lundi 25 février 2019

23-24 février 2019 - VELLEXON - BROYE-lès-PESMES - 7ème dimanche TO - Année C


1S 26,2.7-9.12-13.22-23 ; Ps 102 ; 1Co 15,45-49 ; Lc 6,27-28

Chers frères et sœurs,

On ne peut pas comprendre cet évangile ni le mettre en pratique, si l’on n’aime pas Dieu d’abord, de tout son cœur, de toute son âme, et de tout son esprit. Celui qui aime Dieu plus que tout – comme le demande Jésus et comme il peut en donner la grâce – a la capacité d’aimer son prochain, et dans son prochain jusqu’à son ennemi. Si l’on veut vraiment être disciples de Jésus, il faut donc d’abord mettre la locomotive avant les wagons, et placer l’amour de Dieu en premier, avant tout autre chose. Sinon, on ne peut pas s’en sortir.

Quand on porte son regard vers Dieu d’abord, on s’aperçoit de deux choses.

La première est que Dieu a fait le premier ce qu’il nous demande de faire. Écoutez ces paroles et pensez à Jésus en sa Passion : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. A celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. A celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas ». Jésus lui-même a vécu ces paroles, qu’il a scellées sur la croix en disant « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font », et il a ajouté, en accomplissant le commandement de l’amour de Dieu par-dessus tout : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ».
N’oublions donc pas que Dieu, qui nous demande de l’aimer et d’aimer notre prochain jusqu’à notre ennemi, nous a lui-même d’abord aimé, jusqu’à donner sa vie pour nous, sans qu’il y ait eu aucun mérite préalable de notre part. C’est l’expérience bouleversante qu’a faite saint Paul sur le chemin de Damas : lui qui était persécuteur de Jésus, a été aimé et pardonné par lui, jusqu’à être appelé par lui à devenir Apôtre ! Dieu est bon pour les ingrats et les méchants, car il ne désespère jamais de l’homme, quel qu’il soit. Et c’est ainsi que Jésus a donné sa vie pour le salut de tous en accomplissant jusqu’au bout son propre commandement.

La seconde chose à observer, quand on porte son regard vers Dieu d’abord, c’est que l’acte d’aimer son prochain jusqu’à son ennemi, est un acte proprement divin. Je veux dire que, de nous-mêmes, nous les hommes, nous n’en sommes pas capables. Comme dit saint Paul, nous sommes « faits d’argile ». Mais si nous en recevons la grâce – grâce que nous sommes appelés à demander à Dieu sans cesse – alors nous pouvons aimer comme lui nous a aimé. Avec la grâce, dit saint Paul, « nous serons à l’image de celui qui vient du ciel ». Comprenons-bien, chers frères et sœurs, l’amour est grâce divine : il est totalement gratuit, surabondant et recréateur.
L’amour de Dieu est totalement gratuit : il ne s’achète pas, ne se marchande pas, c’est pourquoi il n’y a aucune condition préalable à l’amour. L’amour de Dieu est surabondant, car il est la vie même. Les fleurs des champs, les étoiles du ciel, les grains de sable au bord des mers, sont innombrables : l’amour de Dieu est de cette mesure-là, illimité, aussi stupéfiant que beau. Enfin, l’amour de Dieu est recréateur. C’est le point le plus étonnant. Là où il y a la mort, là où il y a l’impasse, là où il y a les ténèbres, l’amour de Dieu fait éclater le tombeau et il libère la vie ; tout en est illuminé. L’amour de Dieu est vie. Aimer son prochain jusqu’à son ennemi, c’est lui donner la vie, la vie que nous-mêmes avons reçue de Dieu. Aimer c’est faire des miracles et ressusciter des morts.

