de conversion et un temps d’évangélisation.

Chaque messe est la participation au geste d’offrande de Jésus et l’anticipation de la plénitude des temps. Lorsque le prêtre chante « Par lui, avec lui et en lui, à toi Dieu le Père tout-puissant, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles », c’est Jésus qui présente à son Père son Corps et son Sang en offrande, implorant le Père de les agréer et de donner au monde son Esprit et sa vie. A cette prière intense de Jésus, le peuple de Dieu donne un assentiment profond et vibrant en chantant le « Amen » : c’est toute l’Eglise en prière, tendue avec Jésus dans l’attente de la réponse du Père.
Or la réponse du Père, la voici, c’est quand le prêtre dit : « Heureux les invités au repas du Seigneur, voici l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde » ; et la plénitude des temps, c’est quand le peuple des fidèles vient communier au Corps du Christ et au Sang du Christ. Alors tout est accompli ; tout est renouvelé : c’est déjà la plénitude des temps qui s’accomplit.

Chers frères et sœurs, la Messe, c’est un geste et un moment unique au monde, où nous vivons avec Jésus, en communion avec lui, sa grande prière d’intercession pour le salut du monde, et nous anticipons et hâtons sa venue, à la plénitude des temps.
La vocation des baptisés est une vocation de prophètes pour annoncer l’Evangile ; elle est aussi une vocation de prêtres, pour demander l’Esprit ; et enfin, elle est une vocation de roi : il n’y a pas plus grand sur la terre que l’Eglise humble et servante qui célèbre l’eucharistie. Amen.


dimanche 21 mai 2017

20-21 mai 2017 - SEVEUX - FRETIGNEY - 6ème dimanche de Pâques - Année A

Ac 8,5-8.14-17 ; Ps 65 ; 1P 3,15-18 ; Jn 14,15-21

Chers frères et sœurs,

Jésus est vivant. Il s’est manifesté à ses apôtres et il leur annonce son départ prochain. L’inquiétude des disciples est palpable et Jésus s’emploie à les rassurer, et même mieux, à les tirer vers le haut. Il y aura un partage des rôles. Pendant que les disciples garderont ses commandements, lui il priera le Père de leur donner un autre défenseur : l’Esprit Saint. Et à ceux qui garderont ses commandements, Jésus leur annonce aussi qu’ils le reverront : il se manifestera à eux.
La phrase peut-être la plus importante de l’Evangile d’aujourd’hui a été traduite de manière trop molle en français. Mais en grec comme en araméen elle est limpide. La voici : « D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez, parce que moi je vis, et vous aussi vous vivrez ».
Jésus nous dit ici très clairement qu’entre nous et lui, c’est lui – et non pas nous – le vrai vivant. C’est en lui qu’est la source de la vie. Il le prouvera par ses apparitions, par ses manifestations. Et il communiquera cette vie par son Esprit Saint : « Vous aussi vous vivrez ».
Ainsi donc, Jésus parti, ses disciples qui gardent ses commandements se préparent à recevoir l’Esprit Saint et à voir les manifestations de Jésus vivant. Ils se préparent à être illuminés par sa lumière, à entrer dans sa lumière, comme Pierre, Jacques et Jean lors de la Transfiguration. Et c’est dans cette lumière que se trouve la vie. C’est elle que Jésus nous promet.

Mais quels sont les commandements de Jésus ? Nous les connaissons. En premier lieu se trouve l’amour de Dieu et du prochain. Ensuite il y a les autres commandements du Décalogue, que Jésus n’a pas aboli mais accompli. Jésus a aussi commandé à ses disciples, de s’aimer les uns les autres comme lui-même les a aimés. Il a précisé qu’il n’y avait pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis, et il a enseigné qu’il fallait pardonner à ses persécuteurs. Jésus a aussi donné d’autres commandements : celui de veiller sans cesse dans la prière en attendant sa venue ; celui de célébrer l’Eucharistie en mémoire de lui ; et celui d’aller jusqu’au bout du monde, annonçant l’Evangile et baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Nous voyons bien que c’est en vivant chrétiennement que Jésus nous donne l’Esprit Saint et qu’il se manifeste à nous. Et plus Jésus donne l’Esprit, plus nous pouvons le voir, et plus nous vivons saintement. C’est un cercle vertueux.

