dimanche 30 août 2020

30 août 2020 - VELLEXON - 22ème dimanche TO - Année A

 

Jr 20,7-9 ; Ps 62 ; Rm 12,1-2 ; Mt 16,21-27

Chers frères et sœurs,

Pour mieux comprendre le sens de l’évangile, il est utile de s’arrêter sur les paroles très dures de Jésus à Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

D’abord « Passe derrière moi, Satan ! » Malheureusement notre traduction liturgique a été pasteurisée. En réalité, dans le texte grec comme dans le texte araméen, Jésus dit crûment à Pierre : « Va-t’en derrière moi, Satan ! »

« Va-t’en », c’est exactement ce qu’a dit Jésus au diable qui le tentait pour la troisième fois au désert en lui montrant tous les royaumes du monde et leur gloire, et en lui disant : « Tout cela, je te le donnerai si tu tombes et te prosternes devant moi. » A cela Jésus avait répondu : « Va-t’en, Satan ! Car il est écrit : « Devant le Seigneur ton Dieu tu te prosterneras et Lui seul tu adoreras. » 
On voit donc ici que Jésus a reconnu à travers les paroles de Pierre la tentation des tentations, celle qui fait le partage des eaux entre l’adoration de Dieu ou l’adoration du diable. On comprend alors la dureté de la réponse de Jésus : « Va-t’en ! »

Mais Jésus sait aussi qu’il s’adresse à son disciple Pierre, celui qu’il a lui-même appelé à marcher à sa suite. Il ne le renvoie donc pas au néant, au vide, en lui disant seulement « Va-t’en » ; mais « va-t’en derrière moi ». Il le renvoie et le rappelle aussitôt dans sa vocation : « Suis-mois. » Cela annonce déjà le pardon, lorsqu’ils se retrouvent après la résurrection de Jésus : « Lorsque tu seras revenu, affermis tes frères » ; « Sois le berger de mes brebis ». Jésus met les points sur les « i » quand il le faut, mais il pardonne et il maintient la mission qu’il a confiée à ceux qu’il a appelés.

Cependant Jésus quand même a traité Pierre de « Satan ». On pourrait dire qu’il l’a insulté publiquement. Le bon petit Jésus peut-il avoir fait cela à Saint Pierre ?
Pour comprendre, il faut savoir ce que veut dire « Satan ». La racine du mot, en langue sémitique, veut dire « dévier », « détourner ». Le Satan, c’est celui qui nous fait dévier du bon chemin, qui nous détourne de notre but, de notre vocation. Ainsi, traiter Pierre de « Satan », c’est en fait surtout lui dire : « Tu me détournes de ma mission », « Tu me fais dévier ». Or Jésus veut marcher droit : il aime son Père et il nous aime. Jésus ne veut pas manquer sa mission, qui est de nous réconcilier avec Dieu et de nous ramener à la maison, c’est-à-dire au Paradis.
Voilà donc ce qu’il faut comprendre quand Jésus dit : « Passe derrière moi, Satan ! », c’est-à-dire : « Va-t’en, et suis moi Pierre, toi qui veut m’égarer, alors que je veux marcher droit, par amour pour mon Père et pour toute l’humanité que je suis venu sauver. »

Ensuite Jésus ajoute, s’adressant toujours à Pierre : « Tu es pour moi une occasion de chute. » Il y a ici une allusion au fait que Simon vient tout juste de recevoir le nom de Pierre : Pierre est ici, non plus une pierre de fondation, mais une pierre d’achoppement. Or il faut qu’il soit une pierre à bon escient.
Si Pierre n’est pas vraiment le serviteur de Dieu, alors il va devenir une pierre d’achoppement pour les saints, comme il est en train de l’être pour Jésus. Mais si au contraire, il est le bon et fidèle serviteur de Dieu, il sera vraiment la pierre de fondation de l’Église et une pierre d’achoppement pour ceux qui n’aiment pas Dieu.
Et Jésus explique : « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Car les pensées des hommes tirent vers le bas : elles nous détournent de l’adoration de Dieu. Elles font de nous les serviteurs du diable et nous font dévier de notre vocation.
Tandis que lorsque nous écoutons les pensées de Dieu, c’est-à-dire Jésus, et que nous les mettons en pratique, alors nous sommes bons et fidèles serviteurs de Dieu, nous sommes forts, appuyés sur le roc de la foi, pour accomplir notre vocation et devenir des bienheureux.

Et finalement, Jésus donne à ses disciples le critère qui permet de savoir si on marche sur le bon chemin, si on est bon et fidèle serviteur de Dieu et qu’on écoute sa Parole : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »
On peut se dire : le chemin de Jésus n’est pas facile… C’est sûr : il est impossible à celui qui n’a pas de cœur, celui qui n’aime pas. Mais à celui qui aime, rien n’est impossible. Car Jésus dit la même chose autrement, qui est le vrai sens de la croix et qu’il ne faut jamais oublier quand on regarde une croix : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. »

lundi 24 août 2020

22-23 août 2020 - RAY-SUR-SAÔNE - GY - 21ème dimanche TO - Année A

Is 22,19-23 ; Ps 137 ; Rm 11,33-36 ; Mt 16,13-20
 
Chers frères et sœurs,
 
Le gros problème, avec Jésus, est toujours – et encore aujourd’hui – de savoir qui il est vraiment. Aujourd’hui comme hier, lorsque l’on pose la question à des gens dans la rue, on aura toutes sortes de réponses : « il est Dieu », ou bien « il est un homme élu de Dieu », ou bien « il est un prophète », ou bien « il est un maître de sagesse religieuse », ou encore « c’est un rabbin dont l’enseignement s’est universellement répandu »... D’autres pensent qu’il n’a même pas existé ! On aura exactement le même problème si on pose aux gens la question de sa résurrection : « Il est vraiment ressuscité, dans sa chair », ou bien « Son esprit s’est ranimé », ou bien « C’est l’esprit des disciples qui a compris qu’il était ressuscité », ou encore « c’est un mythe religieux créé par les Apôtres ».
Il n’est pas plus facile aux disciples qu’à nous-mêmes de savoir identifier qui est Jésus et Jésus ressuscité.
 
Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus interroge directement ses disciples. La question est remarquable, parce que la réponse est dedans : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » Comprenons bien la question. Jésus dit : « Qui suis-je pour les gens, moi qui suis le Messie, le Fils de Dieu ? »
Les réponses, comme on l’a vu, sont assez vagues. Jésus a beau se manifester dans la chair ou ressuscité, les réactions humaines sont d’abord marquées par l’incrédulité et la recherche de solutions raisonnables. Évidemment, c’est l’échec : Jésus n’est pas correctement identifié.
 
Jésus repose alors la question aux disciples : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Notez bien qu’il y a encore ici la réponse dans la question : « Pour vous, qui Je suis ? » - « Je suis » est le Nom de Dieu, le Dieu qui se révèle à Moïse au Sinaï. On sent les disciples plutôt embarrassés et heureusement Pierre prend la Parole pour donner la solution attendue : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »
Ainsi donc, le « Fils de l’homme » et « Je suis » sont équivalent à « Christ » et « Fils du Dieu vivant ». Telle est l’identité de Jésus : Jésus est Dieu fait homme, Fils de Dieu venu parmi les hommes pour les sauver et les réconcilier avec son Père. Il est le Messie, le sauveur.
 
Souvenons-nous toujours de la manière dont Jésus a conduit Pierre à confesser son identité, c’est la manière dont Dieu se révèle aux hommes, à chacun de nous.
D’abord Dieu interroge l’homme tout en lui donnant la solution ; ensuite l’homme – qui n’a pas compris – cherche des solutions à sa portée. Mais il se trompe. Dieu renouvelle son interrogation, tout en donnant encore la solution. C’est alors que l’homme – aidé par la grâce de l’Esprit Saint – arrive à donner la bonne réponse.
Il faut toujours que Dieu s’y reprenne à deux fois pour nous appeler. Et nous, nous ne pouvons vraiment comprendre et répondre correctement qu’avec l’aide de l’Esprit Saint. C’est pourquoi, il faut du temps pour discerner un appel de Dieu et il faut s’assurer que notre intelligence est ouverte par l’Esprit du Seigneur. Saint Irénée parlait d’une accoutumance nécessaire entre l’homme et Dieu. Et c’est toujours vrai.
Regardez par exemple les disciples d’Emmaüs : ils parlaient avec Jésus sans le voir, et c’est uniquement dans un second temps, quand ils sont à l’auberge, qu’ils le reconnaissent et décident alors de remonter à Jérusalem annoncer aux disciples qu’il est ressuscité.
 
C’est en effet au second temps, que le Seigneur donne sa vocation, son identité, sa mission à celui qui vient de confesser son Nom. Pour savoir qui nous sommes et ce que nous avons à faire ici-bas, il faut d’abord confesser le Nom de Dieu.
Il en va ainsi pour Pierre : il dit qui est Jésus, et Jésus l’appelle « Pierre » et lui donne sa vocation de détenir les clés du Royaume des Cieux, c’est-à-dire de gouverner comme un indentant fidèle son Église.
 
Demandons au Seigneur de nous parler, de renouveler ses paroles tant que nous n’avons pas compris, et de nous donner finalement la grâce de le comprendre. Alors, mettant en pratique ce qui nous vient du Seigneur, nous porterons de bons fruits pour le Royaume des cieux.
 

lundi 17 août 2020

16 août 2020 - FRASNE-LE-CHÂTEAU - 20ème dimanche TO - Année A

 Is 56,1.6-7 ; Ps 66 ; Rm 11,13-15.29-32 ; Mt 15,21-28

 Chers frères et sœurs,

Cette rencontre entre Jésus et la Cananéenne contient plusieurs leçons pour nous. Je voudrais en souligner trois.

La première tient dans l’identité de la femme. Elle provient de la région de Tyr et de Sidon – c’est-à-dire une région païenne. Elle-même est désignée comme « cananéenne », c’est-à-dire tout ce qu’il y a de plus païen dans l’histoire d’Israël, et donc de plus repoussant pour un Juif pieux. Or, non seulement cette femme a identifié Jésus comme sauveur, mais celui-ci finit par reconnaître en elle la foi qui obtient le salut.

La leçon qu’on peut tirer sur ce plan est que le Salut n’est pas réservé au seul peuple de Dieu, mais à toute l’humanité, pourvu que cette humanité identifie en Jésus son sauveur. Car n’y en a pas d’autre.

La seconde leçon découle du cheminement qui a été fait par cette femme pour obtenir la bénédiction de Jésus. Ce cheminement tient plutôt du parcours du combattant.