Enfin, chers frères et sœurs, pour terminer, l’histoire de Saül et David illustre un dernier point à souligner concernant l’amour de Dieu et du prochain. David est persécuté par Saül qui le jalouse et veut l’éliminer. Mais David refuse de tuer le roi, son ennemi, alors que par deux fois – ici c’est la seconde – il a eu la possibilité de le faire de ses propres mains. Et à chaque fois, Saül accuse le coup et renonce temporairement à poursuivre David, alors que la force armée est de son côté.
Il y a une puissance dans l’amour qui va jusqu’à faire reculer les ennemis, pourvu qu’ils aient une âme. David le dit très bien : s’il ne tue pas Saül, c’est par amour du Seigneur. Il ne veut pas porter la main sur le roi, qui a été consacré par Dieu. En raison de son amour du Seigneur, David fait miséricorde à Saül, et ce dernier, parce qu’il craint Dieu lui aussi, en est ébranlé. Le pardon que l’on offre à ses ennemis par amour pour Dieu, est une force puissante qui les fragilise et leur offre la possibilité de demander pardon à leur tour et de revivre.

Chers frères et sœurs, le secret de l’amour réside dans le fait qu’il faut aimer Dieu d’abord plus que tout et qu’en raison de cet amour, on reçoit par grâce la capacité d’aimer notre prochain jusqu’à notre ennemi, et – sinon de le convertir – du moins de le faire reculer, s’il a une âme.

lundi 18 février 2019

16-17 février 2019 - FOUVENT-LE-HAUT - SEVEUX - 6ème dimanche TO - Année C


Jr 17,5-8 ; Ps 1 ; 1Co 15,12.16-20 ; Lc 6,17.20-26


« Ils étaient venus l’écouter et être soignés de leurs maladies. Ceux qui étaient perturbés par des esprits impurs étaient guéris. Toute la foule cherchait à le toucher parce qu’une puissance sortait de lui et les guérissait tous ».
Lc 6,18-19                                           

Chers frères et sœurs,

J’ai fait exprès de lire l’intégralité de l’Évangile choisi pour ce dimanche, non seulement parce que le petit passage qui a été coupé dans le lectionnaire nous donne une lumière indispensable pour comprendre Jésus, mais en plus parce qu’il est vital de nous mettre à l’écoute de l’intégralité de la Parole de Dieu telle qu’elle nous est donnée dans les Évangiles, plutôt que de la découper en petits morceaux selon nos propres fantaisies. C’est vital, surtout en ce moment.

En effet, l’actualité ne nous donne pas l’occasion d’être fiers de notre Église, d’être fiers de nous-mêmes. Nous voyons passer par-dessus nos têtes des missiles médiatiques : accusations, procès, condamnations, sanctions – et malheureusement souvent à juste titre. Et nous baissons la tête en nous demandant quelle confiance nous pouvons encore avoir dans ceux que le Seigneur nous a donné comme pasteurs.
J’ai participé cette semaine à un colloque à Paris sur la transmission de la foi aux jeunes, que l’on ne voit plus beaucoup dans nos assemblées. L’un des organisateurs faisait le constat suivant : nous sommes comme en train de traverser un fleuve en cherchant à chaque pas un appui, un caillou, quelque chose de solide, sur lequel nous appuyer pour pouvoir avancer et passer sur l’autre rive. Et l’on tâtonne, sans arriver à voir quand nous arriverons au rivage, en espérant à chaque pas que l’on ne sera pas emporté par le courant.
Voilà notre situation : nous sommes comme saint Pierre dans la tempête, en train de marcher sur les eaux. Si nous n’avons pas la foi, nous coulons.

Justement, le prophète Jérémie et le psalmiste, qui ont connu en leur temps de pareilles situations, nous avertissent et nous réconfortent : « Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, tandis que son cœur se détourne du Seigneur ; Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, il sera comme un arbre, planté près des eaux » ; « Heureux est l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants, qui ne suit pas le chemin des pécheurs, mais qui se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit ! ». Dans l’épreuve et le doute, il y a deux attitudes possibles : soit on se laisse emporter en hurlant avec les loups ou en baissant les bras, soit on met sa foi dans le Seigneur, on s’enracine dans la Loi du Seigneur, c’est-à-dire dans l’amour du Seigneur. Le premier chemin conduit à la ruine, le second permet de rester vivant même dans des lieux ou des temps de mort.

