lundi 31 mai 2021

29-30 mai 2021 - VANNE - CUGNEY - Sainte Trinité - Année B

Dt 4,32-34 .39-40 ; Ps 32 ; Rm 8,14-17 ; Mt 28,16-20
 
Chers frères et sœurs,
 
Dans la liturgie des dimanches et fêtes, la première lecture, le psaume qui lui répond et l’Évangile, vont toujours ensemble. La seconde lecture est le plus souvent indépendante, par exemple quand on fait la lecture suivie d’une lettre de saint Paul, d’un dimanche à l’autre.
Aujourd’hui, la liturgie met donc en correspondance le souvenir de la manifestation de Dieu à Moïse au Mont Sinaï avec l’Évangile de l’apparition de Jésus à ses Apôtres sur la montagne de Galilée. On peut d’ailleurs penser que cette montagne de Galilée est celle du Thabor, où Jésus s’était déjà manifesté transfiguré à Pierre, Jacques et Jean. Il faut donc lire l’Évangile en pensant à Moïse au Sinaï, et lire l’épisode du Sinaï en pensant aux Apôtres sur la montagne de Galilée.
 
Dans la première lecture, Moïse évoque un événement incomparable, exceptionnel : la manifestation de Dieu sur la montagne. Et la voix de Dieu s’est fait entendre, annonçant son choix d’une nation particulière prise au milieu des autres, par des exploits terrifiants – « comme tu as vu le Seigneur ton Dieu le faire pour toi en Égypte ».
Dans l’Évangile, Saint Matthieu nous raconte l’événement incomparable, exceptionnel de l’apparition de Jésus sur la montage. Et la voix de Jésus se fait entendre, annonçant son choix d’une nation particulière, prise au milieu des autres, celle de l’Église du ciel et de la terre, qu’il s’est acquis par l’exploit terrifiant de sa croix, et par le baptême qui rappelle le franchissement de la Mer Rouge et la libération d’Égypte, la libération des servitudes de notre ancienne condition.
 
Moïse continue : « Sache donc aujourd’hui, et médite cela dans ton cœur : c’est le Seigneur qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre ; il n’y en a pas d’autre. Tu garderas les décrets et les commandements du Seigneur que je te donne aujourd’hui. » C’est aussi ce que dit Jésus à ses Apôtres : « … faites des disciples. Baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé ».
Le Seigneur qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre, c’est le même qui est Père, Fils et Saint Esprit, et c’est le même qui donne la Loi et les commandements. La différence entre le Sinaï et la Galilée, c’est l’accomplissement que révèle Jésus : le secret du Dieu du Sinaï est qu’il est Père, Fils et Saint Esprit, et que le ressort de sa Loi, de ses commandements, est l’amour par le don de soi, par le don de sa vie.
 
Enfin, Moïse termine : « afin d’avoir, toi et tes fils, bonheur et longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu, tous les jours », de la même manière que Jésus termine : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
On pourrait comprendre que la terre que donne le Seigneur, c’est le ciel ; mais – si on suit rigoureusement le parallèle entre les deux textes – la terre nouvelle que le Seigneur donne, c’est Jésus lui-même, qui est avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde. On pourrait résumer ainsi : « Jésus, c’est notre ciel », et il l’est vraiment lorsque nous sommes en communion avec lui.
 
Voyez-donc, chers frères et sœurs comme la première lecture et l’Évangile fonctionnent comme deux pièces d’un même ensemble qui vont l’une avec l’autre. On ne peut pas comprendre vraiment l’Évangile si on n’a pas les Écritures, et on ne peut pas comprendre les Écritures sans la clé de l’Évangile.
Pour conclure, il est une remarque à se faire. C’est le même Dieu qui s’est manifesté à Moïse au Sinaï ; c’est le même qui s’est manifesté à ses Apôtres en Galilée. Et c’est encore le même qui va se manifester à nous dans l’Eucharistie, à laquelle nous allons communier avec amour. Le Seigneur notre Dieu est toujours avec nous hier, aujourd’hui et demain, jusqu’à la fin du monde, comme il l’a promis.

