Is 22,19-23 ; Ps
137 ; Rm 11,33-36 ; Mt 16,13-20
Chers
frères et sœurs,
Le
gros problème, avec Jésus, est toujours – et encore aujourd’hui – de savoir qui
il est vraiment. Aujourd’hui comme hier, lorsque l’on pose la question à des
gens dans la rue, on aura toutes sortes de réponses : « il est
Dieu », ou bien « il est un homme élu de Dieu », ou bien
« il est un prophète », ou bien « il est un maître de sagesse
religieuse », ou encore « c’est un rabbin dont l’enseignement s’est
universellement répandu »... D’autres pensent qu’il n’a même pas existé !
On aura exactement le même problème si on pose aux gens la question de sa
résurrection : « Il est vraiment ressuscité, dans sa chair », ou
bien « Son esprit s’est ranimé », ou bien « C’est l’esprit des
disciples qui a compris qu’il était ressuscité », ou encore « c’est
un mythe religieux créé par les Apôtres ».
Il
n’est pas plus facile aux disciples qu’à nous-mêmes de savoir identifier qui
est Jésus et Jésus ressuscité.
Dans
l’évangile d’aujourd’hui, Jésus interroge directement ses disciples. La
question est remarquable, parce que la réponse est dedans : « Au
dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » Comprenons bien la
question. Jésus dit : « Qui suis-je pour les gens, moi qui suis le
Messie, le Fils de Dieu ? »
Les
réponses, comme on l’a vu, sont assez vagues. Jésus a beau se manifester dans
la chair ou ressuscité, les réactions humaines sont d’abord marquées par
l’incrédulité et la recherche de solutions raisonnables. Évidemment, c’est
l’échec : Jésus n’est pas correctement identifié.
Jésus
repose alors la question aux disciples : « Et vous, que
dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Notez bien qu’il y a
encore ici la réponse dans la question : « Pour vous, qui Je
suis ? » - « Je suis » est le Nom de Dieu, le
Dieu qui se révèle à Moïse au Sinaï. On sent les disciples plutôt embarrassés
et heureusement Pierre prend la Parole pour donner la solution attendue :
« Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »
Ainsi
donc, le « Fils de l’homme » et « Je suis »
sont équivalent à « Christ » et « Fils du Dieu
vivant ». Telle est l’identité de Jésus : Jésus est Dieu fait
homme, Fils de Dieu venu parmi les hommes pour les sauver et les réconcilier
avec son Père. Il est le Messie, le sauveur.
Souvenons-nous
toujours de la manière dont Jésus a conduit Pierre à confesser son identité,
c’est la manière dont Dieu se révèle aux hommes, à chacun de nous.
D’abord
Dieu interroge l’homme tout en lui donnant la solution ; ensuite l’homme –
qui n’a pas compris – cherche des solutions à sa portée. Mais il se trompe.
Dieu renouvelle son interrogation, tout en donnant encore la solution. C’est
alors que l’homme – aidé par la grâce de l’Esprit Saint – arrive à donner la
bonne réponse.
Il
faut toujours que Dieu s’y reprenne à deux fois pour nous appeler. Et nous,
nous ne pouvons vraiment comprendre et répondre correctement qu’avec l’aide de
l’Esprit Saint. C’est pourquoi, il faut du temps pour discerner un appel de
Dieu et il faut s’assurer que notre intelligence est ouverte par l’Esprit du
Seigneur. Saint Irénée parlait d’une accoutumance nécessaire entre l’homme et
Dieu. Et c’est toujours vrai.
Regardez
par exemple les disciples d’Emmaüs : ils parlaient avec Jésus sans le
voir, et c’est uniquement dans un second temps, quand ils sont à l’auberge,
qu’ils le reconnaissent et décident alors de remonter à Jérusalem annoncer aux
disciples qu’il est ressuscité.
C’est
en effet au second temps, que le Seigneur donne sa vocation, son identité, sa
mission à celui qui vient de confesser son Nom. Pour savoir qui nous sommes et
ce que nous avons à faire ici-bas, il faut d’abord confesser le Nom de Dieu.
Il
en va ainsi pour Pierre : il dit qui est Jésus, et Jésus l’appelle « Pierre »
et lui donne sa vocation de détenir les clés du Royaume des Cieux, c’est-à-dire
de gouverner comme un indentant fidèle son Église.
Demandons
au Seigneur de nous parler, de renouveler ses paroles tant que nous n’avons pas
compris, et de nous donner finalement la grâce de le comprendre. Alors, mettant
en pratique ce qui nous vient du Seigneur, nous porterons de bons fruits pour
le Royaume des cieux.