mardi 14 septembre 2021

12 septembre 2021 - ANGIREY - 24ème dimanche TO - Année B

 Is 50,5-9a ; Ps 114 ; Jc 2,14-18 ; Mc 8,27-33
 
Chers frères et sœurs,
 
Cela fait maintenant plusieurs dimanches que les gens attendent de Jésus qu’il endosse le costume de Messie d’Israël, c’est-à-dire qu’il engage un combat politique pour la libération d’Israël. Mais Jésus s’épuise à vouloir leur faire comprendre que, oui il est le Messie sauveur d’Israël, mais non ce n’est pas pour une prise de pouvoir politique. Il n’est pas un Messie terrestre, un homme providentiel, il est le Messie de Dieu pour réconcilier les hommes pécheurs avec Dieu, pour les faire participer à sa gloire éternelle et bienheureuse, dans sa paix et sa lumière, dans le monde d’après.
 
Aujourd’hui, Jésus est seul avec ses disciples. Comme il sait qu’eux non plus n’ont rien compris, il remet le sujet sur la table. En posant ses deux questions : « Au dire des gens, qui suis-je ? » et « Et vous, pour vous, qui suis-je ? », il insiste lourdement sur le fait que les disciples ne devraient pas penser comme tout le monde. Si les gens placent Jésus au rang des prophètes, eux devraient clairement comprendre que Jésus est différent. 
D’ailleurs Jésus donne à chaque fois la bonne réponse dans ses questions. Ce n’est pas très beau en français mais c’est très clair en syriaque et en grec : « Au dire des gens, qui Je Suis ? » ; « Et vous, pour vous, qui Je Suis ? » Jésus dit « Je Suis », c’est-à-dire qu’il emploie le Nom de Dieu tel qu’Il s’est appelé lui-même au Mont Sinaï : « Je Suis qui Je Suis ». Donc, quand Jésus demande à ses disciples de dire qui il est pour eux, il leur dit en même temps qu’il est beaucoup plus qu’un prophète humain : il est Dieu lui-même.
Heureusement, il y en a un – saint Pierre – qui est inspiré par l’Esprit Saint à ce moment-là et qui lui répond : « Tu es le Messie ! » La réponse est un peu ambigüe, car Jésus pourrait ainsi n’être qu’un homme sanctifié par Dieu. Mais dans la conception religieuse de Jésus et des Apôtres, le Messie ne peut être que Fils de Dieu et donc Dieu lui-même. Justement, comme c’est ambigu pour beaucoup d’autres gens, Jésus impose à ses disciples de n’en parler à personne. Le moment n’est pas encore venu. Il le sera à la Pentecôte, après la résurrection de Jésus. Alors tout sera clair.
 
Pour le moment, la réponse de Pierre suffit à Jésus. Il leur annonce alors sa Passion, sa mort et sa résurrection. Il explique « qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup ». Nous ne le voyons pas en français, et c’est normal, mais l’emploi du verbe « souffrir » en syriaque est très particulier : il renvoie directement au Serviteur souffrant annoncé par le prophète Isaïe. C’est exactement la raison pour laquelle nous avons eu la description de ce serviteur souffrant en première lecture. Car Jésus va accomplir la prophétie d’Isaïe.
Évidemment c’est très perturbant pour les disciples, ce qui montre bien qu’ils n’ont pas encore compris qui est vraiment Jésus. Ils espèrent toujours un Messie qui va révolutionner le monde selon leurs conceptions humaines, quelque part entre une libération politique d’Israël et un monde « plus juste et plus fraternel ». Mais Jésus est le Messie divin qui offre sa propre vie pour que nous soyons réconciliés avec Dieu, pour que nous entrions et vivions éternellement dans sa communion. Jésus et ses disciples ne parlent pas de la même chose.
D’ailleurs, au moment où Jésus évoque sa Passion, sa mort et sa résurrection, saint Marc fait une curieuse observation : « Jésus disait cette parole ouvertement. » La traduction exacte serait plutôt : « Jésus disait la Parole ouvertement. » Quand les Apôtres et les disciples annonçaient, quand nous-mêmes nous annonçons, ce que nous appelons « la Parole », il s’agit très exactement de la Passion, la mort et la résurrection de Jésus. Et rien d’autre.
 
Saint Pierre réagit très négativement et se met à faire de « vifs reproches » à Jésus. De même celui-ci lui répond en « l’interpellant vivement ». Disons simplement les choses : Jésus et saint Pierre s’engueulent copieusement. Pourquoi ? D’abord parce qu’à chaque fois que le Bon Dieu se révèle, se met à parler et à agir, dès qu’il fait un miracle ou accorde une grâce, le Satan réagit aussitôt pour donner un bon coup de fourche. C’est automatique. Jésus vient d’annoncer qu’il est « Je Suis », qu’il est Dieu, et il vient de dévoiler sa Parole de vie, c’est-à-dire sa Passion, sa mort et sa résurrection pour nous. Ces annonces mettent le Satan en ébullition. Et saint Pierre, dont la foi est encore faible, ne se rend pas compte et tombe immédiatement dans le chaudron.
Jésus lui rappelle alors la phrase qu’il lui avait dite au tout début, et qu’il lui redira encore, après la résurrection : « Suis-moi » ; « Marche derrière moi ». Car il n’y a que par le chemin de Jésus, en suivant ses traces, en ayant foi en lui, en suivant sa Parole, qu’on peut accéder à la vie éternelle.
 
Chers frères et sœurs, aujourd’hui Jésus a décliné son identité et dévoilé ses intentions. Cela n’a pas plu du tout au Satan, et c’est normal : parce qu’avec Jésus, c’est la liberté, la vie et le bonheur éternel de tous les hommes qui est en jeu.

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