Il a fallu, déjà, qu’elle quitte son village pour trouver Jésus. En cela elle ressemble un peu aux rois mages. Ensuite, quand elle a trouvé Jésus, elle se heurte au mur des disciples. Mais elle tape dessus jusqu’à ce que ceux-ci s’en plaignent à Jésus. Elle ressemble à cette femme qui tanne le mauvais juge jusqu’à ce que celui-ci, agacé, lui fasse justice.

La femme aurait pu crier victoire lorsque Jésus s’adresse à elle… mais non, c’est pour prendre une fin de non-recevoir. Nouvelle désillusion. La prière est une dure école d’humilité, de patience et de foi.

Son cri du cœur : « Seigneur, viens à mon secours » ressemble à celui de Bartimée : « Fils de David, ai pitié de moi ! » Dans le cœur de Jésus ce cri renvoie à celui d’Adam et Eve, qui, dans les profondeurs de la mort, attendent leur libération. On est ici au cœur de la mission de Jésus : la parole de la femme fait mouche.

Ce cri a donc ouvert une brèche, mais Jésus se défend encore : « Il n’est pas bien de priver les enfants de leur pain pour le jeter aux petits chiens. » Jésus est déroutant : lui-même a multiplié les pains. Il sait très bien qu’il peut multiplier les pains. Il a aussi enseigné qu’il pouvait donner le même salaire à celui qui a travaillé toute la journée comme à celui qui n’a travaillé qu’une heure dans son champ. Alors ? C’est parce que le pain de Jésus n’est pas accessible de la même manière qu’un pain chez un boulanger. On ne peut pas l’acheter, il n’est pas un dû à réclamer, ou un droit : il est un don gratuit de Dieu.

C’est là que la femme finit encore une fois par taper juste : ce pain, ces miettes qui paraissent n’avoir aucune importance pour les enfants, parce qu’ils sont dans l’abondance, mais qui contiennent la vie pour le petit chien, tombent gratuitement de la table des maîtres. La femme est en train de dire à Jésus : « L’amour de Dieu est tellement grand, que ses dons sont débordants et il y en a pour tous, y compris pour les gens qui ne sont rien. » Alors Jésus a vu qu’elle avait compris l’essentiel. En cela la femme ressemble à Marie de Béthanie, qui a brisé un flacon de parfum très précieux pour laver les pieds de Jésus. C’est la générosité de l’amour qui compte. C’est alors que Jésus donne sa bénédiction.

Il y a une gradualité dans la prière et la connaissance du cœur de Dieu : faire un pèlerinage pour faire une demande, solliciter l’intercession des saints du ciel et de la terre, exprimer notre besoin par un vrai cri du cœur. Et si, à chaque fois, Jésus semble toujours silencieux, c’est qu’en réalité il nous conduit jusqu’à la vraie prière du cœur à cœur : « Si tu veux, Seigneur, en raison de ton amour débordant, tu peux me sauver. » La vraie prière c’est quand, au bout du bout, on ne s’adresse plus qu’à l’amour de Dieu seul.

La dernière leçon, sera très brève. En fait, cet évangile n’est pas destiné aux païens. Tant mieux s’ils l’entendent et le comprennent : ce sera un vrai don de Dieu pour eux et un appel à la conversion. Mais si nous l’entendons aujourd’hui à la messe, c’est qu’il nous est destiné, à nous, les disciples de Jésus. Et la leçon est la suivante : ne soyez pas des obstacles entre le cœur des païens et le cœur de Dieu, sinon vous serez désavoués. Au contraire, à l’imitation de l’amour de Dieu, soyez généreux envers le pauvre qui espère votre secours. Ainsi serez-vous vraiment fils Dieu.

 

 

15 août 2020 - CHARCENNE - ND de LEFFOND - Procession mariale

 

PROCESSION NOTRE-DAME DE LEFFOND 2020

 

Départ : à la croix de la route d’Avrigney

Vierge sainte, Dieu t'a choisie

depuis toute éternité,

Pour nous donner son Fils bien aimé,

Pleine de grâce, nous t'acclamons.

 

AVE, AVE, AVE MARIA !

 

Par ta foi et par ton amour,

ô servante du Seigneur,

Tu participes à l'œuvre de Dieu,

Pleine de grâce, nous te louons.

 

Introduction à la procession

Chers frères et sœurs,

C’est avec une grande joie que nous nous retrouvons pour la procession à Notre-Dame de Leffond. Depuis plus de 800 ans, la Vierge bénie veille sur Charcenne et ses habitants, et sur tous les habitants des pays alentours. C’est pourquoi, à la suite de nos anciens et avec une grande fidélité, nous aimons venir ici la prier et la remercier sans cesse.

Cette année est très particulière. Le minuscule virus du Covid a provoqué dans le monde entier un immense désastre. Un désastre pour les hommes eux-mêmes d’abord, mais aussi pour leur économie et leur société. Et pour les chrétiens, une épreuve pour leur foi, leur espérance, et leur charité. Ce virus est un accélérateur et un amplificateur de toutes nos faiblesses, mais aussi de tout ce que nous portons de meilleur en nous.

C’est pourquoi, conformément à notre vocation de baptisés, qui est de porter dans notre prière les soucis du monde, durant cette procession nous allons méditer les mystères douloureux. Mais nous n’oublierons pas que la Passion de Jésus est le chemin qui conduit à la joie de sa Résurrection, et que dans la croix de Jésus, nous ne voyons pas un signe de mort, mais un signe de victoire sur la mort.