mercredi 26 mai 2021

23 mai 2021 - AUTREY-lès-GRAY - Pentecôte - Année B

Ac 2,1-11 ; Ps 103 ; Ga 5,16-25 ; Jn 15,26-27 ; 16,12-15
 
Chers frères et sœurs,
 
La fête de la Pentecôte est l’aboutissement de tout le chemin que nous avons parcouru depuis… le mercredi des cendres, en passant par Pâques, bien sûr ! En effet, nous avons commencé par nous reconnaître pécheurs en ce monde. Puis Jésus est venu d’auprès du Père, prendre sur lui le poids de nos fautes. Par sa croix et par la libre offrande de sa vie, il nous a obtenu le pardon. Et la réalité de ce pardon – c’est-à-dire la communion retrouvée avec Dieu et entre-nous – c’est justement la Pentecôte, le don de l’Esprit Saint. Nous sommes réunis, nous sommes réconciliés, et c’est pourquoi nous sommes remplis de joie. D’une certaine façon, c’est la fin du film : le « Happy End ».
 
À la Pentecôte, il y a donc un accomplissement, un couronnement. En effet, les cinquante jours après Pâques, se calculent de la manière suivante : sept semaines de sept jours, sept fois sept – perfection des temps – plus un jour pour marquer le premier jour de la nouvelle création.
En effet, nous devons être bien conscients que la Pentecôte n’est pas tant la fin, l’aboutissement de l’histoire de notre réconciliation avec Dieu, c’est aussi et surtout le premier jour de notre vie nouvelle et éternelle avec lui, dans son royaume.
Ainsi, la Pentecôte est-elle aussi une prophétie : la prophétie du dernier jour du monde, qui sera aussi le premier jour de la création entièrement renouvelée. Et c’est la raison pour laquelle nous voyons des juifs de toutes les nations se regrouper autour des Apôtres, comme à la fin des temps, tous les hommes de tous les temps et de tous les pays se retrouveront autour du trône de l’Agneau, en présence des Apôtres et de tous les saints. Et ce sera le début du Règne éternel de Dieu pour tous.
 
Mais, vous me direz : la Pentecôte, elle a déjà eu lieu, à l’époque des Apôtres ! Elle n’est pas seulement aujourd’hui, ou à la fin du monde ! Et c’est vrai : vous avez entièrement raison. La Pentecôte est déjà commencée, et l’Esprit Saint ne cesse pas d’être répandu dans le monde pour faire grandir la création nouvelle du Règne de Dieu.
Alors, où voyons-nous l’Esprit Saint à l’œuvre et cette nouvelle création ? Dans l’Église elle-même, qui est vivifiée par les sacrements qui ne peuvent pas exister sans l’Esprit Saint. Par l’Esprit Saint, un homme pécheur devient un fils de Dieu ; du pain et du vin deviennent le Corps et le Sang de Jésus ; un homme est configuré à Jésus pour manifester sa présence jusqu’à la fin des temps ; un homme et une femme deviennent Un pour l’éternité, réalisation de l’alliance éternelle entre Dieu et l’humanité ; les péchés sont pardonnés car le règne de l’amour est plus fort que la mort ; une personne malade est configurée à Jésus en sa Passion pour ressusciter avec lui dans sa vie nouvelle. Les sacrements transforment le monde en création nouvelle. Et l’Église elle-même est déjà cette nouvelle création, rendue visible. Une célébration, une messe, c’est toujours une petite Pentecôte, en attendant la Pentecôte définitive.
 
