Ac 4,8-12 ; Ps
117 ; 1Jn 3,1-2 ; Jn 10,11-18
Chers
frères et sœurs,
Lorsque
nous entendons l’évangile de saint Jean, nous avons le sentiment d’entendre de
belles choses mais aussi le sentiment qu’il se répète un peu et que
l’enseignement de Jésus paraît un peu hermétique, un peu difficile à
comprendre.
Pour
nous aider, nous pouvons essayer de nous mettre à la place de saint Jean. Ce
qu’il voit intérieurement, quand il écrit l’Évangile, c’est Jésus ressuscité :
Jésus vivant et glorieux comme à la Transfiguration. Pour comprendre saint
Jean, il faut nous-mêmes nous trouver dans cette lumière très particulière de
la Transfiguration.
C’est
ainsi par exemple que la phrase de Jésus « Moi, je suis le bon
pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le
Père me connaît, et que je connais le Père » exprime la communion de
ceux qui se trouvent dans la gloire de Dieu. On pourrait traduire :
« Je suis en communion avec mes brebis et mes brebis sont en communion
avec moi, comme le Père est en communion avec moi et moi en communion avec le
Père. » Cette communion, c’est bien sûr l’Esprit Saint qui la réalise.
Ainsi
en a-t-il été de Pierre, Jacques et Jean sur la montagne : ils étaient en
communion avec Jésus, avec Moïse et Elie, et aussi avec le Père dont la voix se
fait entendre, tout cela dans la gloire, la lumière particulière de l’Esprit
Saint. Connaître Jésus et être connu par lui, c’est être en communion avec lui,
dans sa lumière.
Quand
il écrit, saint Jean a donc en mémoire cette gloire lumineuse qui réalise la
communion. C’est elle qui a illuminé les disciples d’Emmaüs lorsqu’ils ont
reconnu Jésus à la fraction du pain ; c’est elle aussi qui a surpris les
Apôtres réunis au Cénacle lorsque Jésus leur est apparu, non pas comme un fantôme,
mais ressuscité et vivant, dans la lumière de sa résurrection. Ainsi ont-ils tous
été en communion avec Jésus et avec son Père, par l’Esprit Saint.
C’est
la raison pour laquelle, dans sa Première lettre saint Jean écrit :
« Nous le savons, quand cela sera manifesté, nous lui serons
semblables, car nous le verrons tel qu’il est. » En effet, lorsque
Jésus est en communion avec nous, il nous met en communion avec lui,
c’est-à-dire que, pris dans sa lumière, nous devenons nous aussi lumineux.
Pierre, Jacques et Jean sur la montagne ne s’en rendaient pas compte, mais eux
aussi était revêtus de la lumière qui provenait de Jésus. Et c’est pourquoi ils
se trouvaient bien. Personne, quand il se trouve en communion avec Jésus n’a
envie de se séparer de cette communion. Et quand cela se fait – parce que nous
sommes encore terrestres et que cette communion est pour nous fugitive – nous la
gardons précieusement en mémoire et nous avons hâte de la vivre de nouveau.
Comme des amoureux qui doivent se séparer et qui n’ont qu’une seule
envie : celle de se retrouver.
Voilà
donc de quoi nous parle saint Jean dans son Évangile et ses lettres. Il nous en
dit même un peu plus quand il écrit : « Voici pourquoi le Père
m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne
peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la
donner ; j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau. » Dans
ces propos de Jésus, saint Jean nous apprend que la communion lumineuse du
Christ ressuscité est amour – le Père m’aime : elle est don de soi
– parce que je donne ma vie, en pleine liberté – je la donne de
moi-même. Tout cela va ensemble : lumière, connaissance, résurrection,
vie éternelle, amour, don de soi et liberté. Tout cela est la communion dont
Jésus nous donne non seulement la révélation mais aussi l’accès, par le baptême
et aussi… par la communion bien sûr. C’est la même. C’est exactement la même.
Nous le verrions si l’Esprit Saint nous donnait de le voir !
C’est
pourquoi, pour finir, saint Pierre dit aux chefs du peuple et aux anciens qui
l’écoutent : « En nul autre que Jésus, il n’y a de salut, car,
sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. »
Et en effet, y a-t-il quelqu’un d’autre que Jésus qui nous aurait révélé cette
communion lumineuse, et plus encore, qui nous aurait fait la grâce de pouvoir y
participer, pour l’éternité ? Telle est notre foi, telle est notre
espérance, et telle est notre joie !