Ac 9,26-31 ; Ps
21 ; Jn 3,18-24 ; Jn 15,1-8
Chers
frères et sœurs,
Au
milieu de la vie de ce monde, nous sommes tiraillés par mille épreuves et
sollicitations. Et il nous apparaît parfois difficile de demeurer de saints
disciples du Christ. Justement, par l’enseignement qu’il donne à ses apôtres,
Jésus veut nous aider à suivre le bon chemin, qui est le sien.
Jésus
commence par prendre l’image de la vigne dont nous sommes les sarments. Nous
sommes ici confrontés à deux dangers.
Le
premier est celui du sarment qui est attaché au pied de la vigne, mais qui ne
porte pas de fruit, qui est stérile. C’est le cas de celui qui se dit le disciple
du Christ mais seulement en paroles et non pas en actes. Ou bien qui s’agite
dans des œuvres charitables, comme Marthe, mais en oubliant l’adoration de
Dieu, alors que Marie a choisi la meilleure part, qui est la plus féconde.
Le
second danger pour le sarment – au-delà d’être stérile – est plus radicalement
d’être coupé du pied de la vigne : « Si quelqu’un ne demeure pas
en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. » Ne
pas être en communion avec Jésus est dangereux : la vie de notre âme se
dessèche ; elle s’anémie : elle meurt à petit feu, jusqu’à son
extinction. Et a fortiori ne porte-t-elle pas de fruit.
Nous
voyons donc bien combien il est important d’être en communion avec Jésus :
pour recevoir de lui la vie de notre âme, et – avec l’aide de l’Esprit Saint –
porter beaucoup de fruit.
Voilà :
c’est bien beau tout ça, mais comment cela peut-il se faire concrètement pour
nous aujourd’hui ? Demeurer dans le Christ signifie deux choses, qui sont
aussi comme deux temps qui se suivent.
Demeurer
dans le Christ, c’est d’abord partager quelque chose de sa vie terrestre. Il
est toujours remarquable dans la vie des saints que leur vie est illuminée par
un événement particulier de la vie de Jésus. Comme si la vie du saint était une
réplique, un écho, de cet événement particulier. Par exemple, on peut dire que
sainte Catherine de Sienne vivait particulièrement la Passion de Jésus, au
point d’en recevoir les stigmates ; et que saint Vincent de Paul était comme
le bon samaritain qui se penchait sur les douleurs de l’homme blessé sur la
route de Jéricho. Mais ce qui est vrai pour les saints l’est aussi pour chacun
de nous qui sommes baptisés : il y a dans les Écritures ou dans l’Évangile
un épisode ou un passage, qui correspond parfaitement à ce que nous sommes au
plus profond de nous-mêmes, et qui est notre vocation de communion avec Jésus.
Cependant,
nous ne devons pas ignorer que la vie terrestre de Jésus est aussi passée par
la souffrance de la croix. Et comme le disciple n’est pas plus grand que son
maître, il lui faudra lui aussi passer par une croix. Cela est profondément
douloureux et souvent incompréhensible. Nous devons savoir que si le Seigneur permet
cela, c’est pour qu’avec Jésus ressuscité et vainqueur de la mort, par la
puissance de son Esprit Saint, nous portions, par notre foi dans l’amour du
Père pour nous, davantage de fruits pour le Royaume. C’est-à-dire que par la
libre offrande de nous-mêmes à son amour, le Seigneur puisse répandre une
abondance de grâces au ciel et sur la terre, sur ceux que nous aimons et
au-delà de ceux que nous aimons.
Justement,
et c’est le deuxième temps : demeurer dans le Christ, ce n’est pas
seulement partager avec lui un moment passé de son histoire terrestre, et
partager la douleur de sa croix, c’est aussi partager sa vie actuelle, c’est-à-dire
sa vie éternelle, sa vie glorieuse, sa vie de maintenant. C’est le baptême qui
permet cela, et tous les sacrements qui nous mettent en communion actuelle avec
Jésus.
Dès
lors, demeurer dans le Christ, c’est vivre de la vie de l’Église : en
louant Dieu par des hymnes et des psaumes, et en célébrant l’eucharistie ;
en se nourrissant de la Parole de Dieu en recevant l’enseignement des
Écritures et de l’Évangile ; et en faisant le bien autour de soi, en
accomplissant de nombreuses actions charitables. Cette vie de prière, d’étude
et de charité, vécue selon le commandement de Jésus, c’est-à-dire en ayant foi
en lui et en nous aimant les uns les autres, est la voie royale pour être en
communion avec lui, pour demeurer en lui, et lui en nous.
Alors,
comme il nous l’a promis, avec l’aide de l’Esprit Saint, nous partagerons avec
lui la gloire et la paix des bienheureux, dans le ciel, et comme la bonne
vigne, nous porterons de beaux fruits, pour que Jésus les transforme en un vin merveilleux
pour le banquet des noces de Cana !