mercredi 1 septembre 2021

28-29 août 2021 - MONTARLOT-lès-CHAMPLITTE - VAUCONCOURT - 22ème dimanche TO - Année B

Dt 4,1-2.6-8 ; Ps 14 ; Jc 1,17-18.21b-22.27 ; Mc 7,1-8.14-15.21-23
 
Chers frères et sœurs,
 
Concrètement, les pharisiens pratiquent les gestes barrières exactement pour les mêmes raisons que nous : empêcher les maladies de se propager en se protégeant soi-même. Il ne faut pas s’étonner que les disciples soient moins scrupuleux que les pharisiens et les judéens, car les premiers sont des hommes de Galilée, des hommes de la campagne, tandis que les seconds sont des hommes des villes. Et c’est bien en ville, où il y a le marché, où il y a du monde, qu’on risque davantage d’attraper quelque chose.
Ceci dit, le problème n’est pas tant que les disciples soient moins scrupuleux que les autres. C’est le fait que les pharisiens aient élevé les gestes d’hygiène au rang de gestes religieux et déclaré que ceux qui ne les pratiquaient pas devenaient donc impurs, et donc pécheurs. Ils ont élevé un problème d’hygiène humain, au niveau d’un problème de relation avec Dieu. Or Dieu ne juge pas de l’état des mains mais de l’état du cœur. On peut avoir les mains sales et le cœur propre, et les mains propres avec un cœur sale. Cela s’appelle l’hypocrisie.
Justement Jésus dit : « Vous laissez de côté le commandement de Dieu » – celui de l’amour – « pour vous attacher à la tradition des hommes » – c’est-à-dire aux simples règles d’hygiène. Les pharisiens confondent les deux. Jésus, jamais. C’est pourquoi il a guéri les lépreux. Sur le chemin de Jéricho, les pharisiens évitent l’homme abandonné – on ne sait jamais qu’il ait attrapé un virus – tandis que Jésus se comporte comme le bon samaritain : il va le soigner lui-même. Jésus refuse que l’hygiène devienne un motif d’exclusion de la charité.
 
Cependant l’enseignement de Jésus va plus loin que le rappel du commandement prioritaire de l’amour de Dieu. Il y a eu en effet un autre moment semblable, dans l’Évangile, où il a été question d’hygiène avant le repas. C’est au moment de la Cène, quand Jésus a voulu laver les pieds de ses disciples. Souvenez-vous de la réaction de Pierre : il n’était pas question pour lui que Jésus lui lave les pieds – ou alors aussi les mains et la tête ! – quand Jésus lui a dit que s’il ne le lavait pas, Pierre n’aurait pas de part avec lui dans son Royaume.
Pourquoi Jésus, dans l’évangile d’aujourd’hui dit-il que le commandement de l’amour est plus important que les gestes d’hygiène et qu’au moment de la Cène, il veut au contraire les pratiquer en disant à Pierre que s’il ne le fait pas, celui-ci n’aura pas part avec lui dans son Royaume ? Est-ce que finalement les pharisiens n’auraient pas eu raison ?
 
Lorsque Jésus a voulu laver les pieds de ses disciples, c’est après que ceux-ci se sont entièrement lavés pour la Pâque. Ils avaient donc tous accomplis les gestes de purification exigés par la Loi de Moïse pour pouvoir entrer dans l’enceinte du Temple. Sauf les pieds, évidemment, car ils ont marché entretemps. Or Jésus veut ses Apôtres intégralement purs : il veut donc aussi leur laver les pieds, car le Cénacle où ils se trouvent, en cette heure, est rendu semblable au Temple.
Mais il ne s’agit pas là pour Jésus d’un geste d’hygiène. Il s’agit d’un geste prophétique, par lequel il a voulu purifier jusqu’au plus profond du cœur de ses Apôtres. En effet pour un israélite, parler des « pieds » est une manière de parler du désir le plus intime du cœur humain. Quand par exemple Marie-Madeleine a essuyé les pieds de Jésus avec ses cheveux, c’était là un scandale immense car c’était là aussi la confession la plus explicite de son péché, de son repentir, et de son amour pour Jésus. Et Jésus a parfaitement compris le message.
 
Ainsi donc, le geste du lavement des pieds par Jésus, avant le repas, est un geste de grâce de la part de Dieu, qui veut purifier le cœur de ses Apôtres pour qu’ils soient prêts pour la Pâque. Un seul d’entre eux n’est pas pur : Judas, qui a conservé dans son cœur le désir de trahir Jésus. Les autres ont tous le cœur pur.
Sont-ils hygiéniquement purs ? Ce n’est pas ce qui est le plus important ici. Ce qui est important, c’est le cœur. Et c’est bien pourquoi, au début de la messe, même si nous pratiquons naturellement les gestes hygiéniques, nous n’en faisons pas une condition d’accès, mais surtout, nous tournons notre cœur vers le Seigneur et nous lui demandons la grâce de son pardon pour pouvoir participer comme les Apôtres à sa Pâque, c’est-à-dire à la communion, dans son Royaume.

Chers frères et sœurs, pour finir, le commandement du Seigneur est celui de l’amour. S’il a voulu que Moïse inscrive dans la Loi qu’on se purifie avant d’entrer au Temple et avant les repas, c’est pour rappeler à tous qu’on doit purifier toute sa vie, et son cœur, avant d’entrer dans le Royaume des Cieux et avant de communier à la vie éternelle. Le cœur, c’est ce que les pharisiens, malheureusement, avaient oublié.

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