J’attire votre attention sur trois points. Le premier est que Jésus parle à ses disciples en disant « vous ». C’est-à-dire que Jésus s’adresse autant à chaque personne, individuellement, qu’il s’adresse aussi à toute l’Eglise que ses disciples forment tous ensemble. Ainsi, c’est tous ensemble que nous aimons Dieu et le prochain, que nous nous aimons les uns les autres, que nous prions, célébrons l’Eucharistie, et que nous annonçons la Résurrection de Jésus. Voir Jésus, recevoir son Esprit Saint, ce sont des choses qui se vivent personnellement mais aussi tous ensemble. C’est dans l’Eglise que se trouve la source de la vie et qui fait que l’Eglise est elle-même un corps vivant.
Le second point est souligné par saint Pierre, qui nous demande d’être toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en nous, avec douceur et respect. Mais pour cela, saint Pierre a mis une condition préalable : « Honorez dans vos cœurs la sainteté du Seigneur, le Christ ». « Honorez la sainteté du Seigneur »… en accomplissant ses commandements. C’est un appel à une conversion toujours plus profonde et en même temps une promesse : car honorer Jésus c’est se souvenir qu’il a souffert pour les pécheurs, pour les introduire devant Dieu ; qu’il a été mis à mort dans la chair ; et qu’il a été vivifié dans l’Esprit. L’Esprit Saint est un esprit vivifiant. C’est en Dieu que se trouve la vie et nulle part ailleurs. Accomplir les commandements, c’est mourir dans la chair, mais vivre dans l’Esprit. Et c’est alors qu’on est rendu capable de rendre compte de l’espérance qui vit en nous.
Enfin, troisième point, nous savons donc que ceux qui accomplissement les commandements de Jésus, se rendent disponibles au don de l’Esprit et sont susceptibles d’en avoir la vision. Mais, ceux qui en sont les heureux bénéficiaires, ne sont pas pour autant dispensés d’en recevoir confirmation par les mains des Apôtres du Seigneur et de leurs successeurs. C’est ce qui s’est passé en Samarie. Beaucoup ont bénéficiés de miracles, se sont convertis, ont été baptisés, mais il a fallu que Pierre et Jean, venus de Jérusalem, viennent leur imposer les mains. Il en a été de même pour saint Paul, lorsqu’il a rencontré le Christ sur le chemin de Damas : il a fallu qu’Ananie vienne aussi lui imposer les mains.

Les successeurs des Apôtres, établis et envoyés par Jésus sont les garants de l’unité dans la charité dans l’Eglise. Et au fond, si nous voyions vraiment avec les yeux qui voient, grâce à l’Esprit Saint, nous verrions que ces successeurs des Apôtres sont eux-mêmes comme une présence actuelle du Bon Berger qui accompagne et guide toujours son Eglise. Par l’Esprit Saint, là où se trouve l’évêque, là se trouve l’Eucharistie, et là se trouve l’Eglise ; c’est bien là qu’aujourd’hui se trouve toujours visiblement Jésus source de vie éternelle. Amen.

mercredi 17 mai 2017

13-14 mai 2017 - VAUCONCOURT - VELLEXON - 5ème dimanche de Pâques - Année A

Ac 6,1-7 ; Ps 32 ; 1P 2,4-9 ; Jn 14,1-12

Chers frères et sœurs,

L’évangile que nous avons entendu peut se lire avant la mort de Jésus sur la croix, où celui-ci annonce son départ à ses disciples ; mais il peut se lire aussi avant l’ascension de Jésus au ciel ; et c’est pourquoi il a été choisi comme lecture pour aujourd’hui.
Les disciples sont troublés parce que le Seigneur Jésus qui leur est apparu ressuscité va maintenant disparaitre à leurs yeux. Il leur semble qu’ils vont se retrouver abandonnés. Mais Jésus leur explique qu’il va leur préparer une place au ciel et qu’il reviendra les chercher le moment venu. Il leur promet également le don de son Esprit-Saint. Il invite aussi les disciples à le rejoindre, en suivant son chemin.
Mais quel est ce chemin ? C’est bien la question de Saint Thomas, qui est un homme pratique. Jésus lui explique que c’est le chemin de la foi en lui, Jésus. Jésus précise qu’il est lui-même « le chemin, la vérité et la vie ».