Jésus donne à ses disciples le même enseignement : « Soyez heureux vous qui êtes pauvres, qui avez faim, qui pleurez, qui êtes détestés, exclus, insultés et rejetés parce que vous portez le nom de Chrétiens », et « quel malheur pour vous qui paraissez riches maintenant, qui êtes repus et  hilares devant cette situation », car il y a ce que vous ne voyez pas, ne comprenez pas, parce que vous ne la connaissez pas : il y a la puissance qui sortait de Jésus et qui guérissait tous les malades.
En Jésus, chers frères et sœurs, il y a la puissance de la vie éternelle, celle dont parle saint Paul : la puissance de la résurrection qui est comme une sève irrésistible, une force de vie, celle qui fait qu’un arbre planté près d’un ruisseau – celui de la vie de Dieu – donne du fruit même dans le désert, même dans des lieux et des temps de mort, comme ceux que nous connaissons aujourd’hui.

Chers frères et sœurs, je vous invite à avoir une bible, une bonne Bible comme la Bible de Jérusalem, et à aller y retrouver les textes de chaque dimanche, en lisant ce qu’il y a avant, ce qu’il y a après, ce que le texte dit, entièrement, sans coupure, pour vous abreuver à la source, celle de Jésus. Et à venir vous nourrir de lui, à la messe, autant que vous pouvez. Car il n’y a que lui, Jésus, qui est le seul à pouvoir nous donner la vie qui est plus forte que la mort, sa vie ; et avec sa vie, son amour et sa joie.





lundi 11 février 2019

10 février 2019 - SORNAY - 5ème dimanche TO - Année C


Is 6,1-2a.3-8 ; Ps 137 ; 1Co 15,1-11 ; Lc 5,1-11

Chers frères et sœurs,

Ce qui vient d’arriver sur le lac de Génésareth à Simon, à son frère André, et à leurs associés Jacques et Jean, est comparable à ce qu’ont vécu le prophète Isaïe dans le Temple et saint Paul sur le chemin de Damas. Ils ont été les bienheureux bénéficiaires de la grâce de Dieu.

Le don de la grâce se reconnaît à trois caractéristiques.

La première est la surprise. Ni les apôtres qui avaient pêché inutilement toute la nuit, ni Isaïe qui allait au Temple comme aujourd’hui n’importe qui entre dans une église, et encore moins saint Paul alors persécuteur de chrétiens, aucun d’entre eux ne s’attendait à vivre un pareil événement ou à faire la rencontre du Dieu vivant. Ils ne s’y attendaient pas, ou en tous cas pas à ce point.

La seconde caractéristique est justement la démesure du don de la grâce.
Pour Isaïe, la rencontre avec Dieu prend des proportions incroyables : même le Temple tremble ; il est rempli de fumée. Ce n’est pas seulement le prophète qui fait une expérience spirituelle, mais tout autour de lui est bouleversé, même la matière.
Pour saint Paul, il faut bien prendre en compte qui il était : un persécuteur, un chasseur officiel de chrétiens. Le simple fait de se trouver devant Jésus ressuscité aurait dû le réduire à l’état de neutron. Mais non, c’est le pardon qui l’attend, et même mieux, la mission d’annoncer la résurrection de Jésus. Pour saint Paul, la grâce a pris la forme d’un pardon infini. Comment pourrait-il l’oublier ?
Et pour les pécheurs du lac de Génésareth, le don de Dieu s’est révélé par cette pêche miraculeuse, qui, au-delà de l’immense tas de poissons ramenés à terre, a également fait leur fortune. Une fortune totalement inespérée. Quand Dieu donne, il ne compte pas.