Pour finir, je veux vous mettre en garde à propos d’une chose très importante. Ce ne sont pas les Apôtres, ou nous-mêmes, qui faisons l’Église : l’Église n’est ni une association Loi de 1901, ni un parlement. Parce que nous sommes incapables de nous donner l’Esprit Saint à nous-mêmes. Au contraire, les Apôtres prient et attendent l’Esprit promis par Jésus. L’Église, nous ne la bâtissons pas par nous-mêmes : nous la recevons de l’Esprit Saint.
L’Église, c’est exactement l’inverse de la tour de Babel. Babel, ce sont les hommes qui s’unissent par la force de leurs bras, de leur volonté, pour bâtir un monde à leur idée, avec une langue unique, une pensée unique, une action unique : monter le plus haut possible vers le Ciel pour prendre la place de Dieu. Vous voyez comme ce projet est toujours actuel. Or, nous le savons, Babel s’est écroulée.
Lorsque l’Esprit vient, il ne nous moule pas dans une langue unique, une pensée unique, une action unique : l’Esprit Saint, l’Esprit de l’Église n’est pas totalitaire. Au contraire, il exalte la diversité des langues, des esprits et des vocations – comme dit Saint Paul – pour en faire une harmonie, comme un orchestre, au service de la partition dirigée par Dieu : celle de la communion d’amour, de la vie éternelle, dans la joie, la lumière et la paix.
 

dimanche 16 mai 2021

15-16 mai 2021 - VILLERS-VAUDEY - GY - 7ème dimanche de Pâques - Année B

Ac 1,15-17.20a.20c-26 ; Ps 102 ; 1Jn 4,11-16 ; Jn 17,11b-19
 
Chers frères et sœurs,
 
La prière de Jésus, que nous venons d’entendre, dépasse de beaucoup notre compréhension. Mais nous pouvons quand même essayer d’expliquer deux-trois choses.
 
Au début, Jésus prie son Père de nous garder unis dans son Nom, pour que nous soyons Un comme lui et son Père. C’est par le baptême que cette prière est exaucée : car ils sont Un tous ceux qui sont baptisés « au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Être unis dans le Nom de Dieu, à la prière de Jésus, c’est demeurer en communion les uns avec les autres.
Jésus explique ensuite qu’il a veillé sur ses disciples et qu’aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte. C’est-à-dire Judas. Voilà qui est mystérieux : comment peut-on échapper ainsi à la prière de Jésus, à la volonté du Père, qui désire que nous soyons en communion avec lui et les uns avec les autres ? Le renoncement de Judas apporte la preuve que nous sommes libres, y compris et surtout devant Dieu. Ils n’ont rien compris à la foi chrétienne ceux qui croient que nous sommes esclaves de dogmes. Nous sommes absolument libres. Libres de suivre le Christ et de demeurer unis dans son Nom, et libres de l’abandonner. Mais alors libres aussi d’aller à notre perte.
Ainsi, est-ce que la prière de Jésus à son Père pourrait ne pas être exaucée ? Qu’en est-il de ceux qui ont été unis à Dieu par le baptême et qui sont partis ? Jésus termine sa phrase : « de sorte que l’Écriture soit accomplie ». La trahison de Judas avait été prophétisée par les Écritures : elle est contenue dans les Écritures. Cela peut signifier que même la brebis perdue ne le serait pas totalement, et qu’il y a toujours un chemin connu de Dieu, qui permettrait que la brebis puisse retrouver la communion. Ainsi, un baptisé, même apostat, demeure-t-il toujours sous le regard du Seigneur et je ne pense pas que le Seigneur puisse l’oublier.
 
