Ml
3,1-4 ; Ps 23 ; Hb 2,14-18 ; Lc 2,22-40
Chers frères et sœurs,
Si saint Luc a choisi de raconter la présentation de Jésus au
Temple, ce n’est pas pour faire un reportage sur l’enfance de Jésus, mais pour
nous dire quelle est sa vocation, et par conséquent la nôtre.
En premier lieu, saint Luc insiste lourdement sur le fait que Marie
et Joseph se conforment parfaitement à la Loi de Moïse. Il le dit trois fois.
Ce n’est pas étonnant, car pour lui, la Loi qui s’applique au Peuple sur la
terre, a été rédigée selon ce que Moïse a contemplé du Royaume des cieux, dans
sa vision du Sinaï.
De la même manière qu’au quarantième jour après sa résurrection,
Jésus, premier-né d’entre les morts, est entré dans le Royaume des cieux
acclamé par les anges ; de la même manière, au quarantième jour après leur
naissance, les premiers-nés des hommes entrent dans le Temple, à la plus grande
joie des fidèles du Seigneur.
Ainsi, lors de la Présentation de Jésus au Temple, Syméon et Anne
jouent en réalité le rôle des anges : ils acclament à leur manière Jésus entrant
dans le Royaume des cieux.
Syméon nous apprend que Jésus est le sauveur de toute l’humanité ;
il en est aussi le juge : « Il provoquera la chute et le
relèvement de beaucoup en Israël ». « Il sera un signe
de contradiction ». Il s’agit de comprendre que Jésus nous sauve par
sa Passion et par sa Résurrection, mais que si ce passage est en même temps une
lumière et une libération pour ceux qui ont la foi, il est aussi un obstacle, voire
une source de scandale, pour ceux qui ne l’ont pas. Cependant Syméon se
réjouit, car, par sa Passion et sa Résurrection, Jésus sauve tous les hommes et
leur ouvre le chemin du ciel.
Nous avons davantage d’informations sur Anne, fille de Phanuel, de
la tribu d’Aser, veuve après sept ans de mariage et âgée de 84 ans. Anne, est
dite de la tribu d’Aser, qui veut dire « Bonheur ». Le père
d’Aser, Jacob, avait dit de lui : « D’Aser viendra un pain
excellent. Il fournira les mets délicats des rois ». Il y a quelque
chose de la perfection dans le personnage d’Anne : elle a 84 ans,
c’est-à-dire 7 x 12. C’est l’accomplissement du temps pour les douze tribus
d’Israël. Anne est veuve, séparée de celui qu’elle aime : elle attend le
jour des retrouvailles. En voyant Jésus, elle comprend que ce jour est bientôt
arrivé et elle exulte de joie.
Tout ceci signifie que l’entrée de Jésus dans le Temple, comme pour
son Ascension dans le ciel, est le signal du retour de toute l’humanité dans la
communion de Dieu, où l’on se nourrira d’un pain excellent, où l’on se
rassasiera des mets délicats des rois, où l’on sera libéré, réconcilié, et
remplis de bonheur. On mangera des crêpes !
Une fois que nous avons compris le message de Syméon et celui d’Anne,
que nous avons compris le sens de la présentation au Temple de Jésus, qui
annonce son Ascension dans le ciel, alors nous pouvons en tirer deux
conséquences.
La première est que Jésus, par sa Passion et sa Résurrection, est
le premier à entrer dans le Ciel : il est le premier à avoir vaincu le
péché, la souffrance et la mort. S’il l’a fait, alors, nous aussi, avec son
Esprit et en communion avec lui, nous pouvons le faire. Et parce qu’il sait par
où il faut passer, il sait aussi nous guider sur ce chemin. Jésus est Bon Pasteur.
Par sa parole il nous guide, par sa prière il nous encourage.
La seconde conséquence nous est donnée par le prophète Malachie. Si
Jésus est premier-né d’entre les morts, s’il est monté aux cieux, c’est pour
nous envoyer l’Esprit Saint : « le feu du fondeur, la lessive des
blanchisseurs » dit Malachie. « Il purifiera les fils de Lévi,
il les affinera comme l’or et l’argent ; ainsi pourront-ils, aux yeux du
Seigneur, présenter l’offrande en toute justice ». Le fruit de
l’entrée de Jésus dans le Temple, ce n’est donc pas seulement l’annonce d’un
pardon, d’une libération et d’une résurrection pour nous, mais c’est aussi une
purification, en vue d’une consécration.
Souvenons-nous de notre baptême, nous avons été purifiés de notre
péché, nous avons reçu la lumière de la résurrection, et nous avons aussi été
onctionnés pour faire de nous des prêtres, des prophètes et des rois, c’est-à-dire,
pour intercéder auprès de Dieu notre Père, et lui présenter, en communion avec
Jésus et par son Esprit Saint, des offrandes, des demandes et des actions de
grâce, non pas seulement pour nous, mais aussi pour les autres.
Chers frères et sœurs, si nous avons reçu la lumière de Jésus au
début de la messe, c’est parce que nous avons reçu son Esprit : nous
sommes les chrétiens, qui vivons déjà de la résurrection de Jésus, qui marchons
sur son chemin à sa suite pour aller au ciel, et qui, comme lui, prions pour
nous et pour tous les hommes, afin que tous, nous entrions dans le vrai Temple,
qui est la communion d’amour et la lumière éternelle de Dieu, où est servi le
bon repas des noces de l’Agneau.