jeudi 25 mai 2017

25 mai 2017 - MEMBREY - Ascension du Seigneur - Année A

Ac 1,1-11 ; Ps 46 ; Ep 1,17-23 ; Mt 28,16-20

Chers frères et sœurs,

Nous savons que Jésus est apparu à de nombreuses reprises à ses disciples depuis sa résurrection. Mais qui dit apparition dit aussi – bien sûr – disparition. L’ascension n’est que la toute dernière disparition, au bout de quarante jours.

D’un côté les disciples sont maintenant pratiquement prêts à rendre témoignage à la face du monde et jusqu’au bout de la terre, il ne leur manque plus que la puissance de l’Esprit Saint, qui leur sera donné à la Pentecôte. Tout tendus vers le ciel, ils attendent avec impatience le don de Dieu.
De l’autre, Jésus se présente maintenant tout de bon devant son Père, revêtu de l’humanité qu’il partage avec nous depuis l’Annonciation, et il la lui présente en offrande d’action de grâce. C’est lorsque le Père aura agréé cette offrande que l’Esprit sera répandu sur les disciples et sur le monde, pour les transfigurer.

Bien sûr, nous savons que l’Ascension a eu lieu et que la Pentecôte a eu lieu aussi : les Apôtres ont reçu le don du Saint-Esprit. C’est lui qui leur a donné la force de porter l’Evangile jusqu’au bout du monde, et c’est grâce à eux et à leurs successeurs qu’aujourd’hui nous sommes chrétiens. Cela veut dire que l’offrande qu’a faite Jésus de son humanité à son Père a été agréée et qu’il est maintenant assis à sa droite. Cela veut dire que Jésus est égal à son Père dans la dignité divine et en lui, notre humanité a été revêtue du manteau royal de la divinité.

Mais il est bon que nous comprenions aussi que le mystère de l’Ascension ne cesse jamais tant que la fin du monde n’est pas arrivée. La « fin du monde » est une traduction ambiguë. Il serait préférable de dire la « plénitude du monde », comme dit saint Paul aux Ephésiens.
Ainsi donc, jusqu’à la plénitude du monde, jusqu’à la plénitude des temps, Jésus se présente face à son Père pour lui présenter en offrande toute l’humanité et toute la création. Jésus est vraiment – en permanence – notre Défenseur dans les cieux,  notre avocat. Il ne cesse de prier son Père de nous donner la plénitude de son amour, de sa miséricorde, de son Esprit. En quelque sorte, la plénitude des temps, la plénitude du monde, sera une grande Pentecôte où toute l’humanité et toute la création seront entièrement transfigurées et renouvelées dans l’Esprit Saint.

Et en même temps, jusqu’à ce jour de plénitude des temps, de grande Pentecôte sur l’univers, les disciples de Jésus prient et veillent avec lui dans l’attente de l’Esprit Saint ; toute leur attention est tournée vers le ciel dans l’attente du don total de la vie de Dieu ; et en même temps, ils sont envoyés dans le monde comme témoins de la vie et de la résurrection de Jésus. Le temps qui nous est donné d’ici la plénitude des temps, est un temps de prière, un temps de conversion et un temps d’évangélisation.

Chaque messe est la participation au geste d’offrande de Jésus et l’anticipation de la plénitude des temps. Lorsque le prêtre chante « Par lui, avec lui et en lui, à toi Dieu le Père tout-puissant, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles », c’est Jésus qui présente à son Père son Corps et son Sang en offrande, implorant le Père de les agréer et de donner au monde son Esprit et sa vie. A cette prière intense de Jésus, le peuple de Dieu donne un assentiment profond et vibrant en chantant le « Amen » : c’est toute l’Eglise en prière, tendue avec Jésus dans l’attente de la réponse du Père.
Or la réponse du Père, la voici, c’est quand le prêtre dit : « Heureux les invités au repas du Seigneur, voici l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde » ; et la plénitude des temps, c’est quand le peuple des fidèles vient communier au Corps du Christ et au Sang du Christ. Alors tout est accompli ; tout est renouvelé : c’est déjà la plénitude des temps qui s’accomplit.

Chers frères et sœurs, la Messe, c’est un geste et un moment unique au monde, où nous vivons avec Jésus, en communion avec lui, sa grande prière d’intercession pour le salut du monde, et nous anticipons et hâtons sa venue, à la plénitude des temps.
La vocation des baptisés est une vocation de prophètes pour annoncer l’Evangile ; elle est aussi une vocation de prêtres, pour demander l’Esprit ; et enfin, elle est une vocation de roi : il n’y a pas plus grand sur la terre que l’Eglise humble et servante qui célèbre l’eucharistie. Amen.


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