Jésus prie ainsi pour que ses disciples « aient en eux [sa] joie, et qu’ils en soient comblés ». La joie dont parle Jésus, c’est l’Esprit Saint. Il prie pour que nous soyons comblés de l’Esprit Saint, et que notre cœur soit débordant de joie. Cependant Jésus est conscient que cette joie se heurte à la haine du monde : « Moi je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine. » La Parole que Jésus a donné à ses disciples, c’est lui-même, sa vie et son enseignement. Quand on ne fait qu’un avec le Christ par le baptême, lorsqu’on vit dans la connaissance de Jésus et qu’on est appelé chrétien, c’est alors que les ennuis commencent.
Jésus explique que ses disciples n’appartiennent pas au monde : ils sont dans le monde, mais ils ne lui appartiennent pas. C’est un fait que le baptême ne fait pas de nous des hommes physiquement différents des autres hommes. En revanche la joie dont parlait Jésus, l’Esprit Saint, fait de nous des hommes intérieurement très différents, et libres par rapport aux lois du monde. Or celui-ci n’aime pas ce qui lui est différent et qui lui résiste. Par conséquent, le chrétien rendu libre par l’Esprit de Jésus devient pour le monde un ennemi.
 
Notre seul ennemi à nous, les chrétiens, ce ne sont pas les autres hommes, mais le Mauvais : « Je ne te prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais ». Le Mauvais, c’est le Satan : le diviseur, le menteur, celui qui use mal de sa liberté pour renoncer à la Parole de Dieu, pour s’éloigner de la communion et tâcher d’entraîner les autres avec lui sur le chemin de la tristesse et des ténèbres.
Lorsque nous sommes confrontés à la haine du monde et fragilisés par ses attaques, nous devenons sensibles à la petite musique du Mauvais. Jésus a prié pour nous : pour que nous gardions l’unité contre la division, la joie contre la tristesse, la Parole de Dieu contre le mensonge, la liberté des fils de Dieu contre l’esclavage des idolâtres et de leurs multiples addictions. Jésus a prié pour que nous gardions la foi, l’espérance et la charité.
 
Pour finir, Jésus prie son Père que nous soyons « sanctifiés dans la vérité ». « Ta parole est vérité » dit Jésus. C’est-à-dire qu’il est lui-même la vérité. Il est la clé de la compréhension de tout l’univers et de chacun de nous, jusqu’au plus intime de notre cœur. C’est dans la vérité que nous sommes rendus saints. Car la communion avec Jésus fonctionne comme un bain révélateur : sans Jésus, on ne voit pas ou mal, et on ne comprend pas ou pas bien. Avec Jésus au contraire la réalité apparaît et se donne à comprendre à l’intelligence. On peut alors parler de vérité. Là aussi, ceux qui croient que la foi chrétienne et la science s’opposent n’ont rien compris. Lorsque la science découvre de nouveaux pans de la réalité, elle fait un pas vers le Christ. Un chrétien n’a rien à craindre de la science lorsqu’elle veut approfondir la réalité, bien au contraire : il doit s’en réjouir. (La question est de savoir ce qu'on en fait...)
 
C’est ainsi, chers frères et sœurs, qu’être uni à Dieu par le baptême en son Nom et porteur de l’Évangile de vérité dans le monde, c’est devenir un étranger pour lui. Le danger pour nous est de perdre la foi, l’espérance et la charité en succombant à la petite musique du Mauvais. Mais l’amour de Jésus qui est mort et ressuscité pour nous, nous est acquis pour toujours, et nous n’avons pas meilleure défense et protection que celle de sa prière, à toute heure.

13 mai 2021 - CHARGEY-lès-GRAY - Ascension du Seigneur - Année B

Ac 1,1-11 ; Ps 46 ; Ep 4,1-13 ; Mc 16,15-20
 
Chers frères et sœurs,
 
Que signifie l’Ascension de Jésus ? Si nous mettons notre nez sur l’événement : « Jésus monte au ciel », nous ne comprenons pas. Et même nous pouvons trouver cela complètement mythique. En revanche, si nous prenons un peu de recul, pour prendre en considération tout le temps qui va de Pâques à Pentecôte, alors nous avons plus de chances de comprendre de quoi il s’agit.
Nous pouvons distinguer quatre étapes : la première est celle de la Résurrection, la seconde celle des quarante jours des apparitions, la troisième celle de l’Ascension de Jésus à la droite du Père et la quatrième est celle du don de l’Esprit Saint à la Pentecôte. Quarante est le chiffre-clé qui doit immédiatement nous faire penser aux quarante ans des Hébreux dans le désert, après la libération d’Égypte, ou aux quarante jours qu’une femme attend pour fêter ses relevailles après la naissance d’un garçon et le présenter au Temple pour faire une offrande. Marie et Joseph ont fait cela pour Jésus : c’est la fête de la Présentation au Temple, qui a justement lieu quarante jours après Noël. Il y a un lien très fort entre l’Ascension et la Présentation au Temple.
 