Nous parcourrons cette méditation avec la sainte Vierge Marie, qui n’a jamais cessé d’être avec Jésus. Jusqu’au bout. La Sainte Vierge Marie est toujours avec nous, y compris dans nos plus grandes souffrances. Et c’est là que, par la volonté de Jésus, elle est devenue notre mère, pour toujours.

-          Signe de croix.

-          Credo

-          Notre-Père + 3 Je vous salue Marie + Gloria


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1er Mystère : L’Agonie

« Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse ! » (Lc 22,42)

La première épreuve douloureuse à laquelle nous a conduit le virus est la solitude. Soit parce qu’on s’est retrouvé coupé des autres pendant le confinement. Soit parce qu’on a eu peur pour soi, ou pour ceux qu’on aime. Soit parce que, par esprit de responsabilité, nous ne voulions pas être malgré nous des transmetteurs du virus. Alors nous nous sommes retrouvés seuls. Seuls devant l’éventualité de la mort. Comme Jésus à Gethsémani. Or Jésus a surmonté cette solitude en faisant un acte de foi envers son Père.

La Sainte Vierge Marie, elle aussi, a vécu un grand moment de solitude. C’était lors de l’Annonciation, quand l’ange Gabriel est venu lui rendre visite. Et Marie, solitaire et libre, lui a répondu avec assurance : « Voici la servante du Seigneur. Qu’il me soit fait selon ta parole. » Peut-être que Jésus s’est souvenu de cette parole de sa Mère, lorsqu’il était à Gethsémani.

-          Prions pour tous ceux qui sont confrontés à la solitude, et qui en souffrent. Que le Seigneur leur donne la force intérieure de la Vierge Marie à l’Annonciation, et de Jésus à Gethsémani, pour se remettre avec confiance entre ses mains.

-          Prions pour les membres de nos familles, les amis, les soignants, les voisins, qui par tous les moyens ont cherché et cherchent toujours à briser les murs de solitude. Que le Seigneur nous inspire à tous la bonne parole et le bon geste, pour aider notre prochain dans le besoin.

         Notre-Père + 10 Je vous salue Marie + Gloria (en marchant)


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1ère étape : À mi-chemin sur le chemin du Charcennay

La première en chemin, Marie tu nous entraînes

À risquer notre "oui" aux imprévus de Dieu.

Et voici qu'est semée en l'argile incertaine

De notre humanité, Jésus-Christ, Fils de Dieu.

Marche avec nous, Marie, Sur nos chemins de foi,

Ils sont chemin vers Dieu (bis). 

 

2ème Mystère : La Flagellation

« Quant à Jésus, Pilate le livra à leur bon plaisir » (Lc 23,25)

La seconde épreuve douloureuse à laquelle le virus a conduit beaucoup de personnes a été la violence. Il y a eu bien sûr la maladie, dont plusieurs sont morts et d’autres conservent des séquelles. Mais il y a eu aussi la violence verbale ou physique – ou les deux – dans certains couples ou certaines familles. Jésus a souffert de cette violence de la part des hommes, qu’il était pourtant venu sauver, par amour.

La sainte Vierge Marie a également souffert dans son corps. La première fois lorsqu’elle a donné la vie à Jésus, comme toutes les mères de ce monde. Et la seconde fois, lorsqu’elle était au pied de la croix : un glaive lui a transpercé le cœur. C’est un langage imagé, bien sûr, mais qui exprime certainement le choc réel qui fut le sien. Cependant Marie, comme beaucoup de femmes, savait que dans sa souffrance, elle enfantait à nouveau une vie nouvelle. Ce n’est pas pour rien qu’elle est devenue là, la mère de tous les chrétiens.

-       Prions pour les familles qui ont connu ou qui connaissent la violence. Pour les femmes, les hommes et les enfants qui en sont meurtris. Que le Seigneur, qui a connu la souffrance, leur donne sa force. Et que la Vierge Marie, elle qui est douce mère, leur procure le réconfort.

-          Prions pour ceux qui luttent contre toutes les formes de violence entre les hommes. Pour les artisans de justice et de paix. Que l’Esprit du Seigneur les inspire et leur donne d’ouvrir à tous des chemins de pardon et de vie.

        Notre-Père + 10 Je vous salue Marie + Gloria (en marchant)


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2ème étape : au premier coin du clos de l’ermitage.

La première en chemin, joyeuse tu t'élances,

Prophète de Celui qui a pris corps en toi.

La parole a surgi, tu es sa résonance

Et tu franchis des monts pour en porter la voix.

Marche avec nous, Marie, Aux chemins de l'annonce,

Ils sont chemin vers Dieu (bis).

 

3ème Mystère : La Couronne d’épines

« Puis, quand ils se furent moqués de lui, ils lui ôtèrent la pourpre et lui remirent ses vêtements » (Mc 15,20)

La troisième épreuve douloureuse à laquelle nous sommes confrontés correspond à une humiliation, à un abaissement de notre dignité humaine. Le Christ a été dépouillé de ses vêtements et moqué, mais nous, nous sommes bâillonnés avec un masque. Impossible de s’embrasser, de laisser paraître nos sourires et nos émotions. Pour Jésus comme pour nous, l’effet est le même : nous devenons des étrangers les uns pour les autres et notre humanité, notre dignité humaine, est rabaissée.

Un jour la Sainte Vierge Marie a pu se sentir humiliée publiquement. Et comble du comble, par son propre Fils Jésus, lorsque l’on est venu lui annoncer que « Ta mère et tes frères sont là, dehors, qui cherchent à te parler », et que Jésus leur a répondu sèchement : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ?»