La troisième caractéristique du don de la grâce est le miroir de la précédente, dans le sens où, face à l’immensité de la grâce de Dieu, l’homme qui en bénéficie se sent minuscule et indigne. Isaïe s’écrie : « Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures ! » ; Saint Paul se qualifie lui-même d’« avorton » et explique : « Je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre, puisque j’ai persécuté l’Église de Dieu » ; et saint Pierre, tombé à genoux, s’exclame avec effroi : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ». Vous comprenez : la grâce de Dieu, c’est trop grand, trop fort, trop beau pour nous. Quand elle survient, c’est à en pleurer.

Chers frères et sœurs, croyez-vous que le don de la grâce n’est réservé qu’aux prophètes, aux Apôtres et aux saints ? Réfléchissez bien et demandez-vous si ce n’est pas plutôt l’inverse. Ils étaient en effet des hommes normaux comme nous quand la grâce de Dieu les a surpris. Leur vie en a été bouleversée et, c’est parce qu’ils ont répondu à l’appel de cette grâce qu’ils sont devenus prophètes, Apôtres et saints. La grâce de Dieu est première, et c’est quand on lui répond qu’on devient saint.

Maintenant, réfléchissons encore et voyons si dans notre vie, il n’y a pas eu un jour des événements semblables, où l’on a été surpris, où l’on s’est senti tout petit, dépassés par l’immensité du cadeau qui nous a été fait, qui changeait complètement notre vie du jour au lendemain. N’avez-vous donc pas connu des événements semblables ? Je suis sûr que chacun d’entre nous a reçu un jour une grâce, à commencer par celle de notre baptême. Eh bien, qu’en faisons-nous ?


lundi 4 février 2019

3 février 2019 - MEMBREY - 4ème dimanche TO - Année C


Jr 1,4-5.17-19 ; Ps 70 ; 1Co 12,31-13,13 ; Lc 4,21-30

Chers frères et sœurs,

Ce qu’il vient de se passer à Nazareth est assez dramatique. Jésus vient de se faire rejeter violemment par son clan familial, qui n’a pas compris ni qui il est vraiment, ni ce qu’il est venu faire dans le monde. Sa famille ne voit en lui que le fils de Joseph alors qu’il est le Fils de Dieu, et elle espère qu’il va devenir roi d’Israël alors que son Règne va s’étendre, bien au-delà d’Israël, à l’univers tout entier. Il y a une très grosse incompréhension.

N’oublions pas qui sont les gens de Nazareth. Ce sont les descendants du roi David, qui au retour de l’exil à Babylone, se sont installés là, assez pauvrement. Ils sont humbles mais ils savent que c’est dans leur clan, un clan royal, que naîtra un jour le Sauveur promis par Dieu, selon les promesses faites autrefois à leur ancêtre David. L’Ancien Testament est pour eux, non seulement la Loi du Peuple d’Israël, mais aussi leur histoire de famille : ils le connaissent par cœur. Et ils savent que Marie a donné un fils à Joseph de manière étonnante, et que l’Esprit de Dieu est descendu sur Jésus lors de son baptême par Jean-Baptiste : il a été consacré directement par Dieu. Et Jésus a reçu le pouvoir de guérir les malades, de pardonner aux pécheurs. N’est-il donc pas le Messie attendu depuis si longtemps ? N’est-ce donc pas lui qui va rétablir la royauté de David et rendre à son clan sa dignité de famille royale ?