Avoir foi en Jésus, c’est croire à ce Jésus qui est annoncé par l’Eglise quand elle récite le Credo. Jésus n’est pas une idée philosophique, mais il est une personne unique, qui de Dieu s’est fait homme, a vécu parmi nous, a annoncé le Royaume de Dieu, a guéri et pardonné ; il a été arrêté et jugé par les grand-prêtres de Jérusalem et par Ponce Pilate ; il a souffert sa passion, est mort sur une croix et, le troisième jour est ressuscité d’entre les morts. Il est apparu vivant à ses disciples. Et, comme l’annonçait l’Ancien Testament, il est vraiment le Messie, le Fils de Dieu qui nous rouvre l’accès au ciel, à la vie éternelle. Ainsi, le chemin de Jésus, c’est sa vie : une vie d’annonce de l’Evangile, faite de souffrance à cause de l’incompréhension des hommes,  mais aussi d’une immense joie parce que grâce à lui, c’est la vie du ciel qui est promise et déjà commencée, pour tous ceux qui lui sont fidèles.

Avoir foi en Jésus, c’est aussi croire à tout ce qu’il nous a dit par ses paroles et par ses actes, parce qu’il est vraiment Dieu, en qui se trouve la seule vérité crédible. Jésus explique cela lorsqu’il dit : « Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même » et « croyez-moi, je suis dans le Père et le Père est en moi ». Jésus est la Parole de Dieu. C’est par Jésus que le Père a créé l’univers, le maintien à chaque instant dans l’existence, et l’a renouvelé au moment de la résurrection. Il n’y a pas d’opposition entre la loi de l’univers et la parole de Dieu : c’est la même réalité, et c’est Jésus lui-même. C’est pourquoi il est la vérité, l’unique vérité, et qu’il n’y en a pas d’autre à part dans l’imagination d’un univers différent, qui n’existe pas.

Avoir foi en Jésus, c’est enfin se laisser imprégner et transformer par sa vie, c’est-à-dire sa communion d’amour. Jésus explique à Philippe : « Celui qui croit en moi, fera les œuvres que je fais », c’est-à-dire que Jésus agira dans celui qui croit en lui, comme son Père agit en lui. La communion est quelque chose d’extraordinaire qui n’existe que chez les chrétiens : chacun demeure totalement lui-même, personne unique, tout en étant uni complètement avec le Père, avec son Fils Jésus, et avec tous les saints, par la grâce de l’Esprit Saint. C’est une communion d’amour et de vie éternelle, puisque Dieu est éternellement vivant. La communion, c’est ce qui permet d’unir le particulier et l’universel, sans que l’un domine sur l’autre, mais au contraire pour que l’un enrichisse l’autre, et c’est l’Esprit Saint seul qui peut réaliser cela. Vous trouverez la communion chez les chrétiens catholiques et orthodoxes.

Voilà donc, chers frères et sœurs, le chemin, la vérité et la vie de Jésus. Le chemin, c’est lui-même et toute sa vie ; la vérité, c’est lui-même, sa parole et ses actes parce qu’il est Dieu ; la vie, c’est encore lui-même parce que c’est en lui seul et par la grâce de l’Esprit Saint, que nous pouvons entrer dans la communion d’amour avec son Père et tous les saints.
Lorsque nous baptisons une personne, juste après sa sortie de l’eau, l’Eglise lui donne l’onction du Saint-Chrême, pour que l’Esprit Saint la conforme à Jésus ; l’Eglise lui donne aussi la lumière allumée à celle du Cierge pascal, lumière de la vérité de la création et de la résurrection ; et enfin, elle revêt le baptisé d’un habit blanc, car il est devenu une personne nouvelle, vivante dans la communion de l’amour de Dieu, pour la vie éternelle.
Voilà, chers frères et sœurs, notre boussole pour vivre heureux en ce monde, en attendant que Jésus vienne nous chercher pour nous installer à la place qu’il a préparée pour nous au ciel : soyons fidèles jusqu’au bout au nom de Jésus, qui est pour nous le chemin du ciel, la vérité et la vie éternelle. Amen.

mardi 9 mai 2017

6-7 mai 2017 - IGNY - DAMPIERRE - 4ème dimanche de Pâques - Année A

Ac 2,14a.36-41 ; Ps 22 ; 1P 2,20b-25 ; Jn 10,1-10

Chers frères et sœurs,

Jésus est ressuscité : il est apparu vivant à ses disciples. Mais ce n’est pas pour en rester là : c’est pour nous conduire jusqu’au ciel.

Dans l’Evangile de Jean que nous avons lu, il y a deux paraboles de Jésus.

