lundi 6 septembre 2021

05 septembre 2021 - AUTREY-lès-GRAY - 23ème dimanche TO - Année B

Is 33,4-7a ; Ps 145 ; Jc 2,1-5 ; Mc 7,31-37
 
Chers frères et sœurs,
 
Nous savons que Jésus, après la mort de saint Jean-Baptiste, était attendu par les gens comme prochain roi pour Israël. Mais Jésus s’est dérobé à cette attente. Car il n’est pas pour le monde présent, mais il est pour le Règne de Dieu. Justement l’épisode du sourd-muet, raconté par saint Marc, illustre parfaitement cet enseignement, avec une dimension supplémentaire.
À lire l’évangile au premier degré, comme pouvaient le comprendre la plupart des gens, Jésus apparaît ici comme un guérisseur. Ainsi les gens se précipitaient vers lui comme s’il était le service des urgences. Jésus s’y prête volontiers – non pas pour soulager toutes les misères présentes – mais surtout parce qu’à travers ses gestes se réalisent les anciennes prophéties qui annonçaient la venue du Messie de Dieu. On ne peut pas comprendre les paroles et les actes de Jésus sans se référer aux Écritures, c’est-à-dire à l’Ancien Testament.
Aujourd’hui s’accomplit donc la prophétie d’Isaïe, que nous avons entendue : « Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. » Puisque cette prophétie se réalise, c’est que l’heure de Dieu est venue pour transformer le monde et le rétablir en paradis. Et c’est pour cela que Jésus est venu, et non pas pour prendre le pouvoir sur la terre.
 
Il y a, dans cet évangile, deux choses qui peuvent nous étonner : la méthode que Jésus emploie pour guérir le sourd-muet, et le silence qu’il demande aux gens après avoir réalisé le miracle.
 
Concernant la méthode, il faut considérer d’abord que Jésus ici n’a pas affaire à un possédé mais à un sourd-muet de naissance. Il ne s’agit donc pas d’un exorcisme mais de la correction d’un défaut. En fait, Jésus complète, achève, la création de cet homme à qui il manquait l’ouïe et la parole. Jésus agit donc en Dieu créateur, avec son Père – quand il lève les yeux aux ciel – et avec l’Esprit-Saint, quand il soupire. Il dit alors « Ephatta », comme Dieu, au moment de la Genèse avait dit : « Que la lumière soit ! » ; « Et Dieu vit que cela était bon ».
Il est important de retenir ici que Jésus agit comme Dieu – il est Dieu – et il a la capacité de faire toutes choses nouvelles : il peut créer de l’ancien et du nouveau. Ainsi par exemple, la transformation du pain et du vin en son Corps et son Sang est également une action créatrice. De même sa résurrection est, à partir d’un homme ancien, la création d’un homme nouveau. De quel droit pourrions-nous interdire à Dieu de créer du nouveau, quand il le veut et comme il le veut ? Dieu est-il prisonnier de sa création et des lois qu’il a lui-même énoncées ? Certainement pas. Avec Dieu, l’univers est ouvert à toute nouveauté : « Voici, je fais toutes choses nouvelles – dit le Seigneur. »
 
On peut s’interroger également sur le fait que Jésus ordonne aux gens de ne rien dire à personne de la guérison du sourd-muet. Cela paraît complètement absurde : comment cacher que le sourd-muet peut maintenant entendre et parler, si ce n’est en lui demandant de faire semblant de ne rien écouter et de se taire ? Cela valait bien le coup de le guérir !
Le problème est toujours le même : les gens veulent faire de Jésus un homme politique providentiel, et maintenant aussi un super-médecin. Mais il est venu parmi nous pour être Roi du ciel et Sauveur de toute l’humanité en vue de sa réconciliation avec Dieu pour une vie éternelle et bienheureuse. Les gens ont les pieds sur la terre, mais Jésus a la tête au ciel. Les gens ne pensent pas au monde d’après, et de fait, on ne peut en prendre vraiment conscience qu’après la résurrection de Jésus et le don de son Esprit Saint. C’est pour cela que Jésus demandait à tous de se taire : pour pouvoir parler de lui de manière juste, il fallait attendre la Pentecôte.
 
Voilà chez frères et sœurs, ce que l’évangile de ce jour peut nous apprendre. Il nous enseigne que pour bien comprendre Jésus, il faut se souvenir des prophéties qui ont annoncé sa venue, et il faut se souvenir de son histoire parmi nous à la lumière de sa résurrection. Jésus nous invite à regarder plus haut et plus loin, et à lui accorder notre foi, pour qu’il nous conduise dès aujourd’hui au royaume de toute paix et toute joie, jusqu’à la bienheureuse et glorieuse communion.


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