Ainsi la libération d’Égypte et la naissance de l’enfant correspondent à la résurrection de Jésus. Ensuite, les quarante ans de marche dans le désert comme les quarante jours de purification pour la mère correspondent aux quarante jours des Apparitions, où Jésus a éprouvé et purifié la foi de ses Apôtres.
Arrive alors la quarantième année ou le quarantième jour. Au désert, c’est la montée de Moïse au Sinaï, à travers les nuées, pour y rencontrer le Seigneur, tandis que le peuple reste au pied de la montagne ; au Temple, c’est l’offrande présentée par le prêtre pour le rachat de l’enfant premier-né.
Nous nous souvenons qu’à sa venue au Temple, Jésus a d’abord été accueilli par Syméon et Anne, qui ont exulté de joie. Il en va de même à l’Ascension : lors de la montée de Jésus vers le Père, par-delà la nuée il a été accueilli par l’exultation des anges. C’est ce que nous avons entendu dans le psaume.
Il se passe ensuite toujours un petit temps avant la dernière étape, temps mystérieux qui se passe sur la montagne tandis que Moïse demeure en présence de Dieu ; ou dans le Temple tandis que le prêtre présente l’offrande dans le sanctuaire ; ou dans le ciel lorsque Jésus présente son humanité – qui est aussi la nôtre – en offrande à son Père. C’est le temps du cénacle, qui est un temps d’attente pour le peuple d’Israël, pour les parents de l’enfant et pour les Apôtres, bien sûr.
Et arrive la dernière étape : Moïse ayant reçu les Tables de la Loi redescend les porter au Peuple, qui grâce à cette Loi, est désormais vraiment devenu le Peuple de Dieu ; de même l’offrande ayant été faite au Temple, les parents et l’enfant racheté sont bénis par le prêtre et peuvent mener une vie familiale sainte. Et pour les Apôtres, c’est la Pentecôte, où Dieu répand sa bénédiction pour qu’ils deviennent l’Église et que cette Église mène une vie sainte dans le monde.
 
L’Ascension est donc une étape nécessaire sans laquelle il est impossible que le peuple sorti d’Égypte puisse devenir le Peuple de Dieu, par le don de la Loi, si Moïse ne monte pas sur la montagne ;  Il est impossible que l’enfant nouveau-né puisse être racheté et béni par le Seigneur, si le prêtre n’offre pas l’offrande du sacrifice ; et il est impossible que le groupe des disciples puisse devenir la sainte Église, si Jésus ne monte pas au ciel pour prier son Père de répandre sur eux le don du Saint Esprit.
Ainsi l’Ascension est une montée de Jésus, une offrande de lui-même, pour obtenir de son Père, d’abord le rachat de notre humanité pécheresse, son entrée dans le ciel et sa glorification, « par lui, avec lui et en lui » ; et ensuite pour obtenir du Père le don de l’Esprit Saint, la Loi nouvelle qui accomplit la Loi ancienne, don qui constitue, structure et vivifie l’Église, accomplissement du Peuple d’Israël et communion des saints.
 
