Dt
4,32-34 .39-40 ; Ps 32 ; Rm 8,14-17 ; Mt 28,16-20
Chers
frères et sœurs,
Dans
la liturgie des dimanches et fêtes, la première lecture, le psaume qui lui
répond et l’Évangile, vont toujours ensemble. La seconde lecture est le plus
souvent indépendante, par exemple quand on fait la lecture suivie d’une lettre
de saint Paul, d’un dimanche à l’autre.
Aujourd’hui,
la liturgie met donc en correspondance le souvenir de la manifestation de Dieu
à Moïse au Mont Sinaï avec l’Évangile de l’apparition de Jésus à ses Apôtres sur
la montagne de Galilée. On peut d’ailleurs penser que cette montagne de Galilée
est celle du Thabor, où Jésus s’était déjà manifesté transfiguré à Pierre,
Jacques et Jean. Il faut donc lire l’Évangile en pensant à Moïse au Sinaï, et
lire l’épisode du Sinaï en pensant aux Apôtres sur la montagne de Galilée.
Dans
la première lecture, Moïse évoque un événement incomparable,
exceptionnel : la manifestation de Dieu sur la montagne. Et la voix de
Dieu s’est fait entendre, annonçant son choix d’une nation particulière prise au
milieu des autres, par des exploits terrifiants – « comme tu as vu le
Seigneur ton Dieu le faire pour toi en Égypte ».
Dans
l’Évangile, Saint Matthieu nous raconte l’événement incomparable, exceptionnel
de l’apparition de Jésus sur la montage. Et la voix de Jésus se fait entendre,
annonçant son choix d’une nation particulière, prise au milieu des autres,
celle de l’Église du ciel et de la terre, qu’il s’est acquis par l’exploit
terrifiant de sa croix, et par le baptême qui rappelle le franchissement de la
Mer Rouge et la libération d’Égypte, la libération des servitudes de notre
ancienne condition.
Moïse
continue : « Sache donc aujourd’hui, et médite cela dans ton
cœur : c’est le Seigneur qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas
sur la terre ; il n’y en a pas d’autre. Tu garderas les décrets et les
commandements du Seigneur que je te donne aujourd’hui. » C’est aussi
ce que dit Jésus à ses Apôtres : « … faites des disciples. Baptisez-les
au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce
que je vous ai commandé ».
Le
Seigneur qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre, c’est
le même qui est Père, Fils et Saint Esprit, et c’est le même qui donne la Loi
et les commandements. La différence entre le Sinaï et la Galilée, c’est
l’accomplissement que révèle Jésus : le secret du Dieu du Sinaï est qu’il
est Père, Fils et Saint Esprit, et que le ressort de sa Loi, de ses
commandements, est l’amour par le don de soi, par le don de sa vie.
Enfin,
Moïse termine : « afin d’avoir, toi et tes fils, bonheur et longue
vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu, tous les jours »,
de la même manière que Jésus termine : « Et moi, je suis avec vous
tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
On
pourrait comprendre que la terre que donne le Seigneur, c’est le ciel ;
mais – si on suit rigoureusement le parallèle entre les deux textes – la terre
nouvelle que le Seigneur donne, c’est Jésus lui-même, qui est avec nous tous
les jours jusqu’à la fin du monde. On pourrait résumer ainsi :
« Jésus, c’est notre ciel », et il l’est vraiment lorsque nous sommes
en communion avec lui.
Voyez-donc,
chers frères et sœurs comme la première lecture et l’Évangile fonctionnent
comme deux pièces d’un même ensemble qui vont l’une avec l’autre. On ne peut
pas comprendre vraiment l’Évangile si on n’a pas les Écritures, et on ne peut
pas comprendre les Écritures sans la clé de l’Évangile.
Pour
conclure, il est une remarque à se faire. C’est le même Dieu qui s’est
manifesté à Moïse au Sinaï ; c’est le même qui s’est manifesté à ses
Apôtres en Galilée. Et c’est encore le même qui va se manifester à nous dans
l’Eucharistie, à laquelle nous allons communier avec amour. Le Seigneur notre
Dieu est toujours avec nous hier, aujourd’hui et demain, jusqu’à la fin du
monde, comme il l’a promis.