Mais Jésus a donné juste après le remède à toutes les humiliations et glorifié sa mère : « Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère ». Nous apprenons ici que c’est quand l’homme fait la volonté de Dieu qu’il trouve sa vraie dignité, et nous savons bien que la Sainte Vierge Marie a toujours fait la volonté du Seigneur.

-          - Prions pour toutes les personnes dont la dignité humaine est bafouée ou qui se sentent humiliés de toutes sortes de façons. Prions aussi pour ceux qui abîment la dignité de leur prochain, parfois même sans savoir ce qu’ils font, afin que leurs yeux s’ouvrent.

-          - Prions pour ceux qui ne connaissent pas la puissance de la Parole de Dieu, celle qui permet de surmonter toutes les humiliations et de se tenir debout dans la dignité. Parce qu’elle est une parole de vie. Seigneur donne-nous la grâce de ne jamais manquer de ta Parole et de ton Esprit.

-        Notre-Père + 10 Je vous salue Marie + Gloria (en marchant)


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3ème étape : À l’Entrée de l’esplanade de l’ermitage

La première en chemin, pour suivre au Golgotha

Le fils de ton amour que tous ont condamné,

Tu te tiens là, debout, au plus près de la Croix

Pour recueillir la vie de son cœur transpercé.

Marche avec nous, Marie, Sur nos chemins de croix,

Ils sont chemin vers Dieu (bis).


4ème Mystère : Le Portement de Croix

« Une grande masse du peuple le suivait, ainsi que les femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui » (Lc 23,27)

Lorsque Jésus a traversé Jérusalem, il a aussi traversé une foule soit hostile, soit désespérée par ce qui lui arrivait. En tous cas une foule profondément divisée à son sujet. Voilà une nouvelle épreuve que nous fait aussi vivre le virus : la division dans la société. Il y a ceux qui sont pour l’application stricte des gestes barrières, d’autres qui s’en moquent. Ceux qui sont pour le contrôle des frontières et ceux qui s’y opposent. Il y a les pro-Raoult et les anti-Raoult. Il y a les optimistes et les pessimistes. Et au milieu de toutes les opinions, chacun d’entre-nous essaye de tracer son chemin.

La Sainte Vierge Marie a été confrontée à une situation délicate, dans laquelle il fallait agir rapidement pour éviter le scandale et la division. C’était à Cana, quand, au cours du mariage, il n’y avait plus de vin. La fête risquait de tourner au vinaigre. La réponse de Marie a été de tourner le regard des organisateurs vers Jésus, en leur disant : « Faites tout ce qu’il vous dira. » Quand nous ne savons plus que faire et que nous risquons de nous diviser, Marie nous demande de nous tourner vers Jésus et de mettre sa parole en pratique.

-          Prions pour les personnes qui soit se sont radicalisées dans leurs opinions, ou au contraire se sentent perdues dans la multiplicité des opinions. Prions pour ceux qui, dans la masse des informations et des prescriptions parfois contradictoires, doivent définir le bien commun : les élus, le personnel soignant, les responsables d’entreprises ou d’institutions.

-          Prions pour que dans les communautés que nous formons, l’esprit de concorde soit plus fort que celui de la division. Prions pour que ceux qui sont en charge des décisions et de l’information agissent avec rectitude et responsabilité, non pour diviser mais pour unir dans la vérité. Que l’Esprit de Sagesse du Seigneur leur vienne en aide.

          Notre-Père + 10 Je vous salue Marie + Gloria (en marchant)


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4ème étape : Devant l’entrée de la chapelle

La première en chemin avec l'Église en marche

Dès les commencements, tu appelles l’Esprit !

En ce monde aujourd'hui, assure notre marche ;

Que grandisse le corps de ton fils Jésus-Christ

Marche avec nous, Marie, Aux chemins de ce monde,

Ils sont chemin vers Dieu (bis).


5ème Mystère : Le Crucifiement et la mort de Jésus

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15,34).

Parmi les épreuves que nous avons rencontrées se trouve celle de l’absence ou du silence de Dieu. Nous n’avons pas pu célébrer Pâques en communauté. Nous n’avons pas pu communier pendant de longues semaines. Nous n’avons pas pu célébrer les baptêmes, les confirmations, les mariages et même parfois, les enterrements. Parfois il nous semble que les prises de paroles des ecclésiastiques ont été pauvres voire inexistantes, et que le troupeau du Seigneur s’est rapidement retrouvé dispersé. Le cri de Jésus en croix a été le nôtre : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?».

La Sainte Vierge Marie a-t-elle douté un jour de la présence de Dieu ? Elle a eu peur, quand Jésus adolescent s’est échappé de la caravane pour revenir au milieu des docteurs à Jérusalem : où était-il donc passé ? « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des affaires de mon Père ? », a-t-il répondu à ses parents. Peut-être la Sainte Vierge Marie s’est-elle souvenue de cette parole lorsqu’elle s’est trouvée au pied de la Croix, en entendant le cri de Jésus ? Car elle est restée debout, comme si elle savait intérieurement que Jésus ne partait pas vraiment : parce qu’il était aux affaires de son Père.

La pandémie est une épreuve pour notre foi, qui nous appelle à retrouver l’essentiel : nous tourner vers le Seigneur et avoir foi en lui.