Ces événements ne sont pas du passé : nous les revivons à chaque messe. En effet, les quatre temps se retrouvent dans la prière eucharistique : Le premier – celui de la libération, de la nouvelle naissance et de la résurrection – est le moment où après que le pain et le vin ont été consacrés, nous chantons : « Il est grand le mystère de la foi – nous proclamons ta résurrection ».
Le second temps, celui des quarante jours d’épreuve, de purification et des apparitions est celui de la prière pour l’offrande du Corps et du Sang du Christ, pour les vivants et défunts, pour l’Église et notre entrée dans la communion des saints. Cette prière se termine par l’élévation et l’offrande du Corps et du Sang de Jésus, quand le prêtre dit : « Par lui, avec lui et en lui, à toi Dieu le Père tout puissant, tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siècles ». C’est le moment de l’Ascension. Et le peuple qui assiste à cette offrande, comme les Apôtres, dit « Amen ! ».
Vient ensuite le temps du Cénacle, temps d’attente où nous disons le Notre-Père, où nous prions avec insistance : « Donne-nous la paix ». Et justement, à l’issue de cette attente, le Seigneur répond et donne sa bénédiction : la loi nouvelle de l’Esprit Saint qui fait l’Église, c’est-à-dire pour nous la communion. C’est la Pentecôte d’aujourd’hui.

09 mai 2021 - CHAMPLITTE - 6ème dimanche de Pâques - Année B

Ac 10,25-26.34-35,44-48 ; Ps 97 ; 1Jn 4,7-10 ; Jn 15,9-17
 
 Chers frères et sœurs,
 
Si nous voulons entrer vraiment dans l’enseignement de Jésus, il faut que nous donnions plus de force aux mots que nous avons l’habitude d’entendre : « Demeurez dans mon amour. » Nous devrions entendre : « Habitez dans ma communion, vivez dans ma lumière ». Je pense ici à l’expérience de Pierre, Jacques et Jean lors de la Transfiguration de Jésus sur la montagne. Pierre s’y trouvait si bien qu’il voulait construire trois tentes, pour y habiter, pour y demeurer. « Demeurez dans mon amour » : c’est de sa gloire divine dont parle Jésus.
Pour demeurer dans cette gloire lumineuse, cette communion, cet amour, Jésus demande à ses disciples de s’aimer les uns les autres, comme il les a aimés. Il est bon d’aimer Dieu et d’aimer son prochain : ce sont là les commandements qui sont donnés à tous les hommes. Mais Jésus en donne encore un particulier à ses disciples : s’aimer les uns les autres comme il les a aimés. C’est-à-dire, en donnant leur vie les uns pour les autres, gratuitement, librement, par amour : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». Le commandement de Jésus, c’est le commandement de l’amour parfait, de l’amour ultime : donner sa vie.
Ainsi donc, être chrétien, ce n’est pas seulement être gentil avec le Bon Dieu et avec les autres : ça c’est le minimum syndical. Mais être chrétien, c’est donner sa vie pour ses amis, comme Jésus l’a fait pour nous. C’est un geste d’offrande de soi et de foi. C’est un geste sacerdotal. Nous avons été baptisés à l’image de Jésus prêtre, prophète et roi – prêtre pour faire cette offrande de nous-même, comme lui. C’est pourquoi il est important pour nous de ne pas quitter Jésus des yeux, de le connaître par cœur, car c’est lui qui nous indique le chemin, la manière de faire, la manière de vivre, pour atteindre cette perfection de l’amour. Comment peut-on donner sa vie pour ses amis comme Jésus, si on ne connait pas qui est Jésus ni ce qu’il a fait pour nous ?
 
J’arrive ici à quelque chose d’important et que je ne veux pas laisser passer. Nous avons entendu la première lecture : les Actes des Apôtres. Nous avons compris que Pierre arrivait chez Corneille, que celui-ci tombe à ses pieds. Pierre le relève puis explique qu’il vient de comprendre que Dieu accueille tous ceux qui le craignent et dont les œuvres sont justes, quelles que soient leurs origines. Et là, crac : l’Esprit Saint tombe sur ceux qui écoutaient la Parole – on comprend que c’est celle de Pierre – et tout le monde se réjouit de voir que même les païens peuvent recevoir l’Esprit Saint. Et aussitôt ils sont baptisés. Amen, Alléluia !
En gros, l’Esprit Saint est tombé au moment où Pierre – qui est un peu traditionnel sur les bords – a compris que même les gens qui croient simplement en Dieu et se comportent bien, sont sauvés eux aussi parce que l’Esprit Saint leur est accordé. Sauf que le texte que nous avons entendu a été découpé en petits morceaux et qu’il en manque des parties. Saint Luc n’a pas dit ce que je viens de dire.
 
