lundi 27 septembre 2021

25-26 septembre 2021 - COURTESOULT - COURCUIRE - 26ème dimanche TO - Année B

 Nb 11,25-29 ; Ps 18b ; Jc 5,1-6 ; Mc 9,38-43.45.47-48
 
Chers frères et sœurs,
 
Jésus a enseigné aux foules ; il a fait des guérisons et des miracles au profit de tous, sans distinction. Maintenant, il se trouve en compagnie de ses plus proches disciples. Il leur donne un enseignement particulier. Ainsi donc, dans l’Évangile, nous trouvons des enseignements de Jésus destiné à tous, et d’autres qui sont destinés plus particulièrement à nous, qui sommes les disciples de Jésus. Ici saint Marc rapporte quelques enseignements mis bout à bout, comme les perles d’un collier.
 
Le premier concerne ceux qui font usage du Nom de Jésus pour faire le bien, quand bien même ils n’appartiendraient pas au groupe officiel des disciples. Jésus ne souhaite pas qu’on les en empêche. Ce faisant, il agit comme Moïse, qui se félicitait de voir Eldad et Medad prophétiser dans le camp, alors que Josué s’en était offusqué.
Comprenons que l’Esprit Saint est répandu dans le monde et que nous n’en sommes pas les seuls dépositaires. Cependant l’Esprit Saint ne sait pas faire autre chose que de construire le Corps du Christ. Il ne peut pas y avoir d’opposition entre l’Esprit et le Christ, entre l’Esprit et l’Église qui est le Corps du Christ. Ainsi donc, quiconque est vraiment porté par l’Esprit du Christ finit toujours par habiter le Christ. Nous n’avons donc rien à craindre, mais au contraire tout à y gagner. Pensons-y lorsque nous rencontrons des baptisés d’autres églises et confessions chrétiennes, orthodoxes et protestants : si l’Esprit Saint travaille en eux, il doit les conduire à l’union avec nous, et nous avec eux.
 
Jésus va un peu plus loin quand il enseigne que même un païen qui donnerait à boire à un disciple de Jésus, parce qu’il est un disciple de Jésus, ce païen recevrait une récompense. Cela veut dire que tous ceux qui aiment Jésus d’une manière ou d’une autre, ou tout du moins le respectent, même à travers la personne de ses disciples, seront béni par lui et recevront une récompense. Nous devons prier et rendre grâce à Dieu pour eux.
Inversement, ceux qui scandalisent les disciples de Jésus ou qui leur font du mal, vont au-devant de graves problèmes. Remarquez que, pour parler de ses disciples, Jésus emploie l’expression « ces petits qui croient en moi ». Elle est importante : les « petits » dont parle Jésus, sont ceux qui sont « humbles de cœur », comme dans les Béatitudes. Jésus conçoit ses disciples – nous conçoit – comme des brebis fragiles, des agneaux. On pourrait ajouter comme des enfants, des cœurs purs, ou des innocents. Il est donc très facile de faire violence à un disciple de Jésus, et à travers ce disciple à Jésus lui-même. Mais malheur à celui qui s’y risque. C’est pourquoi Jésus nous demande de prier pour nos ennemis, car ils ne savent pas ce qu’ils font.
 
Mais Jésus va plus loin : il avertit qu’un disciple de Jésus peut lui-même être facilement entraîné à faire du mal. Il n’est pas protégé par sa qualité de disciple. En fait c’est même pire encore, puisque Jésus évoque pour lui la punition de la Géhenne, où le « ver ne meurt pas et le feu ne s’éteint pas ».
Jésus évoque alors les tentations qui viennent par la main, puis par le pied et enfin par les yeux. On peut ici comprendre d’abord les actes, puis le désir, et enfin l’attrait. Ces tentations sont comme des poupées russes, qui sont emboîtées les unes dans les autres : je vois une tablette de chocolat, qui bientôt me fait envie. Et de l’envie, je passe à l’acte de la manger tout entière !  En fait, c’est très exactement le principe de la publicité : On vous montre une voiture à la télé. Vous avez envie de l’acheter. Et finalement vous l’achetez.
Évidemment, on n’ira pas dans la Géhenne parce qu’on a acheté une voiture ou mangé une plaquette de chocolat, mais nos tentations, nos jalousies, nos fragilités, peuvent nous conduire à poser des actes qui ne sont pas bons, ni pour les autres, ni pour nous-même. Et cela, nous le savons très bien.
Jésus propose de se retirer les yeux, les pieds ou les mains... Bien sûr, il est provocateur ! Il nous dit seulement de faire attention et de retirer de notre environnement ce qui pourrait nous entraîner sur une mauvaise pente. Sainte Thérèse de Lisieux faisait cela : lorsqu’elle sentait qu’elle allait se fâcher avec une sœur, elle s’enfuyait aussitôt en courant ! Mieux vaut parfois rompre le combat plutôt que de s’y engager et de le perdre !
 