  • Prions pour le pape, les évêques et les prêtres, pour qu’ils entretiennent ou rétablissent pour eux-mêmes un lien d’amour vivant avec Jésus. Afin qu’ils sachent guider le peuple de Dieu en ces temps incertains et que les brebis ne se sentent pas abandonnées.
  •  Prions pour tous les chrétiens, afin qu’ils comprennent qu’en vertu de leur baptême, ils sont en communion constante avec Jésus et qu’il leur est demandé de prier – à l’exemple de la Sainte Vierge Marie et par son intercession – pour ceux qui ne savent pas ou qui ne savent plus prier. Prions pour que chaque baptisé comprenne qu’il est une étoile d’espérance dans la nuit, le signe de la présence fidèle du Seigneur, quoi qu’il arrive.

          Notre-Père + 10 Je vous salue Marie + Gloria (en entrant dans la chapelle)


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5ème étape : Dans la chapelle

UNE FEMME DONT ON A RIEN DIT

1.     Une femme dont on n’a rien dit, Si ce n’est qu’elle était fiancée

Et qu’un ange lui vint annoncer : « Te voilà entre toutes choisie »

Aujourd'hui la terre et le paradis

La proclament heureuse et bénie : Bienheureuse Vierge Marie !

2.     Une femme dont on n'a rien dit, Si ce n’est qu'elle avait accouché

D'un garçon au Pays de Judée ; des bergers en ont fait le récit 

4.     Une femme dont on n'a rien dit, Si ce n'est qu'elle était à Cana

Pour la noce où Jésus transforma L'eau en vin et l'on put croire en lui! 

5.     Une femme dont on n'a rien dit, si ce n'est sa Présence à la croix,

Quand son Fils étendait ses 2 bras pour mourir au milieu des bandits

6.     Une femme dont on n'a rien dit, Si ce n'est sa Prière avec ceux

Que brûlèrent les langues de feu, baptisés du baptême en Esprit

 

Lecture de l’Évangile de l’Assomption


Temps de silence


Intercessions

Dieu notre Père, il nous est bon de te louer,

toi qui as voulu que toutes les générations de croyants honorent la Mère de ton Fils,

particulièrement en ce lieu béni. R/


R/ Par Marie notre Mère, nous te prions Seigneur.

 

Dieu qui fait des merveilles,

tu as introduit la Vierge Marie dans la gloire de ton Fils :

Tourne vers le ciel le regard des croyants. R/

 

Par ta grâce, Seigneur,

Marie a été comblée de grâce et elle a exulté de joie :

Que ta grâce nous obtienne aussi la joie en abondance. R/

 

Dieu notre Père,

toi qui as entendu la prière de Marie adressée à ton fils,

lors du mariage à Cana,

Par son intercession,

veille sur nos familles et donne-leur de vivre unies. R/

 

À chacun de nous tu as donné Marie pour mère :

Par son intercession, guéris les malades,

console les affligés, pardonne aux pécheurs,

Accorde à tous le salut et la paix. R/

 

À la prière de Marie, viens en aide à ceux qui meurent :

Qu'ils vivent, avec le Christ, dans ton paradis. R/

 

Notre-Père


Oraison

Dieu éternel et tout-puissant, tu as fait monter jusqu'à la gloire du ciel, avec son âme et son corps, Marie, la Vierge immaculée, mère de ton Fils : fais que nous demeurions attentifs aux choses d'en haut pour obtenir de partager sa gloire.


Bénédiction


Prière à Notre-Dame de Leffond

Vierge sainte, Reine du ciel et de la terre,

Depuis si longtemps vénérée dans le sanctuaire de Leffond,

Nous venons vous présenter nos vœux et nos supplications,

Avec la douce confiance que vous daignerez nous écouter.

Faites descendre les bénédictions d’en haut

Sur nos familles, sur la France,

Sur notre Saint Père le Pape et sur toute l’Église.

Soyez notre joie, notre espérance, notre amour.

Laissez toujours fixé sur nous le regard de votre miséricorde ;

Assistez-nous principalement à notre dernière heure. Et sauvez-nous. Amen.

 

Salve Regina

Salve Regina mater misericordiae,

vita, dulcedo et spes nostra salve

Ad te clamamus, exsules filii Hevae

Ad te suspiramus gementes et flentes

in hac lacrimarum valle

Eia ergo advocata nostra, illos tuos

misericordes oculos ad nos converte

Et Jesum benedictum fructum ventris tui

nobis post hoc exsilium ostende

O clemens, o pia, o dulcis virgo Maria.

 

15 août 2020 - CHARCENNE - Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie - Année A

 

Ap 11,19a et 12,1-6a.10b ; Ps 44 ; 1Co 15,20-27a ; Lc 1,39-56

 Chers frères et sœurs,

L’image de la Sainte Vierge Marie que nous donne saint Jean dans l’Apocalypse est étonnante. Nous nous réjouissons de la voir d’abord glorifiée, mais nous avons du mal à comprendre ce qui lui arrive ensuite, et ce que cela signifie. Pour cela, il est absolument nécessaire de relire préalablement, dans notre Bible, le texte complet et le chapitre qui le précède.

Notre lecture commence par l’ouverture du Sanctuaire de Dieu, qui est dans le ciel, et qui laisse apparaître l’arche d’Alliance. Nous pouvons faire trois observations.

La première est que cette ouverture du Sanctuaire ne se fait pas par hasard. Il s’ouvre à la prière de louange des vingt-quatre anciens qui se trouvent devant le trône de Dieu, qui sont les vingt-quatre prophètes de l’Ancien Testament, en comptant parmi eux saint Jean-Baptiste. Ils rendent gloire à Dieu parce qu’il a décidé que l’heure de la Rédemption de l’humanité – l’heure de Jésus – était enfin venue.