Dans la première, Jésus se compare au bon berger qui vient chercher ses brebis dans l’enclos, pour les conduire dehors, vers de bons pâturages. Les brebis qui sont dans l’enclos, ce sont tous les hommes, qui sont enfermés dans le monde actuel, limité par la mort. Jésus appelle ceux qui sont sauvés par leur nom, comme on appelle par son nom chaque baptisé. Ainsi, ceux qui, baptisés, connaissent la voix de Jésus, qui croient en lui et le suivent, trouvent le chemin des bons pâturages, c’est-à-dire la vie éternelle.
Jésus dénonce les voleurs et les bandits qui ne passent pas par la porte, mais qui escaladent les murs de l’enclos pour y entrer. Ils ne connaissent pas la porte, ils ne peuvent pas y passer. Mais alors, qu’est-ce cette porte ?
Pour Jésus, la porte est celle par qui il entre dans l’enclos, c’est-à-dire dans le monde. La porte est donc la sainte Vierge Marie. C’est par elle que Jésus entre, et par elle aussi qu’il sort, et que nous sortons avec lui pour aller au ciel. Souvenons-nous de cette parole de Jésus à Nicodème : « pour être sauvé, il faut renaître d’en-haut ». Il ne comprenait pas : comment pouvait-on rentrer dans le sein de sa mère, pour renaître à nouveau ? C’est comme si Marie, qui a engendré Jésus dans le monde, était aussi celle par qui nous étions engendrés à l’inverse dans le ciel. En fait, Marie est une image de l’Eglise. C’est par l’Eglise que Jésus continue à venir dans le monde, par les sacrements, et c’est par l’Eglise que les hommes sont sauvés et accèdent au ciel, en recevant les sacrements.

Mais Jésus emploie une seconde parabole. Ici, il se compare lui-même à la porte des brebis : si quelqu’un passe par lui, il sera sauvé. De fait, l’Eglise est aussi le corps du Christ. Celui qui appartient à l’Eglise, passe par Jésus pour trouver le pâturage, c’est-à-dire le ciel. L’Eglise se manifeste quand les chrétiens se réunissent pour célébrer les sacrements au nom de Jésus. Et quand l’Eglise célèbre un sacrement, c’est Jésus qui agit à travers elle pour sauver et nourrir la personne qui le reçoit.
Dans cette seconde parabole, Jésus dénonce aussi les voleurs et les bandits. Il explique que les brebis, instinctivement – c’est-à-dire aidées par l’Esprit Saint – ne les écoutent pas, ne les suivent pas, parce qu’elles ne reconnaissent pas sa voix. Plus encore, Jésus décrit la marque de fabrique des voleurs et des bandits : ils volent, ils égorgent et ils tuent. Le bon berger est celui qui fait vivre, les imposteurs sont des assassins. Les choses sont claires.

Jésus nous dit donc qu’il est la porte et le bon berger. Ses brebis connaissent sa voix et le suivent pour aller vers les bons pâturages, c’est-à-dire vers le ciel. D’accord, mais concrètement, comment suivons-nous Jésus ?
Saint Pierre nous le dit dans sa lettre : « Il vous a laissé un modèle afin que vous suiviez ses traces ». Puis il explique que Jésus est lui-même le modèle : sans péché, sans aucun mensonge, sans rendre insulte pour insulte, sans menace dans la souffrance, Jésus s’abandonnait à Dieu son Père, celui qui juge avec justice. Cela, Jésus l’a fait pour nous ; il nous appelle à le faire à notre tour pour nos frères. Voilà le chemin qui conduit au ciel. Le premier à l’avoir emprunté, après le bon larron, c’est saint Etienne, qui fut lapidé à Jérusalem après un jugement expéditif et qui mourut, contemplant les cieux ouverts et priant Dieu pour ses persécuteurs. Comme Jésus.

Chers frères et sœurs, le chemin de Jésus est en même temps difficile et en même temps facile à suivre pour celui qui est habité par l’Esprit Saint, et qui sait que sa joie n’est pas sur la terre, dans le monde présent, mais au ciel, avec Jésus et tous les saints.
Saint Pierre a dit que Jésus était notre berger, le gardien de nos âmes. Nous n’avons donc pas à avoir peur ni du temps présent, ni de l’avenir, pourvu que nous demeurions fidèles à sa voix et que nous suivions son modèle, avec l’aide de sa grâce.

Seigneur, Jésus, tu es notre bon berger et nous t’appartenons. Ne permet pas que, dans ce monde compliqué, nous perdions ta voix et ton chemin, mais fais qu’avec toi et avec tous ceux que nous aimons, nous parvenions sans encombre et dans la joie au beau jardin du paradis. Amen.

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