Jésus nous enseigne donc à être bienveillant envers ceux qui nous entourent, surtout quand ils nous font du bien par amour ou par respect pour Jésus, et à prendre garde à nous-mêmes, peut-être pour être simplement à la hauteur de ces braves gens qui sont parfois meilleurs que nous.
Jésus est exigeant avec nous, et même très exigeant : il nous veut aussi saints que lui. Comme cet idéal nous est inaccessible, Jésus a donné sa vie et son Esprit Saint pour nous le rendre accessible. En définitive, Jésus est d’autant plus exigeant avec nous, qu’il nous a aimé et nous aime toujours.

mardi 21 septembre 2021

18-19 septembre 2021 - GY - BROYE-lès-PESMES - 25ème dimanche TO - Année B

Sg 2,12.17-20 ; Ps 53(54), 3-4, 5, 6.8 ; Jc 3,16-4,3 ; Mc 9,30-37
 
Chers frères et sœurs,
 
Depuis que Jean-Baptiste a été assassiné, les gens veulent faire de Jésus, qui est un descendant du roi David, le prochain roi d’Israël. Jésus essaye de leur expliquer qu’il n’est pas un roi de la terre, du monde présent, mais le roi du ciel.
Cette explication était déjà difficile à entendre, et beaucoup de gens sont déçus, mais en plus Jésus explique à ses disciples qu’il sera bientôt dénoncé, jugé, mis à mort, et que le troisième jour, il ressuscitera. Là, cela devient très compliqué, parce que chez les juifs à l’époque beaucoup ne croyaient pas à la résurrection, et surtout, personne ne savait ce que c’était vraiment que cette résurrection.
Manifestement les disciples ont compris qu’après un temps d’épreuve Jésus va mourir et qu’il reviendra ensuite avec puissance, dans sa gloire, pour établir son royaume. Ils se demandent alors quelle bonne place ils pourront avoir dans ce royaume : quelle sera la hiérarchie entre eux, mais aussi par rapport aux anciens prophètes, à Jean-Baptiste ? Qui sera le plus grand ? Ils cherchent déjà à se répartir les postes de ministre, les honneurs et les avantages qui vont avec. Ils vont même jusqu’à se disputer entre-eux à cause de cela.
 
C’est alors que Jésus les interroge : « De quoi discutiez-vous en chemin… ? » Évidemment, ils sont comme des gamins, pris la main dans le sac en train de faire des bêtises, et ils ne répondent rien ! Mais Jésus sait très bien pourquoi ils se disputaient et il répond directement à leur question : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Le Royaume de Jésus n’est pas comme un royaume sur terre : ce n’est pas par la force et la puissance qu’on est le plus grand, c’est par l’humilité et le service.
Beaucoup n’acceptent pas ce type de réponse : ils trouvent que c’est déshonorant et indigne d’un homme. D’autres pensent que Jésus est bon pour donner des leçons de morale mais les applique-t-il lui-même ? La réponse est oui : Jésus, lui qui est Dieu, lave les pieds de ses disciples au soir de sa Pâque. Jésus se laisse arrêter, juger, fouetter et mettre à mort alors qu’il est innocent. Jésus ne nous demande rien qu’il n’ait déjà fait lui-même avant. Ainsi donc, celui qui par humilité se fait le dernier d’entre les hommes sur la terre, et le serviteur de tous, deviendra le premier dans les cieux, dans la gloire de la résurrection.
 