La seconde observation concerne l’ouverture du Sanctuaire du Ciel. Il nous faut bien comprendre que le Temple de Jérusalem est une salle rectangulaire séparée en deux parties par un rideau : la première partie, où se tiennent habituellement les prêtres, avec le grand candélabre, l’encens et les offrandes de pain et – derrière le rideau – la seconde partie appelée « Saint des Saints », où se trouve l’Arche d’Alliance, qui contient les Tables de la Loi et sur laquelle repose la Présence de Dieu. Dans cette deuxième partie, seul le Grand prêtre peut rentrer une fois par an pour la prière du Grand Pardon.

Or le Temple représente la totalité de la réalité. La première partie représente notre monde, où se trouvent des hommes qui prient Dieu, et la seconde partie représente le Ciel, où se trouve Dieu. Le rideau qui sépare les deux parties depuis la chute d’Adam, c’est la mort. La mission de Jésus, c’est de venir du Ciel sur la Terre pour nous ramener au Ciel, à la maison, en nous faisant franchir victorieusement le rideau de la mort. Jésus est le seul vrai Grand prêtre qui franchit le rideau par sa mort et sa résurrection, et qui nous obtient le Grand pardon. Alors, le rideau étant ouvert, nous pouvons, à sa suite, revenir au Ciel.

Or, troisième observation, voici qu’à la prière des prophètes de l’Ancien Testament, voilà que ce rideau s’écarte et laisse apparaître l’Arche d’Alliance, dans laquelle se trouvent les Tables de la Loi et sur laquelle repose la Présence du Seigneur. Or, nous dit saint Jean, cette Arche, c’est la Sainte Vierge Marie, en laquelle se trouve Jésus, la Parole de Dieu, source et accomplissement de la Loi, et sur laquelle repose l’ombre de l’Esprit Saint.

Le texte ensuite, nous décrit la Sainte Vierge Marie donnant naissance à un enfant. Cet enfant c’est donc Jésus. C’est le Mystère de Noël. Le Dragon qui veut dévorer l’enfant, humainement c’est Hérode, mais c’est surtout le Satan qui veut absolument empêcher Jésus de réussir sa mission.

Le Dragon est fascinant : sur ses sept têtes se trouvent des diadèmes précieux. Ce sont les symboles de sa puissance. Le mal, de manière multiple, est puissant et attirant. Le dragon balaye le ciel et fait tomber le tiers des étoiles. Les étoiles sont les fils et les filles de Dieu. Chacun est libre de ses choix : être avec Jésus ou bien se soumettre, ou se livrer, aux puissances fascinantes du démon, et chuter.

Très vite saint Jean passe sur la vie de Jésus et même sur sa mort et sa résurrection. Il évoque seulement son Ascension au ciel : « L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son trône ». Parce que ce qu’il veut nous enseigner concerne plutôt ce qui se passe ensuite.

Ici le texte de notre lecture est coupé et, pour comprendre, il faut le lire en entier dans notre Bible. Nous lisons alors que, pendant que la Femme – la Sainte Vierge Marie – s’enfuit au désert, le lieu où se réfugient habituellement les gens qui sont persécutés, il y a un immense combat dans le Ciel entre Saint Michel et le Dragon. Entre les anges et les démons. Mais le Satan est vaincu, c’est-à-dire que, dans son Ascension au Ciel, accompagné de tous les anges, Jésus a vaincu non seulement le péché et la mort, mais surtout leur racine : le Diable et ses démons. Et c’est pourquoi, Jésus ayant rempli entièrement sa mission, on entend dans le ciel une voix forte qui proclame : « Maintenant, voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ». Ce moment, c’est celui de la Pentecôte : le Démon est vaincu et l’Esprit Saint est répandu sur le monde. Le Grand pardon est accordé à Adam et à sa descendance, à toute l’humanité, à nous tous.

Que devient la Sainte Vierge Marie ? Il faut continuer notre lecture dans la Bible. Le Dragon et ses démons, comme Adam autrefois, sont jetés hors du Ciel et chutent à leur tour sur la terre. Alors ils se lancent à la poursuite de la Femme. Saint Jean dit qu’elle est protégée par les ailes d’un grand aigle, c’est-à-dire par lui, comme Jésus le lui a demandé sur la croix. Et faute d’avoir pu la rattraper, notamment par ses puissances de mort, le Dragon et ses démons finissent par se retourner contre le reste des enfants de la Femme, c’est-à-dire nous : « ceux qui obéissent aux ordres de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus ».

Voilà donc ce qui se trouve dans notre lecture de l’Apocalypse de Saint-Jean. Retenons que Marie est l’Arche d’Alliance qui contient la Parole de Dieu et sur qui repose l’Esprit du Seigneur. Retenons aussi que quand le Diable renonce à s’attaquer à elle, il se reporte sur nous. Mais qu’avons-nous à craindre ? Il a été vaincu par Saint Michel et ses anges, et jamais il n’a pu porter atteinte à la Vierge Marie. Si nous nous cachons dans le manteau de notre Reine du Ciel, nous ne craignons rien.

dimanche 9 août 2020

08-09 août 2020 - MALANS - VALAY - 19ème dimanche TO - Année A

1R 19,9a.11-13a ; Ps 84 ; Rm 9,1-5 ; Mt 14,22-33

Chers frères et sœurs,

Je voudrais, aujourd’hui, aborder deux points importants. Le premier concerne l’Ancien Testament et les Juifs, ce qu’ils doivent représenter pour nous, les chrétiens. Le second point concerne la signification de l’Évangile de ce jour.