Alors que s’est-il donc réellement passé avec Corneille ? Corneille a eu la vision d’un Ange qui lui disait de faire venir chez lui Pierre, pour qu’il lui transmette un message. Pendant ce temps là Pierre avait une autre vision qui lui disait de ne pas refuser comme impur ce que Dieu lui-même avait déclaré pur. Pierre arrive donc chez Corneille, qui a réuni toute sa famille et ses amis. Il y a donc du monde. C’est alors que Pierre dit ce que nous avons entendu : « Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes. » Et là : pas d’Esprit Saint… Pierre continue son discours, que nous n’avons pas entendu dans la lecture :

Telle est la parole qu’il a envoyée aux fils d’Israël, en leur annonçant la bonne nouvelle de la paix par Jésus Christ, lui qui est le Seigneur de tous. Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les commencements en Galilée, après le baptême proclamé par Jean : Jésus de Nazareth, Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance. Là où il passait, il faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui. Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se manifester, non pas à tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. Dieu nous a chargé d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts. C’est à Jésus que tous les prophètes rendent ce témoignage : Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés.

Et c’est à ce moment-là que l’Esprit Saint descend sur Corneille, sa famille et ses amis. Pourquoi ? Parce que grâce à la prédication de Pierre – grâce à son Credo – Corneille a reconnu que cet Ange qui était venu le visiter, c’était Jésus. Ce Jésus ressuscité dont parle Pierre. Alors, tous peuvent vraiment pleurer de joie.
 
La morale de cette histoire, est qu’il ne suffit pas d’être croyant en général et gentil avec tout le monde. C’est déjà pas mal. Mais si nous voulons entrer et demeurer dans l’amour de Jésus en donnant notre vie comme lui, il faut le connaître. Et cela, il n’y a que le témoignage des Apôtres qui peut nous le donner.
Il nous revient à nous chrétiens, de donner notre vie par amour pour les autres, et de leur annoncer – comme Pierre à Corneille – l’Évangile de Jésus Christ. C’est vital pour eux, pour qu’ils puissent le reconnaître dans leur cœur et recevoir à leur tour l’Esprit Saint, l’Esprit d’amour de Jésus ressuscité.
Pour ce faire, je vous invite, autant que vous le pouvez, à lire la Bible, à lire l’Évangile – celui de Marc est le plus court – à lire les Actes des Apôtres en entier. Pour apprendre, à travers ces témoignages, qui est Jésus et comment il a offert sa vie par amour pour nous. Afin de pouvoir parler de lui autour de vous et de demeurer, bienheureux, dans son amour.
 
 

lundi 3 mai 2021

01-02 mai 2021 - SOING - FLEUREY-lès-LAVONCOURT - 5ème dimanche de Pâques - Année B

Ac 9,26-31 ; Ps 21 ; Jn 3,18-24 ; Jn 15,1-8
 
Chers frères et sœurs,
 
Au milieu de la vie de ce monde, nous sommes tiraillés par mille épreuves et sollicitations. Et il nous apparaît parfois difficile de demeurer de saints disciples du Christ. Justement, par l’enseignement qu’il donne à ses apôtres, Jésus veut nous aider à suivre le bon chemin, qui est le sien.
 