Pour être sûr que les disciples ont bien compris, Jésus prend un exemple concret : il choisit un enfant, le met au milieu d’eux et le bénit en l’embrassant. Il fait exactement la même chose que le maître du banquet qui va chercher l’invité qui s’était discrètement assis à la dernière place, pour le mettre à la première. En plaçant ce petit enfant au milieu des disciples et en l’embrassant, Jésus montre qu’il l’élève même au-dessus d’eux ! Qu’a donc fait cet enfant pour être élevé à ce point auprès de Jésus, au-dessus des Apôtres ? Rien. Absolument rien. C’est le choix de Dieu, la grâce de Dieu. Il a été choisi parce qu’il a le cœur pur, que seul Dieu peut voir.
À la différence des hommes qui peuvent ambitionner d’être humbles, cet enfant, dans sa simplicité, lui, l’est réellement, sans même le savoir. On a la même différence entre le gros homme riche qui se félicite de donner beaucoup d’argent au trésor du Temple et la pauvre petit vieille qui y dépose ses trois sous, dont Jésus fait la louange. La plus grande dans le Royaume, c’est bien elle, mais elle ne le sait pas. Dieu seul le sait. Pour l’instant, elle est la plus petite sur la terre.
Cependant Jésus ne demande pas seulement à ses disciples d’être humbles comme cet enfant ou cette petite vieille, il leur demande des les accueillir en son nom. Jésus veut que ses disciples se fassent les serviteurs de ceux qui sont humbles de cœur. C’est ainsi qu’ils apprendront la vraie humilité et qu’ils ressembleront le plus à Dieu, lui qui « renverse les puissants de leurs trône » et qui « élève les humbles ».
 
Finalement, Jésus nous enseigne le chemin de la perfection dans la charité, le chemin de la sainteté. D’abord, se faire généreusement le serviteur de tous. Puis demander à Dieu dans sa prière la grâce d’un cœur pur, qui ne fait pas semblant, pour pouvoir devenir plus particulièrement l’humble serviteur de ceux qui ont le cœur pur, l’humble serviteur des saints. Ainsi sont les amis de Dieu, serviteurs les uns des autres, dans l’amour. Au fond, parmi eux, il n’y a pas de plus grand.

mardi 14 septembre 2021

12 septembre 2021 - ANGIREY - 24ème dimanche TO - Année B

 Is 50,5-9a ; Ps 114 ; Jc 2,14-18 ; Mc 8,27-33
 
Chers frères et sœurs,
 
Cela fait maintenant plusieurs dimanches que les gens attendent de Jésus qu’il endosse le costume de Messie d’Israël, c’est-à-dire qu’il engage un combat politique pour la libération d’Israël. Mais Jésus s’épuise à vouloir leur faire comprendre que, oui il est le Messie sauveur d’Israël, mais non ce n’est pas pour une prise de pouvoir politique. Il n’est pas un Messie terrestre, un homme providentiel, il est le Messie de Dieu pour réconcilier les hommes pécheurs avec Dieu, pour les faire participer à sa gloire éternelle et bienheureuse, dans sa paix et sa lumière, dans le monde d’après.
 
Aujourd’hui, Jésus est seul avec ses disciples. Comme il sait qu’eux non plus n’ont rien compris, il remet le sujet sur la table. En posant ses deux questions : « Au dire des gens, qui suis-je ? » et « Et vous, pour vous, qui suis-je ? », il insiste lourdement sur le fait que les disciples ne devraient pas penser comme tout le monde. Si les gens placent Jésus au rang des prophètes, eux devraient clairement comprendre que Jésus est différent. 
D’ailleurs Jésus donne à chaque fois la bonne réponse dans ses questions. Ce n’est pas très beau en français mais c’est très clair en syriaque et en grec : « Au dire des gens, qui Je Suis ? » ; « Et vous, pour vous, qui Je Suis ? » Jésus dit « Je Suis », c’est-à-dire qu’il emploie le Nom de Dieu tel qu’Il s’est appelé lui-même au Mont Sinaï : « Je Suis qui Je Suis ». Donc, quand Jésus demande à ses disciples de dire qui il est pour eux, il leur dit en même temps qu’il est beaucoup plus qu’un prophète humain : il est Dieu lui-même.
Heureusement, il y en a un – saint Pierre – qui est inspiré par l’Esprit Saint à ce moment-là et qui lui répond : « Tu es le Messie ! » La réponse est un peu ambigüe, car Jésus pourrait ainsi n’être qu’un homme sanctifié par Dieu. Mais dans la conception religieuse de Jésus et des Apôtres, le Messie ne peut être que Fils de Dieu et donc Dieu lui-même. Justement, comme c’est ambigu pour beaucoup d’autres gens, Jésus impose à ses disciples de n’en parler à personne. Le moment n’est pas encore venu. Il le sera à la Pentecôte, après la résurrection de Jésus. Alors tout sera clair.
 