Concernant le premier point. La plus grande hérésie dans l’Église est celle de Marcion. Cet homme, riche armateur du Ier siècle, répandait partout l’enseignement faux qu’il y avait une séparation entre l’Ancien et le Nouveau Testament, que le Dieu de l’Ancien Testament, celui de Moïse et des Juifs, était mauvais, tandis que le Dieu du nouveau Testament, celui de Jésus et des chrétiens était bon. Le premier était le dur Dieu de la Loi, et le second le Dieu miséricordieux des Béatitudes. Or c’est faux : le Dieu de l’Ancien Testament est le même que celui du Nouveau. Nous le voyons par exemple dans les deux lectures que nous avons entendues.

La première relate la rencontre entre le prophète Elie et le Seigneur, sur la Montagne. Justement, cette semaine, nous avons célébré la fête de la Transfiguration où Jésus apparaît à Pierre, Jacques et Jean, sur la Montagne, avec Moïse et Elie, dans la gloire. Cela veut dire que l’expérience de Dieu qu’ont eue Moïse et Elie est la même que celle dont ont bénéficié Pierre, Jacques et Jean. Or il s’agissait d’une anticipation de la Résurrection. Ainsi, Moïse et Elie, sans le comprendre en leur temps, avaient déjà eu l’expérience de cette gloire. Et c’est pourquoi ils en étaient prophètes.

La seconde lecture est un extrait de la lettre de Saint Paul aux Romains. Saint Paul y rappelle très clairement que les Juifs – qui vivent toujours de l’Ancien Testament – ont été adoptés par Dieu ; ils ont été glorifiés par lui ; Dieu a fait plusieurs alliances avec eux ; il leur a donné la Loi et le culte du Seigneur ; il leur a fait des promesses ; les Patriarches, Abraham, Isaac, Jacob, le roi David, c’est-à-dire les ancêtres de Jésus et Jésus lui-même sont bénis. Et ces dons, et ces bénédictions, non seulement le Seigneur qui est fidèle ne les leur a pas retirés, mais il les conduira à leur accomplissement, lorsque Jésus reviendra pour eux et pour nous en même temps. C’est dire que les Juifs d’hier et d’aujourd’hui n’ont pas à être condamnés, car nous adorons le même Seigneur. Mais nous pouvons prier pour qu’ensemble nous accueillions bientôt le Messie Sauveur, dans la même union et la même gloire, comme Moïse et Elie, Pierre, Jacques et Jean, sur la Montagne.

Une chose est certaine : plus nous nous laissons aller aux idées de Marcion, plus nous nous éloignons du Seigneur et de son Évangile. Au contraire, plus nous faisons résonner le Nouveau Testament avec l’Ancien, comme deux cordes vocales pour produire un même son, plus nous pouvons comprendre intérieurement l’un et l’autre Testament, et entrer dans la même communion qui a illuminée Moïse et Elie, Pierre, Jacques et Jean, sur la Montagne. Pour notre plus grand bonheur.

Maintenant un mot sur l’évangile de ce jour.

Jésus a donc nourri la foule en multipliant les pains. Il est parti prier seul dans la montagne, après avoir envoyé ses disciples prendre une barque. Or voilà qu’il y a une tempête et, tandis que les disciples ont peur, ils voient Jésus venir vers eux. Il s’ensuit une discussion avec Pierre et, finalement, Jésus étant monté dans la barque, un grand calme se fait.

Nous avons là une répétition générale de la Passion et de la Résurrection de Jésus. Quand Jésus célèbre la Cène, le Jeudi Saint, c’est comme la multiplication de pains. Ensuite c’est la Passion et la mort de Jésus. Jésus et ses Apôtres sont séparés. Le premier est seul sur la montagne, comme il sera seul sur la croix. Les autres sont ensemble, transis de peur, comme ils auront peur au Cénacle. Car ils sont perdus : c’est la tempête. Or, à leur grande surprise, ils voient Jésus marcher sur les eaux, comme s’il marchait sur la mort. C’est impossible. Ils s’écrient : « C’est un fantôme ! » Ils feront exactement la même observation lorsqu’ils reverront Jésus ressuscité. Pour leur prouver qu’il a bien un corps, Jésus mangera alors du poisson devant eux. Jésus leur dit : « C’est moi, n’ayez plus peur », comme il dira au cénacle : « La paix soit avec vous ».

Comme d’habitude, Pierre veut faire le malin : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux ». Ici, Pierre anticipe déjà que ce qu’il dira plus tard à Jésus en lui jurant qu’il ne l’abandonnera jamais, qu’il le suivra jusqu’à la mort s’il le faut. Mais Jésus lui répondra qu’il le reniera trois fois. Ainsi, marchant sur les eaux de la mort, « voyant la force du vent, Pierre eut peur, et comme il commençait à s’enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! » ». Oui, Saint Pierre a eu peur sur le lac comme dans la maison de Caïphe, et quand le coq a chanté, il a pleuré amèrement. C’est pourquoi Jésus le relève, le sauve des eaux, en lui disant : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Jésus monte dans la barque et les eaux se calment, de la même manière que Jésus ressuscité rompt le pain et donne l’Esprit Saint à ses disciples : il est toujours dans son Église et les forces de la mort ne prévaudront jamais sur elle.


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