Ac 4,32-35 ; Ps
117 ; 1Jn 5,1-6 ; Jn 20,19-31
Chers
frères et sœurs,
La
transmission de la foi se fait toujours en deux temps. Le premier temps est
celui du témoignage, qui dans la plupart des cas n’est pas cru. Le second temps
est celui de l’intervention nécessaire du Seigneur pour que celui qui a entendu
le témoignage, et qui doute, se mette enfin à croire.
Nous
voyons bien fonctionner ce jeu des deux temps, par exemple avec Marie-Madeleine :
elle va au tombeau, rencontre l’ange qui lui dit que Jésus est ressuscité, mais
elle n’écoute pas son témoignage. Il faut ensuite que Jésus lui-même l’appelle
pour qu’enfin elle le reconnaisse ressuscité. Il en va de même avec les
disciples d’Emmaüs : ils ont entendu le témoignage de certains des leurs
affirmant que Jésus leur était apparu vivant, mais ils n’y croient pas. Il faut
que Jésus lui-même marche avec eux sur le chemin et rompe le pain avec eux,
pour qu’ils le voient enfin et qu’ils croient. Il en va de même au Cénacle :
les disciples se sont enfermés ; ils savent qu’il s’est passé quelque
chose au tombeau mais ils ne croient pas le témoignage des femmes qui affirment
que Jésus est vraiment ressuscité. Il faut que Jésus lui-même vienne à leur
rencontre, leur montre ses mains et son côté, pour qu’enfin ils croient. Et
puis Thomas n’est pas là... Il a beau entendre le témoignage des autres
disciples : il ne veut pas croire. Il faut donc que Jésus vienne lui-même le
voir pour qu’enfin il puisse croire.
Ce
qui est vrai à l’époque de Jésus et des disciples est toujours vrai
aujourd’hui. Le témoignage des croyants est important – il est même nécessaire
– pour qu’il y ait un premier temps. Mais cela ne suffit jamais à faire que les
gens qui reçoivent ce témoignage deviennent croyants. Pour cela, il faut que
Jésus lui-même intervienne, dans un second temps.
Regardons
d’un peu plus près comment se font ces deux étapes aujourd’hui.
Le
témoignage d’un chrétien n’est pas n’importe lequel. Il n’est pas seulement un
témoignage personnel, sur la manière dont lui-même aurait pu personnellement
rencontrer Jésus. C’est toujours intéressant, mais le plus important est de
transmettre le témoignage des Apôtres, ceux qui ont réellement vu le Christ
Jésus ressuscité. Eux-mêmes ont attesté jusqu’à leur martyre que c’est bien le
même Jésus qui était mort et qui maintenant est vivant. Si les Évangiles ont
été écrits, c’est justement pour transmettre le plus fidèlement possible, à
travers les générations, ce témoignage des Apôtres.
Ainsi,
ce que nous chrétiens avons à transmettre aujourd’hui, ce dont nous devons
témoigner, ce ne sont pas d’abord des dogmes ou une morale, ni une philosophie
de vie ou même des valeurs. Cela vient ensuite. Mais ce qui est premier, ce qui
est fondamental, c’est le récit de ce qu’il s’est passé au temps de Jésus :
c’est un récit historique. Il nous faut sans cesse rechercher, approfondir, ce
que nous savons de ces événements, comme des journalistes ou des policiers, qui
mènent une enquête. Et raconter à ceux qui nous entourent, aux enfants :
« Voilà ce qui c’est passé du temps de Jésus, et voici ce qu’il lui est
arrivé. Voici ce que nous savons. » Il faut au moins que notre témoignage
soit rendu crédible par notre sérieux et notre comportement, et qu’il suscite
au moins l’étonnement, l’interrogation et la réflexion de ceux qui nous
écoutent.
Ensuite,
le second temps peut être vécu de deux manières, qui se renvoient l’une à
l’autre en miroir.
La
première manière de rencontrer Jésus aujourd’hui, s’effectue par les sacrements
de l’Église, à commencer par celui du baptême qui fait qu’on devient chrétien. Bien
souvent, dans nos régions, c’est notre famille qui nous porte au baptême :
une famille chrétienne est comme la main de Jésus qui nous met en communion
avec lui. Une famille chrétienne est une manière pour Jésus de se rendre
présent au monde d’aujourd’hui. Et la famille chrétienne des familles
chrétiennes, c’est l’Église, bien sûr. Ensuite, les baptisés ont vocation à
approfondir leur relation personnelle à Jésus en cherchant à mieux le connaître
et en développant une belle vie chrétienne dans l’Esprit Saint.
La
seconde manière de rencontrer Jésus aujourd’hui est que lui-même, par son
Esprit Saint, se manifeste à nous personnellement, d’une manière intime, dans
un événement, à travers une personne, une parole ou un écrit, ou même une
vision… et que par ce moyen, notre cœur se convertit et devient fermement assuré
d’avoir rencontré Jésus vivant. C’est ainsi que des personnes qui se
convertissent après avoir rencontré le Christ d’une manière ou d’une autre, demandent
naturellement le baptême. Il est toujours nécessaire de passer par l’Église et
par le baptême pour être assuré que c’est bien Jésus qu’on a rencontré et non
pas une illusion. Car baptême et rencontre de Jésus vivant se renvoient l’un à
l’autre, comme deux pièces d’un même puzzle pour se conforter et se nourrir
mutuellement.
Voilà
chers frères et sœurs, l’un des grands enseignements de l’évangile
d’aujourd’hui. Prions le Seigneur que nous ne soyons pas le maillon faible de
la transmission de la foi en notre temps, mais au contraire un maillon solide,
pour que nos contemporains et nos descendants puissent rencontrer Jésus.