Pour le moment, la réponse de Pierre suffit à Jésus. Il leur annonce alors sa Passion, sa mort et sa résurrection. Il explique « qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup ». Nous ne le voyons pas en français, et c’est normal, mais l’emploi du verbe « souffrir » en syriaque est très particulier : il renvoie directement au Serviteur souffrant annoncé par le prophète Isaïe. C’est exactement la raison pour laquelle nous avons eu la description de ce serviteur souffrant en première lecture. Car Jésus va accomplir la prophétie d’Isaïe.
Évidemment c’est très perturbant pour les disciples, ce qui montre bien qu’ils n’ont pas encore compris qui est vraiment Jésus. Ils espèrent toujours un Messie qui va révolutionner le monde selon leurs conceptions humaines, quelque part entre une libération politique d’Israël et un monde « plus juste et plus fraternel ». Mais Jésus est le Messie divin qui offre sa propre vie pour que nous soyons réconciliés avec Dieu, pour que nous entrions et vivions éternellement dans sa communion. Jésus et ses disciples ne parlent pas de la même chose.
D’ailleurs, au moment où Jésus évoque sa Passion, sa mort et sa résurrection, saint Marc fait une curieuse observation : « Jésus disait cette parole ouvertement. » La traduction exacte serait plutôt : « Jésus disait la Parole ouvertement. » Quand les Apôtres et les disciples annonçaient, quand nous-mêmes nous annonçons, ce que nous appelons « la Parole », il s’agit très exactement de la Passion, la mort et la résurrection de Jésus. Et rien d’autre.
 
Saint Pierre réagit très négativement et se met à faire de « vifs reproches » à Jésus. De même celui-ci lui répond en « l’interpellant vivement ». Disons simplement les choses : Jésus et saint Pierre s’engueulent copieusement. Pourquoi ? D’abord parce qu’à chaque fois que le Bon Dieu se révèle, se met à parler et à agir, dès qu’il fait un miracle ou accorde une grâce, le Satan réagit aussitôt pour donner un bon coup de fourche. C’est automatique. Jésus vient d’annoncer qu’il est « Je Suis », qu’il est Dieu, et il vient de dévoiler sa Parole de vie, c’est-à-dire sa Passion, sa mort et sa résurrection pour nous. Ces annonces mettent le Satan en ébullition. Et saint Pierre, dont la foi est encore faible, ne se rend pas compte et tombe immédiatement dans le chaudron.
Jésus lui rappelle alors la phrase qu’il lui avait dite au tout début, et qu’il lui redira encore, après la résurrection : « Suis-moi » ; « Marche derrière moi ». Car il n’y a que par le chemin de Jésus, en suivant ses traces, en ayant foi en lui, en suivant sa Parole, qu’on peut accéder à la vie éternelle.
 
Chers frères et sœurs, aujourd’hui Jésus a décliné son identité et dévoilé ses intentions. Cela n’a pas plu du tout au Satan, et c’est normal : parce qu’avec Jésus, c’est la liberté, la vie et le bonheur éternel de tous les hommes qui est en jeu.

lundi 6 septembre 2021

05 septembre 2021 - AUTREY-lès-GRAY - 23ème dimanche TO - Année B

Is 33,4-7a ; Ps 145 ; Jc 2,1-5 ; Mc 7,31-37
 
Chers frères et sœurs,
 
Nous savons que Jésus, après la mort de saint Jean-Baptiste, était attendu par les gens comme prochain roi pour Israël. Mais Jésus s’est dérobé à cette attente. Car il n’est pas pour le monde présent, mais il est pour le Règne de Dieu. Justement l’épisode du sourd-muet, raconté par saint Marc, illustre parfaitement cet enseignement, avec une dimension supplémentaire.
À lire l’évangile au premier degré, comme pouvaient le comprendre la plupart des gens, Jésus apparaît ici comme un guérisseur. Ainsi les gens se précipitaient vers lui comme s’il était le service des urgences. Jésus s’y prête volontiers – non pas pour soulager toutes les misères présentes – mais surtout parce qu’à travers ses gestes se réalisent les anciennes prophéties qui annonçaient la venue du Messie de Dieu. On ne peut pas comprendre les paroles et les actes de Jésus sans se référer aux Écritures, c’est-à-dire à l’Ancien Testament.
Aujourd’hui s’accomplit donc la prophétie d’Isaïe, que nous avons entendue : « Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. » Puisque cette prophétie se réalise, c’est que l’heure de Dieu est venue pour transformer le monde et le rétablir en paradis. Et c’est pour cela que Jésus est venu, et non pas pour prendre le pouvoir sur la terre.
 