Mais quelle incompréhension ! Qu’avait donc lu Jésus dans le livre d’Isaïe, dont il dit « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » ? Il avait lu : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, et remettre en liberté les opprimés ». Mais qui sont les pauvres, les captifs, les aveugles et les opprimés ? Les gens de Nazareth croyaient que Jésus parlait d’eux. Mais Jésus, qui est Dieu, voyait plus loin : les pauvres sont ceux qui sont privés de l’Esprit de Dieu, les captifs ceux qui sont prisonniers dans l’enfer de leur péché, les aveugles ceux dont le regard n’est pas illuminé par la lumière de la gloire de Dieu, et les opprimés sont ceux qui sont justes dans leur cœur et qui attendent avec une grande espérance, dans un monde qui les méprise, la venue de leur Sauveur. Et tous ces gens-là, en réalité, ce sont tous les hommes du monde et de tous les temps, dont nous-mêmes faisons partie.

C’est pourquoi Jésus explique à sa famille qu’il n’est pas venu spécialement pour eux mais pour tous. Il prend alors l’exemple de la veuve de Sarepta, une veuve étrangère, à qui Elie va procurer du pain et de l’huile en abondance, au moment d’une grande famine. Terrible exemple, alors que la Vierge Marie sa propre mère est elle-même veuve de saint Joseph depuis peu de temps. Et Jésus ajoute l’exemple de Naaman le Syrien, général étranger, qui sera guéri de sa lèpre tandis que les lépreux d’Israël ne sont pas guéris. Jésus a l’air de traiter de lépreux son propre clan. Mais ce n’est pas parce que Dieu fait miséricorde aux autres et les bénit qu’il ne fait pas miséricorde et ne bénit pas son peuple bien-aimé en même temps ! Dieu a décidé d’étendre son amour à tous les hommes. C’est cela la bonne nouvelle : il est le Dieu de tous et il offre sa communion d’amour à tous.

Par quel moyen le fait-il ? Naaman le Syrien a été purifié en se baignant dans un bain d’eau, et la veuve de Sarepta a été nourrie avec du pain et de l’huile. Chers frères et sœurs, Dieu ne fait jamais rien par hasard : c’est par l’eau du baptême que l’on est guéri de son péché et que l’on entre dans le peuple de Dieu ; c’est par le pain eucharistique que l’on est nourri pour ne pas faillir en chemin jusqu’au jour de Dieu ; et c’est par l’huile sainte que nous est conférée la force de l’Esprit, pour que nous accomplissions notre vocation : aimer Dieu et aimer notre prochain.
Jésus nous a donné tous les moyens pour être riches des grâces de Dieu, pour être libres en sa présence, pour que nos yeux se rassasient de sa beauté et que notre intelligence le connaisse, et pour que notre cœur soit comblé de bonheur, éternellement, dans la communion des saints.





2 février 2019 - VELLEXON - Présentation du Seigneur au Temple - Année C


Ml 3,1-4 ; Ps 23 ; Hb 2,14-18 ; Lc 2,22-40

Chers frères et sœurs,

Si saint Luc a choisi de raconter la présentation de Jésus au Temple, ce n’est pas pour faire un reportage sur l’enfance de Jésus, mais pour nous dire quelle est sa vocation, et par conséquent la nôtre.

En premier lieu, saint Luc insiste lourdement sur le fait que Marie et Joseph se conforment parfaitement à la Loi de Moïse. Il le dit trois fois. Ce n’est pas étonnant, car pour lui, la Loi qui s’applique au Peuple sur la terre, a été rédigée selon ce que Moïse a contemplé du Royaume des cieux, dans sa vision du Sinaï.
De la même manière qu’au quarantième jour après sa résurrection, Jésus, premier-né d’entre les morts, est entré dans le Royaume des cieux acclamé par les anges ; de la même manière, au quarantième jour après leur naissance, les premiers-nés des hommes entrent dans le Temple, à la plus grande joie des fidèles du Seigneur.
Ainsi, lors de la Présentation de Jésus au Temple, Syméon et Anne jouent en réalité le rôle des anges : ils acclament à leur manière Jésus entrant dans le Royaume des cieux.