Jésus commence par prendre l’image de la vigne dont nous sommes les sarments. Nous sommes ici confrontés à deux dangers.
Le premier est celui du sarment qui est attaché au pied de la vigne, mais qui ne porte pas de fruit, qui est stérile. C’est le cas de celui qui se dit le disciple du Christ mais seulement en paroles et non pas en actes. Ou bien qui s’agite dans des œuvres charitables, comme Marthe, mais en oubliant l’adoration de Dieu, alors que Marie a choisi la meilleure part, qui est la plus féconde.
Le second danger pour le sarment – au-delà d’être stérile – est plus radicalement d’être coupé du pied de la vigne : « Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. » Ne pas être en communion avec Jésus est dangereux : la vie de notre âme se dessèche ; elle s’anémie : elle meurt à petit feu, jusqu’à son extinction. Et a fortiori ne porte-t-elle pas de fruit.
 
Nous voyons donc bien combien il est important d’être en communion avec Jésus : pour recevoir de lui la vie de notre âme, et – avec l’aide de l’Esprit Saint – porter beaucoup de fruit.
Voilà : c’est bien beau tout ça, mais comment cela peut-il se faire concrètement pour nous aujourd’hui ? Demeurer dans le Christ signifie deux choses, qui sont aussi comme deux temps qui se suivent.
 
Demeurer dans le Christ, c’est d’abord partager quelque chose de sa vie terrestre. Il est toujours remarquable dans la vie des saints que leur vie est illuminée par un événement particulier de la vie de Jésus. Comme si la vie du saint était une réplique, un écho, de cet événement particulier. Par exemple, on peut dire que sainte Catherine de Sienne vivait particulièrement la Passion de Jésus, au point d’en recevoir les stigmates ; et que saint Vincent de Paul était comme le bon samaritain qui se penchait sur les douleurs de l’homme blessé sur la route de Jéricho. Mais ce qui est vrai pour les saints l’est aussi pour chacun de nous qui sommes baptisés : il y a dans les Écritures ou dans l’Évangile un épisode ou un passage, qui correspond parfaitement à ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes, et qui est notre vocation de communion avec Jésus.
Cependant, nous ne devons pas ignorer que la vie terrestre de Jésus est aussi passée par la souffrance de la croix. Et comme le disciple n’est pas plus grand que son maître, il lui faudra lui aussi passer par une croix. Cela est profondément douloureux et souvent incompréhensible. Nous devons savoir que si le Seigneur permet cela, c’est pour qu’avec Jésus ressuscité et vainqueur de la mort, par la puissance de son Esprit Saint, nous portions, par notre foi dans l’amour du Père pour nous, davantage de fruits pour le Royaume. C’est-à-dire que par la libre offrande de nous-mêmes à son amour, le Seigneur puisse répandre une abondance de grâces au ciel et sur la terre, sur ceux que nous aimons et au-delà de ceux que nous aimons.
 
Justement, et c’est le deuxième temps : demeurer dans le Christ, ce n’est pas seulement partager avec lui un moment passé de son histoire terrestre, et partager la douleur de sa croix, c’est aussi partager sa vie actuelle, c’est-à-dire sa vie éternelle, sa vie glorieuse, sa vie de maintenant. C’est le baptême qui permet cela, et tous les sacrements qui nous mettent en communion actuelle avec Jésus.
Dès lors, demeurer dans le Christ, c’est vivre de la vie de l’Église : en louant Dieu par des hymnes et des psaumes, et en célébrant l’eucharistie ; en se nourrissant de la Parole de Dieu en recevant l’enseignement des Écritures et de l’Évangile ; et en faisant le bien autour de soi, en accomplissant de nombreuses actions charitables. Cette vie de prière, d’étude et de charité, vécue selon le commandement de Jésus, c’est-à-dire en ayant foi en lui et en nous aimant les uns les autres, est la voie royale pour être en communion avec lui, pour demeurer en lui, et lui en nous.
 
Alors, comme il nous l’a promis, avec l’aide de l’Esprit Saint, nous partagerons avec lui la gloire et la paix des bienheureux, dans le ciel, et comme la bonne vigne, nous porterons de beaux fruits, pour que Jésus les transforme en un vin merveilleux pour le banquet des noces de Cana !
 
 
 

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