Il y a, dans cet évangile, deux choses qui peuvent nous étonner : la méthode que Jésus emploie pour guérir le sourd-muet, et le silence qu’il demande aux gens après avoir réalisé le miracle.
 
Concernant la méthode, il faut considérer d’abord que Jésus ici n’a pas affaire à un possédé mais à un sourd-muet de naissance. Il ne s’agit donc pas d’un exorcisme mais de la correction d’un défaut. En fait, Jésus complète, achève, la création de cet homme à qui il manquait l’ouïe et la parole. Jésus agit donc en Dieu créateur, avec son Père – quand il lève les yeux aux ciel – et avec l’Esprit-Saint, quand il soupire. Il dit alors « Ephatta », comme Dieu, au moment de la Genèse avait dit : « Que la lumière soit ! » ; « Et Dieu vit que cela était bon ».
Il est important de retenir ici que Jésus agit comme Dieu – il est Dieu – et il a la capacité de faire toutes choses nouvelles : il peut créer de l’ancien et du nouveau. Ainsi par exemple, la transformation du pain et du vin en son Corps et son Sang est également une action créatrice. De même sa résurrection est, à partir d’un homme ancien, la création d’un homme nouveau. De quel droit pourrions-nous interdire à Dieu de créer du nouveau, quand il le veut et comme il le veut ? Dieu est-il prisonnier de sa création et des lois qu’il a lui-même énoncées ? Certainement pas. Avec Dieu, l’univers est ouvert à toute nouveauté : « Voici, je fais toutes choses nouvelles – dit le Seigneur. »
 
On peut s’interroger également sur le fait que Jésus ordonne aux gens de ne rien dire à personne de la guérison du sourd-muet. Cela paraît complètement absurde : comment cacher que le sourd-muet peut maintenant entendre et parler, si ce n’est en lui demandant de faire semblant de ne rien écouter et de se taire ? Cela valait bien le coup de le guérir !
Le problème est toujours le même : les gens veulent faire de Jésus un homme politique providentiel, et maintenant aussi un super-médecin. Mais il est venu parmi nous pour être Roi du ciel et Sauveur de toute l’humanité en vue de sa réconciliation avec Dieu pour une vie éternelle et bienheureuse. Les gens ont les pieds sur la terre, mais Jésus a la tête au ciel. Les gens ne pensent pas au monde d’après, et de fait, on ne peut en prendre vraiment conscience qu’après la résurrection de Jésus et le don de son Esprit Saint. C’est pour cela que Jésus demandait à tous de se taire : pour pouvoir parler de lui de manière juste, il fallait attendre la Pentecôte.
 
Voilà chez frères et sœurs, ce que l’évangile de ce jour peut nous apprendre. Il nous enseigne que pour bien comprendre Jésus, il faut se souvenir des prophéties qui ont annoncé sa venue, et il faut se souvenir de son histoire parmi nous à la lumière de sa résurrection. Jésus nous invite à regarder plus haut et plus loin, et à lui accorder notre foi, pour qu’il nous conduise dès aujourd’hui au royaume de toute paix et toute joie, jusqu’à la bienheureuse et glorieuse communion.


mercredi 1 septembre 2021

28-29 août 2021 - MONTARLOT-lès-CHAMPLITTE - VAUCONCOURT - 22ème dimanche TO - Année B