Syméon nous apprend que Jésus est le sauveur de toute l’humanité ; il en est aussi le juge : « Il provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël ». « Il sera un signe de contradiction ». Il s’agit de comprendre que Jésus nous sauve par sa Passion et par sa Résurrection, mais que si ce passage est en même temps une lumière et une libération pour ceux qui ont la foi, il est aussi un obstacle, voire une source de scandale, pour ceux qui ne l’ont pas. Cependant Syméon se réjouit, car, par sa Passion et sa Résurrection, Jésus sauve tous les hommes et leur ouvre le chemin du ciel.

Nous avons davantage d’informations sur Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser, veuve après sept ans de mariage et âgée de 84 ans. Anne, est dite de la tribu d’Aser, qui veut dire « Bonheur ». Le père d’Aser, Jacob, avait dit de lui : « D’Aser viendra un pain excellent. Il fournira les mets délicats des rois ». Il y a quelque chose de la perfection dans le personnage d’Anne : elle a 84 ans, c’est-à-dire 7 x 12. C’est l’accomplissement du temps pour les douze tribus d’Israël. Anne est veuve, séparée de celui qu’elle aime : elle attend le jour des retrouvailles. En voyant Jésus, elle comprend que ce jour est bientôt arrivé et elle exulte de joie.
Tout ceci signifie que l’entrée de Jésus dans le Temple, comme pour son Ascension dans le ciel, est le signal du retour de toute l’humanité dans la communion de Dieu, où l’on se nourrira d’un pain excellent, où l’on se rassasiera des mets délicats des rois, où l’on sera libéré, réconcilié, et remplis de bonheur. On mangera des crêpes !

Une fois que nous avons compris le message de Syméon et celui d’Anne, que nous avons compris le sens de la présentation au Temple de Jésus, qui annonce son Ascension dans le ciel, alors nous pouvons en tirer deux conséquences.

La première est que Jésus, par sa Passion et sa Résurrection, est le premier à entrer dans le Ciel : il est le premier à avoir vaincu le péché, la souffrance et la mort. S’il l’a fait, alors, nous aussi, avec son Esprit et en communion avec lui, nous pouvons le faire. Et parce qu’il sait par où il faut passer, il sait aussi nous guider sur ce chemin. Jésus est Bon Pasteur. Par sa parole il nous guide, par sa prière il nous encourage.
La seconde conséquence nous est donnée par le prophète Malachie. Si Jésus est premier-né d’entre les morts, s’il est monté aux cieux, c’est pour nous envoyer l’Esprit Saint : « le feu du fondeur, la lessive des blanchisseurs » dit Malachie. « Il purifiera les fils de Lévi, il les affinera comme l’or et l’argent ; ainsi pourront-ils, aux yeux du Seigneur, présenter l’offrande en toute justice ». Le fruit de l’entrée de Jésus dans le Temple, ce n’est donc pas seulement l’annonce d’un pardon, d’une libération et d’une résurrection pour nous, mais c’est aussi une purification, en vue d’une consécration.
Souvenons-nous de notre baptême, nous avons été purifiés de notre péché, nous avons reçu la lumière de la résurrection, et nous avons aussi été onctionnés pour faire de nous des prêtres, des prophètes et des rois, c’est-à-dire, pour intercéder auprès de Dieu notre Père, et lui présenter, en communion avec Jésus et par son Esprit Saint, des offrandes, des demandes et des actions de grâce, non pas seulement pour nous, mais aussi pour les autres.

Chers frères et sœurs, si nous avons reçu la lumière de Jésus au début de la messe, c’est parce que nous avons reçu son Esprit : nous sommes les chrétiens, qui vivons déjà de la résurrection de Jésus, qui marchons sur son chemin à sa suite pour aller au ciel, et qui, comme lui, prions pour nous et pour tous les hommes, afin que tous, nous entrions dans le vrai Temple, qui est la communion d’amour et la lumière éternelle de Dieu, où est servi le bon repas des noces de l’Agneau.

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