Sg 2,12.17-20 ; Ps
53(54), 3-4, 5, 6.8 ; Jc 3,16-4,3 ; Mc 9,30-37
Chers
frères et sœurs,
Depuis
que Jean-Baptiste a été assassiné, les gens veulent faire de Jésus, qui est un descendant
du roi David, le prochain roi d’Israël. Jésus essaye de leur expliquer qu’il
n’est pas un roi de la terre, du monde présent, mais le roi du ciel.
Cette
explication était déjà difficile à entendre, et beaucoup de gens sont déçus,
mais en plus Jésus explique à ses disciples qu’il sera bientôt dénoncé, jugé,
mis à mort, et que le troisième jour, il ressuscitera. Là, cela devient très
compliqué, parce que chez les juifs à l’époque beaucoup ne croyaient pas à la
résurrection, et surtout, personne ne savait ce que c’était vraiment que cette
résurrection.
Manifestement
les disciples ont compris qu’après un temps d’épreuve Jésus va mourir et qu’il
reviendra ensuite avec puissance, dans sa gloire, pour établir son royaume. Ils
se demandent alors quelle bonne place ils pourront avoir dans ce royaume :
quelle sera la hiérarchie entre eux, mais aussi par rapport aux anciens prophètes,
à Jean-Baptiste ? Qui sera le plus grand ? Ils cherchent déjà à se
répartir les postes de ministre, les honneurs et les avantages qui vont avec.
Ils vont même jusqu’à se disputer entre-eux à cause de cela.
C’est
alors que Jésus les interroge : « De quoi discutiez-vous en
chemin… ? » Évidemment, ils sont comme des gamins, pris la main
dans le sac en train de faire des bêtises, et ils ne répondent rien ! Mais
Jésus sait très bien pourquoi ils se disputaient et il répond directement à
leur question : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le
dernier de tous et le serviteur de tous. » Le Royaume de Jésus n’est
pas comme un royaume sur terre : ce n’est pas par la force et la puissance
qu’on est le plus grand, c’est par l’humilité et le service.
Beaucoup
n’acceptent pas ce type de réponse : ils trouvent que c’est déshonorant et
indigne d’un homme. D’autres pensent que Jésus est bon pour donner des leçons de
morale mais les applique-t-il lui-même ? La réponse est oui : Jésus,
lui qui est Dieu, lave les pieds de ses disciples au soir de sa Pâque. Jésus se
laisse arrêter, juger, fouetter et mettre à mort alors qu’il est innocent.
Jésus ne nous demande rien qu’il n’ait déjà fait lui-même avant. Ainsi donc,
celui qui par humilité se fait le dernier d’entre les hommes sur la terre, et
le serviteur de tous, deviendra le premier dans les cieux, dans la gloire de la
résurrection.
Pour
être sûr que les disciples ont bien compris, Jésus prend un exemple concret :
il choisit un enfant, le met au milieu d’eux et le bénit en l’embrassant. Il
fait exactement la même chose que le maître du banquet qui va chercher l’invité
qui s’était discrètement assis à la dernière place, pour le mettre à la
première. En plaçant ce petit enfant au milieu des disciples et en
l’embrassant, Jésus montre qu’il l’élève même au-dessus d’eux ! Qu’a donc
fait cet enfant pour être élevé à ce point auprès de Jésus, au-dessus des
Apôtres ? Rien. Absolument rien. C’est le choix de Dieu, la grâce de Dieu.
Il a été choisi parce qu’il a le cœur pur, que seul Dieu peut voir.
À
la différence des hommes qui peuvent ambitionner d’être humbles, cet enfant,
dans sa simplicité, lui, l’est réellement, sans même le savoir. On a la même
différence entre le gros homme riche qui se félicite de donner beaucoup
d’argent au trésor du Temple et la pauvre petit vieille qui y dépose ses trois
sous, dont Jésus fait la louange. La plus grande dans le Royaume, c’est bien elle,
mais elle ne le sait pas. Dieu seul le sait. Pour l’instant, elle est la plus
petite sur la terre.
Cependant
Jésus ne demande pas seulement à ses disciples d’être humbles comme cet enfant
ou cette petite vieille, il leur demande des les accueillir en son nom. Jésus veut
que ses disciples se fassent les serviteurs de ceux qui sont humbles de cœur.
C’est ainsi qu’ils apprendront la vraie humilité et qu’ils ressembleront le
plus à Dieu, lui qui « renverse les puissants de leurs trône »
et qui « élève les humbles ».
Finalement,
Jésus nous enseigne le chemin de la perfection dans la charité, le chemin de la
sainteté. D’abord, se faire généreusement le serviteur de tous. Puis demander à
Dieu dans sa prière la grâce d’un cœur pur, qui ne fait pas semblant, pour
pouvoir devenir plus particulièrement l’humble serviteur de ceux qui ont le
cœur pur, l’humble serviteur des saints. Ainsi sont les amis de Dieu,
serviteurs les uns des autres, dans l’amour. Au fond, parmi eux, il n’y a pas
de plus grand.