Dt 4,1-2.6-8 ; Ps 14 ; Jc 1,17-18.21b-22.27 ; Mc 7,1-8.14-15.21-23
 
Chers frères et sœurs,
 
Concrètement, les pharisiens pratiquent les gestes barrières exactement pour les mêmes raisons que nous : empêcher les maladies de se propager en se protégeant soi-même. Il ne faut pas s’étonner que les disciples soient moins scrupuleux que les pharisiens et les judéens, car les premiers sont des hommes de Galilée, des hommes de la campagne, tandis que les seconds sont des hommes des villes. Et c’est bien en ville, où il y a le marché, où il y a du monde, qu’on risque davantage d’attraper quelque chose.
Ceci dit, le problème n’est pas tant que les disciples soient moins scrupuleux que les autres. C’est le fait que les pharisiens aient élevé les gestes d’hygiène au rang de gestes religieux et déclaré que ceux qui ne les pratiquaient pas devenaient donc impurs, et donc pécheurs. Ils ont élevé un problème d’hygiène humain, au niveau d’un problème de relation avec Dieu. Or Dieu ne juge pas de l’état des mains mais de l’état du cœur. On peut avoir les mains sales et le cœur propre, et les mains propres avec un cœur sale. Cela s’appelle l’hypocrisie.
Justement Jésus dit : « Vous laissez de côté le commandement de Dieu » – celui de l’amour – « pour vous attacher à la tradition des hommes » – c’est-à-dire aux simples règles d’hygiène. Les pharisiens confondent les deux. Jésus, jamais. C’est pourquoi il a guéri les lépreux. Sur le chemin de Jéricho, les pharisiens évitent l’homme abandonné – on ne sait jamais qu’il ait attrapé un virus – tandis que Jésus se comporte comme le bon samaritain : il va le soigner lui-même. Jésus refuse que l’hygiène devienne un motif d’exclusion de la charité.
 
Cependant l’enseignement de Jésus va plus loin que le rappel du commandement prioritaire de l’amour de Dieu. Il y a eu en effet un autre moment semblable, dans l’Évangile, où il a été question d’hygiène avant le repas. C’est au moment de la Cène, quand Jésus a voulu laver les pieds de ses disciples. Souvenez-vous de la réaction de Pierre : il n’était pas question pour lui que Jésus lui lave les pieds – ou alors aussi les mains et la tête ! – quand Jésus lui a dit que s’il ne le lavait pas, Pierre n’aurait pas de part avec lui dans son Royaume.
Pourquoi Jésus, dans l’évangile d’aujourd’hui dit-il que le commandement de l’amour est plus important que les gestes d’hygiène et qu’au moment de la Cène, il veut au contraire les pratiquer en disant à Pierre que s’il ne le fait pas, celui-ci n’aura pas part avec lui dans son Royaume ? Est-ce que finalement les pharisiens n’auraient pas eu raison ?
 
Lorsque Jésus a voulu laver les pieds de ses disciples, c’est après que ceux-ci se sont entièrement lavés pour la Pâque. Ils avaient donc tous accomplis les gestes de purification exigés par la Loi de Moïse pour pouvoir entrer dans l’enceinte du Temple. Sauf les pieds, évidemment, car ils ont marché entretemps. Or Jésus veut ses Apôtres intégralement purs : il veut donc aussi leur laver les pieds, car le Cénacle où ils se trouvent, en cette heure, est rendu semblable au Temple.
Mais il ne s’agit pas là pour Jésus d’un geste d’hygiène. Il s’agit d’un geste prophétique, par lequel il a voulu purifier jusqu’au plus profond du cœur de ses Apôtres. En effet pour un israélite, parler des « pieds » est une manière de parler du désir le plus intime du cœur humain. Quand par exemple Marie-Madeleine a essuyé les pieds de Jésus avec ses cheveux, c’était là un scandale immense car c’était là aussi la confession la plus explicite de son péché, de son repentir, et de son amour pour Jésus. Et Jésus a parfaitement compris le message.
 
Ainsi donc, le geste du lavement des pieds par Jésus, avant le repas, est un geste de grâce de la part de Dieu, qui veut purifier le cœur de ses Apôtres pour qu’ils soient prêts pour la Pâque. Un seul d’entre eux n’est pas pur : Judas, qui a conservé dans son cœur le désir de trahir Jésus. Les autres ont tous le cœur pur.
Sont-ils hygiéniquement purs ? Ce n’est pas ce qui est le plus important ici. Ce qui est important, c’est le cœur. Et c’est bien pourquoi, au début de la messe, même si nous pratiquons naturellement les gestes hygiéniques, nous n’en faisons pas une condition d’accès, mais surtout, nous tournons notre cœur vers le Seigneur et nous lui demandons la grâce de son pardon pour pouvoir participer comme les Apôtres à sa Pâque, c’est-à-dire à la communion, dans son Royaume.

Chers frères et sœurs, pour finir, le commandement du Seigneur est celui de l’amour. S’il a voulu que Moïse inscrive dans la Loi qu’on se purifie avant d’entrer au Temple et avant les repas, c’est pour rappeler à tous qu’on doit purifier toute sa vie, et son cœur, avant d’entrer dans le Royaume des Cieux et avant de communier à la vie éternelle. Le cœur, c’est ce que les pharisiens, malheureusement, avaient oublié.

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